Chapitre deux

MILO

Cinq minutes après nous arrivons devant l'immeuble, j'engage la moto sous le porche et la gare dans la cour. J'aide Claire à descendre de la moto. Elle retire son casque, me le tend et me demande :

— Je peux savoir ce que l'on fait ici ?

— Je voulais vous montrer un appartement.

— Mais vous m'en avez déjà trouvé un.

— Franchement jamais je ne vous laisserai habiter dans ce taudis.

— Je ne pense pas avoir les moyens d'habiter ici.

— Détrompez-vous, sinon je ne vous le ferais pas visiter.

— Vous êtes comme ça avec tous vos clients ou j'ai un traitement de faveur ? demande-t-elle étonnée.

— J'aime mon travail et je suis heureux quand mes clients le sont et ne me dites pas que l'autre taudis vous rend heureuse ?

— Ce n'est pas ma priorité.

— Et quelle est votre priorité ?

— Avoir un appartement que j'arrive à payer.

— Alors j'ai ce qu'il vous faut et en plus il va vous plaire et vous rendre heureuse.

— Si vous le dites, ajoute-t-elle en haussant les épaules.

Claire me suit sans rien dire, monte les étages et attend que j'ouvre la porte de l'appartement.

— Je sais, quatre étages sans ascenseur, c'est un peu raide mais c'est son seul défaut.

— Je vous dirai ça en fin de visite.

J'ouvre la porte, je rentre et retire mes chaussures sous l'air éberlué de Claire.

— C'est un parquet ancien, c'est pour ne pas l'abîmer, me justifié-je.

— Désolé, je n'ai pas mes chaussons roses dans mon sac, me dit-elle en souriant.

— Quoi vous avez peur de fouler ce joli parquet de vos pieds ?

— J'ai surtout peur de l'odeur, dit-elle en rougissant. J'ai travaillé pendant huit heures et...

— Alors ça va si ce n'est que huit heures, lancé-je en souriant pour qu'elle se détende.

— À vos risques et périls, ne venez pas vous plaindre !

Elle retire enfin ses chaussures et je ne peux réprimer une grimace. La vache elle a planqué des fromages de chèvre dans ces baskets. Elle les dépose sur le palier et je me risque à respirer à nouveau après avoir fermé la porte.

— Je vous ai prévenu. Vous ne pouvez pas dire que je vous ai pris en traître Milo.

— En effet Claire... Bon, on commence la visite ?

Elle se tourne vers le salon et en reste sans voix, je reste en retrait appuyé contre la porte pour qu'elle puisse le découvrir à son rythme. Son regard passe du salon à la cuisine puis s'en approche, passe sa main sur le plan de travail avant d'en faire le tour et d'inspecter la cuisine, les placards qu'elle ouvre. Quand ses yeux se posent sur le four, la plaque et le frigo.

— Elle est déjà équipée ? me questionne-t-elle sans y croire.

— Oui Claire, vous aurez une cuisine complète et équipée. Elle vous plaît ?

— Faudrait être difficile.

— Et le salon vous en pensez quoi ?

— Il est grand, lumineux, je n'en reviens pas !

— Tous vos meubles rentreront ?

— Oui, oui... Sans souci.

Elle s'approche des fenêtres dont la vue donne sur la cour fleurie, je m'approche de l'autre fenêtre et en profite pour jeter un œil à ma moto.

— On continue par la salle de bains ?

— Je vous suis, lance-t-elle enjouée.

J'ouvre la porte et la laisse entrer, je suis content de la voir sourire et heureuse.

— Il n'y a pas de baignoire mais...

— Pas de "mais" Milo, une douche c'est très bien. Prendre un bain consomme trop d'eau et coûte donc trop cher.

C'est vrai que je ne me suis jamais posé ce genre de questions et je me rends compte que je suis un privilégié. Je suis loin d'être riche, je gagne bien ma vie et Marcus aussi ce qui nous permet de vivre sans avoir à se poser ce genre de questions.

— C'est le branchement pour une machine à laver ?

— Oui, l'emplacement n'est pas très large. Je prendrais la mesure pour voir si votre machine rentre.

— D'accord, merci Milo.

— Vous me remercierez à la fin. Il reste la chambre à voir.

