Chapitre 57 - Adélaïde
29 Septembre 2012
Percy et moi restons silencieux un long moment, regardant nos pancakes refroidir. Non. Il ne faut pas nous laisser aller ainsi. Toussotant, je me lève et débarrasse la table, nous préparant un panier repas chacun avec ce qui était censé être notre petit déjeuné. Me retournant, je remarque l'enveloppe toujours intact sur la table. Percy n'a pas bougé et semble ailleurs. Doucement, je m'approche de lui et glisse ma main dans ses cheveux. Ce geste le ramène à la réalité et il m'adresse un petit sourire.
-Bon, soufflé-je, tu nous l'ouvres cette lettre ?
Je récupère l'enveloppe et lui tends. Cela aura au moins le mérite de briser la glace. Parfois, je me demande si j'ai bien fais de tout lui dire, de ne pas garder cette grossesse et cette perte pour moi. Peut-être que tout aurait été plus simple si je n'avais rien dis ? Ou peut-être n'aurais-je simplement pas dus lui parler du test ? Je ne sais pas. Je ne sais plus. Il est tellement à cheval sur le fait de ne rien dissimuler, que je ne sais plus vraiment ce que je peux lui confier ou pas. Du moins, sur le plan personnel...Mes recherches concernant Jacob et Flint ne sont pas complètement là pour assouvir ma vengeance. Elles servent aussi à mettre deux dangereux mages noirs hors d'état de nuire. En ce sens, il ne peut m'en vouloir de ne pas tout lui dire...Je sais, je n'y crois pas moi-même, mais on verra le moment venu. De toute manière, ce n'est pas comme si j'allais les retrouver demain.
-C'est...une invitation, m'informe Percy en parcourant les quelques lignes de la lettre, une invitation pour...commémorer les quinze ans de la victoire sur....
-Voldemort, finis-je tandis que Percy grimace, ne me dis pas que tu as encore peur de prononcer son nom ?
Je le regarde avec amusement tandis qu'il nie en balbutiant. L'un de mes plus grands regrets est de ne pas avoir pu participer à cette bataille. J'étais encore fragile après mon séjour à Saint Mangouste, et je commençais à peine mon travail en temps qu'Aurore, alors que bon nombre de mes camarades de classe avaient déjà entamés leur carrière depuis quatre ans. Je me rappelle comme si c'était hier de la conversation que j'avais eu avec Andromeda et Nymphadora. La première m'interdisait carrément d'y aller. Elle supposait que j'allais tout faire pour me faire tuer. Elle tentait même de jouer sur l'affectif en me disant que Guilian avait besoin de moi et que je n'avais pas le droit de l'abandonner, que j'étais tout ce qu'il lui restait. A l'époque, j'étais persuadée qu'il s'en sortirait bien mieux sans moi. Et les arguments de la vieille femme glissaient sur moi comme de l'eau. Ce fut Nymphadora qui me convainc de rester sagement en arrière. Elle avait joué sur la corde sensible. De mère à mère. Elle savait tout de la détresse dans laquelle m'a fausse couche m'avais mis. J'avais tant pleuré sur son épaule à l'époque... Quand au professeur Lupin, et bien... Je n'ai jamais vraiment eu l'occasion de lui parler en vérité. Je ne le connaissais pas tant que ça. Il était toujours en retrait quand ils venaient voir Andromeda, comme si il ne se sentait pas de leur famille. A l'époque, je n'étais pas convaincue par la rumeur selon laquelle il était un loup-garou. Quoi qu'il en soit, je lui ai fais la promesse de veiller sur sa mère et sur son fils. Finalement, c'est Andromeda qui a veillé sur moi, qui m'a porté à bout de bras pour que je remonte la pente. Quand j'ai appris sa mort...Je me suis fais la promesse que si j'arrivais à devenir Auror, je ne laisserai plus jamais filer le moindre mage noir.
Puis, les temps ont changé, Harry est devenu Auror, puis chef. Il a fait fusionner les Aurores et Brigade d'élite des tireurs de baguette magique afin de ne faire plus qu un seul groupe d Aurores. Les membres de l'ex-brigade ont alors suivi une formation accélérée pour apprendre le métier d'Auror. Personne ne pensait que ce projet allait donner de bons résultats, et pourtant...Le taux de criminalité de petite comme de grande envergure n'a fait que diminuer depuis. Mais le monde ne sera jamais sur. Du moins pas tant que d'anciens mangemorts restent introuvables. Je les retrouverai. Je les retrouverai tous et....
-Adélaïde ? Tout va bien ?
Je cligne des yeux et remarque les larmes qui en coulent. Je les essuie me dégageant plus brusquement que je ne l'aurais voulu des bras de Percy. Un voile de tristesse obscurcit son regard quelques secondes.
-Oui, ça..ça va. Je suis désolée, j'étais perdue dans mes pensées. Dans...des souvenirs. Tu disais ?
