Chapitre 25 - Lemon curd

Coucou !

Nous y voilà, le dernier chapitre de ce tome 2 ! Ça me fait toujours bizarre de clôturer un tome, ou une histoire...je déteste ça en fait
^^
Merci à 2JustD d'avoir trouvé cette photo de Lola ❤❤

J'espère qu'il sera à la hauteur de vos attentes, et que vous apprécierez votre lecture ! Par contre il est très long...Désolée pour vos petits yeux 🙈🙈

Un très grand merci pour vos votes, vos commentaires, votre fidélité et tout et tout et tout !! ❤❤❤

Il y aura un tome 3, mais quand, je ne sais pas encore...tout dépendra de mon inspiration ! 😂🙈

***

Chapitre 25 – Lemon curd

- Tu crois que ça y est ? entendis-je chuchoter Glenn alors que j'émergeai péniblement d'un sommeil à demi comateux.

- Je sais pas, répliqua Rosita à voix basse. Mais ils ont dormi ensemble.

- J'espère qu'ils vont bientôt se rabibocher, ajouta Tara, ils sont tellement fait l'un pour l'autre.

- C'est une évidence quand on les voit, renchérit la latino. J'en serais presque jalouse...Abe ne m'a jamais regardé comme lui la regarde.

- Et t'as vu comme ses yeux pétillent quand il est dans son champ de vision ?

- Maggie et moi aussi on est fait l'un pour l'autre, et on est tout aussi amoureux, remarqua le coréen, légèrement vexé de pas être au centre de l'attention.

- Ouais mais sans vouloir t'offenser, vous êtes chiants comme la pluie tous les deux.

- Je suis d'accord avec Rosita, même si je préfère les filles, la passion qu'il y a entre eux ça me fait rêver.

- C'est ça...c'est la passion, soupira l'hispanique. Désolée Glenn, mais vous ne faites vraiment pas le poids.

Je pouffai silencieusement, atterrée par la discussion ridicule de nos amis. Sérieusement ?! J'avais l'impression d'assister au débriefing d'un épisode d'une série télé particulièrement palpitante. Le corps contusionné par une nouvelle nuit passée à même le sol, j'ouvris lentement les yeux pour rencontrer les prunelles de l'archer. Avais-je réellement les iris qui pétillaient en sa présence ? Bordel de merde ! J'avais contaminé tout le monde avec ma guimauve à la con, songeai-je amusée.

- Je vais m'les faire, marmonna le chasseur.

Clignant des paupières afin de m'habituer à la luminosité matinale, je ne pus réprimer un sourire lorsqu'il m'attira à lui avant de m'embrasser sur le front. Il ne s'était rien passé. Pas un baiser. Rien. De toute façon, avec les autres à proximité, ça aurait été peine perdue...il n'y avait qu'à entendre les gloussements derrière nous. Mais malgré tout, notre complicité reprenait ses droits et, je me sentais heureuse, voire même, pleine d'optimisme pour affronter cette nouvelle journée d'errance.

Ses bras toujours noués autour de moi, le chasseur semblait ne pas avoir bougé. A croire que ma menace de la veille avait fait son petit effet.

- T'as réussi à dormir ?

Il me répondit par un hochement de tête puis se redressa pour s'adosser contre la paroi en bois. Avec une grâce toute relative, j'étirai mes muscles douloureux. Ces trois semaines passées à crapahuter sur les routes avaient achevé de me remettre en forme. Je n'avais pas pu terminer ma rééducation à la prison, ceci dit, la marche forcée sous un soleil de plomb avec massacre de rôdeur en option avait été bien plus efficace que n'importe quel programme de renforcement musculaire. Dire qu'avant la fin du monde, nous dépensions des fortunes en abonnements dans les salles de sport ! Finalement, il suffisait d'un petit périple au pays des cadavres pour retrouver une ligne digne de ce nom...ou pas. J'ignorais combien de kilos j'avais perdu depuis que la famine et la déshydratation étaient venues frapper à nos portes mais à en juger par le jean dans lequel je flottais, ma silhouette ne devait plus avoir grand chose de voluptueuse. La ballerine aux courbes parfaites me paraissait tellement loin. Cette partie de mon existence s'apparentait plus à un songe désormais. Avais-je réellement été danseuse ? Je n'en étais même plus sûre.

Après quelques secondes au cours desquelles je repensais aux révélations de Daryl au sujet de ma mère, je coulai un regard dans sa direction pour constater qu'elle était en pleine discussion avec Carol. Quatre ans de coma. Je n'arrivais pas à me faire à cette idée surréaliste. C'était comme faire partie d'un roman médiocre...ou d'une mauvaise série télé. Manquerait plus qu'elle me sorte le couplet de l'amnésie et que je me retrouve au cœur d'un triangle amoureux pour que le tableau désastreux de ma vie bascule dans le ridicule, pensai-je, les sourcils froncés.

- T'es pas obligée, si t'en as pas envie Casse-Noisette.

- Je sais, répliquai-je avec un bâillement en m'asseyant à mon tour. Mais un jour ou l'autre, faudra bien que j'ai une explication avec elle...que ça me plaise ou non d'ailleurs.

Étendant mes jambes devant moi, j'ignorai délibérément les grognements de mon estomac mécontent et passai mes doigts dans mes cheveux à la coupe incertaine, vaine tentative pour tenter un semblant de démêlage. Bordel de merde. Mon shampoing spécial boucles et mon masque à la kératine me manquaient ! L'apocalypse c'était bien joli, mais franchement pas drôle capillairement parlant.

- Tiens, dit-il en me tendant la chaîne en argent offerte par Carl, j't'ai bricolé le fermoir, ça devrait tenir.

- Tu me le mets ? demandai-je avec un sourire reconnaissant.

