Chapitre onze
MILO
Cela fait une semaine, que j'ai été agressé par Marcus, que je me remets tout doucement physiquement. Ce matin, je passe les examens de contrôle et si tout est ok, j'aurai le droit de sortir et de reprendre ma vie en mains sans la présence de Marcus à mes côtés.
Je veux oublier ces six derniers mois durant lesquels, il m'a fait vivre un enfer, où j'ai été sa marionnette en la manipulant à sa guise. Je suis devenu un pantin dans ses mains de pervers qui ne savait plus dire non, qui ne voulais pas le décevoir ou le mettre en colère. Ce que j'ai pris pour de l'amour n'était que de la manipulation, des mensonges et de la domination pour que je fasse ce qu'il voulait de moi. Mais quel con ! Comment j'ai fait pour ne pas m'en apercevoir ? C'est toute la perversité de la situation. Tout était calculé, dosé, distillé, entre des mots doux, des caresses et moi je n'y ai vu que du feu. Son intérêt pour moi, mon travail, mes séances de sport, mon côté maniaque qu'il entretenait et poussait pour que je le sois de plus en plus. Tout ça pour me faire croire qu'il m'aimait, moi le fils gay que ses parents avaient abandonné, rejeté et qui manquait tant de confiance en lui...
J'ai tellement cru en notre histoire, à notre couple, que je l'ai peut-être un peu trop idéalisé. Voulant que tout soit parfait. Qu'il n'ait rien à me reprocher. Qu'il se sente bien et détendu en rentrant chez nous après une grosse journée de travail. Je voulais être parfait et je suis devenu cet être si imparfait, que je me dégoûte. J'ai honte de ce qu'il m'a fait accepter et subir, mais j'ai aussi honte d'être devenu cette serpillière sur laquelle il pouvait s'essuyer les pieds. Comment peut-on s'oublier à ce point ? Comment peut-on accepter tout cela sans rien dire ? Ou du moins pas assez pour que tout ceci s'arrête avant qu'il ne soit trop tard ? Avant que l'aller sans retour ne soit oblitéré.
Pourtant, toutes les personnes qui me connaissent vous diront, que j'ai du caractère et souvent, que j'ai un foutu caractère. Que je sais ce que je veux et que j'obtiens très souvent ce que je désire. Que je suis sûr de moi, de ma personne, de mon physique et que je ne me laisse pas marcher sur les pieds. Et pourtant, je suis devenu ce déchet malléable à souhait à son contact dans notre intimité.
Notre intimité ?
Mais il n'y en a plus et visiblement, il n'y en a jamais eu, car les fameuses vidéos ont été retrouvées sur de nombreux sites où viennent se connecter des êtres tout aussi tordus et vicieux que lui. Des hommes apparemment mariés qui viennent là pour étancher leur envie, leur désir et leur pulsion, qu'ils cachent au fond d'eux-mêmes. Ces personnes qui pourraient être mon voisin, mon banquier, un client... Sous couvert d'un soi-disant anonymat révèlent ce qu'ils ont de plus sombres à cacher. Une homosexualité refoulée. C'est ce que j'ai appris de Marcus. C'est pour cela qu'il a été marié. Pour ne pas décevoir ses parents. Pour récupérer le garage. Pour garder ou obtenir tout cela, il a enfoui, qui il était vraiment et a vécu pendant cinq ans avec sa femme, m'a expliqué mon avocat. Et avant cette Judith, il avait été fiancé à une certaine Viviane qui l'avait quitté, après l'avoir surpris devant son ordinateur à s'activer sur sa queue en regardant un porno masculin. Sans le savoir, elle avait échappé au pire et n'avait pas subi le courroux de ce monstre. Judith étant la seule à avoir porté plainte, avant que je ne le fasse.
J'entends que l'on frappe à la porte et je me redresse sur le fauteuil en voyant le docteur qui me suit, depuis le début de mon hospitalisation.
— Bonjour Monsieur Matal, alors comment vous sentez-vous ? me demande-t-il en me serrant la main.
Il s'assoit sur le bord de mon lit avec mon dossier en main et un stylo.
— Mieux, même si mes côtes me font toujours mal.
— Vos côtes vont être douloureuses encore un moment. Et vos maux de tête ?
— Je n'en ai pratiquement plus.
— Le dernier remonte à quand ?
— Il y a deux jours.
Au fur et à mesure que je lui réponds, il note sur mon dossier les réponses.
