9 | 'LES SŒURS'
La voix d'Eve résonnait à travers l'enceinte d'Aryuu. Un objet scintillant, de marque, recouvert de strass argentés ; même sans qu'il y mette une étiquette à son nom, il était clair qu'elle était sienne.
Au beau milieu de parc Yoyogi, Bachira te faisait tournoyer en riant, vos voix se mêlant ensemble alors que vous chantiez à l'unisson avec Aryuu. Il était bien meilleur chanteur que vous, et tu étais bien rassuré de savoir que ta voix était noyée sous la sienne, surtout considérant qu'elle tremblait sous tes éclats de rire.
« Aryuu, arrête de chanter gratuitement ! se moqua Karasu ouvertement, Tu vas attirer la foule avec ton opéra ! »
Il l'ignora royalement, et en une pirouette digne des plus grands, finit par lui lancer un grandiose doigt d'honneur. Yukimiya éclata de rire. Alors que la chanson s'évanouissait dans l'air, tu retournas t'asseoir aux côtés d'Isagi en souriant.
C'était plaisant, de retrouver tes amis, ceux qui étaient restés sur Tokyo, et que tu avais amèrement dû quitter quelques jours plus tôt face à la pression de ta mère. Aujourd'hui, elle n'était pas là, ton père non plus, et tu avais pu profiter de l'invitation de Bachira, qui, visiblement, ne se lassait pas de vous voir.
Yoichi te tendit ta cannette d'eau gazeuse au concombre. Un timide sourire sur les lèvres, tu le remercias en un murmure, avant de profiter du doux bruit pétillant de l'ouverture de l'opercule. En prenant une grande gorgée, tu essayas d'assimiler leur sujet de conversation.
Étonnement, Chigiri semblait se plaindre de sa grande sœur et de ses manies. Comme preuve, il brandit ses mains recouvertes de vernis.
« On va encore plus me prendre pour une fille, maugréa-t-il.
— Ça te va bien, pourtant, le contredit Yukki. Il fronçait les sourcils, incertain de la raison de ses complaintes si vocales.
— Je sais, mais elle fait tout sans me demander mon accord ! votre ami se laissa tomber contre l'herbe en grognant ouvertement.
— Hm, tu avais aussi ton mot à dire sur la situation. Leur attention se portant vers toi, tu posas ta cannette, Je comprends. Ma sœur aussi est récemment devenue insupportable. Elle est rentrée il y a trois jours à la maison, et n'en fait qu'à sa tête, alors qu'elle a vingt ans.
Chigiri brandit son poing en l'air, victorieux.
— Partenaire !
Tu grimaças en te rappelant de ce qu'il s'était passé deux jours plus tôt.
— Yoichi était à la maison mercredi. On était dans le salon, et je ne sais pas ce qu'il lui est passé par la tête, mais elle est descendue de sa chambre les seins à l'air. Elle est trop à l'aise, ça m'a énervé. »
Otoya se figea. Reo aussi. À ta droite, les joues d'Isagi rosirent au souvenir. Le regard fuyant, sa main resta posée sur la tienne. Puis, Karasu explosa de rire.
« Oh Isagi, profiteur !
— Isagi, t'appropries pas la sœur de t/p hein, renchérit Otoya, Laisse-moi les femmes !
— Elle a un numéro de téléphone, ta sœur ? renchérit Yukimiya un peu moins agressivement. »
Tu te raidis alors que Karasu et Aryuu sautaient aux côtés de ton petit ami, pour le charrier d'avoir vu ça. Figé, tu fus incapable de répondre quoi que ce soit alors qu'Isagi restait incapable d'aligner deux mots les uns à la suite des autres tant son cerveau semblait avoir surchauffé. Bachira eut l'air confus, presque hésitant, alors que le regard de Chigiri se porta vers toi en un éclair, inquiet.
Sans même que tu ne le réalises, ta main vint quitter celle de Yoichi pour trouver le confort de l'herbe trop fraîchement coupée sous tes pieds, t'empêchant d'en agripper les brins. Ta poigne resta ferme sur le vide. Tu ne savais plus où porter ton regard. Fuyant, il divaguait entre le sol, la route plus loin, qui te paraissait étrangement accueillante, l'absence de réaction de Bachira, la préoccupation dans les prunelles de Chigiri, le groupe d'amis qui continuait visiblement de louer ton petit ami pour avoir vu les seins nus de ta sœur.
Qu'est-ce que c'était que cette situation ?
Tu sentis ton souffle s'accélérer, ta gorge se serrer, et sentir ton angoisse commença à t'angoisser.
Pourquoi ?
« Les gars, Isagi finit par réussir à souffler, et entre deux éclats de rire, il chercha la chaleur de ta main. En ne la trouvant pas, il te lança un coup d'œil, pour remarquer que tes deux mains enlaçaient maintenant tes genoux, les serrant contre ton corps. Son sourire s'affaissa bien vite, Arrêtez, c'est ma belle-sœur. »
Karasu s'arrêta net. La bouche entrouverte, il se figea dans ses exclamations. Avait-il oublié votre couple ? Il grimaça visiblement, et avant qu'il n'ait le temps de se repentir, Isagi toussa outrageusement fort pour que tous finissent par se taire. Son visage était flamboyant, et tu restas de marbre. Ta sœur lui avait-elle fait tant d'effet que ça ? Il eut l'air d'hésiter, gêné, et le temps d'un instant, tu crus que son visage s'empourpra encore plus.
