Chapitre 3 - Home sweet homme

Chapitre 3 – Home sweet homme

A peine avions-nous passé le portail gracieusement ouvert par Carl que je fus happée et soulevée de terre par deux bras gigantesques.

- Adorable Lola, revoir ton sourire m'emplit autant de joie qu'une envolée de pucerons au printemps.

- Oh euh...je ne sais pas trop comment je dois le prendre mais...merci Barry, m'esclaffai-je. Tu peux me reposer par terre maintenant ?

Le colosse s'exécuta tandis que je saluais Rick, son fils et J.C. Ce dernier me jeta un regard indéchiffrable auquel je répondis par un froncement de sourcils crispé. Avec la population de la prison qui s'était multipliée, j'avais bon espoir qu'il finisse par se trouver une copine...histoire d'oublier cette fixette ridicule qu'il faisait sur moi. Les yeux braqués sur le jeune homme, Daryl passa un bras autour de mes épaules avant de m'embrasser sur la tempe.

- Tu marques ton territoire ? pouffai-je à voix basse.

- Cet abruti va comprendre sa douleur s'il continue de t'mater comme ça.

Je me tournai vers lui, un sourire amusé s'étirant sur mes lèvres.

- Je ne vous savais pas aussi possessif Monsieur Dixon.

- J'suis pas possessif, marmonna-t-il.

- Non, bien sûr que non, sourcillai-je.

Emboîtant le pas au shérif, nous nous mîmes en route vers le bâtiment bétonné qui se dressait à une cinquantaine de mètres, dominant de toute sa hauteur l'immense terrain vague. En quelques mois, les lieux avaient beaucoup changé, conférant à cet endroit au départ sinistre, une atmosphère finalement assez proche de ce que nous avions connu à la ferme d'Hershel. En plus de l'écurie et de l'enclos des trois petits cochons que j'avais surnommé Nif-Nif, Naf-Naf et Nouf-Nouf en référence au conte pour enfants, Rick et le patriarche avaient créé un potager. Les plans de tomates, dont les fruits rouges vifs luisaient délicieusement sous le soleil de cette fin de journée, me donnèrent une folle envie de spaghettis. Je salivai un instant, avant de redescendre brutalement sur terre. A en juger par l'odeur qui nous parvenait depuis la tonnelle en bois installée près du terrain de basket, de l'opossum était au menu...encore.

- Alors ? s'enquit Rick tandis que nous remontions le long de l'allée de graviers.

- Rien pour le moment, répondit l'archer. On repart dans deux jours, ajouta-t-il.

- Rien ? Ce n'est pas tout à fait vrai, intervint Michonne en sortant de son sac deux comics qu'elle tendit à Carl, un grand sourire aux lèvres.

- Merci ! C'est ceux qui me manquaient ! s'exclama l'adolescent en commençant à feuilleter le premier volume sous le regard bienveillant de la samouraï.

- Va nous falloir une nouvelle bagnole, reprit le chasseur.

- On a été pris dans une horde y a dix jours, expliquai-je, le moteur n'a pas apprécié l'orgie de tripes qu'on lui a imposé.

- Et pour le Gouverneur ? Aucune piste ? demanda J.C qui avançait à mes côtés.

- Pas pour le moment, répliqua l'afro américaine. On va étendre les recherches de Walnut Grove jusqu'à Jackson. Et s'il faut, on élargira encore le périmètre.

- Ce connard pourra pas s'planquer éternellement, grogna Daryl avec un regard noir à l'attention du jeune homme.

- Et ici ? Comment ça se passe ? m'intéressai-je.

- Sans notre charmante Lola, les lieux perdent de leur charme mais la quiétude demeure notre plus fidèle amie en ces temps apocalyptiques, déclara Barry de son éternel ton monocorde.

Tandis que le chasseur levait les yeux au ciel tout en marmonnant un « guignol » à peine audible, je ne pus retenir un éclat de rire en entendant la tirade du catcheur. Sa poésie m'avait manqué et j'espérais secrètement qu'il nous sorte prochainement une vanne pourrie de son cru.

- Y a eu encore des nouveaux, ajouta le latino. Un père et ses deux filles, Mika et Lizzie.

- Elles ont quel âge ?