Il s'exécuta, s'attardant un peu plus que nécessaire dans ma nuque, avant d'effleurer délibérément la peau dénudée de mes épaules. Ma respiration s'accéléra sensiblement à mesure que les battements de mon cœur s'intensifiaient. Je commençais à devenir vraiment dingue. Après plus d'un mois de séparation et trois semaines à se tourner autour, l'impatience me dévorait. Littéralement. Et à en juger par le regard brûlant qu'il venait de poser sur moi, l'archer était dans le même état.

- Merci, murmurai-je en prenant entre mes doigts la petite ballerine qui pendait joyeusement sur mon décolleté.

- Rick, interpella Maggie en rentrant dans la grange en compagnie de Sasha.

Les mains en l'air, signifiant qu'il venait en paix, un homme brun, plutôt charmant, s'avança timidement derrière les deux jeunes femmes.

- Voici Aaron, déclara l'afro américaine.

***

- Il aurait au moins pu le laisser finir sa phrase, sourcillai-je à l'attention de Tara tout en contemplant le nouvel arrivant étendu sur le sol poussiéreux, assommé.

N'étant pas parfaitement réveillée au moment des faits, je n'étais pas certaine d'avoir bien tout suivi, mais j'en avais au moins compris l'essentiel. Le dénommé Aaron vivait dans une communauté située à quelques kilomètres de notre position. Bien à l'abri derrière des murs sécurisés, l'endroit apparaissait dans mon esprit dérangé sous la forme d'un jardin d'Eden post apocalyptique, véritable havre de paix aux luxe démesuré, comme en témoignaient les photos de notre visiteur. Des murs sécurisés. Rien que cette image me laissait rêveuse ! Nous n'avions pas connu ça depuis la prison...une aubaine ! Ceci étant dit, lorsque l'homme avait mentionné être celui qui nous avait déposé de l'eau la veille au beau milieu de la route, le shérif avait quelque peu pété les plombs...et l'avait envoyé au tapis dans une parfaite maîtrise du crochet du droit. A en voir sa mine renfrognée, l'ancien flic était sceptique. Comment lui en vouloir après l'échec du Terminus ? Je m'accroupis pour récupérer les clichés éparpillés avant de les visionner un à un.

- On dirait qu'il dit la vérité, déclarai-je en les tendant à Rick.

A son tour, il les observa minutieusement pendant que j'aidais Rosita à vider le sac à dos de l'importun.

- Rick, intervint Maggie, il aurait pu nous attaquer Sasha et moi.

- C'est vrai, on ne l'a même pas entendu arriver, il aurait largement eu le temps de nous tuer s'il l'avait voulu.

- Il nous a suivi, répliqua le shérif. Ses amis sont sûrement là, dehors, à nous surveiller.

- A part de l'eau, un pot de lemon curd, un bocal de compote, un pistolet de détresse et une vieille boîte de corned beef, il a rien, annonça la latino.

- Un gars qui trimballe de la compote et du lemon curd ne peut pas avoir un mauvais fond, sourcillai-je à voix basse en me tournant vers Barry. T'en penses quoi ?

- Peut-être que cette charmante communauté possède un verger...et des citronniers.

- Pourquoi pas des foutus cocotiers tant qu'on y est, cingla Abraham.

Je me crispai à cette évocation. Nous n'avions pas pris de douche digne de ce nom depuis des lustres, nous contentant de faire nos ablutions dans des flaques d'eau, voire des ruisseaux à moitié asséchés, ceci dit, je préférais encore ma puanteur actuelle à celle de cette maudite noix de coco. Tant pis pour le côté girly qui n'avait d'ailleurs jamais été mon truc.

- Vous vous rappelez de ce qui s'est passé la dernière fois qu'on nous a promis un endroit sécurisé ? On a faillit finir en carpaccio de mes couilles pour ces têtes de gland du Terminus ! reprit le militaire.

- J'aimerais tellement gambader au milieu des pommiers en fleurs pour goûter à nouveau au plaisir de...

Face au regard noir que lui lança notre leader, le colosse s'interrompit, croisant ses énormes bras dans une attitude pas franchement menaçante.

Aaron commença à remuer sur le sol poussiéreux. Michonne s'agenouilla auprès de lui, s'assurant qu'il allait bien, tandis qu'il reprenait conscience peu à peu. Il se redressa péniblement, grimaçant tout en esquissant en sourire avant de s'asseoir à même le sol.

- Sacré crochet du droit, souffla-t-il en reprenant ses esprits.

- Vous êtes combien ? demanda Rick d'un ton ferme.

- Quelle importance ? Quel que soit le chiffre que je donnerais vous ne me croirez pas. Nous avons vraiment besoin de gens comme vous parmi nous. Tes enfants seraient en sécurité derrière nos murs, nous avons même un chirurgien...et une école de danse ! ajouta-t-il comme si ça changeait tout.

- Une école de danse ? m'exclamai-je, soudain très intéressée en m'installant près de lui.

- Oui, on a un piano et un musicien extraordinaire ! s'enthousiasma le visiteur. Ce type a une sensibilité et un sens inné de la musique, il nous manque juste un prof

Un prof ? Il n'en fallut pas plus à mon esprit ravagé pour que je m'imagine déjà en mini short moulant, guêtres et châle jeté négligemment sur les épaules, tel un personnage échappé de Fame à corriger des postures et monter des chorégraphies apocalyptiques époustouflantes.

- Et vous cherchez quel genre d'enseignement ? Plutôt contemporain ou...

- Casse-Noisette, m'interrompit l'archer, c'est pas vraiment l'moment.

- Ah...ouais, désolée, répliquai-je en me relevant.

Le leader soupira, se tourna vers la samouraï, puis vers Daryl et Hershel. Les deux mains posées sur les hanches, les sourcils froncés, il arborait son éternelle attitude caractérisant ses moments de réflexion.

- Carol, Daryl, Glenn, Michonne, Hershel et Lola, dit-il en nous faisant signe de le suivre à l'extérieur.

Jetant un dernier regard en direction du dénommé Aaron qui m'avait l'air tout à fait charmant compte tenu de son visage avenant, ses yeux rieurs et ses bouclettes brunes, j'emboîtai le pas aux autres. Le shérif referma derrière nous avant de me toiser d'un regard noir.