« Quitte à voir quelqu'un nu, je préférerais voir t/p, finit-il par admettre non sans une honte atroce. Ton visage explosa de couleurs. Ta tête commença à tourner tant le sang t'y montait, et tu passas un doigt sous ton nez, effrayé qu'il se soit mis à saigner. Heureusement, ça n'était pas le cas, mais ça n'était pas suffisant pour calmer l'hérésie nouvelle de vos amis qui avaient commencé à secouer Yoichi comme un sac à patates.
— Espèce de fou !! s'exclama Karasu en lui claquant l'arrière de la tête, On te connaît pas comme ça Isagi ! Petit cochon !
— Putain Isagi, tu perds pas de temps !
— T/p, passe moi le numéro de ta sœur, Otoya se rapprocha de toi, un sérieux sur le visage que tu ne lui connaissais pas.
— Ma sœur ne s'approchera d'aucun d'entre vous, balbutias-tu, mais la conviction manquait dans ta voix alors que tu cherchais à trouver Isagi, à trouver son regard. »
Tu ne savais pas réellement s'il avait prononcé ces mots pour te rassurer, pour montrer qu'il n'était en rien intéressé par ta sœur, ou si c'était pour lui une manière de détourner l'attention et ainsi faire sombrer ta panique dans l'oubli. Ou peut-être qu'il le pensait véritablement aussi. À cette simple possibilité, tu cessas de chercher à attirer son attention, et baissas les yeux, tentant d'ignorer tes pommettes pourtant ostensiblement amarantes.
Ne rien dire ne te parût pas être une si mauvaise alternative. Après tout, les mots n'avaient jamais été une nécessité avec Isagi. Vous vous compreniez, et en silence, vous aviez appris à apprécier la présence de l'autre.
Le silence n'était cependant pas d'or aujourd'hui, et alors que vos amis continuaient de crier dans les oreilles d'Isagi, et qu'Otoya tentait de te pousser à lui dévoiler le numéro de ta grande sœur, tu essayas de refaire surface.
« Arrêtez, arrêtez–
— Vous l'avez déjà fait ?
— Pourquoi tout le monde me pose cette question ? tu t'étranglas devant le regard inquisiteur d'Aryuu.
— Vous avez bien de la chance que Raichi ou Igaguri ne soient pas là, Bachira ricanait, assis face à vous, Ils auraient été impitoyables.
— Ils n'auront pas à savoir à quoi que ce soit, tranchas-tu, mais tu n'étais pas convaincu. »
Vu votre capacité à rester éloignés l'un de l'autre, tu savais que ça n'était qu'une question de temps avant que vos anciens coéquipiers commencent à vous harceler. Isagi t'observa, et tu haussas lassement les épaules, signe que vous alliez devoir faire avec.
« Les gars, je vous le jure, je serais le prochain à me caser ! promit Otoya. Le sourire sur son visage était loin d'être rassurant, et Chigiri pouffa face à sa déclaration.
— Faudrait déjà que t'arrives à te contenir à une fille, et après on en reparlera.
— Si je devais miser sur quelqu'un, je miserais sur tout le monde sauf toi, rajouta Karasu en croisant les bras, narquois.
— J'aurais pas misé sur Isagi et t/p, pourtant on en est là, rétorqua l'intéressé en vous pointant du doigt.
Ton petit ami fronça les sourcils.
— Pourquoi t'aurais pas misé sur nous ?
— Parceque vous avez tous les deux des airs trop innocents.
— N'importe quoi ! Bachira éclata de rire une fois encore. »
Reo allait rajouter quelque chose, mais au vu du regard noir que tu lui adressas, il décida de ne rien prononcer, ses lèvres se pinçant.
Tu préféras les ignorer, et rattrapas ta cannette pour t'abreuver. Ils continuèrent de discuter joyeusement, et ignorant leurs tumultes, tu décidas de te reposer. Ils étaient extravagants, et c'était aussi pour cette raison que tu les appréciais, mais ça n'en restait pas moins épuisant.
La main de Yoichi vint retrouver la tienne, et la chaleur inhabituelle te surprit. Tu te tournas vers lui, ton cœur se serrant dans ta poitrine. Il était peiné, et le voir t'observer avec une telle désolation t'affligeait. Il s'en voulait, de ne pas avoir réagi, d'avoir balbutié, d'avoir été aussi effronté. Tu tentas de lui esquisser un sourire, mais dans ta douleur, il n'était probablement pas très serein.
Ta main resta collée à la sienne, et avec un apaisement que tu commençais à connaître, tu te dis que c'était suffisant pour vous réconforter.
NDA :
Literally me alors que je réalise que ça fait cinq mois ÉHONTÉS depuis mon dernier chapitre.
MY BAD (au mégaphone)
Je vous conseille de relire vite fait les chaps si vous vous souvenez plus depuis SEPTEMBRE
Je m'en veux tbh, mais ouais, j'suis back on a dit, donc tenez, j'vous offre ce chapitre, et le prochain la semaine pro (quel jour, mystère, mais semaine pro).
J'espère que vous allez tous bien, j'vais bien prendre le temps de rattraper tous les commentaires des chapitres d'avant, j'vous laisse pas en vu, j'vous aime 🥹
Je me relis même pas carrément, au point où on est ça vaut quoi une relecture 😔‼️
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