Je lui laisse ouvrir la porte et découvrir sa chambre. Car je suis sûr que cet appartement est fait pour Claire. Elle tourne sur elle-même, ouvre les portes coulissantes du placard qui prend tout le mur. Quand elle se tourne je peux voir une larme couler sur sa joue qu'elle essuie rapidement pour ne pas que je la vois.

— Claire qu'avez-vous ?

— Rien, c'est juste une poussière Milo.

Je m'approche d'elle pour la réconforter quand elle se raidit et n'ose plus bouger.

— Je suis désolé Claire je ne voulais pas vous mettre mal à l'aise je voulais juste vous donner un mouchoir. Je sais bien que ce n'est pas une poussière.

— Vous ne vous rendez pas compte, souffle-t-elle.

— Claire, je vous ai dit que j'étais désolé.

— Non Milo, je parlais de cet appartement, il est juste magnifique mais je sais déjà que je ne pourrais jamais le louer.

— Voyons si je vous ai emmenée ici, c'est que le loyer est dans vos moyens.

— Mais comment c'est possible ? Regardez tout ça !

— Et encore vous n'avez pas vu ceci.

J'ouvre la porte-fenêtre et l'invite à venir voir. Elle s'avance et pose ses mains sur sa bouche pour éviter de crier sa stupéfaction.

— Venez Claire, la vue sur le parc est magnifique et là, j'y vois bien une petite table en fer forgé avec deux chaises pour prendre votre petit-déjeuner ou même lire avec une tasse de thé. Vous aimez lire Claire ?

— Oui beaucoup, même si je n'ai plus trop le temps. Vous avez vraiment pensé à tout on dirait. Et pour Willow ?

— Pas de soucis les animaux sont acceptés. Donc votre chat pourra lui aussi se prélasser dans cet appartement.

— Je n'en reviens pas.

Nous revenons dans le salon et elle me demande :

— Vous me cachez quoi Milo ?

— Comment ça ?

— Déjà vous ne m'avez pas annoncé le loyer !

— Quatre cent cinquante euros.

— Ce n'est pas possible. Ce n'est pas possible, se répète-t-elle.

— Je sais que c'est cinquante euros de plus que votre loyer plafond mais si vous comptez le prix des transports que vous auriez dû prendre avec l'autre logement. Vous allez même faire des économies et du sport.

— Du sport ?

— Oui vous aurez dix minutes de marche pour aller à votre travail.

— Donc en plus de me trouver un appartement, vous vous souciez aussi de ma santé ?

— C'est important de faire attention à sa santé donc si je peux aider la vôtre, je ne vais pas me gêner.

— Alors le loyer, c'est fait, ma santé, c'est ok. Elle est où l'entourloupe ? Car ne me prenez pas pour une idiote Milo !

— Loin de moi cette idée, voyons.

— Alors dites-moi la vérité, insiste-t-elle.

— D'accord Claire. Si on en parlait autour d'un café ?

— Je veux bien, je rêve de pouvoir m'asseoir.

— Alors allons-y avant de passer à l'agence pour signer les papiers.

— Avant je veux tout savoir Milo. Je ne supporte pas le mensonge.

— Je l'avais compris Claire, souris-je.

— Très bien alors.

Après avoir pris quelques photos et mesures de l'appartement nous nous rendons à pied au café le plus proche.

— Oh que ça fait du bien de s'asseoir.

— Je m'en doute. Vous voulez boire quoi ?

— Un chocolat chaud avec de la crème fouettée, je peux ?

— Hummm Claire, vous me donnez envie de céder à la tentation à mon tour.

— Alors pourquoi ne pas y céder ?

— Après tout vous avez raison. Je ferais dix minutes de footing en plus et puis voilà.

— Vous n'en avez pas besoin pourtant !

— Justement si j'ai ce corps magnifique, c'est parce que je l'entretien.

— Et modeste avec ça.

— Réaliste, Claire, ris-je avec elle.

Le serveur nous apporte nos boissons et m'offre un merveilleux sourire auquel je réponds tout en matant ses fesses bien moulées dans ce jeans quand il repart.

— Si je vous gêne ?

— Non Claire, pas du tout ! réponds-je.

— Vous êtes en couple, non ?

— Oui et alors ?

— Et donc vous trouvez normal de draguer ce serveur ?

— Oh voyons Claire, je ne l'ai pas dragué.

