3 | 'CERTITUDE SUR GLACE'
Les jambes tremblantes, Isagi était incapable de rester droit. Il le savait, mais s'il osait déplier ses jambes fièrement, il s'écroulerait. Devant ton sourire taquin, il se sentait humilié. Oui, c'était le terme qu'il recherchait ; il se sentait petit, presque inférieur. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas ressenti une telle honte ; la dernière fois datait probablement de cette fois au Blue Lock, où Raichi s'était ouvertement moqué de lui pour ne pas avoir compris une de ses blagues salaces. Ou alors, la fois où sa mère avait trouvé un onglet de son ordinateur portable qu'il avait oublié de fermer. Non : ça, c'était un niveau de honte encore un peu plus élevé, dont il ne parlerait à personne, pas même à toi.
« Je ne pensais pas que tu aurais autant de mal, tu ne pouvais pas t'empêcher de rire, le son cristallin quittant ta gorge presque aussi clair que la glace sous tes pieds.
— Arrête de rire ! glapit-il, Ça n'arrange rien ! »
Il se tenait fermement à toi, recroquevillé sur lui-même. La moue sur son visage était claire, un mélange d'ennui et de concentration.
« T'es tout rouge, c'est le froid ou l'embarras qui te fait réagir comme ça ? tu ne pouvais pas t'empêcher de le taquiner. Ton sourire commençait à tirer tes joues.
C'était si drôle, de le voir si peu à l'aise avec des patins. Il ne t'avait pas lâché les mains une seule fois depuis qu'il avait posé les deux pieds sur la patinoire, et, après s'être fièrement tenu debout, s'était étalé de tout son long sur le sol. Son regard agacé précédemment porté vers ses pieds se porta vers toi, et il maugréa :
— C'est plutôt ton sourire. »
Sourire qui laissa place à une mimique surprise suite à son affirmation assurée. Le bout du nez et des oreilles empourprés, ta poigne sur ses mains se fit moins tenace, et il commença à vaciller sous tes pupilles ahuries.
« Me lâche pas ! piailla-t-il en se sentant partir en arrière, Je le dirais plus !
Tu clignas vivement ses yeux, et d'un geste fluide, l'attrapa par la taille avant qu'il n'ait le temps de se faire rattraper par la gravité.
— C'était juste, soufflas-tu. Encore une fois, tu lui souris ; bien qu'il fut légèrement plus fébrile cette fois.
— Trop juste. J'ai cru que mon cœur allait lâcher.
— La faute à qui ? Si tu ne m'avais pas touché en plein cœur, mon cerveau n'aurait pas planté.
— Au risque de me répéter, c'est ton sourire qui m'a touché en plein cœur. »
Cette fois-ci, tu le laissas tomber en pure âme et conscience. Le visage écrevisse, le cœur se bousculant dans ta cage thoracique, tu glissas aisément jusqu'au bord de la patinoire, ignorant ton petit ami qui réussissait tant bien que mal à se mettre à genoux.
« Assassin ! s'égosilla-t-il, toujours agenouillé contre la glace, les mains plaquées contre la surface lisse. »
Entre deux respirations trop saccadées, tu pouffas de rire, et te retournas pour le contempler. En plissant les yeux, tu remarquas qu'il ressemblait presque à un bébé tortue quittant sa coquille pour réaliser qu'il était livré à lui-même dans un monde hostile. Tu lâchas la rambarde pour essayer d'étouffer les rires qui te prenaient à cette simple image.
« Pardon, Yoichi ! t'exclamas-tu en riant alors qu'il zigzaguait vers toi.
Il s'écrasa contre le muret, et te foudroya du regard.
— T'as pas l'air très désolé.
— C'était assez drôle. Et la manière dont tu flirtes me pousse à bout. Je suis ravagé.
— Mais non, il essaya de se pencher vers toi, mais vacilla dangereusement. Rebuté, il arrêta ses avances, Tu veux bien qu'on sorte ?
— Oui, je pense que je t'ai déjà suffisamment torturé comme ça, tu risques d'avoir des bleus demain, doucement, tu lui pris la main pour l'aider à quitter l'aire glacée, et l'accompagna jusqu'à un banc.
— Tu te moques de moi ? s'étrangla-t-il en s'asseyant.
— Pas du tout. Le lendemain de ma première fois, je n'arrivais plus à marcher, tu secouas la tête en retirant tes patins.
Devant ton expression stoïque, et le calme avec lequel tu avais prononcé tes mots, Isagi ne put que balbutier.
— Euh ... Tu–
— Je sais, c'était ambigu, encore une fois, tu pouffas de rire, surtout devant son visage cramoisi, C'est drôle de te voir aussi rouge !
— Je me sens trop humilié aujourd'hui, conclut-il en soufflant bruyamment.
— Mais non, c'est mignon. »
Il se rapprocha de toi et enfouit son visage dans le creux de ta nuque. Cacher ses rougeurs ou chercher du confort, tu ne savais pas réellement, mais un soupir d'aise quitta tes narines alors que tu fermais les yeux pour le tenir contre toi.
« Je t'aime, marmonna-t-il en un murmure. C'était timide, presque indiscernable, et sa voix avait vaguement oscillé entre deux hauteurs.
— Hmm. Moi aussi, le temps passa. Une seconde, deux secondes. Trop de secondes. Quand tu remarquas le regard indiscret d'un passant sur votre embrassade, tu te laissas aller, et le serra plus fort avant de te séparer de lui. Un sourire apaisé sur les lèvres, tu repris, On retourne chez moi ? Mes parents travaillent, ne t'en fais pas. Ils ne seront pas rentrés de si tôt.
— Très bien, il avait l'air soulagé de ne pas avoir à affronter tes géniteurs si tôt, Allez, quittons ce lieu des enfers. »
Cette fois-ci, ce fut lui qui t'entraîna derrière lui. Il était plus confiant sur le sol que sur la glace, et si tu devais être très honnête, tu préférais le voir avec cette flamme déterminée brûlante dans ses pupilles plutôt qu'avec l'incertitude qui l'avait pris une fois qu'il eût réalisé que la glace n'était pas aussi amicale que le gazon sur lequel vous jouiez.
Ta main dans la sienne, tu laissas ta tête reposer contre son épaule.
« Merci d'être venu.
Il eut l'air étonné ; cligna des yeux bêtement avant que ses lèvres ne s'étirent.
— J'ai envie de passer du temps avec toi. Me remercier n'est pas vraiment nécessaire. Mais je t'avoue ne pas réellement vouloir retenter la patinoire !
— Je comprends ! Mais de toute façon, on s'en fiche de la patinoire ! Il y a plein de choses qu'on peut faire ensemble, que je veux faire avec toi !
— On a que deux semaines, te rappela-t-il.
— Tu penses qu'on ne sera pas ensemble, pour ce qui suit ?
— J'ai hâte de savoir.
Tu lui lanças un sourire affirmé.
— Moi aussi.
— Mais dans tous les cas, souffla-t-il. Il ne te regardait plus, fixait l'horizon, le ciel. Peut-être même l'avenir. Son avenir, votre avenir. Sa détermination était toujours aussi sans faille, et tu l'admirais, On aura tout le temps du monde après le Blue Lock.
— Heh, tu ne pus t'empêcher de t'esclaffer, J'aime cette manière de penser. »
Votre histoire n'avait qu'à peine commencé.
NDA :
Isagi quand il se rend compte que la glace ça glisse :
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