Chapitre 18 - Deux doigts coupe-faim
Hellooooo !
Youhouhou le chapitre 18 ! J'ai adoré l'écrire...en particulier le flashback du début...écrit en collaboration avec mon chéri ❤ Il a d'ailleurs hâte d'avoir vos retours dessus 😂😂
J'espère que vous aimerez cette suite même si Daryl a moins la côte que Negan depuis la fin de la saison 8 😒😂 Je reste quant à moi nostalgique de celui des premières saisons, c'est le seul qui m'inspire pour écrire cette histoire ❤❤
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Chapitre 18 – Deux doigts coupe-faim
Le porche des Dixon. Encore.
Sauf que cette fois-ci, je n'avais pas de coups. Pas d'hématomes. Pas de plaies à rafistoler. Juste une lettre. Une simple lettre que je relisais pour la dixième fois. Ma mère était partie, nous laissant Hana et moi, seules aux mains d'un père tyrannique. Je ne pleurais pas. De toute façon, je n'y arrivais plus. Et puis, qu'est-ce-que ça changerait ?
- Qu'est-ce-que tu fous encore là, gamine ? lança Merle en jetant son mégot à mes pieds.
Merde. Pas lui. J'étais tellement absorbée par ma lecture que je ne l'avais même pas entendu arriver. Plongée dans un mutisme insolent, je l'observai tandis qu'il s'installait à côté de moi, une odeur de cannabis flottant dans son sillage. Super. Manquait plus que ça pour parfaire cette journée de merde, songeai-je.
- J'espère qu'tes vieux vont raquer pour toutes les heures de baby-sitting que t'imposes à mon frangin, ricana-t-il.
- ...
- Alors quoi ? T'ouvres pas ta grande gueule aujourd'hui ?
- ...
- C'est quoi ? finit-il par demander en désignant la feuille de papier froissée que je tenais entre mes mains.
Les sourcils haussés, je levai les yeux vers lui. J'avais fait la connaissance de l'aîné des Dixon deux mois plus tôt et, je n'arrivais pas encore à déterminer si je l'aimais bien, ou pas. La plupart du temps, il était soit défoncé, soit bourré. Difficile de se faire une idée dans ces cas là. Avec un soupir blasé, je lui tendis la lettre, sans trop savoir pourquoi je le faisais. Qu'est-ce-que ça pouvait lui foutre que ma mère se soit tirée ? Rien, probablement. Il garda le silence quelques instants, le regard baissé sur l'écriture enfantine faite de boucles bien rondes. Après une minute, il me la rendit.
- Tu veux te bourrer la gueule ?
- J'ai quinze ans, lui fis-je remarquer.
- Et alors ? J'ai pris ma première cuite à neuf ans, Lola chérie.
- Super, et on voit le résultat aujourd'hui, répliquai-je, sarcastique
- J'essaye de t'aider, gamine ! grommela-t-il.
- En me proposant de picoler ?
J'éclatai de rire malgré moi. Ce type avait une drôle de conception de l'empathie. Mais je devais admettre que sa présence, aussi improbable soit-elle, était réconfortante. En quelque sorte. Derrière le redneck raciste et misogyne, se cachait peut-être quelqu'un de profondément humain ?
- J'te proposerais bien autre chose, mais t'es trop jeune pour moi.
Écœurée par sa remarque, je fronçai les sourcils...je m'étais peut-être un peu emballée finalement.
- T'es dégueulasse, souris-je.
- Au moins, tu tires plus la tronche.
Le pick-up de Daryl se gara dans l'allée dans un crissement de pneus, envoyant valser quelques graviers dans les broussailles. Une cigarette aux lèvres, mon voisin sortit du véhicule avec un pack de bières entamé et un énorme pot de beurre de cacahuètes. C'était assez bizarre de l'imaginer se goinfrer de pâte d'arachide, mais je venais bien d'avoir une discussion à peu près civilisée avec son frère alors, pourquoi pas.
- Qu'est-ce-que vous foutez tous les deux ? marmonna-t-il en arrivant à notre hauteur.
- J'remonte le moral de la gosse ! lança le junkie avec un sourire goguenard.
- Et il est carrément nul, m'esclaffai-je.
- T'es qu'une emmerdeuse.
- Je t'ai rien demandé, c'est toi qui est venu me voir !