— Ben voyons, sourit-elle.

— Je n'ai même pas son numéro de téléphone, rajouté-je.

— Je suis sûre que vous l'aurez sur le ticket !

— Vous croyez ?

— J'en suis sûre Milo. Demandez-lui la note, vous verrez que j'ai raison. Chiche ?

— Ok je relève le défi.

Je lève la main en voyant passer le serveur qui se dépêche de venir me voir.

— Vous désirez ?

— Oui, je désire... Je le regarde droit dans les yeux, puis j'ajoute : la note, en me mordant la lèvre.

Il déglutit avant de me répondre :

— De suite, Monsieur.

— Je sens que je vais gagner mon pari, balance-t-elle en se frottant les mains.

Je bois une gorgée de mon chocolat et forcément mon nez et ma lèvre se pare d'un nuage blanc. Elle éclate de rire et qu'est-ce que j'aime l'entendre rire. Elle s'avance vers moi avec une serviette et me dit :

— Je peux Milo ?

— Mais bien sûr, Claire !

Nous entendons tousser et nous nous retournons vers le bruit. Le serveur gêné me tend la coupelle contenant la note.

— J'ai rajouté la carte du bar monsieur.

Je prends la carte, la retourne et je rajoute :

— Merci bien, Jérôme en lui faisant un clin d'œil.

Il rougit et s'en retourne au bar sans rien ajouter.

— Vous êtes terrible Milo. Le pauvre, vous l'avez mis dans tous ses états.

— C'est de votre faute ça.

— Vous n'aviez pas qu'à commencer.

— Je n'ai pas perdu la main apparemment. En effet, Claire vous aviez raison, Jérôme a noté son numéro, lui dis-je en lui montrant la carte.

— Et vous allez le rappeler ?

— Non. Allons, Claire je suis quelqu'un de sérieux.

— Oh je n'en ai pas douté une seconde.

— Vous savez que vous êtes terrible.

— Pas plus que vous !

Je jette un coup d'œil au bar et je vois Jérôme qui me fixe. Je dois dire que ça gonfle mon ego de voir ce beau jeune homme me trouvant à son goût. Marcus va trouver ça trop drôle quand je lui raconterais ce soir.

— Bon, on s'est bien amusé mais n'oublions pas pourquoi nous sommes là. Alors Milo ?

— Vous avez raison Claire le loyer était plus cher à la base mais j'ai pu négocier une remise de cent euros vu que vous n'avez pas besoin du garage et que je lui ai proposé quelqu'un qui le lui loue à ce prix-là. Donc tout le monde est gagnant.

— Je ne sais pas comment vous remercier Milo. Vous avez tellement fait pour moi, souffle-t-elle.

— Mais c'est normal et votre sourire Claire est le plus beau des mercis. Tout ce que je veux c'est que vous soyez heureuse et je sais que vous le serrez dans cet appartement.

— J'en suis sûre aussi, Milo.

— Bon, il serait temps d'aller signer ce bail alors.

— Oui, allons-y.

Je prends la soucoupe, y dépose un billet de dix euros, glisse la carte dessous et vais la déposer sur le comptoir.

— Merci Jérôme.

— Voici votre monnaie.

— Gardez-la.

— Merci Milo. À bientôt, j'espère.

Son regard insistant autant que sa voix sur mon prénom me donne des frissons que je n'avais plus ressentis depuis longtemps.

— À bientôt, Jérôme et je prends la carte qu'il me tend à nouveau.

Je la range dans la poche arrière de mon jeans et lui rends son sourire. Je rejoins Claire qui m'attend dehors.

— Alors vous avez conclu ? rigole-t-elle.

— Il a eu des arguments imparables.

— Ah la la, ces hommes...

— Comme si l'on était différent de vous ?

— Je ne pourrais vous répondre, se renfrogne-t-elle.

Le retour à la moto se fait dans le silence. 

Ainsi que le chemin jusqu'à l'agence de Lucas.

*******

Que pensez-vous de l'appartement ?

Comprenez-vous l'attitude de Milo ?

En tout cas Claire va mieux à son contact !

Que dire de Jérôme ? Milo succombera-t-il ?

D'après vous qu'est-ce qui a contrarié Claire ?

*******

😘Bisous les Loulous😙

😍 Kty 😍

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