6 | 'MORT PAR MILKSHAKE'
Le derrière vissé sur la chaise en plastique, tendu comme un piquet, tu commençais à trouver qu'un fauteuil moelleux aurait été plus confortable. Les chaises pliantes n'avaient jamais été gage de qualité, et leur jaune criant t'avait plus que repoussé. Pour autant, cela faisait maintenant une bonne quinzaine de minutes que tu étais assis là, dorénavant incapable de regarder ton ami droit dans les yeux.
Reo sirota son milkshake avec force, pour être sûr que le seul bruit ennuyant le silence tendu soit sa paille agonisante. Son regard était las, voire lourd. À ses côtés, Nagi avait lui aussi levé la tête de son jeu portable tant il était perplexe.
Tu avais été très à l'aise l'instant d'avant, suffisamment pour commencer à leur déballer ce qu'il t'était arrivé la veille, jusqu'au moment où tu dûs te remémorer de ton affreuse tentative de drague.
Passer l'après-midi avec Reo avait été ton idée après tout, et après avoir croisé Nagi dans une salle d'arcade, vous vous étiez tous les trois installés sur la terrasse d'un café parceque Seishiro s'était plaint qu'il ne voulait pas marcher. Tu avais été assez soulagé de voir que les deux se supportaient encore hors du terrain – quand Reo t'avait appris le froid digne de l'ère glaciaire qui s'était installé entre eux, tu avais grimacé.
Ça avait donc été dans ton but de raconter tes péripéties au violet, tu ne pouvais plus te plaindre de ses réactions dramatiques.
« Tu lui as vraiment dit ça ? Reo était affreusement hautain. Son regard était condescendant, et avec amertume, tu te dis que ça devait être ça aussi, d'être ami avec un riche, Mettre sa balle dans ton but ? C'est comme ça que tu dragues, t/p ?
— C'est assez drôle. Il a fait quoi ? s'enquit Nagi. Il ne riait pourtant pas. Le connaissant, tu le suspectais de trouver que rire demandait trop d'effort.
— Il m'a demandé s'il pouvait.
— Pouvait quoi ? marmonna Reo.
— Mettre sa balle dans mon but. »
Tu crus que sa paille s'était étouffée avec lui tant il s'étrangla bruyamment avec son milkshake. Nagi lui tapota le dos doucement.
« Vous l'avez fait ?! ahuri, il ne put se calmer que quand tu secouas la tête négativement. Il soupira de soulagement, Putain, j'ai eu peur ...
— Il m'a ravagé les cuisses, par contre.
— Ahh, c'est vrai qu'il aime ça Isagi. Les cuisses, se rappela Nagi. Il resta pensif quelques instants, hocha la tête, et reporta son attention vers son jeu. Reo sembla dépité par sa conduite.
— Ravagé comment ? il aimait avoir toutes les informations nécessaires ; il était toujours le premier à glisser vers une discussion qui semblait privée, si c'était signe qu'il pouvait y dégoter des ragots. Ça te faisait beaucoup rire.
— Ravagé dans le sens où il s'est mis entre mes jambes et a passé une dizaine de minutes à me mordre la peau alors que je lui écrasais la tête, tu crus qu'il allait s'étouffer une nouvelle fois avec sa boisson, et avec un sourire apitoyé, continuas, Tu devrais peut-être arrêter de boire, sinon t'es pas prêt d'arrêter de t'étrangler.
Il fut obligé de péniblement acquiescer, puis fit glisser la cause de ses maux plus loin sur la table non sans une certaine aigreur. Nagi soupira audiblement.
— Ça a l'air pénible. Tu aurais dû t'asseoir sur sa tête, je pense que ça aurait demandé moins d'effort.
Reo tourna la tête si brusquement vers lui que tu t'inquiétas pour sa nuque : tu angoissais à l'idée qu'il puisse se faire un coup du lapin s'il continuait comme ça. Pour autant, tu étais trop ébranlé pour réellement te focaliser sur ça.