- C'était quoi ça, Lola ?

- Je me suis un peu emballée shérif, désolée...mais...une école de danse...Et ils ont besoin d'un prof !

- J'te rappelle que tu dois plus danser, remarqua le chasseur.

- S'il dit vrai et qu'ils ont effectivement un chirurgien, Lola pourra être auscultée par un vrai professionnel qui sera en mesure de donner son avis sur l'état de sa blessure, constata le patriarche.

- Et enseigner ça n'a rien à voir avec ce que je faisais, ajoutai-je.

- Je vous signale que je n'ai toujours pas donné mon accord pour qu'on y aille, intervint Rick.

- Je le sens bien ce type, déclara Glenn après une seconde.

- Moi aussi, renchérit Michonne. Je sais qu'on doit rester sur nos gardes, surtout après ce qui nous est arrivé. Mais, on a quitté la Géorgie pour avoir une chance de repartir à zéro, pour trouver un endroit comme celui qu'il nous propose.

- Et nous n'avons pas fait tous ces kilomètres pour continuer à errer. On est à bout Rick, affirma Carol. Il faut qu'on se pose, pour nous et pour les enfants.

- En plus, je le redis mais, un mec qui se balade avec de la compote ne peut pas être vraiment dangereux.

- C'est un argument d'merde Lola, marmonna Daryl.

- Je sais...mais c'est tout ce que j'ai, je suis nulle en argumentation, répliquai-je déclenchant malgré moi l'hilarité générale.

***

En milieu de journée, après un périple de quelques heures dans le camping-car suffoquant d'Aaron, Abraham coupa le moteur. Je récupérai ma hachette que je glissai à la ceinture de mon jean tandis que Daryl attrapait son arbalète.

- Prête à aller voir tes producteurs de compote ? se moqua-t-il avec un semblant de sourire.

- Et comment ! Putain, j'arrive pas à croire qu'on ne mangera plus d'opossum, m'esclaffai-je joyeusement.

- J'suis sûr que ça va t'manquer.

- A peu près autant que de dormir au milieu des bestioles.

- Amène-toi au lieu de raconter des conneries, marmonna-t-il.

Nous descendîmes du véhicule en compagnie de Carol, Rosita, Tara, Glenn et Maggie pour retrouver les autres quelques mètres plus loin. Ahurie, je m'immobilisai, la bouche entrouverte devant les immenses plaques de tôle ceinturant la communauté d'Alexandria. Aaron n'avait pas menti. Outre les cris d'enfants qui résonnaient depuis l'enceinte, un calme apaisant, bien différent de celui du Terminus ou de Woodbury nous accueillit...enfin, j'avais l'impression de retrouver ce que nous avions perdu à la prison...un endroit vivant.

Le jeune homme brun s'approcha du portail pendant que nous détaillions les installations extérieures à la recherche de la moindre faille, du moindre signe qui pourraient nous faire changer d'avis. Nous avions tellement perdu au cours de ces derniers mois. Un nouveau désastre n'était pas envisageable. Pas maintenant. Pas après avoir tout abandonné derrière nous.

Michonne se tourna vers moi avant d'attraper ma main pour entrelacer ses doigts aux miens. Nous avions toutes les deux connu la ville fortifiée dirigée d'une main de fer par le Gouverneur. Mais l'impression que nous donnait Alexandria n'avait rien à voir avec cette prison dorée.

- Ça va le faire Lo, murmura-t-elle avec un large sourire, je le sens bien.

- Moi aussi, acquiesçai-je.

La grille coulissa sur un homme d'une trentaine d'années. Brun, les cheveux bouclés, ce dernier nous observa comme si venions de débarquer d'une autre planète. Et sa méfiance ne s'arrangea pas lorsque Daryl dégomma un opossum dans les fourrés avant d'exhiber la dépouille de l'animal en lançant de sa voix rauque :

- On apporte le dîner !

Je me pinçai les lèvres, retenant un éclat de rire tandis que l'inconnu du portail écarquillait les yeux. A en voir son expression proche de l'écœurement, il devait nous prendre pour des sauvages. A sa décharge, avec l'allure que nous avions et l'odeur que nous trimballions, n'importe qui aurait été dégoûté...moi la première. D'ailleurs, je m'écœurais toute seule en visualisant la crasse imprégnée sous mes ongles. Je tournai la tête vers l'archer, réprimant désespérément un soupir. Crasseux ou pas, cet homme possédait un pouvoir de séduction qui avait le don de titiller mes hormones. La fin du monde semblait agir sur moi comme un aphrodisiaque en ce qui le concernait...putain de merde Lola ! Reprends-toi !

- C'est bon Nicholas, temporisa Aaron en avançant. Vous pouvez entrer, ajouta-t-il à notre attention.

Méfiant, Judith dans les bras, le shérif fut le premier à mettre un pied dans l'enceinte, suivit de près par Carl.

- Vous devriez fermer votre portail, remarqua Rick avec un semblant d'arrogance, alors que nous pénétrions à notre tour.

Mon regard se posa sur la rue principale, bordée de maisons gigantesques, toutes plus luxueuses les unes que les autres. Bordel de merde ! J'avais l'impression d'avoir atterri à Wisteria Lane...il ne manquait plus que Suzan et ses macaronis au fromage ratés pour nous accueillir. Ceci étant dit, j'avais tellement faim que cramés ou pas, je me serais empiffrée avec joie de son gratin de pâtes...des pâtes...des spaghettis...je salivais rien que d'y penser.

- Je dois vous demander de me remettre vos armes, annonça le dénommé Nicholas, me tirant de ma rêverie culinaire.

- Si on avait voulu tirer, ce serait déjà fait, répliqua notre leader. On garde nos armes.

- C'est la procédure, insista l'homme.

- On garde nos armes, répéta le shérif.

- Va falloir voir ça avec Deanna.

- C'est qui ça, Deanna ? s'enquit Abraham.

