Chapitre deux.

Mais quand je sors de la voiture, j'oubli le petit sermon que je viens de me faire. Je me dis que demain, je serais plus courageux. Même si, au fond, je sais que je mens. Je traverse le lycée, pas très vite, ni trop doucement pour pas me faire remarquer et arrive jusqu'à mon casier. Je pose ma bouteille et ma pomme, et prend mon livre de littérature. Puis je garde mon visage enfoncé dans mon casier, jusqu'à ce que la sonnerie sonne. Quand j'arrive en cour je remarque tout de suite le nouveau, pas qu'il soit beau, mais parce qu'il est assit à mon bureau. Alors je baisse la tête, et vais m'asseoir à un autre. Le prof n'est pas encore là, alors je prend une feuille et la plis en mille morceaux. Puis j'entend des gens parler, assez haut. Sûrement pour que je puisse les entendre.

-Tu vois le mec là-bas ?

Je crois que c'est John, un mec qui comme beaucoup ne m'aiment pas.

-Eh bien ?

C'est le nouveau qui parle, je ne connais pas sa voix.

-Eh bien, c'est le frère de Lottie, tu sais la belle blonde là que je t'ai montré ce matin.

-Ah bon ? Réellement ?

Il paraît choqué. C'est vrai, L'ortie et moi, on se ressemble pas.

-On croirait pas hein ! Eh bah ouais. Il est totalement différent de sa sœur.

Il pouffe et continu dans sa lancée.

-C'est une loque ce mec. Regarde-le dans la journée, il a pas d'amis. Il mange pas. T'a l'impression il vit pas le mec.

-Je trouve pas ça drôle moi.

Je sursaute.

-T'a pitié de lui maintenant. Mais quand il t'aura jeter comme il le fait avec tout le monde, tu le verra d'une autre manière. Il veut pas d'amis.

-Je trouverais toujours ça pas drôle, mec.

J'écarquille les yeux. Et j'ai envie de sourire, parce qu'en réalité cette discussion, c'est pas la première fois que je l'entend. Au début les gens ont pitié. Puis quand ils réalisent que ouais, je veux pas de leur amitié, ils réagissent comme les autres. Mais c'est pas grave.

Après le cour, on a une pause de vingt minutes. Je me précipite dans les toilettes pendant quinze minutes. Je sors mon livre, et je lis. Un jour l'une des jumelles m'a demander pourquoi j'avais toujours un bouquin dans les mains. Je lui avait répondu comme un adulte.

-Dans un livre, il y a les détails d'une vie. D'une autre vie que la tienne. Donc pendant un temps, tu est autre part que là. Tu sais que c'est pas réel, mais quand tu lis, le monde qui t'entoure n'existe plus. C'est merveilleux.

Au fond, je sais qu'elle a pas comprit ce que je voulais dire. Et j'espère, que plus tard elle comprendra, mais qu'elle ne sentira pas le besoin d'oublier sa vie.

Quand la sonnerie retentit, je suis déjà devant la classe.

-Louis.

Pendant une seconde, je me demande pourquoi personne n'est capable d'oublier mon prénom pendant une journée. Je révèle la tête, parce que ouais. Elle est toujours baissée.

-Tu sais elle est où Lottie ?

Je secoue la tête.

-Tu sers a rien.

Je baisse la tête. C'est pas grave. Il s'en va, en rigolant sur le fait que L'ortie n'avait pas de chance de m'avoir comme frère. Que j'ai sûrement dû être adopter ou un truc dans le genre pour être aussi bizarroïde. Je laisse couler, de toute façon j'allais dire quoi ? "Je t'emmerde ?" Pour quoi faire au final ?

La journée passe. Et tout le long sans ouvrir la bouche, je pense au soir, à la lune et aux étoiles. Au moment où je vais enfin les retrouver, pour qu'elles puissent enfin me protéger. Je fais sûrement pitié, mais peut-être pas plus qu'à l'habitude.

Quand je finis les cours, j'attend que les gens sortent, pour sortir à mon tour, je récupère ma pomme et mon eau, et quand je croque dedans, je me rend compte que j'avais faim. Je sors du lycée et regarde autour de moi, il n'y a pratiquement plus personnes dans les environs, je souffle soulagé.

Je rentre chez moi.

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