— Alors ce matin, vous savez que je vais vous faire passer des examens et s'ils sont positifs, je vous laisserai repartir chez vous à condition que vous preniez soin de vous.
— D'accord Docteur.
— On va commencer par regarder vos hématomes et cicatrices.
Je retire mon tee-shirt, non sans mal, car mon coude et mon épaule me font encore souffrir.
— Je n'ai pas besoin de vous demander si vous avez toujours mal à votre bras. Vu vos grimaces, elles ont répondu à votre place. On va donc vérifier avec une radio que tout est bien en place et il vous faudra ensuite des séances de kiné pour récupérer toute la mobilité de ce bras.
— Vous pensez que je garderai des séquelles ?
— Je vous ai programmé une séance avec l'ostéopathe, pour qu'il vérifie justement que tout sera ok ! Vous avez eu de la chance que votre bras ne se casse pas vu comment Monsieur Bron l'a tordu derrière votre dos. Par contre vos ligaments ont souffert.
— Et vous trouvez que j'ai de la chance ?
— Oui Monsieur Matal, car le fait que votre épaule se soit déboîtée a permis que votre bras ne se casse.
— Si vous le dites.
— Bon, laissez-moi inspecter votre buste et si je vous fais mal, dites-le moi.
Il vérifie chaque hématome et bien sûr je grimace fortement quand il s'approche de mes côtes. Sinon le reste de l'examen est satisfaisant apparemment.
— Bon, la plupart de vos hématomes sont en train de s'effacer, mais cette ligne violacée que vous avez au niveau de votre taille ne me plaît pas trop. On va vérifier avec un scanner qu'on ne soit pas passé à côté de quelque chose.
Rien que l'évocation de cette ligne me donne des frissons et fait remonter des images que j'essaye d'enfouir au plus profond de moi. Car moi, je sais ce qui l'a provoqué. Ce n'est rien d'autre que le bord de la table que je cognais à chaque coup de butoir de Marcus, c'est d'ailleurs contre cette table qu'il m'a fracturé les côtes et tordu le bras pour me maintenir en place pendant qu'il me violait.
— Monsieur Matal ?
— Oui excusez-moi, j'étais ailleurs.
— On peut s'arrêter ou faire une pause...
— Non finissons-en !
— Bon, passons aux cicatrices. Celle de l'arcade sourcilière est propre et ne vous laissera qu'une fine ligne apparente. Par contre, celle que vous avez à la tête est moins jolie, heureusement que vos cheveux vont la recouvrir en repoussant.
— Oui heureusement, même si en sortant je vais devoir aller chez le coiffeur, car franchement vos infirmières ne sont pas douées avec une tondeuse.
— Je suis content d'entendre dans votre voix ce petit sarcasme, me répond-il en souriant. Vous pouvez remettre votre tee-shirt.
Je passe en premier mon bras gauche dans la manche puis enfile l'encolure sur ma tête et termine par passer mon bras droit. Même si cela me fait mal, je suis fier d'y arriver tout seul.
— Est-ce que vos saignements se sont arrêtés ?
— Euh... Oui, depuis hier après-midi.
— Les douleurs sont moins aiguës quand vous allez à la selle ?
Je suis gêné de lui répondre pourtant il connaît cette partie de mon intimité vu que c'est lui qui a attesté du viol.
— C'est encore douloureux, mais cela devient un peu plus supportable.
— Surtout continuer votre régime alimentaire riche en fibre et à bien vous hydrater. Cela permettra à vos selles d'être moins dures et donc d'avoir moins mal et n'oubliez pas d'appliquer votre pommade aussi.
— Bien Docteur.
— Et si les saignements reviennent, revenez me voir tout de suite. Bon, on va aller vérifier l'état de votre bras et de votre ventre.
Après différentes radios et scanners, le docteur est rassuré et m'indique la salle de l'ostéopathe.
— Pendant votre séance, je vais préparer vos papiers de sortie, ainsi que les ordonnances pour les anti douleurs et pour le kiné.
Je profite, de repasser devant ma chambre pour appeler Lucas.
— Salut Milo, ça va ?
— Oui c'est bon, j'ai le feu vert du docteur pour sortir. Tu peux venir d'ici une heure ?
— Une heure, ça va faire juste.
— Ah non Lucas, quoi que tu fasses en ce moment, tu t'arranges. Je te veux ici pour midi.
— Dis donc tu vas mieux. Tu râles à nouveau !