- La personne à qui vous pourrez poser toutes vos questions sur cet endroit, répondit Aaron. D'ailleurs, la voilà qui arrive.

Je levai les yeux sur la petite femme qui avançait vers nous, son carré long voletant joyeusement dans sa nuque, avant de me figer pour m'esclaffer nerveusement. Légèrement nauséeuse, je me tournai vers Daryl qui me regarda d'un air sombre, atterré, tout comme moi. Si c'était une blague, elle était de mauvais goût...encore plus après tous ces putains de kilomètres !

- Lo ? s'inquiéta Michonne.

- Euhhh...shérif...on peut repartir ?

- Qu'est-ce-qui t'arrive ? Tu la connais ?

- C'est...mon ex belle-mère.

- Bordel à chiotte ma belle ! s'exclama le militaire. A chaque fois qu'on débarque quelque part tu tombes sur un fantôme. T'en as encore beaucoup des cadavres planqués comme ça ?

- J'espère que ce sera le dernier, grinçai-je entre mes dents à la vue de la mère d'Aiden.

***

- Assieds-toi Lola, indiqua Deanna en désignant un fauteuil près d'une fenêtre tandis qu'elle-même s'installait dans un sofa.

D'un œil méfiant, je détaillai la cinquantenaire installée face à moi, sur un plaid jaune moutarde, couleur que j'exécrais par dessus tout...les deux se mariaient plutôt pas mal, songeai-je en contemplant ses ongles parfaitement manucurés et son brushing impeccable. Malgré les années, elle n'avait pas changé. Elle arborait toujours ce sourire qui se voulait bienveillant, mais qui en ma présence, s'apparentait plus à un semblant de supériorité. On ne s'était jamais entendu à l'époque où je fréquentais Aiden et, avec ce qui s'était passé, j'avais peu d'espoir quant à l'avenir de notre relation. Assurément, le brunch du dimanche matin ne serait pas au menu.

- Ça t'ennuie si je filme notre entretien ? demanda-t-elle.

- Si je vous dis oui, vous ne filmerez pas ? répliquai-je toujours debout à observer la décoration de ce salon chaleureux, dont le parfum d'ambiance citronné contrastait avec mon odeur que je jugeais nauséabonde.

Bordel. Ça faisait des lustres que je n'avais pas mis les pieds dans une baraque comme celle-ci. Avant que mon père ne sombre dans l'alcool, ma famille avait eu un train de vie confortable. Enfant, j'avais vécu dans une maison semblable. Cependant, mon vieux étant un amoureux de la bouteille, ça n'avait pas duré.

- C'est important de garder une trace, éluda-t-elle. J'aime visualiser les entretiens de temps à autre, ça m'aide à cerner les gens.

- Vous avez vraiment besoin de me cerner ? sourcillai-je. C'est pas comme si on ne se connaissait pas.

- Ça fait combien de temps maintenant ? Dix ans ?

- Onze, répondis-je en me laissant tomber dans le siège, mon regard vagabondant sur les bibelots éparpillés sur une commode en acajou. Comment vous avez atterri ici ?

- Nous devions partir dans l'Ohio quand les choses ont dégénéré, déclara-t-elle en croisant les mains sur ses genoux. L'armée avait coupé les routes, les militaires nous ont envoyé ici en attendant que les choses s'arrangent, mais comme tu le sais ça n'a pas été le cas. Alors nous nous sommes installés, définitivement. Reg a conçu les plans des barricades, nous nous sommes organisés, et petit à petit, cet endroit est devenu ce qu'il est aujourd'hui.

A l'évocation de ses proches, je me crispai dans mon fauteuil, ramenant mes jambes contre ma poitrine, maculant le tissu de terre au passage tant mes rangers étaient crasseuses.

- J'imagine qu'Aiden et Spencer sont là aussi ? m'enquis-je nerveusement.

- Ils sont partis pour quelques jours, mais oui, ils sont ici.

- Super, marmonnai-je pour moi-même.

La famille Monroe au grand complet...voilà qui promettait d'être particulièrement intéressant. J'aimais beaucoup Reg. Cet homme s'était toujours montré charmant avec moi. En revanche, pour ce qui était de Spencer, c'était une autre paire de manches. Quant à Aiden...il devait garder un souvenir cuisant de mon genou et de la raclée que lui avait infligé Daryl...merde. Nous n'avions pas besoin que mon passé nous explose à la gueule une nouvelle fois ! En ce qui me concernait, j'avais largement eu ma dose avec le retour surprise de ma mère.

- Écoute Lola, je sais que nous avons une histoire pour le moins...conflictuelle. Mais on peut peut-être mettre nos différends de côté et faire en sorte que ça fonctionne, qu'en dis-tu ?

- Je suis d'accord, répliquai-je. Ces gens qui sont là, avec moi, ils méritent un endroit comme celui-là. Vous...vous n'imaginez même pas ce que c'est que de vivre dehors, dans l'angoisse constante.

- En effet, nous avons été plutôt chanceux. J'ai vu que Monsieur Dixon était là également. Vous avez été dehors dès le début tous les deux ?

- On a pas mal bougé, oui, murmurai-je. Pour ce qui est de Daryl et de ce qui s'est passé avec Aiden...

- En ce qui me concerne la page est tournée. J'en toucherai deux mots à mes fils quand ils rentreront. J'ai une dernière chose à te demander Lola. Je mets un point d'honneur à ce que les habitants d'Alexandria travaillent.

- Aaron a dit que vous aviez besoin d'un prof de danse, souris-je malgré moi.

- J'imagine que c'est dans tes cordes ?

- Il faut d'abord que je vois votre médecin. J'ai été blessée il y a quelques mois, me justifiai-je.

- Je vais arranger un rendez-vous avec Pete, acquiesça-t-elle.

Deanna se leva, éteignit sa caméra et se tourna vers moi avec un sourire avenant. Je me remis debout, époussetant au passage le siège que j'avais occupé.