- Dix et douze ans, m'informa Rick. Elles doivent être au cours de lecture avec Carol. On fera les présentations ce soir quand tout le monde sera là.

- Oh chouette...des enfants...encore, grommelai-je, faussement enjouée.

En pénétrant dans la salle commune, je fus saisie par l'agitation qui régnait dans ces lieux autrefois si tranquilles. Je revoyais avec nostalgie notre petit groupe, installé autour d'une table métallique, un plat de macaronis au fromage froid dans nos assiettes. Cette période me manquait mais quelque part, Rick n'avait pas tort. Dans le monde tel qu'il était, le nombre était un atout non négligeable. Il n'y avait qu'à voir les dégâts que pouvait causer une horde de rôdeurs. Venir à bout d'un ou deux cadavres était d'une simplicité enfantine. Des centaines en revanche, cela compliquait légèrement les choses. Il en allait de même pour les vivants. Du moins, je l'imaginais. Depuis Woodbury, le shérif avait affûté sa vision des choses. Selon lui, nous avions tous besoin les uns des autres pour avancer...ce n'était pas faux, ça avait même beaucoup de sens mais en ce qui me concernait, ma famille d'adoption me suffisait amplement. Je n'avais rien contre toutes ces personnes qui s'étaient greffées au fil des mois. Cependant, je n'éprouvais aucun attachement à leur égard. C'était un peu comme vivre en ville finalement...l'anonymat et l'intimité en moins.

Après avoir salué Sasha et Tyreese qui nous avaient rejoins juste après l'attaque du Gouverneur, je suivis Daryl à l'étage pendant que Michonne leur résumait notre road trip. Allait-elle mentionner nos hormones en ébullition ? La connaissant, c'était peu probable...cependant, notre duo étant au cœur de nombreuses discussions au sein de la prison, retrouver l'historique de nos nombreux ébats en une de la gazette du pénitencier ne serait pas étonnant. Je voyais déjà les gros titres aguicheurs du type, « Loryl/Darla en folie...histoire d'un road trip tout en sensualité »...enfin, Dieu merci, le bagne que nous appelions maison ne disposait d'aucune gazette...Et tout ceci resterait donc confiné dans mon esprit complètement dérangé, m'esclaffai-je silencieusement sous les yeux amusés de mon compagnon tandis que nous montions les quelques marches métalliques.

Mon regard s'attarda un instant sur la cellule qu'avait occupé Merle. Si elle était restée vide depuis notre départ, elle semblait finalement avoir été attribuée. Ma gorge se noua sensiblement à cette nouvelle. La vie continuait...comme si de rien n'était. Je le visualisais encore, quelques mois plus tôt, occupé à déchiqueter les matelas avec un sourire goguenard dans l'espoir de trouver de quoi planer un peu. Je souris tristement en repensant à cet épisode, accablée par le vide qu'avait laissé l'ancien junkie derrière lui. Je secouai la tête, chassant la mélancolie qui s'était invitée dans mes pensées, et retrouvai l'archer dans notre chambre de fortune. Rien n'avait bougé durant ces trois dernières semaines. Je posai mon sac sur le lit avec un soupir avant d'étirer mes bras courbaturés. Mon corps tout entier me faisait souffrir le martyr. Ces mois de convalescence avaient définitivement eu raison de ma condition physique. J'attrapai un t-shirt propre et retirai mon débardeur avec une grimace de douleur.

- Mal au dos ?

- Au dos, aux bras, aux jambes...partout, répliquai-je. Dire que je pouvais danser des heures sans avoir la moindre courbature, et regarde-moi maintenant. Trente et un an et déjà vieille.

- Dis pas de conneries.

- Sans déconner, j'ai l'impression d'avoir quatre-vingts ans, me lamentai-je en enfilant mon vêtement propre.

- T'es plutôt bien conservée, marmonna-t-il, m'arrachant un hoquet de stupeur.

- Serait-ce un compliment ?

- Ouais, dit-il, mal à l'aise, avant de récupérer l'arbalète qu'il venait à peine de poser. J'vais chasser.

- Mais on vient à peine d'arriver, m'exclamai-je amusée. T'en as déjà marre d'être rentré ?

- Ça s'pourrait. Y a trop de monde, grogna-t-il en m'embrassant sur le front.

- T'as pas tort, approuvai-je en l'accompagnant tandis qu'il redescendait.

