Chapitre treize

CLAIRE

≈ ≈ ≈ ≈ 

Cela fait plus de dix jours que Milo est rentré chez lui. Lucas m'a prévenu, alors qu'il allait le chercher à l'hôpital et depuis je n'ai pas de nouvelles. Je me doute qu'ils doivent être occupés. Entre l'emménagement de Milo, sa rééducation et le travail de Lucas. Ils ont autre chose à faire que de penser à moi et de me téléphoner. Je ne veux pourtant pas les déranger. Je veux juste des nouvelles.

Je pourrais appeler, mais je n'ose pas...

Il me faudrait une bonne raison pour que cela ne fasse pas la fille désespérée, qui attend après son téléphone. J'ai trouvé ! Ce week-end, je ne travaille pas, ça serait donc le bon moment pour les inviter pour la pendaison de crémaillère. Allez je me lance ! On verra bien...

— Allô Lucas, bonjour c'est Claire.

— Bonjour, je suis désolé je n'ai pas eu le temps de t'appeler. Milo va bien, il va même mieux que bien. Sa rééducation se passe bien et à l'appartement, il reprend petit à petit ses marques.

— J'en suis bien contente, alors. Ça doit te faire drôle de l'avoir chez toi ?

— Tu rigoles, on dirait qu'il n'est jamais parti ! Ce n'est que du bonheur, si tu savais...

— Bon, ben que diriez-vous de me raconter tout ça, samedi soir. Je vous invite pour la pendaison de crémaillère. Ça vous dit ?

— Pour moi, c'est oui et je suis ravi que tu m'invites. Pour Milo, je ne veux pas trop m'avancer, mais à mon avis il sera d'accord. Il ne m'a pas dit qu'on avait une soirée de prévue samedi, donc ça devrait être bon.

— Vingt heures, ça irait ?

— Très bien. À samedi, Claire ! Bisous.

— À samedi... Bisous.

Je raccroche avec une drôle d'impression. Je n'arrive pas à la définir et ça m'énerve. L'enthousiasme de Lucas fait plaisir à entendre. Ce mec est un vrai rayon de soleil, mais je pense que Milo doit y être pour quelque chose. Apparemment, leur colocation a l'air de vraiment bien se passer et j'en suis contente. Milo a besoin d'un cocon où il se sente bien, protégé, et soutenu. Et je suis sûre que Lucas, fait tout son possible pour que ça soit le cas. Visiblement, ils ont dû reprendre leurs sorties, vu qu'il m'a dit qu'ils n'avaient pas de soirées de prévues samedi. C'est bien que Milo retrouve goût à la vie. Même si je trouve, que son attitude cache quelque chose.

Je sais que trop bien les réactions, que l'on peut avoir après un tel acte. Très souvent, on se renferme sur soi. On a peur du moindre contact. On a le moral à zéro et on déprime très vite. D'autres, sont en colère et en veulent à la terre entière. Et d'autres, sont dans le déni total et font comme si rien n'était arrivé, pour éviter d'affronter la situation, pour ne pas avoir mal à nouveau. Ils pensent tourner la page plus vite ainsi et reprendre leur vie comme si de rien était. Et ça fonctionne, pour certains. Mais à un moment ou à un autre le boomerang vous revient en pleine tronche et là c'est encore plus dur à affronter. Car on n'oublie pas de telles séquelles aussi facilement et le mieux est d'en parler, d'être suivis pour évacuer ce que l'on ressent, notamment la colère et la culpabilité. J'espère vraiment que Milo n'est pas dans le déni, car ça serait pire que tout. Nier un tel traumatisme ne rendra la chute que plus dure. Je verrais bien samedi. J'essaierai de lui en parler, si on se retrouve seul, un peu...

*******

C'est mercredi après-midi et en sortant de mon boulot, j'ai envie de passer voir Poppy et les autres au foyer. Je suis bien dans mon appartement, mais souvent, je m'y sens seule. J'ai vécu pendant deux ans, entourée de personnes et de temps en temps, cette atmosphère me manque. Même si je ne suis plus pensionnaire du foyer, la directrice m'a dit que je pouvais passer et que même si j'avais besoin de soutien ou de voir la psy, elles étaient là. Ce n'est pas parce que je suis partie, qu'elles me laissent seule dans cette jungle. Elles savent justement, que le départ du foyer est un moment crucial dans la guérison. Combien de femmes sont revenues, car elles se sentaient perdues et qu'elles perdaient pied. Du coup, la directrice a mis en place ce suivi post-foyer pour qu'on sache, que quoi qu'il arrive, on aura toujours un endroit où venir, une oreille attentive qui nous permettra d'aller mieux, ensuite.