- J'te rappelle morveuse, qu'ici c'est la baraque de mon frangin, cingla l'aîné des Dixon.
J'ouvris la bouche pour la refermer aussitôt, dans une attitude parfaitement ridicule tandis que Daryl prenait place entre nous. Il écrasa sa clope sur l'une des marches en bois avant de se tourner vers moi, attendant probablement une explication à ma présence.
- Ma mère s'est barrée, déclarai-je en rangeant la lettre dans ma poche arrière.
Il me dévisagea silencieusement, mordillant comme toujours sa lèvre inférieure puis ouvrit le pot de beurre de cacahuètes. Il trempa son index dedans pour le porter à sa bouche sous mes yeux ahuris.
- T'en veux ? grogna-t-il en me tendant le bocal.
- Tu viens de fourrer tes doigts dedans, grimaçai-je.
- Et alors ? J'ai pas la gale.
- Ok, abdiquai-je en m'exécutant.
- T'as peut-être pas la gale, mais la chaudasse dans laquelle tu les as fourré y a deux jours, t'en sais rien, ricana Merle.
Légèrement nauséeuse, je contemplai mes propres doigts avec une grimace de dégoût.
- Ferme ta gueule ! aboya Daryl en lui donnant un coup de poing dans l'épaule.
- Oh! Et tu t'souviens de cette pute que t'as tiré à Las Vegas ?
- Vous êtes allés à Las Vegas ? Vous deux ? m'écriai-je, éberluée, avant d'essuyer mes mains sur mon jean.
- Ouais c'était l'année dernière Lola chérie. Daryl s'est envoyé en l'air avec une gonzesse qui avait des nibards de la taille du Nevada et il lui a...
- Mais boucle-la ! Elle a quinze ans !
- Ah ouais ? Elle était sacrément bien gaulée pour une fille de c't'âge là !
- J'te parle de Lola, abruti.
- Tu lui as fait quoi ? m'enquis-je, intriguée.
- T'as pas besoin d'savoir ça, marmonna-t-il avant de se lever pour rentrer chez lui.
Je me tournai vers Merle avec un grand sourire et me rapprochai de lui, ramenant mes genoux contre ma poitrine.
- Il lui a fait quoi ?
- On en r'parlera quand t'auras des nichons ! rétorqua-t-il avec un haussement de sourcils suggestif.
***
- Lola.
Les deux mains plaquées sur la bouche, ma mère se précipita sur moi avant de me serrer contre elle. Dieu merci pour mon état nauséeux, elle avait enfin abandonné le parfum à la noix de coco ! Quoique, l'effluve d'entrailles de rôdeurs combinée à celle de la transpiration n'était pas franchement plus agréable. Merde. Est-ce-que je sentais comme ça moi aussi ?!
Immobile, les bras ballants, je restai figée, ignorant comment me comporter face à ce fantôme surgi de mon passé. L'espace d'une seconde, je nous revis Daryl, Merle et moi, installés sous ce porche avec un pot de beurre de cacahuètes, le jour où cette femme avait décidé que la vie de ses filles ne valait pas la peine de se battre. Leurs maladresses avaient réussi l'exploit de me faire rire alors qu'à l'intérieur, je n'étais plus qu'une plaie ouverte incapable de verser la moindre larme.
- Tu m'as tellement manqué, murmura-t-elle.
Si c'était une blague, elle était franchement de mauvais goût. Entre l'autre cinglée qui croyait qu'un viol pourrait nous rassembler et ma génitrice qui me balançait ça à la figure...j'avais l'impression d'avoir atterri à Bisouville. Il ne manquait plus que Toucâlin, voire Tougentil pour compléter ce tableau d'un pathétique proche du ridicule.
Je la repoussai, en proie à un dégoût pire que celui que m'avaient inspiré les allusions graveleuses de Merle au sujet des doigts couverts de pâte d'arachides de Daryl. La dévisageant d'un œil sombre, je détaillai ses boucles brunes parsemées de fils d'argent et les quelques rides d'expression creusées au coin de ses prunelles émeraudes. Putain de merde. Hana avait raison. J'étais son portrait craché...en beaucoup plus jeune et en beaucoup plus belle, cela va s'en dire, songeai-je avec mauvaise foi.
- Je t'ai...manqué ? finis-je par répéter d'un ton sarcastique.
- Tu n'as pas idée, ma chérie, répliqua-t-elle d'une voix tremblante.
