Chapitre 56 - Percy

29 Septembre 2012

-Marions-nous.

Ces deux petits mots m'ont échappé avant même que j'en prenne conscience. Pourtant, je les pense. Je la veux mienne, pour toujours. C'était le cas il y a dix huit ans, et c'est de nouveau le cas aujourd'hui. Je veux prendre soin d'elle. Je veux me réveiller chaque matin à ses côtés, m'endormir chaque soir dans ses bras. Je veux tout ce que j'aurais dus lui offrir des années auparavant. Adélaïde ne bouge pas et je m'aperçois qu'elle s'est endormie. Comme la dernière fois. Le schéma se répète et j'ai un mauvais pressentiment.

Je soupire, exaspéré par ce foutu timing qui semble se moquer royalement de moi. D'un autre côté, ce n'est peut-être pas plus mal ainsi. Je n'ai pas de bague, ni aucune préparation. Cette demande est finalement bien pathétique. Non. Je dois faire mieux. Plus tard, quand le moment sera venu.

Doucement, je me redresse, prenant garde à ne pas réveiller ma douce. Je la regarde. Ses cheveux noirs éparpillés sur l'oreiller, la courbure de son sein aplati sur le matelas, sa respiration lente et régulière. A la voir ainsi, j'ai l'impression que l'on a remonté le temps. Elle semble si fragile, si vulnérable et en même temps si apaisée. Elle ne semble pas faire de cauchemars pour une fois. J'en suis heureux.

-Je t'aime, lui murmuré-je avant de me lever.

Discrètement, je vais m'installer au salon et récupère quelques dossiers. J'ai une affaire à traiter demain et j'ai besoin d'avoir toutes les pièces en main pour la mener à bien. Mais je n'arrive pas à me concentrer. Mes pensées vont dans tous les sens, comme un film de ma vie en marche arrière. Épuisé, je finis par me laisser aller contre le dossier du canapé et ferme un instant les yeux.

Je me revois déposer Molly et Lucy au train les emmenant à Poudlard. Mes bébés qui grandissent tellement vite. On s'est écrit chaque semaine ce mois-ci, mais je trouve que ce n'est jamais assez. Elles me manquent. Pour la première fois, je comprends ce qu'a pu ressentir notre mère une fois que Ginny était entrée à Poudlard. Ce vide immense et ce besoin impérieux de nous chouchouter dés qu'on rentrait à la maison. Je regrette de ne pas avoir été plus gentil et plus à l'écoute durant toutes ces années. J'étais tellement, tellement stupide. Je crois que je ne me le pardonnerai jamais vraiment. Et Fred...

Je plisse les yeux tandis que les rayons du soleil m'aveuglent. Je me redresse doucement, le dos en compote, et me demande un instant pourquoi je ne suis pas dans mon lit. Émergeant, je réalise que j'ai dus m'endormir sur le canapé. Une couverture tombe sur le sol. Je ne me rappelle pas d'être allé en chercher une, pourtant. Mon ventre grogne tandis qu'une douce odeur me parvient.

Je me lève et m'étire, faisant craquer toutes mes articulations avec bonheur. Arrivé dans la cuisine, j'observe Adélaïde s'affairer aux fourneaux. La jeune femme m'a piqué un pull rouge dans mon armoire. Un des pull que ma mère a tricoté. De mémoire, le P de mon prénom y est brodé en jaune. Je ne l'aimais pas à l'époque, trouvant que ce rouge faisait ressortir ma laideur. Mais je l'ai tout de même conservé, comme chaque cadeau que ma mère m'a offert. Adélaïde se retourne, une poêle à la main et m'adresse un large sourire. Ce pull lui va merveilleusement bien, faisant ressortir la noirceur de ses cheveux. Ces derniers, emmêlés, lui donnent un côté sauvage. Ses yeux bleus brillent d'une lueur malicieuse que je désespérais de revoir un jour. Ses jambes, nues et longues me donnent envie de les caresser, et mon imagination quand à ce qu'elle porte ou non sous ce pull, me donnent des envies qu'on n'aura jamais le temps d'assouvir si on veut être à l'heure au travail.

- Pancakes ? Me demande-t-elle en déposant une assiette pleine à craquer et le sirop d'érable sur la table.

Je la rejoins et dépose un baiser dans son cou. Finalement, je n'ai plus si faim que ça. Doucement je fais glisser mes mains jusqu'à ses jambes et les remontent de façon à les passer sous son pull tout en parsemant son cou de légers baisers.

-Hum, j'adorerais pouvoir retourner sous la couette avec toi, mais je dois partir dans vingts minutes.

-C'est largement suffisant, soufflé-je à son oreilles la faisant frémir.

Je la retourne et ramène ses jambes autour de mes hanches. Alors que je l'embrasse à pleine bouche, j'entends son ventre grogner bruyamment.

-C'est bon, t'as gagné ! Soupiré-je en posant ma tête sur son épaule alors qu'elle éclate de rire.

