Chapitre quatre

MILO

Je suis passé à l'agence pour faire le point sur les dossiers en cours. Sophie a embarqué la pendule en me remerciant et sans râler, ce qui m'a bien étonné. Mais mon mal de tête la remercie. Depuis une heure j'ai un pivert qui cogne contre mon crâne et même mes deux tasses de café fort n'y ont rien changé. Il me tarde de rentrer pour prendre un cachet et me détendre dans un bon bain chaud. Je ferme l'agence, il est bientôt vingt heures et je ne m'en suis même pas rendu compte tellement je voulais boucler le dossier de Claire et pouvoir faire le virement des deux loyers de caution au propriétaire.

J'ouvre la porte de chez moi et je souffle. Enfin rentré. Je retire ma veste que je range dans le placard de l'entrée ainsi que mes chaussures dans le meuble banc surmonté d'un magnifique miroir que j'ai trouvé chez un ami brocanteur. Je récupère mon portable avant de ranger ma sacoche et mon casque. J'entends le son de la télévision ce qui m'indique que Marcus est déjà rentré et j'espère qu'il aura préparé le repas car ce soir je ne suis pas en état de faire quoi que ce soit.

Je me dirige vers le canapé et le vois installé en short et tee-shirt avec sa bouteille de bière à la main et un paquet de chips dans lequel il plonge sa main pour en ressortir une pleine poignée qu'il fourre dans sa bouche en laissant tomber des miettes partout ce qui a le don de m'irriter au possible et ce soir je n'ai vraiment pas besoin de ça.

— Marcus, regarde, tu en mets partout.

— Bonsoir Milo, oui je vais bien puisque tu le demandes.

— Tant mieux, lui dis-je.

Lui arrachant le paquet de chips afin de le ranger dans la cuisine et de revenir avec une balayette et pelle pour ramasser tout de suite les miettes qui vont tacher le canapé avec toute l'huile qu'elles contiennent.

— Je te dérange peut-être ?

— Oui Marcus, lève-toi et essaye de ne pas faire tomber toutes tes miettes sur le tapis.

— Et je fais ça comment ?

— Replie ton tee-shirt afin de les emprisonner et va les verser dans la poubelle.

Il souffle, râle, mais le fait, car il sait que je ne céderais pas.

— Voilà, satisfait ?

— Je le serais quand tu arrêteras de manger ces cochonneries.

— Si tu étais une nana, j'aurai dit que tu avais tes règles.

— J'ai une migraine d'enfer, lui réponds-je en m'asseyant sur le fauteuil.

Je prends ma tête entre mes mains et me masse les tempes. Mais rien n'y fait.

— Tu es bien comme une gonzesse. Tu n'as pas tes règles mais une migraine. Si tu n'as pas envie que je te saute, il suffit de me le dire.

— Marcus, tu sais quoi ? Va te faire voir !

Je me rends à la cuisine et vois qu'il n'a rien préparé, comme souvent. J'en ai marre, c'est de pire en pire entre nous et des fois je me demande même qu'est-ce que je fais encore avec lui. On n'a pas grand-chose en commun. Mais au début son côté brut, limite ours me rassurait. Mais plus le temps passe et plus ce fossé entre nous s'agrandit.

Alors que je prépare une salade composée, je le sens se blottir derrière moi. Il passe ses mains sous ma chemise et ma peau se couvre de frissons. Il ajoute des baisers dans mon cou et ce traître de corps réagit.

— Tu vois que toi aussi tu en as envie, me susurre Marcus à mon oreille.

— Mon corps oui mais ma tête non. Sois heureux que je prépare le repas alors que je ne rêve que d'un bon bain et d'un lit.

— Une salade, c'est ça que tu appelles un repas ?

— Si ça ne te convient pas, tu n'as qu'à te préparer à manger.

Je me sers un verre d'eau pétillante pour prendre mon antimigraineux, puis je pars pour la salle de bains quand Marcus me retient en attrapant mon bras.

— Tu crois que tu vas t'en sortir comme ça ?

— Lâche-moi, tu me fais mal.

— Et si tu me résistes, je te ferai encore plus mal. Alors va prendre ton bain, détends-toi bien parce qu'après je te veux dans notre lit.