- Ma chérie ? sourcillai-je.
De mieux en mieux. Autour de nous, les discussions s'étaient tues, comme pour mieux assister à ces retrouvailles apocalyptiques. Le film de ma vie devait être particulièrement passionnant, si on tenait compte du mutisme de nos compagnons. Je tournai la tête vers eux, m'attendant presque à les retrouver installés en tailleur, le menton en appui sur les paumes comme lors d'une séance de lecture du Père Castor. Ma mère se rapprocha de moi pour prendre mon visage entre ses mains blafardes.
- Tu es devenue si belle, chuchota-t-elle.
OK. J'allais vraiment vomir si elle continuait. L'estomac noué, je me dégageai de son étreinte. Le cœur battant à tout rompre dans ma poitrine, j'hésitais entre une subite envie de fondre en larmes ou d'éclater de rire avant de me rouler par terre en hurlant à la mort. Mes yeux vagabondèrent à la recherche de Daryl, lorsque je sentis ses doigts s'entremêler aux miens.
- Merci d'avoir pris soin d'elle, murmura-t-elle à son attention.
- Fallait bien que quelqu'un l'fasse vu qu'vous vous êtes tirée, cingla l'archer en resserrant un peu plus sa main autour de la mienne.
Les traits crispés, au prix d'un effort que j'imaginais être conséquent, ce dernier tentait de maîtriser sa colère.
- Désolé de vous interrompre ! lança le dénommé Abraham. Vous devez avoir des milliers de choses super intéressantes à vous dire mais, pour le moment, on a un truc foutrement plus urgent à régler.
Je le remerciai intérieurement d'avoir mis fin à cet échange pour le moins...bordel, je n'avais même pas de mot tellement j'étais sonnée. Daryl m'embrassa sur la tempe sans quitter ma mère des yeux. Mal à l'aise, cette dernière esquissa un petit sourire et recula de quelques pas, lorsque le rouquin s'avança. Au vu de sa stature, j'en déduisis que Monsieur Moustache était, ou avait été soldat avant que le monde ne tombe sous le joug d'une armée de morts-vivants boulimiques.
- On doit conduire ce mec à Washington, déclara-t-il en désignant d'un signe de tête le type à la coupe mulet.
C'était quoi son prénom déjà ? Edgar ? Non, ça c'était le papillon de Barry.
- Washington ? répéta Rick, les mains sur les hanches en toisant le militaire tandis que je me perdais dans mes pensées à la recherche du petit nom du somnifère ambulant.
- Il connaît le remède pour arrêter toute cette merde.
Aristide ? Non...ça commençait par un E...Étienne ? Quoi ?! La bouche grande ouverte, les yeux écarquillés, je dévisageai l'individu coiffé comme le Chuck Norris des années 80. Je me tournai vers les autres pour constater que Glenn, Maggie, Sasha et Bob n'avaient pas l'air plus surpris que ça. Quant à Rick, Daryl et Michonne, ils l'observaient avec le même air ahuri que moi. Imperturbable, Barry jouait aux cartes avec Carl et Tara. Mais où avaient-ils trouvé ça ?! Je secouai la tête pour reporter mon attention sur le trio sauveur de l'humanité composé de Rosita, Abraham et...Machin.
- C'est quoi encore ces conneries ? marmonna Daryl, visiblement peu convaincu.
- On a eu la même réaction que vous, intervint Sasha.
- C'est la vérité, affirma la jeune femme latino.
Malgré son mini short, ses lèvres pulpeuses et sa tendance involontaire à représenter le fantasme de bon nombre d'hommes, cette fille n'avait pas l'air de plaisanter. Son regard déterminé en disait long sur ce qu'elle avait déjà vécu, et aussi étrange que cela puisse paraître alors qu'on ne se connaissait que depuis vingt minutes, je l'aimais bien.
- Et c'est quoi ? Ce remède ? s'enquit Michonne.
Bidule qui était jusqu'alors resté silencieux se redressa, nous dévisageant un à un dans une attitude teintée de supériorité.
- C'est top secret.
- Et si tu meurs, on fait quoi Einstein ? demandai-je, n'arrivant toujours pas à me souvenir de son prénom.
- C'est pour ça qu'on doit l'escorter. Ce mec ne peut pas mourir, répliqua Abraham.
