8 | 'SOUVENIRS D'ANGLAIS'
Bachira courait dans la pièce, faisait l'avion et riait à gorge déployée, criant qu'il était un oiseau dans un accent anglais plus que déplorable. Tu préférais l'ignorer, lui, et la manière dont laquelle la voix de Rin claquait avec irritation. Alors que Meguru commençait à chanter, d'une voix tout aussi cassée que son accent, tu décidas d'augmenter le volume de tes écouteurs.
Tu préférais te concentrer sur la compréhension orale. En étant franco-japonais, il y avait des syllabes que tu pouvais prononcer plus aisément que les japonais, et en ayant passé tes quelques mois de vacances scolaires en France, tu avais gagné quelques bases d'anglais plus solides. Tu savais pertinemment que tu étais encore loin d'être bilingue, et que ton manque de vocabulaire te faisait défaut.
Quand Isagi t'avait dit qu'il n'avait rien compris quand les joueurs internationaux avaient parlé, tu t'étais dit que la compréhension, c'était le plus important. Sans ça, tu n'irais nulle part, et pouvait faire une croix sur tes rêves. Te cantonner au Japon, tu n'en avais pas envie.
Mais après tout, étais-tu vraiment prêt à faire carrière dans le football ?
Tu soupiras, une mine agacée sur le village. Inconsciemment, tu commenças à te mordre la lèvre, à arracher tes peaux éphémères. Tu ne devais pas le faire ; plusieurs fois dans le passé, tu avais fini avec du sang sur les dents. C'était un réflexe, un rappel à ton anxiété et ton manque de volonté.
C'était risible, de te poser cette question après des mois passés au Blue Lock.
Devant tes yeux épuisés, ils avaient l'air de continuer à s'amuser, eux qui étaient égoïstes. Égoïstes au point de n'en avoir plus rien à faire des autres, de leur regard. Eux qui étaient prêts à tout pour réussir.
Avec un soupir, tu réalisas avec amertume que même si tu ne réussissais pas à survivre à cette expérience du Blue Lock, ça n'était pas si grave à tes yeux. Tu pouvais toujours faire autre chose. T'occuper des joueurs, être leur masseur ou leur médecin ... Tu pouvais aussi toujours te reconvertir dans quelque chose d'autre, même si tu savais pertinemment que le football te manquerait. Que l'adrénaline du sport, du ballon, finiraient par te rattraper.
Seulement, en voyant la passion avec laquelle ils jouaient, avec laquelle Isagi jouait, tu remarquas bien que tu n'étais pas aussi enjoué à l'idée d'être un buteur.
Pourtant, c'était ce que tu étais. Tu l'avais toujours été. Mettre des buts, c'était impressionnant. Fendre le terrain, réussir à déjouer les adversaires. C'était classe, et pouvoir être aussi classe que ces joueurs que tu avais vu à la télévision, être aussi classe que Julien Loki, ou Noël Noa, c'était ça, ton rêve.
Tu fermas les paupières, essayas de te concentrer sur la voix de Rudolph Estefan dans tes oreilles. Il résonnait, grésillait, maniait la langue anglaise comme si elle était sienne. Chacun des mots que son acteur employait était si étrangement adéquat. C'était suave, doux, et ridiculement simple. Pourtant, c'était beau. C'était aussi ça que tu aimais.
Sans t'en rendre compte, tu répétas ce que Rudolph déclarait dans ton oreille.
Isagi vint s'asseoir en face de toi. Ça t'étonna de le voir, surtout qu'il avait aussi des écouteurs dans ses oreilles, et avec le chaos qui continuait de s'amplifier dans son dos, tu ne pus t'empêcher de grimacer.
« Oui ? tu retiras un de tes écouteurs et appuya sur le bouton pause de ton podcast.
Il t'observait avec attention. Son visage était simple, son nez classique, ni trop petit ni trop grand. Il n'avait pas de sourcils proéminents, ou de sourire délirant. Il était simple, et il était beau.
— Tu avais l'air perdu dans tes pensées, avoua-t-il, Mais je me demandais ce que tu écoutais. Je sais que tu es doué en anglais, donc j'espérais pouvoir en apprendre plus. J'espère que ça ne te dérange pas !
Il cherchait toujours à ne froisser personne. Un sourire t'échappa malgré toi.
— J'écoute des épisodes audio, qui étaient diffusés à Broadway. Ça s'appelle Dangerously Yours, expliquas-tu, J'aimerais améliorer ma compréhension orale ... C'est important. Je répète aussi certaines parties, pour améliorer mon oral. Ça m'aide.
— Je peux écouter avec toi ? s'enquit-il.
Tu restas coincé dans le vague le temps d'un instant, confus.
— Euh, oui. Si tu veux. »
Tu vérifias que ton écouteur était suffisamment propre avant de le lui tendre. Remettant l'épisode du début, tu essayas de te remettre dans ta bulle, de rester seul avec tes pensées. Malheureusement, c'était devenu difficile, maintenant qu'Isagi s'y était imposé, et semblait ne pas vouloir quitter tes côtés.
Tu soupiras, et laissas tes paupières se clore une fois encore, dans l'espoir de calmer ton cœur affolé. Tu n'en pouvais plus de passer autant de temps proche d'Isagi, sans qu'il ne se rende compte de tes sentiments plus que flagrants envers lui. Décidant d'ignorer les remous des émotions dans ton ventre, tu recommenças à murmurer les quelques bribes de phrases que tu avais retenu en même temps que Rudolph les disait.
Tu ne pus pas le voir, mais Isagi te jeta un coup d'œil amusé. Tes manières d'apprendre et d'agir sans en avoir toujours pleinement conscience le faisaient sourire. En t'entendant marmonner une réplique, il répéta avec un temps de décalage ce dont Catherine se plaignait dans ses oreilles. Il était incertain, son accent loin d'être similaire à celui de la voix qui résonnait dans ses tympans. Il grimaça ; clairement, il manquait d'exercice.
Bachira vous remarqua, tous les deux semblablement concentrés sur le même audio, et il s'apprêta à sauter à l'abordage, prêt à vous bombarder de sa présence rayonnante. Un petit cri étranglé quitta sa gorge alors que Rin lui tirait le col en arrière pour l'empêcher de plonger vers vous.
Il était las, son visage inexpressif. Pourtant, le regard qu'il lança à Meguru était clair.
« Ne les dérange pas. »
Devant ses pupilles interloquées, Rin lâcha un grognement exaspéré, et lui pointa sa chaise du doigt, lui ordonnant silencieusement de se rasseoir. Il n'était pas sûr que ce sacrifice en vaille la peine, et en vous jetant un dernier regard en coin, il crut qu'il allait craquer.
Ce genre de flirt involontaire lui tapait sur les nerfs.
NDA :
Rin qui laisse les gays ensemble même si ça lui tape sur les nerfs, pour en plus se coltiner Bachira
Il prend sur lui le pépère
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