-Je...disais que...que ce serait bien d'y aller ensemble. Tu en penses quoi ?
Percy se mord la lèvre et je réalise qu'il se retient de me questionner. Une douce chaleur me réchauffe la poitrine en comprenant les efforts que cela lui coûte de changer de discussion, de ne pas insister pour en savoir plus. J'acquiesce, chassant mes mauvaises pensées et tentant de me focaliser sur cette super soirée.
-J'adorerai venir avec toi.
Nous terminons rapidement de nous préparer puis transplanons au ministère. Après un dernier baiser, nous nous séparons. Percy ayant une réunion de service en fin de matinée, nous ne pourrons pas déjeuner ensemble. J'ai donc deux heures de libres pour faire tout ce que je désire. Tout en allant à mon bureau, je me fais déjà mon petit planning. Dés que j'aurais fini de faire mes rapports, je mettrai ce temps à profit pour éplucher une nouvelle fois tout ce que j'ai concernant Flint et Jacob. Je suis sure que je découvrirai quelque chose. Il ne peut en être autrement. Je dois les retrouver. A tout prix. J'entre dans mon bureau et referme la porte derrière moi. Je frissonne et m'empresse d'aller fermer la fenêtre. L'automne commence, et même si la pluie n'est pas au rendez-vous ce matin, la fraîcheur nous fait clairement comprendre que le temps des petites robes à bretelles est terminée. Enfin ! Je souris, heureuse à l'idée de pouvoir cacher mes cicatrices sans devoir trouver des excuses pour mettre des pull. Je prends une grande inspiration, sentant mon moral remonter en flèche.
Du coin de l'œil, j'aperçois du mouvement et me retourne juste à temps pour voir un énorme papillon se métamorphoser en une élégante femme à la chevelure blonde comme les blés. D'un geste, je récupère ma baguette et la pointe sur l'inconnue qui lève doucement les bras, laissant retomber sa propre baguette qui roule jusqu'à la porte de mon bureau.
-Qui êtes-vous ? Demandé-je, tendue.
-Vous êtes Adélaïde Bercley, n'est-ce pas ?
-Cela dépend de qui la demande. Je ne le répéterai pas une troisième fois, qui êtes-vous ?
-Je m'appelle Elen Bronx. Je...Je suis la femme de Jacob. C'est...Il faut que vous m'écoutiez, c'est important.
A son nom, je sens mon sang bouillir et appuie ma baguette sur la gorge de la dénommée Elen. C'est un piège. Je le sens. Malheureusement pour cette Elen, ou quel que ce soit son véritable nom, en à peine une phrase, elle vient de commettre une grave erreur.
-Pourquoi devrais-je vous écouter ? Je devrais plutôt vous arrêter de suite.
-Il m'avait bien prévenue que vous démarriez au quart de tour, mais je ne m'attendais pas à...Aie, vous me faites mal !
-Réponse. De suite. Ma patience a des limites.
-Jacob, il...il m'a envoyé pour vous demander de l'aide. Il a besoin de vous.
-Besoin de moi ? Ricanné-je tant la situation me semble irréaliste, pourquoi faire ? Et même si c'était vrai, pourquoi enverrait-il sa...femme ? Sérieusement ? Vous n'avez rien trouvé de plus grossier ? Jacob est gay ! Maintenant dites-moi la...
-Merci, je suis au courant ! Me coupe l'intrépide Elen, si tout les mariages se faisaient par amour, ça se saurait !
Je renifle, hésitant entre mon envie de la faire exploser de suite et ma curiosité malgré le piège flagrant dans lequel elle tente de m'entraîner. Mais si c'est moi qui mène la barque, je peux bien retourner le piège, non ?
-Je vous écoute. Mais si votre demande ne me convient pas, je vous fais exploser vite fait bien fait, compris ?
-Limpide, mais pourriez-vous retirer votre baguette de ma gorge ? Ce n'est pas facile pour parler, vous savez ?
Je me décale légèrement et lui fais signe de commencer.
-Jacob. Il m'a envoyé vous voir car il a besoin de s'infiltrer au ministère afin de récupérer une prophétie le concernant.
Je la regarde, et jette un coup d'oeil autour de moi, m'attendant à voir mes collègues surgirent et me dire qu'ils m'ont bien eu tant la demande de cette femme est risible. Le centre des prophéties a été reconstruit à peine quelques mois après la chute de Voldemort et, depuis, ne fait que se remplir. Personne n'a l'autorisation de s'y rendre. Pas même Harry Potter. Kingsley a lui-même fait en sorte que ces prophéties ne puissent pas être facile d'accès. Chaque personne de l'ordre du phénix, de l'armée de Dumbledore et du magenmagot a posé des pièges et des sortilèges de façon à empêcher quiconque d'entrée dans la salle aux prophéties. Et là, Jacob et sa secrétaire particulière viennent me demander la bouche en coeur de leur ouvrir la voie ? Même si je le pouvais, pourquoi le ferais-je ? Qu'est-ce que j'y gagnerais ? Comme pour répondre à ma question, Elen reprend avec précipitation :
-Nous avons des informations sur Marcus Flint. Vous le recherchez, je le sais. Il prévoit une attaque le premier Octobre sur l'école de Beauxbâtons. Je ne sais pas exactement le plan, mais selon ses dires, cela sera assez conséquent pour ébranler le nouvel équilibre que les différents ministères ont réussi à recréer.