- Mais si ça arrive, ce serait bien qu'on sache ce qu'il faut faire, remarqua Maggie, les bras croisés sur sa poitrine.
- T'es pas obligé Eugene, lança Rosita.
Eugene ! Je savais bien que ça commençait par un E, songeai-je, amusée.
- J'étais membre d'une équipe qui travaillait sur le séquençage du génome humain en vue de créer des armes bactériologique pour vaincre le bioterrorisme...Micro-organismes pathogènes contre micro-organismes pathogènes...le mal par le mal...
Ok...j'avais décroché depuis l'histoire du séquençage...bordel ce mec était d'un soporifique ! Je me tournai vers les autres et réalisai à leurs visages inexpressifs, qu'ils ne comprenaient pas plus que moi le discours alambiqué de...merde c'était quoi déjà ? A bout de patience, Daryl m'entraîna dans un coin du wagon en rongeant l'ongle de son pouce.
- Tu comprends quelque chose à c'qu'il raconte ?
- Je comprends surtout que ce mec à l'air d'être chiant comme la pluie, murmurai-je avec un haussement de sourcils désabusé.
- Qu'est-ce-que ces types te voulaient ?
Je jetai un regard à nos amis pour constater qu'ils étaient toujours occupés à écouter le blabla scientifique de Machin.
- J'ai rencontré une femme, je crois qu'elle dirige cet endroit avec ce...Gareth. Elle m'a proposé de me joindre à eux.
L'archer fronça les sourcils, mordillant nerveusement sa lèvre inférieure tandis que je lui exposais plus en détails la proposition de Mary.
- Donc ces types nous ont suivi, dit-il sombrement.
- Ils surveillent les environs, acquiesçai-je. Ils ont vu ce qui s'est passé avec le groupe de Joe.
Il ne répondit rien, se contentant de scruter la femme brune aux prunelles émeraudes installée à quelques mètres de nous à même le sol.
- Comment tu t'sens ? demanda-t-il en la désignant d'un signe de tête.
- T'as pas du beurre de cacahuètes ? soupirai-je.
Un sourire s'étira sur ses lèvres lorsqu'il posa une main sur ma joue avant de m'embrasser sur le front.
Des coups furent frappés contre la paroi métallique du wagon, nous ramenant brutalement à la réalité.
- Alignez-vous tous dos au mur de part et d'autre de la porte ! ordonna une voix depuis l'extérieur.
***
DARYL
On m'force à avancer. J'suis bâillonné. Glenn, Rick et Bob aussi. Putain. Cette grenade fumigène m'a anesthésié. Les autres ont l'air aussi sonné que moi. Ces fils de pute nous ont attaché les mains dans le dos. J'sais pas dans quoi on est tombé, mais j'le sens mal. Bordel de merde. J'sais pas comment on fait pour se retrouver dans des situations pareilles.
On nous conduit dans une pièce immense. Mes yeux me brûlent. J'y vois pas grand chose. Ça pue le sang. J'ai l'impression d'être dans une boucherie. J'entends un bruit de scie sauteuse. Ces tarés découpent un truc. Le voile qui me brouille la vue commence à se dissiper. Y a une espèce de baignoire métallique en plein milieu. C'est pas une baignoire. C'est...et là j'réalise. Putain de merde. Ce truc qu'ils découpent...c'est un mec ! C'est quoi ce bordel ? Pourquoi ils font ça ? J'me tourne vers Rick. J'ai la gerbe.
On m'pousse. J'me retrouve à genoux devant la cuve en acier. J'repère direct la bouche d'évacuation. J'regarde à gauche. Quatre autres types sont agenouillés. Ils paniquent. J'le vois à leur respiration. A leur expression terrifiée. J'essaye de garder la tête froide. Il le faut. Si on s'met à dérailler maintenant, c'est foutu.
Les deux bouchers s'approchent. L'un deux a une batte de base-ball. L'autre, un hachoir. Ils se dirigent vers le premier prisonnier. Il est jeune. Trop jeune. Il lance un regard désespéré au shérif. On dirait qu'ils se connaissent. J'ai pas le temps de réagir qu'on l'assomme à coup de batte et...l'hémoglobine gicle partout. Merde...merde...putain, ils viennent de l'égorger. Le gosse s'vide de son sang dans la cuve. Garde la tête froide mon pote. Panique pas. J'me sermonne. J'peux pas m'transformer en gonzesse maintenant. Les autres ont besoin de nous. Je jette un coup d'œil à Rick. Il est calme. Il fixe un point devant lui. Il me fait un signe de tête. J'regarde ses mains dans son dos. Il fait glisser un morceau de bois d'la taille d'un couteau d'la manche de sa veste.
