2 | 'SORTIE ET ROUGISSEMENTS'

Isagi prit une grande bouffée d'air frais en arrivant dans Shibuya.

C'était bondé, les gens se bousculaient, et il n'était pas sûr du café dans lequel il était censé retrouver ses amis.

Mais peu importait, il était libre pour deux semaines, et il était prêt à en profiter au maximum. Respirer l'air pollué d'un des quartiers les plus peuplés de Tokyo était le premier point à cocher sur sa liste afin d'essayer de retrouver le semblant d'une vie normale, mais active. Il ne voulait pas perdre une seconde de cette liberté.

« Bachira ! Chigiri ! s'exclama-t-il quand il repéra enfin les couleurs singulières des cheveux de ses amis. C'était aussi pratique d'avoir des coéquipiers extravagants.

Ohh Isagi ! Bachira commença à lui faire des grands signes de mains à son tour.

T'es enfin là, Isagi, le salua Chigiri en souriant.

Y'a que vous ? questionna-t-il en s'asseyant à leurs côtés alors que Bachira commençait à développer une thèse sur son café qui était trop sucré pour son propre bien – il avait l'air de l'apprécier de cette manière.

On a contacté les autres mais ... Ça serait pas plutôt à nous de te poser cette question ? son ami était moqueur, ses coups d'œil suggestifs, et son sourire taquin. Chigiri savait, et savoir qu'il savait réussit à faire s'enflammer le visage d'Isagi.

En voyant son visage rubescent, Bachira éclata de rire.

Il m'a dit qu'il nous rejoindrait ici, maugréa-t-il, le regard soudainement rivé vers son téléphone.

Pourquoi t'es timide comme ça ? se moqua Chigiri, T'étais pas timide hein, quand il t'a avoué qu'il t'aimait.

— Tais toi, ce fut un Isagi aux couleurs cramoisies qui laissa alors sa tête buter contre la table en bois. Bachira commença à s'étouffer de rire alors que Chigiri sentait ses épaules commencer à trembler tant la réaction de son ami le faisait rire, Ça me dépite déjà assez de savoir que Rin a tout entendu, et qu'il a décidé de tout balancer ...

— Il devait vraiment t'en vouloir pour faire ça, j'ai rien compris quand j'ai reçu la vidéo, Bachira était au bord des larmes. Devant son fou rire, Isagi grimaça.

Alors, vu t/p, t'aurais pas pu garder ça caché très longtemps, renchérit le rose en pouffant.

T'abuses ! Je suis sûr que ça sera pas si terrible. »

Chigiri allait reprendre, prêt à rire à gorge déployée une fois encore, mais il n'eût pas le temps de continuer à se moquer. Sous ses yeux, dans le dos d'Isagi, tu arrivas en courant.

« Hey les gars !! tu sautas sur le dos de ton petit ami, qui manqua de s'étouffer sous la force du choc, Yoichi !

— T/p ! s'étonna-t-il en se retournant vers toi.

Toujours accoudé sur le dossier de sa chaise, tu lui adressas un sourire affectueux.

Coucou Yoichi. »

À peine étais-tu arrivé que tu te sentais déjà perdu dans ses yeux. Ton sourire fut retourné, et la manière dont ses iris semblaient embrumées à ta simple vue te retourna l'estomac. Tu sentais ton cœur s'emballer, et tu fus forcé de déglutir pour essayer de garder ton calme. Il se redressa un peu de sa chaise, et, par instinct, tu te penchas vers lui. Ses yeux déjà à moitié clos finirent par totalement ignorer le monde réel alors que ses lèvres touchèrent enfin les tiennes. Et le temps de ces quelques secondes, tu décidas aussi de fermer les yeux sur la vie qui continuait son cours autour de vous.

« Ça sera pas si terrible, hein ... répéta Chigiri. Sa voix était morne, presque ennuyée, et tes yeux se rouvrirent en un instant. »

Tu te décalas assez brusquement de Yoichi pour l'observer. Une moue monotone plantée sur le visage, sa tête reposait lassement dans le creux de sa main. À tes côtés, Isagi sembla s'indigner.

« Ce– C'est parceque vous êtes déjà au courant !

— De quoi vous parliez ? t'inquis-tu en tirant une chaise pour t'asseoir proprement.

De votre claire incapacité à cacher cette nouvelle relation.

— Eh– tu allais commencer à le contredire, mais réalisas que tu n'avais pas grand chose à dire pour ta défense. Piteux, tes lèvres finirent par se pincer.

Moi j'avoue que je ne m'y attendais pas, mais vous êtes mignons ! renchérit Bachira, frivole. Il n'avait pas l'air de prendre conscience que chacune de ses remarques noyaient un peu plus Isagi dans son embarras, Toujours tous rouges tous les deux ! J'espère que vous resterez pas toujours aussi coincés, même si ça serait bien drôle !

— Stop, Bachira, souffla Isagi. Son visage était dorénavant enfoui entre ses mains.

Faut comprendre en même temps, on pensait avoir une intimité nécessaire pour commencer un truc normal, et on revient dans le Blue Lock deux heures après pour apprendre que Rin a enregistré toute notre conversation par rancœur et l'a envoyée à tout le monde.