- J'rentre pas tard, déclara-t-il en plaquant ses lèvres sur les miennes.

Je l'observai s'éloigner avec un sourire, probablement béat, avant de croiser les prunelles larmoyantes de Lori. Et merde. Judith dans les bras, elle semblait avoir besoin d'aide...au secours !

- Lola ! Dieu merci, tu es rentrée ! Est-ce-que tu peux t'en occuper ?

- Y a pas quelqu'un d'autre ? Je comptais aller prendre une douche.

- Non, Beth n'est pas dans le coin, dit-elle en me collant le bébé dans les bras.

C'était une habitude ou quoi de faire de moi la babysitter de service ?

- Merci Lola, tu me sauves la vie. Elle n'a pas mangé, je te laisse lui préparer son biberon.

- Mais attends, j'peux savoir ce qui se passe?

- J'ai besoin de souffler, dit-elle en quittant la salle commune, me laissant comme une andouille avec sa gosse.

Ok. Bon. Et maintenant ? songeai-je en tenant Ass Kicker à bout de bras devant moi.

- Tu sais, elle ne va pas te mordre, remarqua Sasha, un brin moqueuse.

- Me mordre non mais me baver dessus et m'arracher des touffes de cheveux oui. Faut pas croire, ces petites choses sont de vraies teignes, pouffai-je tandis que Judith s'éclatait comme une folle à faire des bulles de bave.

Je lançai un regard désespéré à l'afro américaine.

- Tu veux pas...

- Hors de question, m'interrompit-elle, les gamins c'est pas mon truc.

- C'est pas le mien non plus...en plus, faut que je lui fasse à manger. Tu sais préparer un biberon toi ?

- Tu peux me demander ce que tu veux avec un fusil sniper mais en ce qui concerne le lait maternisé, va falloir te trouver un autre pigeon, répliqua-t-elle en posant une main désolée sur mon épaule. Bon courage ! ajouta-t-elle en quittant la pièce à son tour.

- Tu te rends compte, repris-je sur le ton de la confidence à l'attention du bébé qui continuait de bavouiller joyeusement, tu fais fuir tout le monde.

Je gloussai toute seule, me marrant de mes excentricités tout en me dirigeant vers notre cuisine de fortune, l'enfant toujours tendu devant moi. J'avais instauré une distance de sécurité avec ce petit tas de chair rose qui se tortillait dans tous les sens depuis qu'elle avait attenté à la vie de ma chevelure avant de vomir tripes et boyaux sur mon pull préféré.

- Besoin d'aide ? s'enquit Karen, l'une des rescapés de Woodbury, tandis que je me débattais pour attraper du bout des doigts un biberon propre.

- Tu tombes bien ! m'exclamai-je. Tu peux me la tenir pendant que je lui prépare à manger ?

- Je préfère m'occuper de sa bouffe si ça t'embête pas, répondit-elle avec un sourire.

- Mouais, marmonnai-je.

Je me laissai tomber sur une chaise bordant les tables métalliques en la suivant des yeux pendant qu'elle s'affairait avec le lait en poudre.

- Tu devrais pas la porter comme ça, sourcilla-t-elle.

- Hors de question que cette chose diaboliquement belle s'approche à moins de cinquante centimètres de mes cheveux, m'esclaffai-je.

La jeune femme s'approcha, secouant le biberon avant de me le tendre.

- Va bien falloir si tu veux la nourrir.

- Ah, parce qu'en plus mademoiselle ne mange pas toute seule, m'écriai-je, faussement indignée avant d'éclater de rire face à la mine ahurie et couverte de bave d'Ass Kicker qui venait d'éternuer.

Avec une légère appréhension absolument pas exagérée, quoiqu'un peu tout de même, j'approchai l'enfant de moi, la faisant reposer sur mon bras gauche.

- Elle t'aime bien, constata Karen en s'asseyant près de moi tandis que Judith s'acharnait sur sa tétine.

- On va finir par devenir super copines toutes les deux, souris-je légèrement attendrie par sa petite main serrée autour de mon index.

- Tu veux des enfants ? demanda-t-elle subitement.

- Non, répliquai-je en observant les paupières du nourrisson devenir de plus en plus lourdes à mesure qu'elle s'endormait sur son biberon.