J'acquiesce discrètement. Et j'respire pour me calmer les nerfs. J'refuse de crever comme un bout de barbaque à l'abattoir. Lola. Bordel Lola ! Faut que j'la sorte de là. L'espace d'une seconde, j'la visualise. A la place de ce pauvre mec. J'suis trop con. Pourquoi j'pense à ça ?
J'me débat. Glenn aussi. Deuxième mort. Les deux trous du cul discutent. Comme si de rien n'était. C'est la routine pour ces tordus apparemment. Ils font ça depuis quand ? Et pourquoi ils font ça ? J'détaille un peu plus la pièce. Y a des bouts de viande un peu partout, sur des crochets, des tables...c'est une boucherie. J'veux dire...une vraie boucherie. Troisième mort. Merde. Ces cinglés s'approchent de l'asiatique. J'continue d'me débattre. J'ai pas envie de finir en plat du jour pour ces foutus cannibales. Quatrième mort. Fais chier ! Glenn est le prochain. J'fais quoi ? Qu'est-ce-que j'peux faire ?!
L'enfoiré à la batte se place derrière mon pote. Non. J'peux pas laisser faire ça. J'essaye d'me lever. Le type au hachoir me cogne pour que j'me tienne tranquille. Putain. J'ai la haine. J'lève les yeux. Gareth se pointe comme une fleur. Avec un carnet. Il fait quoi ? Il prend des notes ? On dirait qu'il vient faire une foutue inspection. J'ai l'impression de nager en plein délire !
- Les gars ! Vous avez tiré combien de balles ?
- 38, répond le connard avec son gourdin.
- Et toi ?
- Désolé mec, réplique l'autre, dépité, j'ai pas compté. C'était ma première rafle.
- Ok, soupire leur chef, quand t'as fini ici, t'y retournes et tu comptes tes balles. Kaylee les ramassera que demain. Alors, il reprend après nous avoir observé, quatre du wagon A, quatre du D. Parfait, vous les videz pour ce soir. Faut que tout soit fini au coucher du soleil, pour...
Des coups de feu retentissent. Les trois fils de pute se regardent comme des cons. Ils attendent quoi ? L'déluge ?
- Bougez pas de là, je reviens ! ordonne Gareth en s'barrant.
Une explosion. J'me casse la gueule sous la déflagration. Rick aussi. Les deux blaireaux paniquent. Ils discutent comme des abrutis au lieu d'se sauver. C'est maintenant ou jamais. Le shérif s'relève. Il a réussi à couper ses liens. Il plante son bout de bois dans la gorge du trou du cul à la batte. Le sang l'éclabousse. Ça devient une habitude. L'autre enculé lâche son arme et reste là à regarder au lieu d'aider son pote. J'me remets debout, j'ai toujours les mains attachées, mais j'lui file un coup de boule. Il s'écroule sur le béton. J'le finis à coup de pompe. Ses os craquent pendant que j'lui éclate la tronche. Cet abruti a rien compris à ce qui lui est tombé dessus. Mon frère d'arme nous détache. J'retire mon bâillon. J'récupère le hachoir au passage et on s'tire.
***
A l'extérieur, c'est l'enfer. L'odeur est immonde. Ça pue la décomposition, le sang et la barbaque cramée. Les rôdeurs ont tout envahi. Y en a partout. C'est un véritable merdier. J'sais pas qui est responsable de ça. Mais putain de merde, il nous a sauvé les miches.
Je baisse les yeux sur une bonne femme qui hurle en se faisant déchiqueter le visage par un cadavre en feu. Cette connasse a que ce qu'elle mérite. Le couplet de Lola sur son besoin de garder son humanité me revient en pleine figure. C'est plus fort que moi. J'peux pas la laisser souffrir. Alors, j'lui plante le hachoir dans le crâne avant de démonter le mort-vivant.