- Je te laisse retrouver tes amis, je vais m'entretenir avec votre leader maintenant, dit-elle.

J'acquiesçai et retournai avec les autres, ravie de pouvoir échapper à cet intérieur oppressant.

***

En début de soirée, après avoir finalement accepté de donner nos armes à Olivia, une femme brune, un peu boulotte, qui s'occupait de gérer l'arsenal et les réserves de nourriture, nous nous retrouvâmes dans le salon d'une des deux somptueuses maisons mises à notre disposition.

- A qui le tour ? lança Michonne, qui venait de sortir de la salle de bain dans un nuage de vapeur, une brosse à dent dans les mains, un immense sourire aux lèvres.

- Vas-y Lola, sourit Rick, amusé par l'enthousiasme dont j'avais fait preuve un peu plus tôt à l'idée de pouvoir enfin prendre une douche.

- Merci shérif ! Au fait, t'es plutôt pas mal sans ta barbe, m'esclaffai-je avant de me sauver en direction du bonheur hydraulique.

Je m'enfermai dans la pièce et jetai un regard anxieux dans le miroir accroché au dessus du lavabo. Le reflet qu'il me renvoya m'arracha une grimace de dégoût. Entre mes cheveux emmêlés, mon visage crasseux, et les énormes cernes violettes qui encadraient mes yeux verts, je faisais peine à voir. Mes joues creusées n'arrangeaient en rien mon apparence témoignant tristement de que l'apocalypse m'avait fait subir. J'avais maigri. Beaucoup maigri. Il allait falloir remédier à ça si je voulais assurer dans mes nouvelles fonctions de prof de danse...prof de danse...je pouffai toute seule tant cette idée était saugrenue. Les gens de cette ville avaient eu une chance incroyable de vivre entre ces murs dès que le monde était parti en couille. Pas étonnant qu'ils aient continué de travailler et de mener leurs petites vies comme si de rien n'était. Ils n'avaient aucune conscience de ce que c'était que vivre dehors.

Détournant mes iris de mon image peu flatteuse, je retirai mes vêtements avant de me glisser dans la cabine douche. Lorsque l'eau tiède s'écoula sur ma peau, je ne pus retenir un soupir de bien être. Putain de merde. C'était jouissif ! C'était même plus que ça ! J'aurais pu mourir là, tout de suite, cela n'avait plus aucune importance ! Après des semaines à accumuler des couches de crasse, de sang de rôdeurs, de transpiration, je contemplai la saleté s'écouler dans l'évacuation avec un sourire béat. Ce dernier s'étira encore plus lorsque j'attrapai le gel douche parfumé au citron...enfin, la malédiction de la noix de coco était levée !

Une vingtaine de minutes plus tard, je retrouvai les autres, installés à même le sol sur des couvertures. Assit à côté de Gabriel, Carl et Tara, Barry distillait ses vannes pourries à qui voulait bien les entendre, déclenchant des vagues de fous rires incontrôlables. Isolés dans un coin de la pièce, Abraham et Rosita gardaient un œil sur l'extérieur, surveillant les allées et venues des habitants d'Alexandria, pendant que Bob et Sasha se partageaient les restes d'un paquet de chips. Nous gardions tous une certaine méfiance vis à vis de cet endroit, qui, compte tenu de nos expériences passées, semblait encore trop beau pour être vrai. Le Terminus nous avait démontré que le jardin d'Eden n'existait pas, mais malgré tout, je ne pouvais m'empêcher de ressentir de bonnes ondes entre ces murs luxueux. Je repérai Michonne, sa brosse à dent toujours à la main, en pleine discussion avec le shérif. Judith dormait les bras de notre leader, pendant qu'Eugene contemplait tout ce petit monde d'un regard anesthésié, vide de la moindre expression. Mes prunelles croisèrent celles de Daryl, posté près d'une des fenêtres. Instinctivement, je me dirigeai vers lui pour me laisser tomber à ses côtés.

- Alors ? Cette douche ?

- Orgasmique, soupirai-je.

Il m'observa une seconde, les sourcils haussés, ahuri par ma remarque pourtant sans aucun sous entendu graveleux.

- Euh...ça fait du bien, rectifiai-je.

Merde...je m'enfonçais. Toussotant pour reprendre un minimum de contenance, je ramenai mes genoux contre ma poitrine avant d'étouffer un bâillement.

- Et toi ? Tu comptes y aller un jour ? sourcillai-je.

- Ouais, plus tard, marmonna-t-il tandis qu'on frappait à la porte d'entrée.

Méfiant, Rick ouvrit la porte sur une Deanna qui sembla amusée de nous voir tous réunis dans la même pièce alors que nous disposions de deux habitations gigantesques.

- Bien, vous restez tous ensemble, c'est une bonne chose. Et en même temps, il est étonnant de voir des gens d'horizons aussi différents entretenir des rapports aussi forts.

- Je vous l'ai dit, déclara le shérif calmement, on est une famille.

- Je venais juste m'assurer que tout allait bien, sourit-elle. Et aussi vous inviter à la réception que j'organise chez moi demain soir pour vous présenter aux membres de notre communauté.

- On sera là, répliqua-t-il.

Je reportai mon attention sur ma mère, installée un peu plus loin en compagnie de Carol, Glenn, Maggie et Hershel. Je n'allais pas pouvoir retarder éternellement l'inévitable. Avec un soupir, je me levai et me dirigeai vers elle, l'estomac noué par l'appréhension.

- Je peux te parler ?

***

Après avoir refermé la porte derrière nous, je m'assis sur les petites marches en bois, à une distance raisonnable de la femme qui m'avait mise au monde.

- Pourquoi est-ce-que tu m'as menti ? demandai-je de but en blanc.

Ça ne servait plus à rien de tourner autour du pot. Si nous étions vouées à vivre à Alexandria et nous côtoyer tous les jours jusqu'à ce que l'une de nous deux perde la vie, autant y aller directement. Et puis, j'étais arrivée à bout de patience...sur bien des sujets, songeai-je en pensant à l'archer. Elle se tourna vers moi, les yeux écarquillés, la bouche entrouverte. Putain de merde...j'avais l'impression de contempler mon propre reflet avec quelques années de plus. Nous aurions presque pu être jumelles tant notre ressemblance était frappante.