Une attaque de grande envergure ? Je me mords la lèvre, ne sachant que faire de cette information. D'un côté, je peux très bien boucler Elen et prévenir de l'attaque. Mais l'affaire Jacob et Flint sera reprise et je ne pourrai plus du tout y mettre mon nez. De l'autre, si je la relâche, j'ai peut-être une chance de tenir ma revanche. Elle peut me conduire directement aux deux hommes. Avec un peu de patience...L'idée de leur faire subir ma fureur prend le pas sur tout le reste. Le feu qui me consume depuis dix-sept ans ne fait que s'agiter un peu plus au fond de moi.
-Ok, réponds-je,je vais faire vérifier l'info. Revenez me voir le 2 à l'aube. Ici. Si l'info que vous venez de me donner s'avère véridique, je marcherai dans votre combine. Mais si vous essayez de me doubler, je vous garanti que vous le regretterez amèrement. De plus, si j'accepte de vous aider à récupérer cette prophétie, je veux y aller avec Jacob. Et uniquement Jacob, est-ce clair ?
La femme acquiesce, certainement sous la menace de ma baguette qui a sagement repris sa place sous sa gorge.
-Je vous recontacte rapidement, m'informe-t-elle avant de se métamorphoser et de disparaître par la fenêtre.
J'abaisse la baguette, tremblante. Ma poitrine me brûle, mélange de colère, d'adrénaline et de douleur. Je me laisse glisser sur le sol et me prend la tête entre les mains. Qu'est-ce qui m'a pris ? M'infiltrer au ministère ? Voler une prophétie ? Si je me fais prendre, ce n'est pas qu'un simple avertissement que je risque...
Je me redresse et remets de l'ordre dans mes vêtements. Je dois aller voir Harry. Je vais traiter les informations au cas par cas. La priorité, c'est cet attentat qui doit avoir lieu. Je traverse rapidement le couloir et toque au bureau du survivant qui m'invite à entrer.
-Bercley ? Que me vaut ce...plaisir ?
Je sens dans le ton de sa voix qu'il craint le pire. Généralement, quand je me présente de moi-même dans son bureau, c'est pour lui signaler qu'il faut faire le ménage derrière moi après une mission particulièrement risquée, ou bien que mon coéquipier doit faire un séjour à Saint-Mangouste par ma faute, ou qu'un suspect ne pourra pas être interrogé car j'ai été un peu trop...enthousiaste à l'idée de lui faire avouer ses crimes. Tout en cherchant comment formuler ma requète, je commence.
-Salut Ha...Je veux dire, bonjour monsieur Potter. Je...Un de mes informateurs vient de me contacter. Il...Il m'a dit qu'il allait y avoir une attaque sur l'école de magie de Beauxbâtons le premier Octobre. Selon lui, cette attaque serait, je cite : « sera assez conséquent pour ébranler le nouvel équilibre que les différents ministères ont réussi à recréer. » . Je ne sais pas si on peut s'y fier, il n'a pas pu m'apporter de preuve de ce qu'il avance. Mais dans le doute... De plus, Flint en serait l'investigateur.
J'hausse les épaules, espérant cacher ainsi mes tremblements. Harry me regarde, bouche bée, et j'ai peur l'espace d'un instant qu'il ait lui-même perdu tout ses moyens. Mais il se reprend rapidement et me dit :
-Je...Merci mademoiselle Bercley. Je vais de ce pas contacter le premier ministre et prendre contact avec Beauxbâtons, ainsi que les Aurores français. Vous pouvez y aller.
J'acquiesce et commence à m'éclipser quand Harry m'interpelle de nouveau :
-Et Adélaïde, je te remercie. Je te remercie de...De ne pas avoir voulu t'en occuper toute seule. Je sais que tu prends le cas Flint particulièrement à coeur, et à raisons. Mais, tu n'es pas seule à lutter contre lui. Sache-le.
J'ouvre la bouche et la referme aussitôt, mal à l'aise. Je ne peux pas empêcher seule cet attentat, c'est la seule raison pour laquelle je lui en parle, et non pas parce que je deviens soit disant raisonnable. De plus, les probabilités pour que Flint soit présent lors de cette attaque sont très minces. Il enverra certainement des gens faire le sale boulot pendant qu'il se planquera dans son petit trou à rat, à des kilomètres de la France. J'adresse un sourire à Harry et quitte son bureau, culpabilisant légèrement de lui cacher certains informations. Mais je n'ai pas le choix, ma vengeance est prioritaire.
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