- Je suis sûre que tu ferais une bonne mère.

Je ne répondis rien, m'interrogeant vaguement sur la maternité. Avec l'enfance et les parents que j'avais eu, je n'avais développé aucune fibre maternelle. Je savais à peine m'occuper de moi, alors un bébé...c'était complètement inconcevable. Encore plus dans le monde actuel.

- Et Daryl ?

- A vrai dire, je n'en sais rien. Tu sais, on a eu tous les deux une enfance compliquée alors...

- Je connais ça, m'interrompit-elle. J'ai été trimballée de foyer en foyer jusqu'à ce que je sois en âge de me débrouiller.

Ne sachant quoi lui dire, je me contentai de lui offrir un regard désolé. De toute façon, qu'il y avait-il à dire ? Ça va aller ? Ou les épreuves nous rendent plus forts ? Hors de question. Je préférais encore me taire. Beth arriva finalement en compagnie de Tyreese, coupant court à ce semblant de discussion pour le moins déprimant. Je leur confiai le bébé et m'éclipsai dans l'espoir de prendre enfin cette douche tant désirée.

***

Je me glissai sous l'eau tiède avec un sourire de bien être. Le jet apaisant détendit mes muscles presque instantanément, m'arrachant un soupir d'aise. J'attrapai le gel douche et grimaçai en lisant l'étiquette. Je maudis silencieusement Carol que j'avais croisé en chemin. Cette dernière m'avait assuré que le nouveau parfum sentait divinement bon...si Vanille des îles et noix de coco était sa définition du sentir divinement bon, il allait lui falloir quelques cours de rattrapage. La vanille ok, mais pourquoi avait-il fallu rajouter l'autre ingrédient dont je tairais le nom ? Sérieusement ?! Depuis le début de l'apocalypse , nous n'avions trouvé que ça comme fragrance ! A croire que la fin du monde avait eu un prix de gros sur les cocotiers, songeai-je en me savonnant en apnée.

Je finis de rincer la mousse avant de m'attaquer à ma chevelure. Se débarrasser du sang séché et autres sécrétions douteuses avait quelque chose de presque jouissif. Une main posée sur mon ventre nu, je regardai l'eau rougie s'écouler à travers la grille d'évacuation.

- Lola ? T'es là ?

Sur la pointe des pieds, je jetai un œil par dessus le rideau de la douche pour découvrir J.C qui se tenait, bras croisés contre le chambranle de la porte. Merde. Qu'est-ce-qu'il foutait là ?! Je coupai l'eau et m'enroulai dans une serviette avant de passer la tête par le panneau occultant.

- Qu'est-ce-que tu veux ? demandai-je sèchement.

- J'avais envie de te voir, répliqua-t-il en s'approchant.

Les battements de mon cœur s'intensifièrent désagréablement dans ma poitrine, ravivant brutalement le souvenir de mon agression.

- Ça peut pas attendre que j'ai fini ?

Sans un mot, il attrapa mes vêtements posés dans un coin et me les tendit. Je les récupérai d'une main, méfiante avant de m'enfermer à nouveau. Je m'habillai en vitesse, l'estomac noué. Putain.

- Faut que je te dise quelque chose, déclara-t-il tandis que je remontais mes boucles brunes en un chignon improvisé.

- Quoi ? rétorquai-je en sortant de ma cabine.

Il passa une main derrière son crâne rasé pendant que j'enfilai à la hâte mes Doc Martens.

- Je suis amoureux de toi.

Je me figeai, la bouche légèrement entrouverte de stupeur alors qu'il avançait vers moi. Instinctivement, je reculai avant de buter contre un mur. Merde. Manquait plus que ça. Le biker latino prit une mèche de mes cheveux échappée de l'élastique entre ses doigts et braqua ses iris sombres sur moi.

- Tu me rends dingue Lola, souffla-t-il.

- C'est pas volontaire, répondis-je en le repoussant, légèrement angoissée par l'ambiance devenue oppressante. Je t'ai déjà dit qu'il ne pourrait rien avoir entre nous.

- Laisse-moi au moins une chance, implora-t-il en me plaquant contre la paroi bétonnée.

- Certainement pas, m'écriai-je. T'as craqué ou quoi ? Putain, mais t'as vraiment un problème !