- Daryl m'a tout raconté, précisai-je.

- Oh, se crispa-t-elle. Je lui avais demandé de ne rien te dire.

- Je sais, répliquai-je. Tu n'aurais pas dû le mêler à ça, ajoutai-je avec un soupir. Alors ? Pourquoi ?

Elle leva un instant ses iris émeraudes sur le ciel d'encre au dessus de nous, cherchant une dose de courage ou de réconfort dans les bulles lumineuses qui l'habillaient délicatement.

- Je crois que...je cherchais juste à te protéger.

- Me protéger ? sourcillai-je.

- Ce que ton père m'a fait, ce que j'ai vécu durant ces années où j'ai été hospitalisée...je ne voulais pas que tu en souffres.

- Je n'en souffre pas. Ne m'en veux pas mais...tu es sortie de ma vie il y a seize ans avec une lettre qui disait « je viendrai vous chercher », murmurai-je. Je suis triste de ce que tu as traversé, vraiment mais...je t'en veux de m'avoir caché la vérité.

- Je sais, dit-elle avec un hochement de tête. Et je le mérite. Tu as le droit d'être en colère contre moi, je ne te le reprocherais jamais.

La gorge serrée, je m'acharnai sur les fils de mon jean, agrandissant le trou déjà conséquent qui dévoilait mes genoux écorchés...j'allais finir en short avec mes conneries. Toutes ces années que nous avions perdu, jamais nous ne pourrions les rattraper, comme la complicité que nous avions à une époque partagé. Mais malgré tout, et même s'il restait des zones d'ombres à éclaircir, je voulais essayer.

- J'aurais aimé que tu fasses partie de ma vie de femme, chuchotai-je après une seconde, retenant tant bien que mal les larmes qui me brûlaient les yeux. J'aurais tellement aimé t'avoir près de moi dans ces moments où j'ai douté, où j'ai été heureuse...te présenter mon premier copain, ou partager avec toi ma joie d'intégrer ma première compagnie...pourquoi est-ce-que tu n'es pas revenue ? Pourquoi est-ce-que tu m'as abandonné maman ? m'effondrai-je finalement.

- Lola, souffla-t-elle avant de me serrer dans ses bras. Je suis tellement désolée.

- Pourquoi tu m'as laissé ? répétai-je entre deux sanglots.

Je ne voulais plus me battre. Je n'en avais plus la force. Cet endroit nous offrait enfin la chance de repartir à zéro, de nous reconstruire et tant pis si mon passé était merdique. Tout ce que je désirais, c'était le laisser derrière moi, avec tous ces fantômes que je trimballais. J'avais envie de croire qu'un avenir plus radieux nous attendait. Et cette nuit, pleurant comme l'enfant brisée que j'étais dans les bras de ma mère, je l'envisageais finalement, un peu plus sereinement.

Après quelques minutes, je reculai, essuyant du dos de la main mes joues humides. Elle prit mon visage entre ses mains avant de m'embrasser sur le front avec toute la tendresse qui lui était propre.

- Ma rêveuse, murmura-t-elle avec un petit sourire empreint de tristesse.

Je m'esclaffai bêtement, mes yeux émeraudes rivés à leurs jumeaux.

- Il va falloir qu'on fasse quelque chose, dit-elle en se levant.

- Pour ? demandai-je en l'imitant.

- Daryl et toi, sourit-elle. Ça ne peut pas continuer comme ça.

- Tu vas pas t'y mettre aussi ! gloussai-je.

***

La première journée à Alexandria avait été plutôt calme. J'avais visité les lieux en compagnie de ma mère et de Maggie, ahurie par le calme que dégageait cette ville un peu hors du temps. Bien à l'abri derrière les murs conçus par Reg, il était assez facile d'oublier ce qui se passait à l'extérieur...et quelque part, c'était agréable...quoique, franchement déroutant quand on avait l'habitude des montées d'adrénaline.

Nous étions tous un peu perdus, ne sachant pas trop comment nous comporter. La méfiance restait d'ailleurs de mise. Après toutes les épreuves imposées par la fin du monde, la confiance était devenue quelque chose d'abstrait à laquelle nous ne croyions plus vraiment. Et pourtant. Nous voulions y croire. Encore fallait-il réussir à se réadapter socialement parlant. En fin de compte, malgré le côté rasoir de la chose, la réception de Deanna aurait au moins l'avantage de nous faire progresser de ce côté là...à condition d'avoir envie d'y aller.

- Il est hors de question que je porte ça ! m'exclamai-je en me tournant vers Rosita, Tara et Michonne, toutes les trois assises en tailleur sur le lit deux places.

A l'évocation de la soirée chez Deanna, mes amies s'étaient senties investi d'une mission divine qu'elles avaient baptisé...l'Opération Loryl. Cette histoire prenait des proportions grotesques !

- Lola, soupira la latino, en se levant, les mains posées sur les hanches, tu veux récupérer ton mec ou pas ?

- Je ne séduirais jamais Daryl avec ça, m'entêtai-je en observant avec une grimace mon reflet dans le miroir psyché de l'une des chambres de la maison 101.

Maquillée comme un camion volé, vêtue d'une robe noire ridiculement moulante qui m'arrivait à mi-cuisses, mes cheveux parfaitement ondulés grâce aux bons soins de Jessie, l'épouse de Pete, le médecin qui m'avait ausculté plus tôt dans l'après-midi, j'avais l'impression de ressembler à une espèce de poupée gonflable évadée d'un sex shop...tout le contraire de ce que j'étais.

- En plus, il n'ira jamais à cette soirée débile, c'est pas son truc, ajoutai-je en croisant les bras sur ma poitrine comprimée par le tissu.