— ÇA VA PAS BIEN ?! t'écrias-tu. Ton cœur palpitait dans ta poitrine.
— T'as craqué, Nagi ?! renchérit Reo. Il semblait tout aussi choqué que toi.
— Criez pas ... geignit-il en fermant les yeux, et son meilleur ami souffla lourdement, pour qu'il comprenne qu'il le voyait comme un cause perdue. Quand il rouvrit les yeux, ce fut pour les river vers tes jambes. Il fit la moue, Montre tes cuisses, t/p.
— T'ES FOU ? tu continuas à hausser le ton. Ta tête commençait à tourner à cause de ses remarques saugrenues.
— Non, je veux avoir un aperçu, il a raison. Tu voulais balancer, non ? Alors balance jusqu'au bout. Montre les cuisses, t/p, Reo plissa les yeux et te pointa d'un doigt accusateur. »
Face à leur pression, tu déglutis de travers et analysas les alentours, avant de sortir ton téléphone.
« J'avoue, j'ai pris une photo hier soir, admis-tu minablement en ouvrant ton téléphone.
— C'est toi le fou ici, grommela Nagi en faisant la moue.
— C'était trop, je devais prendre une photo, essayas-tu de te justifier, mais ton ami ne voulait rien entendre. »
Il arrêta de débattre une fois que tu fis glisser le téléphone sous son nez. Lui et Reo se penchèrent en avant.
« On dirait que tu t'es fait battre, commenta-t-il. Sa voix était tout aussi monotone que d'ordinaire, juste teintée d'une pointe de choc. Ses sourcils s'étaient aussi arqués, signe incontestable du choc qui venait d'ébranler sa caboche.
Reo avait l'air d'avoir court-circuité.
— Je suis outré, balança-t-il finalement, Il t'a mangé les cuisses, déclara-t-il formellement, comme s'il n'était capable d'y croire que maintenant.
Tu récupéras ton téléphone et le rangea dans ton sac d'un geste désinvolte. En un soupir, tu continuas ton récit comme si de rien n'était.
— Bref, ma mère a débarqué, on a arrêté là, on est parti se balader, et comme j'étais frustré sexuellement, je me suis branlé avant d'aller me coucher.
Heureusement pour Reo, il t'avait écouté et avait cessé de boire son milkshake. Sinon, il aurait souffert une troisième fois de lait avalé de travers, et tu n'étais pas sûr que cette fois, il y aurait survécu.
— Oh, grogna Nagi, Fatigant de se branler.
— Genre, tu le fais pas, Reo lui lança un regard de travers.
— Je compte faire l'étoile de mer jusqu'au restant de mes jours. C'est que si ça commence à faire mal que je mets ma main droite au travail.
— T'es aberrant Nagi ... dépité, tu secouas la tête. Sa flemme était indiscutable, mais fortement consternante.
— J'aimerais plutôt me trouver économe dans mon énergie.
— N'importe quoi ! s'esclaffa Reo. »
Vous continuâtes à en rire, à discuter. Tu dûs défendre Isagi corps et âme alors que Mikage se moquait de lui ouvertement. Tu lui rappelas que son fantasme des femmes matures n'était pas plus sain que les fantasmes de ton petit ami, et alors qu'il s'était offusqué d'une manière affreusement dramatique, Nagi avait froncé les sourcils. Et tandis qu'ils ronchonnaient ensemble, tu sortis ton téléphone.
> Toi
Reo et Nagi ?
Isagi fut rapide à répondre, et sans que tu puisses le contenir, ton sourire s'élargit tant sur tes lèvres que Reo haussa un sourcil. Il n'était pas difficile de deviner qui était ton interlocuteur.
> Yocchan <3
?
> Yocchan <3
Bonjour d'abord :)
> Yocchan <3
Et comment ça ?