— Non Marcus, je n'en ai pas envie, lui dis-je en le regardant droit dans les yeux, j'irais dormir dans la chambre d'amis.

Pensant qu'il avait compris, je reprends la direction de la salle de bains mais quand Marcus a une idée en tête il n'abandonne pas comme ça, surtout quand il a un peu bu.

— Tu te prends pour qui pour te refuser à moi ?

Il me plaque le dos contre le mur et me bloque les bras.

— Marcus arrête, tu as trop bu, tu ne sais plus ce que tu dis.

— Parce qu'en plus tu me juges !

— Non je constate.

— Ça aussi tu veux le constater, me mentionne-t-il en plaçant ses paumes sur mes fesses pour me coller à son bassin.

Quand je sens la carte dans ma poche, j'espère qu'il ne la sentira pas lui aussi car ce n'est vraiment pas le moment qu'il la trouve. Autant il peut avoir de l'humour autant quand il est comme ce soir, il n'en a plus vraiment. Heureusement pour le moment il essaye de me donner envie en me faisant sentir sa queue bien dure. Mais vu mon manque de réaction, il agrippe ma mâchoire et me force à l'embrasser. Je refuse à sa langue l'accès à la mienne en maintenant ma bouche fermée. Il veut me forcer et il n'obtiendra rien de moi comme ça, il devrait le savoir depuis le temps. Il resserre sa prise sur ma mâchoire qui me fait mal.

— Arrête Marcus, tu me fais mal.

— Alors laisse-toi faire, bordel !

— Je t'ai dit non ! insisté-je.

Il me repousse contre le mur, ma tête cogne et les lancements reprennent de plus belle. Je grimace de douleurs mais ne dis rien.

— Va prendre ton bain de merde, on en reparle après.

Il va à la cuisine et prend une nouvelle bière avant de retourner sur le canapé. Je vais vite dans la salle de bains et ferme le verrou en tremblant. J'ai tenu bon devant lui mais maintenant que je me sais à l'abri, mes nerfs lâchent et je m'effondre au sol. Je ne veux pas qu'il m'entende pleurer alors je fais couler l'eau du bain avec quelques gouttes d'huiles essentielles "détente". Je me déshabille, récupère mon portable et la carte de Jérôme que je planque entre deux serviettes au cas où. Je vois que Lucas m'a laissé un message.

"Rappelle-moi"

Je n'ai pas envie de lui parler car il saura tout de suite qu'il y a un souci. 

Donc je lui renvoie un message.

"Pourquoi ?"

"Enfin tu réponds"

"Désolé, j'ai une migraine"

"Merde tu as pris ton cachet ?"

"Oui et je suis dans mon bain"

"Avec tes huiles détente je parie"

"Oui tu me connais par cœur"

"Normal mon ange"

"Ne commence pas Lucas"

"Ok je n'insiste pas parce que je sais que tu as mal"

"Tu voulais quoi ?"

"On mange ensemble demain midi"

"Ok chez l'Italien à treize heures ?"

"C'est ok"

"À demain Lucas"

"À demain mon ange"

Je soupire, c'était tellement simple la vie quand j'étais avec Lucas, mais on était jeune, on pensait qu'à s'amuser. Mais moi je voulais plus, j'avais besoin de stabilité, d'être rassuré, de me sentir protégé. Alors quand j'ai rencontré Marcus, j'ai vu en lui tout ce que je recherchais. Il était plus grand et plus costaud que moi, plus âgé aussi mais ces six ans ne me dérangeaient pas ; au contraire ça me rassurait encore plus. Il avait insisté pour qu'on emménage rapidement ensemble et à cette époque je ne pouvais rien lui refuser mais petit à petit mes sentiments et mes envies de lui se sont étiolés. Le quotidien avait révélé des facettes de lui que je ne voulais pas voir au début mais qui me paraissait à présent invivable et plus je m'en rends compte plus il se laisse aller et plus je passe de temps à l'agence. Je pars tôt, je rentre tard afin de l'éviter le plus possible. Vous allez me dire : mais pourquoi tu restes ? Eh bien moi aussi je me pose la question. Je me laisse porter par le temps sans me rendre compte qu'il passe et que je le gâche en restant avec Marcus. Demain il faut que j'en parle avec Lucas.