Glenn court vers un container. Il glisse sur un tas de tripes. Bob l'aide à se relever. On se met à courir. Comme des dératés. Le wagon où sont retenus les autres n'est plus très loin. Rick nous fait signe de nous planquer. Un des fils de pute se pointe avec un fusil d'assaut. Le shérif le prend à revers et lui tord le cou. Ce guignol a rien vu venir. A croire que tous les blaireaux du coin font partie de ce groupe de tarés. Il récupère l'arme et dégomme trois geeks au passage.
On slalome entre les corps, les membres arrachés, les viscères. J'comprends plus grand chose à ce qui s'passe. J'veux juste sauver ma peau. Et celle de ma gonzesse en priorité. L'adrénaline a pris le dessus. J'latte tout ce que j'croise. Vivants ou pas, aucune importance. J'ai pas envie d'faire dans la dentelle. Pas après avoir vu de quoi étaient capables ces gens. Des cannibales. Des foutus cannibales. J'ai encore du mal à y croire. Ce monde nous transforme. On en a encore eu la preuve aujourd'hui. Mais s'abaisser à ça. C'est même plus d'la barbarie. J'suis même pas sûr qu'il y ait un mot assez fort pour décrire cette horreur. C'est pas les rôdeurs, les monstres. C'est la race humaine.
J'aperçois enfin le wagon. J'décapite à moitié un cadavre enflammé. Quel merdier. Le Terminus est en ruine. Tant mieux. Au moins plus personne tombera dans l'panneau. Refuge de mes couilles ! Le shérif se précipite pour ouvrir la porte. Michonne est la première à sortir.
- On se tire ! Maintenant ! hurle-t-il.
J'me jette sur Lola. J'peux pas m'empêcher de la serrer contre moi. Putain de merde. Sa mère nous regarde. Je l'avais oublié celle là. Rick retrouve son gosse mais les coups de feu mettent un terme aux retrouvailles. Abraham, Rosita et Sasha couvrent le soit disant sauveur de l'humanité. On se met à courir vers les grillages. On dézingue tout ce qui se met en travers de notre chemin. Sans un regard en arrière.
- Daryl ! s'écrie Casse-Noisette dans mon dos.
J'me retourne. Elle repart dans l'autre sens. Merde. Mais qu'est-ce-qu'elle fout ?! J'la rattrape par le poignet.
- Qu'est-ce-que tu fabriques ?!
- Ma mère ! Cette cinglée a embarqué ma mère !
- C'est du suicide, Lola !
- J'peux pas la laisser !
- On peut pas rester ici !
- J'ai besoin de réponses, il faut absolument que j'aille la chercher ! crie-t-elle.
Bordel de merde ! J'hésite une seconde et j'la prends par la main pour l'entraîner à l'intérieur du bâtiment principal.
***
LOLA
- Ça va ? s'inquiéta Daryl tandis que je vomissais tripes et boyaux dans un coin de la salle dans laquelle nous venions de pénétrer.
- Super, répliquai-je en levant le pouce avant d'être submergée par une nouvelle vague de nausée.
L'odeur nauséabonde, les morceaux de corps suspendus à des crochets de boucher, ceux en phase de salaison...putain de merde ! Je comprenais mieux l'allusion de Mary concernant leurs préférences alimentaires ! Quand elle avait mentionné le fait d'être carnivore, je n'avais pas fait le rapprochement. A ma décharge, qui aurait pu imaginer une seule seconde avoir atterri chez des cannibales ? Je m'essuyai la bouche, tentant de calmer les nouveaux reflux de mon estomac face à cette réalité pour le moins...inconvenante.
- Sortons de cette pièce, murmurai-je histoire de préserver le peu de dignité qu'il me restait.
J'attrapai un couteau traînant sur un plan de travail de cette...Humanerie ? Existait-il un nom pour qualifier une boucherie cannibale ? Je grimaçai en repensant au morceau de viande saignant que m'avait proposé Mary un peu plus tôt. Nouvelle nausée. Bordel de merde !
- Qu'est-ce-que tu fous ? m'interpella l'archer tandis que je me débattais avec mes pensées.
- J'arrive !
Je m'élançai dans le couloir, suivant le chasseur de près. La main crispée sur le manche de mon arme, je respirai profondément, arpentant le corridor discrètement. Hormis les coups de feu et les cris nous parvenant depuis l'extérieur, le silence qui régnait dans le bâtiment était pesant. Presque, oppressant. Resserrant ma prise autour de mon poignard, je songeai un instant à ma mère. Je la détestais de nous avoir abandonné Hana et moi. Je la haïssais. C'était viscéral. Cependant, ma conscience me hurlait de ne pas agir comme elle l'avait fait...parce que c'était ce qui faisait que j'étais moi. Lola. Le Bisounours ambulant.