- Je t'aime c'est ça mon problème, dit-il en prenant mon visage entre les mains pour tenter de m'embrasser.

- On peut savoir ce qui se passe ici ? intervint Glenn, me permettant d'échapper au biker.

Je rejoignis mon ami coréen, reconnaissante qu'il eut été dans les parages.

- Rien, marmonna J.C. Il se passe rien, ajouta-t-il en sortant précipitamment.

-L'ancien livreur de pizza se tourna vers moi, inquiet.

- Lola ? Ça va ?

- Il fait une fixette sur moi depuis qu'on se connaît, répondis-je, encore choquée de l'attitude du latino.

- Il faut que tu en parles à Daryl ! s'exclama-t-il. Tu peux pas laisser passer ça.

- Il va péter un plomb, me crispai-je.

- Si tu le fais pas, c'est moi qui m'en charge, déclara-t-il. Cette histoire est allée beaucoup trop loin. Ça n'a plus rien à voir avec un béguin innocent, Lola.

***

Le soleil s'était finalement couché. Installée dans l'herbe devant la tombe de Merle, je contemplais les fils arrachés de mon jean troué avec un nœud dans la gorge. Putain de merde, mais qu'est-ce qui lui était passé par la tête, m'interrogeai-je silencieusement en repensant à la scène qui s'était déroulée à peine quelques heures plus tôt. J.C avait complètement perdu les pédales. Jusqu'à présent, son comportement vis à vis de moi ne m'avait jamais dérangé. Mais là, il avait franchi une étape carrément flippante. Quelle serait la prochaine ? Il comptait me prendre de force ? Je frissonnai de dégoût, révulsée par l'attitude des hommes.

Les grognements des rôdeurs à proximité me tirèrent de ma rêverie tandis que j'apercevais Daryl remonter l'allée de graviers. A en juger par la dépouille qu'il portait sur ses épaules, la chasse avait dû être bonne. Je reportai mon attention sur le monticule de terre devant moi sur lequel la végétation commençait à reprendre ses droits. Comment allais-je pouvoir lui annoncer ça sans qu'il ne devienne barge ? Il n'était déjà pas friand du biker, si en plus j'en rajoutais une couche, cette histoire allait finir en bain de sang.

Je m'étendis, mes mains posées sur mon ventre, tentant de calmer ma respiration qui s'était sensiblement accélérée. Les yeux fixés sur le canevas sombre au dessus de moi, je n'aspirais qu'à une chose, repartir. Nous étions à peine rentrés que déjà, la réalité, malsaine, s'imposait. Merle m'avait pourtant mise en garde à l'époque, mais naïve comme j'étais, il avait suffi d'un sourire et d'une paire d'excuses en bois pour que j'en oublie son avertissement...finalement justifié.

- Tu me manques, murmurai-je à l'homme enterré à quelques mètres de moi.

Et c'était vrai. L'aîné des Dixon me manquait. Autant que ma sœur. Sa grossièreté, son franc parler, son humour douteux, nos joutes verbales, son cynisme...il avait laissé un tel vide derrière lui.

T'es trop sentimentale Lola chérie, entendis-je dans mon esprit triste en écrasant une larme sur ma joue. Je me redressai, posant mon menton sur mes genoux lorsque l'archer s'approcha en silence. Il se laissa tomber derrière moi pour m'entourer de ses bras.

- T'as ramené quoi ? m'enquis-je en laissant ma tête reposer contre son torse.

- Un chevreuil, répondit-il avant d'enfouir son visage dans mon cou. Qu'est-ce que tu fais là toute seule ?

- J'avais besoin de m'isoler, me crispai-je.

- Glenn m'a dit que tu d'vais me parler d'un truc.

Merde. Putain Glenn, soupirai-je.

- Lola ?

***

- Où il est ?! hurla Daryl en déboulant dans la salle commune bondée.

- Qui ça ? demanda Carol en se levant.

- Ce putain d'abruti de latino de mes couilles !

- Calme-toi, tenta de l'apaiser la mère de famille. Il n'est pas là. On l'a pas vu depuis des heures.

- Si j'croise ce fils de pute, il est mort. Tu peux le prévenir. Vous pouvez tous le prévenir ! ajouta-t-il pour les spectateurs présents avant de ressortir.