— Salut les filles !

— Salut Claire, me répondent en chœur toutes celles se trouvant dans la pièce principale.

Une pièce qui est ce qui ressemble le plus à un grand salon avec plusieurs canapés, une télé, plusieurs tables qui permettent de jouer à différents jeux et dans un coin, la bibliothèque où je passais pas mal de temps. J'ai toujours aimé lire depuis toute petite. Ma mère me disait toujours que je finirais soit institutrice, libraire ou bibliothécaire... Enfin, un métier en rapport avec les livres. Mais je ne suis rien de tout ça.

Quand j'ai rencontré Marcus, j'allais à l'université où je suivais des études littéraires. Mais au fur et à mesure de notre relation, il insistait pour que je laisse tomber mes études, qui d'après lui, ne me donneraient aucun travail. C'était une source de désaccord avec mes parents, quand il venait manger le dimanche midi. Il me restait encore deux ans avant de terminer mon cursus et c'est vrai que je devais passer beaucoup de temps entre les livres à lire, les recherches à faire et le travail à effectuer à la maison, et ça, ça ne lui plaisait pas.

Lui, ce qu'il voulait, c'était passer du temps avec moi et j'en étais flattée. Marcus était un beau mec avec du charisme. Il plaisait à bon nombre de mes copines et pourtant c'était moi qu'il avait choisie. Pourtant, je n'étais pas la plus jolie, j'étais timide et de plus, il était mon premier petit ami. Je n'avais aucune expérience contrairement à certaines. Il me disait que justement, c'était ma fraîcheur qui lui plaisait.

Il était doux, patient avec moi, car je ne voulais pas donner ma virginité de suite. Il avait attendu que je sois prête et un jour où mes parents étaient absents, il m'avait rejoint dans ma chambre. J'étais intimidée, ne sachant quoi faire, ni comment m'y prendre. Alors, il avait géré notre première fois. Tout seul. Me disant juste quoi faire et quand. Il avait été très doux, je n'avais pas eu trop mal mais je n'avais pas ressenti grand-chose. Les feux d'artifice dont parlent certaines et bien je ne les avais pas vus. Une fois la chose faite, il s'était redressé, avait enlevé son préservatif et était parti, me laissant là toute seule avec mes questions, mes sentiments et je me souviens avoir pleuré chaudement. La douche m'avait permis de me détendre, mais les tiraillements de mon intimité étaient toujours présents.

Ce soir-là, j'étais restée dans mon lit en pyjama pilou et avais dit à ma mère que j'étais malade. Elle m'avait monté un bouillon de poule pensant que j'avais un rhume. La pauvre si elle avait su...

Mes parents avaient des principes un peu vieux jeu. Pour eux, il ne devait pas y avoir de sexe avant le mariage. J'avais été éduqué avec ces valeurs-là, mais Marcus avait tellement insisté qu'au bout d'un moment, je ne savais plus quoi lui dire pour refuser. Après ce soir-là, je ne l'avais pas revu pendant presque quinze jours. Aucune nouvelle. J'étais persuadée que je n'en aurais plus jamais, quand un matin, il m'avait attendu devant la maison pour m'amener à la fac.

≈ ≈ ≈ ≈  

Sept ans plutôt

— Salut, je t'emmène ?

— Heu, salut, répondis-je en baissant les yeux.

Il m'intimidait toujours autant et j'étais mal à l'aise. Il ne m'avait pas donné de nouvelles et voilà qu'il débarquait, comme un cheveu sur la soupe. Sans s'excuser et sans explication.

 Bon, tu montes ?

 Si tu me laisses le choix, ça sera non !

 Alors je ne te le laisse pas. Montes. Et saches à l'avenir, que j'ai horreur de me répéter.

Pour la première fois, il me faisait peur. J'ouvris la porte et m'installai sur le siège sans rien dire. Il n'attendit même pas que je finisse de boucler ma ceinture pour démarrer. Il déposa sa main sur ma cuisse et me caressa l'intérieur du genou sous mes tremblements.

 Alors je t'ai manqué ?

 Tu étais où ?

— Ça ne te regarde pas. J'avais des affaires à régler.