— J'en peux plus d'être ici, tu peux comprendre ?
— Mais oui je comprends Milo. Mais je n'ai pas un hélicoptère !
— Qu'est-ce que tu racontes ?
— Ben, je me suis mis en route dès que tu m'as dit que tu sortais, mais j'ai tout de même une heure vingt de route.
— Tu fais chier Lucas. Tu savais que je risquais de sortir aujourd'hui.
— Oui je le savais, mais je pensais que ça serait plutôt l'après-midi.
— Bon ben fait au plus vite ! Mais fait attention à toi surtout et respecte les limitations de vitesse et...
— Oui maman, je vais faire attention.
— Oh excuse-moi, de faire gaffe à ce que tu restes en vie.
— Ça va Milo, tu ne vas pas te vexer pour si peu ?
— Et si j'en ai envie, tu vas m'en empêcher ?
— En effet, c'est confirmé, tu es prêt à sortir !
— Bon, allez concentre-toi sur la route. À tout à l'heure, Lucas.
— Ok mon ange. Il me tarde de te ramener à la maison.
Je raccroche afin de ne pas être en retard chez l'ostéopathe. Tout en marchant dans ce long couloir, je réfléchis à ce que vient de me dire Lucas. Il est tellement heureux que l'on reprenne notre collocation que j'espère, qu'il ne va pas se faire de faux espoirs. Je suis content de retourner vivre dans cet appartement avec lui, mais en tant qu'ami. Je ne veux surtout pas le rendre malheureux, car c'est un mec exceptionnel. Prêt à tout pour ceux qu'il aime, quitte à s'en oublier au passage et je ne veux pas de ce genre de relation entre nous. Je vais devoir en discuter au plus vite avec lui.
— Monsieur Matal, je suppose ?
Cette voix légèrement aiguë me sort de mes réflexions, quand je lève les yeux, je m'aperçois que je suis arrivé et que c'est l'ostéopathe qui me tend la main pour me la serrer.
— Je me présente, Mademoiselle Philippe.
— Excusez ma surprise, Mademoiselle. J'ai cru que j'aurai affaire à un homme !
— Le fait que je sois une femme vous dérange Milo ? Vous êtes d'accord pour que je vous appelle par votre prénom ? Moi c'est Camille, c'est sans doute mon prénom qui vous a induit en erreur, ça arrive souvent.
— Non ça ne me dérange pas Camille et en effet, j'ai pensé trop facilement que vous étiez un homme.
— Allez, entrer que je puisse voir ce que je peux faire pour vous.
— D'accord.
— Déshabillez-vous Milo et allongez-vous sur le dos. Vous pouvez garder votre caleçon tout de même ! rit-elle.
— Je ne comptais pas l'enlever !
— C'était juste pour rire Milo et détendre l'atmosphère. Vous êtes tendus comme un coton-tige.
— Un coton-tige ? Et bien, c'est bien la première fois que l'on me compare à cette petite chose.
— Donc, vous êtes tendus et en plus, vous n'avez pas d'humour. C'est bien la peine d'être aussi beau et bien foutu, pour être aussi coincé.
— Ah tout de même vous reconnaissez que je suis beau et que les heures de sport que je fais ne servent pas à rien. Pfff, un coton-tige !
— Oh ! J'ai froissé votre ego ?
— Aie... Mais vous m'avez fait mal !
— J'ai juste fini de vous remettre l'épaule en place, ainsi que le ligament. Bougez doucement votre bras pour voir.
— La douleur a été fulgurante, mais là, j'ai moins mal et j'arrive même à bouger mon bras. Génial Camille.
— C'est bien ce que je pensais.
— Qu'est-ce que vous voulez dire par là ?
— Qu'il suffit de vous parler et de vous taquiner pour vous manipuler.
Je grimace en entendant ce mot qui me ramène forcément à Marcus et à ce qu'il m'a fait...
— Je suis désolée Milo, je n'ai pas réfléchi. Je parlais naturellement de la manipulation de votre épaule. Loin de moi l'idée de vous blesser.
— Je m'en doute Camille. Il y a autre chose que vous devez... Manipuler ?
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Milo a vraiment une mauvaise image de lui à cause de Marcus 😠
Enfin, il va pouvoir reprendre sa vie en main avec l'aide Lucas 😊
Son côté autoritaire et intransigeant est de retour 😂
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😜 Bisous les Loulous 😜
😍 Kty 😍
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