- Désolée, grimaçai-je à l'attention de Carol.

- Qu'est-ce qui s'est passé Lola ? s'inquiéta-t-elle.

- J.C a...demande à Glenn, il t'expliquera. Faut que je retrouve Daryl avant qu'il fasse une connerie.

Je m'éclipsai à mon tour, nerveuse, bousculant Lori au passage.

- On peut savoir ce qui se passe ? Je viens de croiser Daryl, c'est tout juste s'il ne m'en a pas collé une !

- Plus tard, répliquai-je en courant comme une dératée vers le premier portail que le chasseur venait d'emprunter.

Je traversai le terrain de basket au pas de course, le cœur battant à tout rompre dans ma poitrine.

- Daryl !

L'archer m'ignora, grimpant déjà sur sa moto. J'arrivai à sa hauteur, à bout de souffle, tentant vainement de reprendre ma respiration tandis que des larmes me brûlaient déjà les yeux.

- Tu vas où ?

- Retrouver ce connard, rétorqua-t-il en mettant le moteur en marche.

- Fais pas ça, s'il te plaît.

- Et j'dois faire quoi, Lola ? Le laisser s'en tirer ?

- Reste avec moi...j'ai besoin que tu restes...s'il te plaît, murmurai-je tout en retenant un sanglot.

Je m'approchai de lui, ma poitrine se soulevant en rythme avec ma respiration disparate.

- S'il te plaît, répétai-je.

Il m'attrapa par la taille pour me serrer violemment contre lui.

- J'aurais du être là, grinça-t-il entre ses dents.

- Je vais bien, tentai-je de le rassurer, Glenn est arrivé avant que ça ne dégénère.

- Putain Casse-Noisette, j'te jure que si ce connard se pointe...

- Je sais, l'interrompis-je en plantant mes prunelles émeraudes dans les siennes.

Le chasseur coupa le moteur avant de prendre mon visage entre ses mains. Ses iris tourmentés braqués sur moi s'apaisèrent sensiblement tandis qu'il m'embrassait sur le front. Nous restâmes ainsi de longues minutes, dans les bras l'un de l'autre avant d'être rejoints par Rick.

- C'est quoi le problème avec J.C ? demanda-t-il.

- Cet enfoiré s'en est pris à Lola.

- Comment ça ? demanda-t-il en me lançant un regard interrogateur.

- Il s'est montré un peu trop...insistant, répliquai-je.

- Il t'a violé ?

- Non...

- Mais c'est ce qui s'rait arrivé si Glenn s'était pas pointé ! s'énerva Daryl.

- On ne sait pas, temporisai-je avec un soupir.

- Putain Casse-Noisette, arrêtes d'être aussi conne ! aboya l'archer.

- T'es pas obligé de t'en prendre à moi, m'écriai-je. J'ai eu ma dose pour aujourd'hui !

- Alors arrête de vouloir défendre tout l'monde, bordel de merde !

Le shérif nous observait nous écharper, les sourcils froncés, les mains sur les hanches, attendant probablement que la pression redescende.

- Je ne défends pas tout le monde !

- Ah non et tu fais quoi là ? Ce connard a essayé...

- Je sais très bien ce qu'il a essayé de faire, m'emportai-je. J'ai pas besoin qu'on me le rappelle.

- Faut croire que si ! Putain mais t'es pas possible ! J'ai jamais vu une nana aussi écervelée !

- Écervelée ?! Moi ? Écervelée ?

- T'as bien entendu.

- T'es qu'un pauvre con !

- Et toi, t'es qu'un aimant à emmerdes !

- L'aimant à emmerdes, il te dit d'aller te faire foutre !

- Vous avez fini ? s'enquit Rick avec un calme olympien, nous toisant d'un air amusé.

- Oui ! criai-je en chœur avec Daryl en croisant les bras sur ma poitrine.

- J.C est parti en début de soirée, nous informa-t-il. Il a pris ses affaires, et il est parti.

- Merde, cracha le chasseur.

- Voilà, m'exclamai-je en reprenant le chemin de la prison, problème réglé !

A suivre...

Voilà voilà 😁

J'en profite pour vous dire un grand merci pour vos votes et vos commentaires !! ❤❤

Comment avez-vous trouvé ce chapitre ? 🙈

A très vite pour la suite !

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top