Après quelques minutes de marche dans un dédale de couloirs tous plus glauques et odorants les uns que les autres, nous arrivâmes à un croisement. Daryl se plaqua contre le mur couvert d'une substance douteuse, avant de poser son index sur ses lèvres. Il jeta un œil dans l'allée puis se tourna vers moi.
- Elles viennent de rentrer dans la pièce du fond, murmura-t-il.
- On y va, m'exclamai-je à voix basse.
- Elle a un flingue, si on s'pointe comme ça, on prend l'risque qu'elle la bute.
Des éclats de voix et des hurlements stridents nous parvinrent brusquement. Le souffle coupé, je levai les yeux vers l'archer. Malgré ce qu'elle avait fait, je ne pouvais pas renoncer. Il me fallait des réponses. Je voulais comprendre pourquoi elle nous avait laissé Hana et moi en sachant pertinemment ce qui nous attendait.
- Faut aller l'aider, chuchotai-je.
- Amène-toi, soupira-t-il en m'attrapant par la main.
D'un pas vif, nous nous dirigeâmes silencieusement jusqu'au bout du couloir. Mon cœur battant à tout rompre dans ma poitrine menaçait d'imploser à tout moment, tant la tension nerveuse me dévorait. Le chasseur hocha la tête, m'indiquant de me tenir prête tandis qu'il ouvrait la porte.
***
En pénétrant dans le sanctuaire, comme l'avait nommé Mary, mon regard se posa immédiatement sur Carol qui tenait la cinquantenaire en joue. Les circonstances n'étaient certes pas idéales, toutefois un sourire se dessina sur mes lèvres en découvrant notre amie. L'arbalète de Daryl sur l'épaule, un énorme fusil d'assaut braqué sur Mary, elle était couverte d'entrailles de rôdeurs. A n'en pas douter, l'épouse dévouée, douce et fragile, que j'avais rencontré à Atlanta était à l'origine de ce chaos. Rick l'avait bannie depuis des jours, et pourtant. Elle était là. Rien n'était encore joué, mais grâce à elle, nous avions une chance inespérée.
Les bougies continuaient de fondre, ignorant délibérément les fusillades qui retentissaient depuis l'extérieur. Le calme de la salle éclairée par la faible lueur des flammes, était en contradiction totale avec l'expression de haine imprimée sur les traits de la chef des cannibales. Le canon de son arme contre la tempe de ma mère, elle me dévisagea avec un rictus de colère.
- Vous auriez dû accepter ma proposition Lola !
- C'est fini Mary, déclarai-je calmement, il n'y a plus que vous.
- Va-t-en Lola ! Ne reste pas là ! implora ma génitrice.
- Non, répliquai-je, je t'abandonne pas.
- Lola, supplia-t-elle en larmes, sauve-toi !
Des cadavres commencèrent à cogner contre la porte métallique donnant sur la cour principale, déstabilisant une seconde la cinquantenaire. Profitant de ce bref instant d'inattention, Carol appuya sur la détente. Le bruit de la déflagration résonna à mes oreilles alors que l'odeur la poudre remplaçait celle de la cire. Dans un hurlement de souffrance, le genou éclaté, Mary s'écroula sur le sol, lâchant son arme au passage. Je me précipitai sur le magnum pendant que Daryl aidait ma mère à se relever. Carol lui tendit son arbalète avec un sourire tandis que la cannibale continuait de beugler en se tordant de douleur.
- Vous ne comprenez rien ! hurla-t-elle, hystérique. Dans ce monde, on est soit le bétail, soit le boucher !
- Traînons pas ! lança l'archer alors que les rôdeurs défonçaient la porte.
Nous quittâmes la salle au pas de course, accompagnés dans notre fuite par les hurlements déchirants de la cannibale qui à son tour, se faisait dévorer.
Je ne savais pas ce que l'avenir nous réservait. J'ignorais si j'arriverais un jour à pardonner. Mais, une chose était certaine, après cette expérience fort déplaisante, une orgie de myrtilles serait la bienvenue.
A suivre...
Voilà voilà ! J'espère que ce chapitre vous a plu ? 🙈
A très bientôt pour la suite ! ❤❤
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