Chapitre six
MILO
Je n'arrive pas à croire ce qu'il vient de se passer. Ce déchaînement de violence, cette fureur et ce manque d'humanité dont Marcus a fait preuve me glace le sang. Il n'avait jamais été aussi loin. J'étais là couché dans l'entrée, sans pouvoir bouger. Recroquevillé sur moi-même, j'essaye de ne pas trop bouger tellement j'ai mal. Je tremble autant de peur que de douleur, je pense. La seule chose que je suis arrivé à faire après que Marcus soit parti, me laissant là comme un moins que rien, la chemise arrachée, le pantalon descendu sur les chevilles, c'est de contacter Lucas. Il n'y a que lui qui puisse m'aider et en qui j'ai confiance. Ensuite j'ai laissé un message à l'agence en disant que j'étais malade et que je ne pourrais pas venir aujourd'hui. Je sais qu'ils vont trouver ça bizarre, car en quatre ans je n'ai pas raté un jour. Mais là, il n'est pas question qu'ils me voient dans cet état.
La porte s'ouvre et instinctivement, je me recroqueville encore plus sur moi. Les tremblements s'amplifient et je place les mains devant mon visage en fermant les yeux. Je sens qu'on s'approche de moi et la peur me gagne.
— Ne me touche pas Marcus.
— Calme-toi mon ange, c'est moi.
Lucas ?
J'ouvre les yeux et je ne peux retenir mes pleurs en le voyant.
— Mon Dieu, mais qu'est-ce qu'il t'a fait cette brute ?
Sa voix tremble, il n'ose pas me toucher. Je dois être dans un sale état.
— Allô.
Je l'entends parler mais n'arrive pas à le stopper. Je ne veux pas qu'il appelle les flics ou les secours. Je veux juste qu'il m'aide afin que j'oublie tout ça.
— Lucas... Non.
— Trop tard mon ange. Cette fois-ci, il est allé trop loin. Ne bouge pas tant qu'on ne connaît pas l'ampleur de tes blessures. Tu as peut-être des côtes cassées. Les flics m'ont dit de ne toucher à rien et les secours de ne pas te bouger.
Il me caresse la main tendrement en attendant que les secours arrivent. Il me parle, me rassure, me réconforte comme il sait si bien le faire. Puis forcément il me demande pourquoi il m'a fait ça.
— Qu'est ce qu'il lui a déplu cette fois-ci ? Ça ne peut pas être le repas vu qu'on est le matin. Sa bière n'était pas assez fraîche ? Ou tu t'es trompé de tasse à café ?
— Il avait envie hier soir et je lui ai dit non, parce que j'avais une grosse migraine. Il a insisté mais j'ai tenu bon. J'ai pris mon bain et comme il s'était endormi sur le canapé après avoir bu plusieurs bières, je suis allé dormir dans la chambre d'amis. Ce matin je me suis levé tôt pour ne pas le croiser mais au moment où j'allais partir, il est arrivé derrière moi et la suite tu t'en doutes, je n'ai pas besoin de te faire un dessin.
— Putain Milo, pourquoi tu ne m'as rien dit hier soir pendant qu'on s'envoyait des messages ?
— Parce que je pensais pouvoir gérer.
— Oui et bien on voit le résultat !
— Ne me crie pas dessus Lucas, j'ai eu ma dose là, soufflé-je totalement épuisé.
La sonnerie de l'interphone nous fait sursauter tous les deux. Lucas va vite répondre et ouvrir à la police et au secours qui arrivent en même temps.
Chacun sait ce qu'il a à faire, une vraie fourmilière. Le médecin commence à m'inspecter. Me questionne sur les endroits qui me font mal. Puis l'inspecteur après s'être entretenu avec Lucas me demande :
— Vous voulez porter plainte pour coups et blessures ?
Je lève les yeux vers Lucas qui me fait signe oui de la tête.
— Oui inspecteur.
— Pour le moment je ne peux que prendre en compte que vous avez eu une relation sexuelle, on doit attendre le résultat des examens pour déterminer si ça sera requalifié en viol vu que c'est votre compagnon.
— Qu'est-ce que ça change que ça soit son compagnon ? demande Lucas.
— On ne peut pas passer directement en agression sexuelle, vu que cela, c'est passé dans leur logement. Ça ne veut pas dire que je ne crois pas votre ami. D'accord. On passera vous voir à l'hôpital. En attendant on va rendre visite à votre compagnon pour avoir sa version.