— Ça aussi c'était archi drôle.

— Non ! Isagi commença à geindre, dépité.

Isagi. Je t'aime Isagi, Chigiri posa une main sur son cœur d'une manière mélodramatique, et trop forcée alors qu'il commençait à t'imiter.

Arrêtez ! te plaignis-tu. Ton visage allait finir par tourner au pivoine à son tour, s'ils continuaient comme ça.

On blague, mais vous inquiétez pas ; les gars forceront pas comme nous. C'est juste drôle de voir deux coquelicots en face de nous, là, il arrêta rapidement ses mimiques pour vous sourire plus tendrement.

Nagi était pas censé venir aussi ? Bachira fut rapide à rebondir.

Isagi dégaina son téléphone en un éclair.

Et bien ... Il dit qu'il ne s'est pas réveillé. Mais il devrait bientôt arriver. »

Alors que Megumi commençait à rire de son manque de ponctualité, et que Chigiri aperçut sur la terrasse derrière vous vos autres camarades du Blue Lock, la vie sembla reprendre son cours. En rejoignant le groupe d'adolescents non loin de vous, personne ne prêta attention à ta main entrelacée avec celle d'Isagi. Et personne ne sembla porter un quelconque jugement sur la manière dont son pouce venait caresser le dos de ta main doucement. La vie continuait, votre vie continuait, comme si de rien n'était.

Ils avaient beau ne pas tous avoir été mis au courant par l'enregistrement vocal délibéré de Rin, il n'y eut pas besoin de questions pour que le groupe comprenne à quel point votre situation avait changé.

Alors que tu manquais de tirer une fléchette dans Reo – la cible piteusement ratée de quelques mètres – tu réalisas bien que le monde se fichait de savoir que toi, aussi masculin et défini que tu puisses être, sortait avec un garçon. Ton monde s'en fichait, et tu te demandas alors à quel moment de ta vie tu avais commencé à douter de tes propres coéquipiers. Cependant, tandis que Reo t'attrapait par le col et te menaçait d'avoir voulu l'assassiner d'une fléchette soit-disant malencontreusement lancée, tu te voyais mal leur dire à quel point tu étais heureux de les avoir comme amis.

Peut-être que Reo ne te considérait pour autant plus comme son ami, après la frayeur qu'il venait de subir.

C'était la première fois que tu t'essayais aux fléchettes : on ne pouvait pas te blâmer pour ne pas être capable de réussir du premier coup, ou d'être aussi doué que Yukimiya !

« T/p ... J'y ai beaucoup réfléchi tu sais et ... commença Yoichi à tes côtés. Il était assis, les coudes posés sur ses cuisses, les mains croisées devant son visage. Ses yeux étaient plissés ; sa réflexion presque théâtrale te fit rire. »

Plus loin devant vous, vos coéquipiers s'énervaient devant la seule quille encore debout suite au lancer d'Otoya. Karasu était prêt à se lancer en avant pour la faire tomber lui-même.

Depuis ton siège, tu leur jetas un coup d'œil concerné avant de reporter ton attention vers Isagi.

« Et ? tu l'incitas à continuer.

Et je pense que la raison pour laquelle personne n'a fait d'histoire, c'est parcequ'ils y sont trop habitués.

Un silence.

Il semblait trop perdu dans ses réflexions et sa logistique pour remarquer ton absence de réaction, tant tu étais éberlué.

Quoi ? finalement, tu gloussas, Comment ça ?

— Rin a joué aux cons, c'est pour ça qu'on est à découvert. Mais je suis persuadé que y'en a d'autres, des couples. C'est pour ça qu'ils sont si peu choqués.

— Yoichi ... soupiras-tu, T'es très doué sur le terrain, mais quand il s'agit de repérer des signes d'attirance, t'es à côté de la plaque.

— J'avais remarqué que tu m'aimais ! il se retourna vers toi, presque scandalisé par cette outrageuse diffamation.

Tu l'as remarqué sur le moment.

— J'avais tout vu, et tout est juste devenu plus clair en te voyant bredouiller pour essayer de m'avouer tes sentiments.

— Tu retournes notre confession contre moi ?

— J'oserais pas, murmura-t-il. Il attrapa tes mains et les prit dans les siennes.

Tu veux qu'on fasse une chasse aux gays ? J'en ai déjà deux en tête, tu sais, sur le même ton feutré, tu restas dans le plus grand des calmes, alors que les lèvres de ton petit ami se pincèrent pour s'empêcher d'éclater de rire.

N'importe quoi !

— Tu veux qu'on déniche les couples ?

— C'est lunaire ! s'exclama-t-il en riant. Pourtant, il y avait tout de même cette lueur de malice rare dansante dans ses pupilles, Mais j'accepte. »

Sans rien rajouter, tu souriais tellement que tu en avais mal aux joues. Il décida de planter un simple baiser sur tes lèvres avant de se redresser suite aux appels exaspérés de Baro. Incapable de réagir, tu restas assis bêtement, regardant Isagi trottiner piteusement et s'excuser de ne pas avoir réagi plus tôt. Il se grattait l'arrière de la nuque et souriait nerveusement, et, te lançant un dernier regard, t'offrit un ultime sourire avant de se faire agresser par Baro qui lui fourrait une balle de bowling entre les mains pour le pousser vers la piste l'instant d'après.