- Tu n'en sais rien Lo, sourcilla Michonne.

- Tu le vois vraiment déambuler au milieu de tous ces gens une coupe de champagne à la main en lançant des sourires de circonstances à tout de le monde ? répliquai-je, les sourcils haussés.

- Ouais...en fait, t'as pas tort.

- Je le connais depuis seize ans, bien sûr que j'ai raison, déclarai-je en me dirigeant vers la salle de bain.

- Qu'est-ce-que tu fabriques ? lança Rosita dans mon dos.

- Je vais me démaquiller, désolée pour ton œuvre ! m'esclaffai-je.

Je l'entendis jurer en espagnol tandis que j'ouvrais les robinets du lavabo pour retirer toutes traces de ses méfaits. La samouraï me rejoignit quelques secondes plus tard, visiblement très amusée par la situation.

- Je suis d'accord avec toi, dit-elle. T'as pas besoin de tout ça pour le récupérer. Ce qu'il aime, c'est toi, pas l'image que tu renvois.

- Donc, si je suis ton raisonnement...je suis moche ? m'écroulai-je de rire.

- Je n'ai jamais dit ça ! s'exclama-t-elle. Bien sûr que tu es belle Lo ! Ce que je voulais dire, c'est que Daryl n'est pas du genre à aimer les filles qui ne se soucient que de leur apparence.

- C'est ça, rattrape toi aux branches, me moquai-je avant de la serrer dans mes bras.

- Bon, on va se mettre en route, tu nous rejoins là bas ?

- Ouais, je voudrais juste jeter un œil aux affaires de danse que m'a déposé Olivia tout à l'heure avant.

- D'accord, tarde pas trop, sourit-elle.

Je ressortis de la salle de bain et enfilai un gilet trois fois trop grand dégoté dans une des armoires. Resserrant les pans du lainage autour de moi, j'enfilai mes Doc Martens, puis attrapai le carton que j'avais posé un plus tôt sur le lit. J'en vidais le contenu sur la couette, un sourire s'étirant malgré moi sur mes lèvres encore teintées de rouge. Le médecin, malgré la désagréable impression qu'il m'avait laissé suite à ma consultation, avait donné son feu vert. Les mains tremblantes, je saisis une paire de pointes neuves parfaitement à ma taille...le hasard faisait parfois bien les choses, songeai-je en cherchant les rubans de satin au milieu des justaucorps et autres reliques de danseuses. J'avais encore du mal à y croire. J'allais pouvoir danser...vraiment danser. Les papillons de Barry volèrent joyeusement dans mon estomac à cette pensée. C'était comme si ma vie reprenait là où je l'avais laissé, lors de cette nuit de cauchemar à Woodbury...il ne manquait plus que les retrouvailles avec Daryl pour que tout soit parfait, soupirai-je en songeant à l'archer. J'étais en manque de lui. Véritablement.

La porte d'entrée claqua, m'arrachant à mes pensées tandis que mon regard vagabondait sur la chambre à la recherche d'une boîte de couture. J'avais l'impression de ne pas avoir effectué ses gestes depuis des lustres...et tout compte fait, en y réfléchissant bien, je n'étais pas loin de la vérité.

***

DARYL

J'sors de la douche. La première depuis des siècles j'ai l'impression. Cette baraque sent le citron. Comme tout ici. Même le gel douche et le shampoing. C'est une obsession ou quoi ? Y avait plus personne quand j'suis rentré tout à l'heure. J'crois qu'ils sont tous partis à la fête du siècle. Tu parles d'un truc. J'ai aucune envie d'y aller. Aaron m'a invité à bouffer...putain, ça m'fait bizarre. J'suis pas quelqu'un de social. J'l'ai jamais vraiment été. Mais ce type a l'air d'être réglo et son mec aussi...alors pourquoi pas. J'ai rien d'mieux à faire toute façon. Et puis, j'me vois pas aller parader chez l'autre bourge. Ça, c'est vraiment au dessus d'mes forces. J'me demande si Lola y est allée ? Apparemment les retrouvailles se sont pas trop mal passées. C'est déjà ça...on verra quand l'autre trou du cul d'Aiden s'ra rentré.

J'enfile mes fringues, mes pompes et j'descends. Y a de la lumière dans le salon. J'me fige. Elle est là. Elle m'a pas vu. J'l'observe en silence. Elle est installée sur le rebord de la fenêtre, emmitouflée dans un gilet trois fois trop grand. Elle est en train de coudre des rubans sur des pointes. Enfin, j'crois. Elle tourne la tête vers moi. Un sourire éclaire son visage. J'déglutis. Elle est...belle.

- Je savais pas que t'étais rentré, elle dit en se levant.

Comment elle est fringuée ? Putain de merde ! C'est quoi cette robe ridiculement moulante ?! Ça lui ressemble pas. Et en même temps, avec sa veste trop grande, ses rangers et son air innocent...c'est elle. Sur n'importe qui, ce s'rait vulgaire. Mais pas sur Lola. Parce qu'elle s'rend pas compte de ce qu'elle dégage.

- Ouais, j'repars. J'vais bouffer chez Aaron et Eric. Tu vas chez l'autre ?

Elle soupire et s'dirige vers la cuisine ouverte. Elle ouvre le frigo, reste plantée devant comme si elle réfléchissait au sens de la vie. Je l'aime.

- J'ai pas envie, mais bon, faut s'intégrer alors je vais y faire un saut. Carol a fait de la citronnade, t'en veux ? elle demande en attrapant une carafe.

Encore ce foutu citron. Ça m'fait penser à son délire avec la noix de coco.

- Y a pas plutôt une bière ?

- Désolée, elle réplique avant de choper un verre sur l'évier.

J'détaille chacun de ses gestes. Elle est paumée dans ses pensées. Comme d'habitude. Elle se marre toute seule. Comme d'habitude. Et j'reste comme un con. Comme d'habitude. Elle revient vers moi. J'remarque qu'elle a encore un peu de rouge à lèvre. Mais qu'est-ce-qu'elle a foutu ?