— Vous êtes en train de dire que Milo a inventé tout ça ? Vous avez vu dans quel état il est ?
— Je n'ai jamais dit ça Monsieur Jomont, mais je ne fais que suivre la procédure.
— Lucas, calme-toi et laisse-les faire leur travail.
— Merci de le comprendre Monsieur Matal. Veuillez juste me confirmer l'identité de votre compagnon. C'est bien : Monsieur Marcus Bron et son garage se nomme bien : Garage Bron et fils ?
— C'est exact, réponds-je en grimaçant.
— Très bien. On vous laisse entre les mains des médecins et on passera vous voir. Docteur, cette après-midi vous pensez que ça sera possible ?
— Appelez avant de vous déplacer, les examens vont prendre du temps au vu des nombreux coups et blessures, sans parler de l'examen minutieux pour valider ou non, l'agression sexuelle.
Je suis transporté à l'hôpital suivi par Lucas qui ne veut pas me laisser seul, alors qu'il va devoir attendre dans la salle des urgences, le temps des examens et des soins mais il s'en fout, il veut être là pour moi, pour lui...
Je suis placé dans un box et plus d'une dizaine de personnes s'affairent autour de moi. Les plaies superficielles sont soignées pendant qu'un médecin inspecte mon abdomen pour éliminer la suspicion d'une hémorragie interne. Par contre mes côtes me font mal, ainsi qu'un de mes bras, sans parler de mon visage. Heureusement mon nez n'est pas cassé. Par contre je vais avoir des points au niveau de l'arcade souricière dus à un des coups de poing que j'ai reçu. On me fait un prélèvement sous les ongles car je leur ai dit l'avoir griffé au visage et au bras. Je passe des radios, des scanners qui confirment que j'ai un traumatisme crânien avec deux plaies à la tête qui me vaudront des points, quatre côtes cassées, une entorse du coude et l'épaule déboîtée de mon bras gauche. Les antidouleurs en intraveineuse commencent à faire effet et me permettent de moins souffrir. D'autant plus que je vais devoir subir ce que je redoute le plus depuis que je suis arrivé, c'est la vérification par cet examen que j'ai bien été violenté sexuellement. Je vais devoir subir à nouveau cette intrusion dans mon intimité. C'est comme si on me violait une deuxième fois. Mais je dois aller au bout de ma démarche, si je veux que la plainte soit requalifiée. Après exploration et prélèvement de sperme, le docteur m'indique que les examens sont terminés et je suis raccompagné dans une chambre où m'attend déjà Lucas. Il est assis les coudes posés sur ses cuisses et ses mains entourent sa tête. Le pauvre il doit se faire tellement de soucis...
— Milo, enfin ! Comment vas-tu ?
— Ça pourrait aller mieux. Mais au moins tous les examens sont terminés, je vais pouvoir me reposer.
— Que t'ont dit les médecins ?
— Trauma crânien, quinze points de suture à la tête et six à l'arcade souricière. Mon nez n'est pas cassé, mais par contre mes côtés oui. J'en ai quatre ainsi qu'une entorse du coude et déboîtement de l'épaule, sans parler de tous les hématomes et bleus ainsi que de mon intimité.
— Putain, si je le croise sur mon chemin, je le démonte.
— Tu ne feras rien Lucas, laisse faire la police, d'accord !
— Tu te rends compte dans quel état il t'a mis et laissé. Tu aurais pu faire une hémorragie et crever !
— Ils ont vérifié et je n'en ai pas fait, rassuré ?
— Je serais rassuré, quand ce malade sera derrière les barreaux et que tu reviendras vivre à la maison.
— C'est une invitation ?
— Non Milo, c'est chez toi aussi et tu le sais.
— Merci Lucas, je ne sais pas ce que je ferais sans toi, affirmé-je ému aux larmes.
— Ça va aller mon ange, me rassure-t-il en embrassant l'intérieur de mon poignet.
La porte s'ouvre après que l'on y est frappé trois coups. L'inspecteur de police s'avance avec son collègue.
— Vous sentez-vous assez bien pour que l'on vous pose quelques questions ?
— Je vais essayer inspecteur.
— Nous avons interrogé votre compagnon qui nie vous avoir forcé à avoir une relation sexuelle avec lui.