Je sors de mon bain après m'être lavé. Je m'essuie, passe un caleçon et un tee-shirt, récupère la carte et la glisse sous mon portable. Je déverrouille en faisant le moins de bruit possible. Je tends l'oreille, la télé marche toujours et j'entends ses ronflements bruyants comme à chaque fois qu'il boit. Je me dirige vers la chambre d'amis au cas où il se réveillerait dans la nuit. Je ferme la porte à clé, je règle mon alarme sur six heures pour être sûr de ne pas le croiser demain matin. Je prépare mes affaires puis vais me coucher en espérant que ma migraine aura disparu à mon réveil.

Je me tourne et me retourne toute la nuit, sans vraiment trouver le sommeil. Vers quatre heures du matin, j'entends Marcus éteindre la télé et juré après la table basse qu'il vient sans doute de percuter avec son pied. J'écoute attentivement pour savoir où se dirigent ses pas et à mon grand soulagement il va directement dans notre chambre. Même le penser me hérisse le poil. Notre chambre, notre appartement, notre couple. Tout ça n'a plus de sens mais comment je vais arriver à le lui faire comprendre ? Comment je vais pouvoir lui faire admettre que nous deux, c'est fini. Terminé.

L'alarme n'a même pas besoin de sonner car je suis déjà réveillé. Je me lève, passe dans la petite salle de bains attenante à la chambre. Je prends vite fait une douche pour éviter que le bruit ne le réveille, je me sèche, je m'habille, prends mon portable, la carte et je déverrouille la porte. Forcément la porte grince quand je l'ouvre et je commence à trembler. Je ne bouge plus, j'essaye de me contrôler avant de me rendre à la cuisine pour prendre une barre de céréales afin de manger quelque chose avant de sortir. Je me dirige vers l'entrée afin de récupérer ma veste, ma sacoche et je me penche pour attraper mes chaussures quand je sens derrière moi une présence. J'essaye de me raisonner, de me dire que c'est mon mental qui me joue des tours.

— Tu vas où ?

Je me retourne en tenant mes chaussures à la main et je vois Marcus en caleçon appuyé contre le mur.

— Je t'ai posé une question ?

— Tu m'as surpris, je pensais que tu dormais.

— Et donc tu allais filer à l'anglaise avant que je me réveille, c'est ça ?

— J'ai un rendez-vous tôt ce matin et avec ma migraine hier soir, je n'ai pas eu le temps de revoir le dossier. Donc je préférais partir à l'agence.

— Et tu me crois assez con pour croire ça ? Je te pensais plus malin, plus intelligent Milo. Tu me déçois.

— Marcus, je dois vraiment y aller, si tu veux on en reparle ce soir.

Je passe mes chaussures, attrape ma sacoche, ma veste et me tourne vers la porte. Je pose la main sur la poignée quand Marcus me dit :

— Tu ne m'embrasses pas avant de partir ?

Je déglutis, j'étais à deux doigts de partir, de lui échapper, j'étais...

— J'attends et tu sais que j'ai horreur de ça Milo.

Je me retourne difficilement, me dirige vers lui et dépose un baiser sur ses lèvres avant de vite m'en aller.

— Stop !

Je m'arrête totalement tétanisé car je sais ce qu'il va arriver, je connais ce ton dans sa voix, j'espère avoir tort mais quand je sens sa grande main m'attraper l'avant du cou. Je sais. J'ai peur. Je tremble. Je le supplie. Je ferme les yeux. Je sais que rien ne l'arrêtera.

*******

Une heure plus tard...

Je prends mon téléphone, et l'appelle tout de suite :

— Lucas !

— Oui Milo, ça va ?

— Non. Tu peux... Venir.

— J'arrive tout de suite mon ange.




*******

Que pensez-vous de la personnalité un brin maniaque de Milo ?

Et de la personnalité de Marcus ?

Vraie ou fausse migraine ?

Comprenez-vous que Milo soit encore en couple avec Marcus ?

Lucas est vraiment un ami précieux pour Milo !

Que s'est-il passé d'après vous ?

*******

😉Et encore merci pour le classement de Milo à la 885e place de romance !😉

😘 Bisous les Loulous 😘

😍 Kty 😍

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