« Ça me dégoûte presque, de voir autant d'amour dans l'air. »

Tu fus coupé dans tes rêveries par la lourdeur d'Aiku qui sauta dans le siège à côté du tien, celui où était précédemment assis Yoichi. Les muscles tendus, ta tête réussit à se tourner mécaniquement vers lui ; tu avais l'impression de pouvoir sentir ton cou grincer à chacun de tes gestes tant tu étais mal à l'aise.

« Ne me regarde pas comme ça, je rigole, il leva les mains au ciel en signe de défaite, Je suis juste un peu attristé de voir que les plus jeunes réussissent à se rouler des pelles beaucoup plus facilement que moi.

— T'as deux ans de plus ... marmonnas-tu, peu convaincu par son argumentaire. Tu pointas un doigt accusateur vers son torse, En plus, si tu t'y prenais avec une fille à la fois, tu n'aurais peut-être pas ce problème.

— Je ne suis pas venu ici pour qu'on me décrive mes défauts, s'emballa-t-il en secouant la tête, se relevant aussi vite qu'il s'était assis.

C'est ça, raillas-tu. Tu ris doucement, trop sarcastique pour ton propre goût.

Je voulais juste féliciter les jeunes mariés, c'est tout.

Les yeux écarquillés à cette soudaine déclaration, tu manquas de t'étouffer avec ta propre salive. Tu lui lanças un coup droit en pleine épaule en guise de réprimande.

Ça va pas, de dire des choses comme ça ?! Retourne dans ton équipe, vil vilain ! »

Face à ton manque de mots, il éclata de rire, sa tête partant vers l'arrière, laissant saillir sa pomme d'Adam alors qu'il enfouissait ses mains dans ses poches. Il repartit nonchalamment, ignorant qu'il venait de te laisser pantois. T'empêchant de sombrer dans tes pensées, la chute de Nagi te ramena à la réalité brutalement. En voyant le chaos menant à sa réussite, un soupir satisfait quitta tes lèvres.

Tu allais les rejoindre quand ton téléphone vibra. Empêché de te mêler aux célébrations, tu t'éloignas pour décrocher.

« Allô ? Maman ?

— Tu rentres bientôt ? pas un bonjour. Sa voix grésillante résonna contre ton oreille, te faisait grimacer, te donnait envie de raccrocher.

Ça ne fait que trois heures que je suis parti, tu bougonnas, plaintif.

Ça fait plusieurs mois qu'on ne t'a pas vu ! Tes amis, tu les reverras au Blue Lock, pas nous !

Tu avais envie de lui dire que tu étais loin de pouvoir tranquillement discuter avec tes proches durant les dures journées passées au Blue Lock. Tu avais envie de lui dire que ça n'allait pas être au Blue Lock que tu allais pouvoir jouer au bowling, partager des potins et en apprendre plus sur leur vie personnelle. Tu avais envie de lui dire que ce n'était pas au Blue Lock que tu allais avoir l'occasion de passer du temps avec Isagi ; tenir sa main, l'embrasser, te coller contre lui et partager des moments intimes.

Mais tu ne pouvais pas réellement le lui dire.

J'arrive, en un soupir défaitiste, tu baissas la tête. »

Tu raccrochas sans lui répondre au revoir, et amèrement, gardas le regard rivé vers l'écran maintenant éteint de ton téléphone. Sombre, sans vie. Tu n'avais pas envie de finir comme ça. Tu préféras ne plus l'examiner plus longtemps, et le fourra dans la poche arrière de ton sac.

« Oh, t/p, tu t'en vas ? en te voyant ranger tes affaires et te rhabiller de ton manteau, Chigiri s'était retourné vers toi.

Pas le choix, tu savais que le venin était discernable dans ta voix, et tu t'en maudissais, Ma mère veut que je rentre dès maintenant.

— Heein, mais je voulais passer la soirée avec tout le monde ! geignit Bachira. »

Tu lui lanças un sourire attristé, et un haussement d'épaule qui signifiait tout simplement « c'est la vie ». Tu tournas ton attention vers Isagi, et lui fit un signe d'au revoir de la main.

« Tu viens demain, hein ?

— Oui. À demain, te répondit-il simplement. C'était suffisamment sûr pour te soulager, et tu tournas les talons. »

Tu n'eus pas à subir les paires d'yeux inquisitrices suite à la manière dont vous aviez subtilement fait comprendre qu'il viendrait chez toi le lendemain. Isagi, dans sa solitude, préféra ignorer toutes les questions déplacées, pressées, en se dirigeant vers les toilettes, le visage rouge.

Il commençait à penser qu'il rougissait de trop.

NDA :

Rin après avoir balancé à la majorité des gens la confession de t/p et Isagi

La daronne de t/p quand elle apprend qu'il est quelque part avec ses amis :




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