Je me décompose en entendant ça. Les images et les mots prononcés à ce moment-là reviennent et je ne peux retenir mes larmes en me souvenant de la douleur et de la honte ressentie.
— Et vous le croyez ? demande Lucas.
— Nous attendons les résultats du docteur. Mais ce que je peux vous dire déjà, c'est que votre compagnon a déjà été condamné pour coups et blessures sur sa femme.
— Sa femme ? répété-je totalement abasourdi.
— Oui, Monsieur Bron Marcus a été marié pendant cinq ans à Madame Bron Judith et il est en instance de divorce.
Je n'en reviens pas. Marcus a été marié à une certaine Judith et ne m'en a jamais parlé.
Je ne connais vraiment pas cet homme avec qui j'ai partagé ma vie pendant deux ans. Certes, il devenait de plus en plus violent mais je faisais tout pour éviter justement qu'il n'ait rien à redire sur quoi que ce soit en me disant que c'était juste une mauvaise passe.
J'ai préféré fermer les yeux sur tout ça, plutôt que de prendre des décisions. En fait, j'avais peur de les prendre, car je savais très bien que Marcus n'accepterait pas que je le quitte. Ça m'était arrivé de le dire dans une de nos disputes et sa réaction ainsi que la fureur dans ses yeux et en paroles m'avait glacé le sang. Mais je n'aurais jamais pensé, qu'il en arriverait à me violer et à me battre en me laissant agoniser sur le sol. Il avait eu ce qu'il voulait et rien d'autre ne comptait pour lui. Je n'étais qu'un jouet à ses yeux. Il me faisait faire ce qui lui plaisait, car il savait l'emprise qu'il avait sur moi et que ma peur me ferait accepter des choses que je n'aurai jamais faites sinon.
En plus, il était marié à une femme, est-ce qu'elle aussi a été maltraitée comme moi ? Je n'arrive toujours pas à le réaliser quand l'inspecteur me sort de mes pensées. Ils sont toujours là eux...
— Monsieur Matal, vous êtes sûr ?
— Heu désolé inspecteur j'étais ailleurs. Vous disiez ?
— Êtes-vous sûr de vouloir porter plainte pour viol ?
— Bien sûr, pourquoi me posez-vous cette question ?
— Parce qu'au vue de la déclaration de votre compagnon...
— Je vous écoute ?
— Est-ce que Monsieur Jomont pourrait nous laisser ?
— Non Lucas reste là, je n'ai rien à lui cacher, c'est mon meilleur ami et il me connaît par cœur.
— Mais ce que j'ai à vous dire est trop personnel pour qu'il reste là.
— C'est bon Milo, je vais attendre dans la salle d'attente.
— Merci Monsieur Jomont.
L'inspecteur attend que Lucas soit sorti. L'autre inspecteur vérifie même qu'il se soit bien éloigné avant de refermer la porte et de faire signe de la tête que c'est ok.
— Monsieur Matal, votre compagnon, Monsieur Bron nous a expliqué que vous aimiez le sexe brutal on va dire et que c'est vous qui le lui demandiez, que vous n'en aviez jamais assez et que c'était pour cela que vous aviez quitté Monsieur Jomont, parce qu'il ne pouvait pas vous satisfaire. Que vous aimiez être attaché, brutalisé, et même menotté. Je continue ?
Je suis totalement abasourdi et j'ai l'impression de vivre un vrai cauchemar. Marcus est en train de retourner la situation en sa faveur en parlant de notre intimité et avant que je rétorque quoi que ce soit l'inspecteur ajoute :
— Vous saviez que vos ébats étaient filmés ?
— Comment ? dis-je totalement stupéfait.
— Monsieur Bron filmait certains de vos ébats et nous a même autorisé de les récupérer pour l'avancée de l'enquête.
— Mais ce n'est pas légal ! Je n'étais pas au courant. Il m'a filmé sans mon accord !
— Ce sont des pièces jointes au dossier et nous devons en tenir compte. Alors voulez-vous toujours porter plainte ?
*******
Eh bien, eh bien, il a pris cher notre amour de Milo
Marcus est vraiment un détraqué
De plus on apprend, qu'il avait déjà le même comportement avec sa femme
D'après vous Milo va-t-il porter plainte ?
*******
😘 Bisous les Loulous 😘
(¤ Kty ¤)
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top