— Et donc, tu trouves normal de me laisser sans nouvelles ?

 Oui, c'est quoi le problème ?

 C'est quoi le problème ? Non mais tu te fous de moi !

 Tu te prends pour qui pour me parler de la sorte, grogna-t-il en resserrant sa prise sur ma cuisse, à m'en faire mal.

J'étais sûre que j'allais avoir un bleu tellement sa poigne serrait ma jambe.

 Arrête-toi Marcus, tu me fais mal.

 Tu crois que je suis venue te chercher pour te laisser me planter comme bon te semble ?

 Marcus... Tu vas où ? Ce n'est pas le chemin de la fac !

Son rire sarcastique me glaça le sang.

En effet !

Laisse-moi descendre, alors.

Tu n'as qu'à sauter si tu veux descendre, moi je ne m'arrêterai pas.

Mais tu es fou, Marcus !

—Tu vas me le payer ça.

Il avait tourné brusquement dans un petit chemin sans ralentir soulevant un gros nuage de poussière. Il arrêta la voiture derrière un bosquet d'arbres. Je n'eus même pas le temps de comprendre qu'il s'était arrêté, qu'il était couché sur moi, baissant avec rapidité le fauteuil pour m'allonger.

 Écarte les jambes !

 Mais Marcus, qu'est-ce que tu fais ?

 Je sais que tu es naïve, mais ne vas pas me faire croire, que tu ne sais pas ce qu'on va faire ?

 Marcus, arrête tout de suite, hurlai-je alors que de sa main, il écartait mes jambes pour mieux s'installer.

 Laisse-toi faire. Putain de merde !

 Non Marcus, je ne veux pas.

 Putain, mais tu vas arrêter de faire ta chieuse. J'ai envie de te baiser ! Alors écarte les jambes et ferme-la.

 Marcus par pitié, arrête.

Mais aucunes de mes supplications ne le firent s'arrêter, jusqu'à ce qu'il éjacule sur mon ventre. J'étais en pleurs tant j'avais mal et peur. Je lui avais dit que je ne voulais pas, mais il s'en foutait, seul son plaisir comptait.

 Tu vois, ce n'était pas la peine d'en faire toute une histoire. Sache que j'obtiens toujours ce que je veux. Enfonce-toi bien ça dans le crâne.

 ...

 Réponds quand je te parle !

 Oui.

 Oui qui ?

 Oui Marcus, sanglotai-je.

 Voilà qui est mieux. Tu vois que tu peux être une gentille fille, quand tu le veux. Et arrête de chialer. Ose me dire que tu ne t'es pas régalée !

Je levai les yeux encore embués de larmes vers lui et ne répondis pas. Il attrapa mes cheveux à pleine main et tira en arrière sur ma tête.

 Réponds !

 ...

 En fait, tu aimes ça avoir mal !

 Non Marcus, par pitié...

 Alors réponds.

 Oui Marcus, je me suis régalée.

 Te voilà plus raisonnable. Viens là ma belle. Tu as mérité un câlin. Il m'attira contre son torse tout en me caressant les cheveux et en m'embrassant le front. Mon intimité me lançait, me brûlait et je n'avais qu'une envie, c'était de quitter ses bras pour prendre une douche. Après cinq bonnes minutes à me câliner. Il ajouta :

 Si tu savais combien je t'aime, ma belle.

Ce jour-là, fut le commencement d'un long calvaire qui durera plus de sept ans. Vous devez-vous demander, pourquoi j'ai accepté tout ça ? Et même, comment j'ai fait pour me marier avec ce monstre ? Je vous répondrais simplement :

— Je n'ai pas eu le choix...


≈ ≈ ≈ ≈  

Enfin, ils vont tous se retrouver pour la pendaison de crémaillère de Claire 🎉

Est-ce qu'ils pourront se parler seul à seul ? 😊

Pensez-vous que Milo soit dans le déni ? 😢

Comme certaines l'avaient envisagé, Marcus a bien été le mari de Claire 😠

Et donc, forcément Judith et Claire sont bien la même personne 😍

Marcus... Je ne dirais rien de plus, tellement ce mec me dégoûte 😱

D'après vous pourquoi Judith/Claire n'a pas eu le choix ? 😤

⚠️ J'aimerais avoir votre avis pour voir s'il correspond au mien, merci... ⚠️

≈ ≈ ≈ ≈  

😘 Bisous les Loulous 😘

😍 Kty 😍

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