Je la relâche à contre coeur et nous passons à table. Cinq minutes plus tard, trois hiboux viennent toquer à notre fenêtre. Je récupère le chicaneur et la gazette du sorcier et paye les hiboux puis je récupère la lettre du troisième. Il s'agit d'une lettre de Poudlard. Fronçant les sourcils, je la montre à Adélaïde avant de revenir m'installer à ses côtés.

-Depuis cet entrevu avec la directrice, j'ai peur de découvrir le contenu des lettres de l'école, soupiré-je en grimaçant.

Bien évidemment, j'ai raconté ce qu'il s'était passé avec Molly à Adélaïde. J'étais tellement contrarié que je ne pouvais garder cela pour moi. Je contemple l'enveloppe posée sur la table, n'osant y toucher.

-Ne me dis pas que tu as peur d'une si petite enveloppe ? Ricane ma compagne, crois-moi ce n'est jamais pire que ce que l'on imagine. Du moins quand on s'attend à se faire réprimander pour les conneries de nos...enfants.

Je fronce les sourcils. Pourquoi a-t-elle hésité à la fin de sa phrase ? La regardant, je me rends compte qu'elle se dandine légèrement, apparemment stressée. Tout semblait aller parfaitement jusqu'à maintenant, alors je n'arrive pas vraiment à comprendre ce changement d'attitude. Est-ce cette lettre qui lui rappelle de mauvais souvenirs ? Notre fils... Oui. Bien sûr que c'est ça. Elle a pu vivre tout ça à travers Guilian bien sûr, mais il ne remplacera jamais tout ce qu'elle...ce qu'on a jamais pu vivre avec notre fils. Rien que d'y penser, je sens de nouveau la douleur me poignarder en plein coeur.

-Mon coeur...

-J'ai fais un test, me coupe-t-elle subitement.

Un test ? Quoi, elle veut reprendre ses études ? Je ne comprends pas. Elle est pourtant la meilleure dans son travail et c'est ce qu'elle a toujours voulu faire. Alors pourquoi veut-elle faire un..oh...OH ! J'écarquille les yeux et ouvre la bouche, à court de mots. Mon regard passe de son visage jusqu'à son ventre tandis que mon coeur s'emballe. Bien sur, on parle d'enfants, il ne peut s'agir que de ce genre de test ! Je reste silencieux, attendant la suite, fébrile. Je vais avoir un bébé. Je vais être papa une nouvelle fois. Fille ou garçon, peut importe. Mais quand a-t-elle fait ce test ? Pourquoi ne m'en a-t-elle pas parlé de suite ? C'est vrai qu'on a pas vraiment discuté de l'avenir ensemble. Mariage, enfants...C'est pourtant évident que c'est ce que je veux, non ? Un bébé. Dans quelques mois, je serais de nouveau papa et...

- Percy, non. Ne...ne t'emballe pas. Je vois ton regard et...non. Je...Depuis ce que Flint...J'ai eu beaucoup de soucis à ce niveau-là. Rien de physique mais...Enfin disons que c'est un peu au petit bonheur la chance. Mais l'autre jour j'ai voulu voir, à tout hasard...mais...non. Ce que je veux dire c'est que...il est possible que je ne puisse jamais en avoir.

Elle a fait un test ? Sans me le dire ? Une pointe de colère monte en moi quand je comprends qu'elle m'a encore dissimulé la vérité, mais elle s'évapore rapidement face à l'annonce que je prends comme une gifle. Jamais d'enfants. Cela veut dire que nous ne pourrons jamais fonder une famille ensemble. Une part égoïste de moi me souffle que ce n'est pas grave puisque j'ai déjà la chance d'être papa de deux magnifiques filles, mais une autre part se meurt. Celle qui a déjà perdu un fils et qui doit désormais faire le deuil de tout ceux qui n'ont jamais été et ne seront jamais.

- Possible ? Demandé-je d'une voix enroué, me raccrochant à cet infime espoir.

- Je n'ai concrètement aucun problème, mais les médecins et les médicomages sont incapable d'en définir la cause.

Nous restons silencieux un moment, laissant les pancakes refroidir. La légèreté et le bonheur d'il y quelques minutes semblent déjà un lointain souvenirs. Ma poitrine me brûle de douleur. Doucement je prends les mains d'Adélaïde dans les miennes et acquiesce.

-Ok. Ce...Ce n'est pas grave. Tu es là, je suis là, Guilian, Molly et Lucy sont là. On...on peut trouver notre bonheur comme ça, non ? Demandé-je incertain.

Adélaïde acquiesce, peut-être de façon un peu trop précipité pour le penser vraiment. Nous essayons de nous en convaincre. Mais bien sur, c'est quand quelque chose nous ait interdit qu'on se rend compte qu'on en a désespérément envie. Une énorme croix vient sceller définitivement une partie de notre destin. Finalement, je n'ai plus si faim que ça.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top