- Tu me diras ce qu'ils t'ont fait à manger ? Depuis qu'on est arrivé ici, j'ai une folle envie de spaghettis !

- Des spaghettis ?

- Ouais, elle s'exclame, avec de la sauce tomate...oh et un gâteau au chocolat...putain j'ai la dalle en fait, elle rajoute pour elle-même.

- Ouais bah, j'te dis ça quand j'rentre.

Elle me dévisage quelques secondes avec un p'tit sourire. J'déglutis encore. Mon regard s'attarde sur son décolleté. Putain de merde. Faut qu'je sorte.

- A plus, je marmonne avant de sortir de la baraque sans lui laisser le temps de répliquer.

Merde. Mais qu'est-ce-que j'suis en train de foutre ? J'chope mon paquet de clopes. J'en allume une et...fais chier. Je l'éteins. Et j'rerentre.

- T'as oublié un truc ?

J'réponds pas. J'en peux plus. J'craque. Littéralement J'me précipite sur elle. J'prends son visage entre mes mains. Et j'écrase mes lèvres sur les siennes avec force. Elle se fige. Ma langue retrouve enfin la sienne. Putain de merde. Elle pleure. Pourquoi elle pleure ? J'me recule. J'la lâche pas des yeux.

- T'arrête pas, elle m'implore.

J'la soulève du sol. Mon poids plume. Ma rêveuse. Ma survivante. Elle m'enveloppe de ses jambes. Le tissu de sa robe remonte sur ses cuisses dénudées. Elle passe ses bras autour de mon cou. Et nos bouches se réunissent à nouveau. J'aime cette gonzesse. A en crever. J'sais même plus pourquoi on s'est séparé. Pourquoi j'ai joué au con. J'en ai plus rien à foutre. J'me dirige vers l'escalier. J'monte les marches. On continue de s'embrasser. Le goût de la citronnade sur sa langue me rend dingue. C'est langoureux. C'est tendre. C'est violent. C'est comme nous. On reprend pas notre souffle. Tout ce qui compte. C'est l'autre. J'veux me fondre en elle. J'en peux plus. Mon corps en peut plus. Elle en peut plus non plus. Elle se colle un peu plus à moi. Elle passe ses mains dans mes cheveux encore humides. J'rentre dans la première piaule. J'la dépose sur le lit.

Elle retire sa veste. Ses pompes et m'attire à elle. J'retrouve ses lèvres. Putain. J'en suis dingue. J'suis rongé par l'excitation. J'me redresse. J'lui enlève cette robe beaucoup trop moulante. Et j'la contemple. En silence. Elle s'approche, à genoux, défait les boutons de ma chemise. Nos regards se croisent. Le sien est brûlant. Autant qu'le mien. Mais avec Lola, ça a jamais été de la baise. Et ça l'sera jamais. Encore moins depuis c'que l'autre enfoiré lui a fait subir.

Son souffle est saccadé. Sa poitrine se soulève à un rythme erratique. Elle capture mes lèvres des siennes. J'm'en lasse pas. Jamais j'm'en lasserai. On est abîmé. L'un comme l'autre. Sauf que ses cicatrices sont pas visibles. J'dégraffe son soutien gorge. Doucement. Sa peau contre la mienne lui arrache un gémissement à peine étouffé. J'suis au bord du précipice quand elle s'allonge. Je l'imite. Dévoré par la fièvre. Ma langue descend le long de sa gorge. Elle soupire quand j'retrouve la pointe tendue de ses seins. Et ma main s'aventure plus bas. Entre ses cuisses.

J'cherche l'approbation dans ses yeux. Elle se mord la lèvre inférieure, hoche la tête. Alors j'la caresse. Là. Juste là. Sur ce point sensible déjà moite. Lentement. Très lentement. Elle se cambre. Son souffle s'accélère un peu plus. La voir comme ça, onduler des hanches, pendant que j'la touche, ça m'rend fou de désir. Je l'embrasse encore. Encore. Encore. J'me perds dans ses baisers. Ça fait gonzesse mais j'm'en tape. Parce qu'il y a qu'elle qui compte.

J'la débarrasse du dernier morceau de tissu qu'elle porte. Elle finit d'me déshabiller. Et j'l'attire sur moi. J'veux pas la brusquer. J'veux qu'elle réapprenne à aimer. Alors j'la laisse prendre les choses en main. J'déglutis en la regardant. On a fait l'amour des dizaines et des dizaines de fois. Pourtant, j'suis intimidé. Comme si c'était la première fois. Parce que j'suis dingue de cette femme. Qu'elle représente tout pour moi. Et que j'pensais l'avoir perdu avec mes conneries.

Elle s'enfonce sur mon membre tendu de désir pour elle. J'arrête de respirer. Vaincu par cette intimité que j'pensais plus partager avec elle. Elle me quitte pas des yeux. Comme pour se rassurer. Elle étouffe un nouveau gémissement. J'me redresse. Je l'entoure de mes bras. J'caresse son dos. J'capture ses lèvres. Elle m'enveloppe de ses jambes. Elle va et vient sur moi. C'est sensuel. C'est tendre. C'est désespéré. C'est nous. Je grogne sous les assauts de ses reins. De ses hanches. De sa bouche contre la mienne.

- Putain, elle soupire, me quitte plus jamais.

- Jamais Lola, je dis en prenant son visage entre mes mains.

- Si tu le fais je te tue.

- T'es conne.

- Je sais.

On s'perd dans nos regards. Dans notre étreinte. Dans nos ébats. Parce que c'est nous. Parce que c'est ce qu'on est. Daryl et Lola. Deux âmes bousillées par la vie. Deux putains de Phoenix.

FIN

Voilà !

J'espère que vous avez apprécié votre lecture, autant que je me suis régalée à écrire !

Encore une fois, merci de m'avoir lue, d'avoir supporté mes délires...drôles ou pas !

Et je vous dis à bientôt, pour le premier chapitre du tome 3 !

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