> Toi
Coucou ♡
> Toi
Je me disais que y'avait peut-être un truc entre eux
> Yocchan <3
T'as une preuve ?
> Toi
Ils se tiennent la main en marchant
> Yocchan <3
C'est Reo et Nagi, les connaissant c'est sûrement rien
> Yocchan <3
Après je sais que Reo était au fond du trou quand Nagi l'a abandonné, mais ça veut peut-être rien dire
> Toi
LEUR BREAKUP
Tu reçus un gif de quelqu'un qui riait, et te mis à rire toi aussi. Tu devais avoir l'air d'un cas désespéré, perdu devant ton téléphone, car Reo finit par s'y attaquer.
« Eh l'addict, si tu voulais trainer avec ton mec, fallait le voir lui. »
Tu relevas la tête et garda ton regard rivé vers Nagi, qui, à ses côtés, n'avait pas quitté son jeu vidéo depuis que vous vous étiez assis. Il était culotté, et tu soufflas. Sa main était lâchement collée à celle de Nagi, mais tu ne trouvas ni la force ni l'envie de lui rétorquer quoi que ce soit. Il avait toujours ignoré les petits défauts de Seishiro, ses plaintes absurdes et remarques désobligeantes. Ça n'avait visiblement pas changé, et chercher à le lui faire remarquer ne t'avancerait en rien.
« Pardon, pardon, tu rangeas ton téléphone dans ta poche et croisas les bras.
— Vous êtes vraiment trop passionnés, ça me dégoûte presque.
— Hmhm. »
La tête reposée sur la table, assez inattentif à ses piques, tu le remarquais bien ; Reo n'était pas aussi à l'aise qu'il aurait pu l'être. Nagi ne semblait rien remarquer, à ses côtés, mais toi tu l'avais vu : la tension dans ses épaules, ses iris fuyants et cette petite manie qu'il avait de continuer à essayer de se craquer les doigts alors même qu'il était bien conscient qu'il le faisait trop régulièrement pour que ça puisse fonctionner. Peut-être que ta relation avec Isagi le mettait mal à l'aise ; pas sans le sens où ça le dégoûtait, mais dans le sens où il réalisait peut-être ce que c'était d'être en couple. Peut-être que l'amour en général lui donnait ce sentiment de malaise, car il n'arrivait pas lui-même à définir ce que c'était. Parcequ'il avait toujours l'impression qu'on restait avec lui pour son argent.
Tu exhalas paresseusement. Si seulement Nagi n'était pas aussi égoïste, il aurait pu remarquer l'état de son meilleur ami. Tu ne pouvais pour autant pas réellement le blâmer. Il en était là où il était grâce à cet égoïsme ; toi aussi, tu étais censé l'être.
Cette arrière-pensée qui forçait ton visage à se plisser d'une manière agacée te revint en tête. Elle revenait te hanter comme un nuisible insatiable, et tu enfouis ta tête entre tes bras, comme s'ils allaient pouvoir t'en protéger, t'aider à l'ignorer. Cette pensée que tu ne méritais pas ta place au Blue Lock, que tu ne ressentais pas la même passion que Rin, ou que Yoichi – que ton cœur ne se mettait pas assez à l'ouvrage, et que tu prendrais du retard par manque de volonté. Parceque tu avais peur du ballon.
« Putain, que c'est chiant la vie, finis-tu par geindre à haute voix.
Caché dans la pénombre de tes bras, tu ne pouvais pas voir la réaction de tes deux camarades. Nagi opina de la tête, alors que Reo clignait bêtement des yeux. Il lui fallut quelques secondes pour finalement lâcher un ricanement ironique.
— T'as bien raison là dessus, t/p. »
NDA :
T/p et Isagi qui enquêtent sur leurs potos be like
Reo après s'être étouffé trop de fois avec son milkshake à cause des dingueries qu'il entend :
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top