Chapitre 53 - Adélaïde

20 Septembre 2012

L'herbe me chatouille les jambes tandis que je lance un regard vers le jeune homme allongé à mes côtés. Ce dernier m'adresse un signe de tête avant de reprendre son observation. Reposant mon regard à travers mes multiplettes, je soupire. Notre mission semble bien plus compliquée que prévu.

-Le tout, murmuré-je, c'est d'attendre le bon moment.

Je déglutis, lançant un regard en biais à Guillian. Le jeune homme semble concentré, le corps tendu et ne décolle pas son regard de notre objectif. Je suis tellement fière de lui et du chemin qu'il a parcourut, mais je ne peux m'empêcher de me demander si il sera à la hauteur. Peut-être est-ce trop tôt pour lui ? Peut-être ai-je eu tort de l'entraîner là-dedans ? Mais maintenant que nous sommes si près du but, il est hors de question de faire machine arrière. Non. Je n'ai plus qu'à lui faire confiance. Il le faut. C'est une question de vie ou de mort. Un crissement me tire de mes pensées et je me redresse subitement, tirant Guilian à ma suite. Non. C'est trop tard maintenant. Nous ne pouvons plus faire machine arrière.

-Maintenant ! Lui crié-je tout en le tirant vers l'avant.

Nous sortons au pas de course de notre cachette. Mon coeur pulse dangereusement tandis que nous courrons sans quitter notre objectif des yeux. Tenant la baguette fermement en main, je m'assure d'un coup d'oeil que Guilian en fait de même. Bien. Au moins, il n'a pas oublié le principal. Je l'entraîne sur la route, faisant abstraction des voitures volantes zigzaguant autour de nous et des vociférations des conducteurs courroucés. Ils ne comprennent pas l'enjeu. Si ils savaient...Mais je ne peux leur en vouloir. Nous ne vivons pas dans le même monde. Parfois, leur innocence me fait envie, mais quand je vois tout ce que j'obtiens à faire ce que je fais, je chasse vite ce sentiment de mon coeur.

Nous arrivons devant l'enseigne du magasin tandis que j'aperçois du coin de l'oeil une gerbe rouge foncer vers nous. D'un geste, je tire sur le col de Guilian, manquant de l'étouffer. Un maléfice cuisant passe à quelques milimètres de son nez avant d'aller s'écraser contre le mur de briques.

-Ces japonais ! Pesté-je en jetant un regard furieux au sorcier courrant devant nous, aucune galanterie.

Pointant ma baguette sur lui, je le regarde tomber au sol avec satisfaction. Dans ce genre de situation, le maléfice du saucisson est véritablement mon préféré. Mais je ne dois pas me déconcentrer. Tirant Guilian, je l'entraîne dans la boutique au doux nom d'Usagisan. Notre objectif est tout proche, mais il va encore falloir se battre pour l'obtenir. Le plus difficile reste à venir, et là, nous ne pourrons compter sur la magie. Si jamais ils nous voient avec une baguette en main, nous pouvons dire adieu à ce temple de la luxure. D'un même geste, nous rangeons nos baguettes avant de nous frayer un chemin à travers les rayons.

Usagisan est la boutique de friandises magiques la plus prisée du Japon. Tout le monde s'arrachent leurs confiseries. Malheureusement, c'est aussi la boutique de bonbons la plus chère que je connaisse. Même Honeyduck n'exagère pas autant sur leurs prix. Alors quand j'ai vu une annonce disant qu'ils bradaient tout à moins soixante dix pour cent, j'y ai vu une occasion à ne pas manquer. Me séparant de Guilian, je lui confie la lourde tâche de rafler tout ce qu'il peut du côté droit de la boutique tandis que je m'occupe du gauche. Ma tête tourne devant tant de friandises. Les grenouilles à la gomme, les produits Weasley, que je ne peux m'empêcher de prendre malgré que George me réapprovisionne régulièrement à l'oeil, les dragés surprises de Berty crochus aux goûts exceptionnels seulement vendus au Japon. Ces veinards n'imaginent même pas la chance qu'ils ont d'avoir des produits exclusivement nationaux. Alors que je pose ma main sur le dernier paquet de chocogrenouilles au feu de Magyar, je distingue d'autres doigts ne m'appartenant pas, tenant fermemant mon bien. Mon regard hargneux rencontre alors une paire d'yeux bleus étincelants qui m'observent avec froideur. Ni une, ni deux, je sors ma baguette et la pointe sur l'inconnu qui fait de même. Là, face au dernier paquet de dragés surprises, nous nous toisons. Chacun refermant sa prise sur un côté du paquet. Chacun enfonçant un peu plus sa baguette dans la machoire de l'autre.

*

-Elle t'a pas raté ! s'exclame Guilian en grimaçant.

-Ce sont les risques du métier Gui, soupiré-je, tu veux un dragé ?

J'ouvre le paquet de chocogrenouilles avec lenteur, savourant ma victoire. Guilian en pioche un tandis que j'en récupère un autre. Effectivement, le gôut n'a rien à voir avec la version que nous connaissons. Je ferme les yeux, laissant le feu se propager lentement dans mon corps, me faisant frissonner. Par curiosité, je regarde la carte qu'ils ont mis dedans. Il s'agit de Aïka Fujïmako, l'une des trois fondatrices de l'école.

-Tu la veux ? Demandé-je à Guilian en lui tendant la carte.

Le jeune homme me remercie, heureux de pouvoir compléter sa collection. Je le regarde un instant, attendrie, tandis que ses traits redeviennent, l'espace de quelques secondes, ceux d'un petit garçon. Nous avançons dans les rues jusqu'à trouver un endroit où nous poser. Je grimace en m'asseyant. J'ai mal partout et je rêve d'un bon bain relaxant.

-On rentre ? Proposé-je tandis que mon corps approuve cette proposition en craquant à chacun de mes mouvements.

Nous transplanons jusqu'à la maison où nous laissons notre butin en vrac avant de retourner au bureau en soupirant. Malheureusement, la journée n'est pas fini, et malgré cette parenthèse nécessaire, nous devons désormais nous atteler à la tâche. J'adresse un signe de main à Guilian qui retourne assisté Harry puis me dirige vers les salles d'interrogatoires.

August Bank m'attend déjà, fermement attaché au bureau. Je m'installe tranquillement face à lui et relis rapidement son dossier. L'homme, âgé de quarante ans, est un trafiquant de drogues que l'on essaye de coincer depuis un moment. Je regrette de ne pas avoir moi-même attrapé ce fumier, surtout en le voyant avec si peu d'ecchymoses sur le visage. Il en mériterait deux ou trois de plus...Bon d'accord, une bonne dizaine. Je me demande vraiment pourquoi Harry n'a pas voulu me confier le dossier. Il sait pourtant que je n'aurai pas perdu de temps en paperasses et l'aurait retrouvé bien plus rapidement. Qui sait à combien d'autres personnes il a eu le temps de refourguer ses merdes pendant que mes collègues suivaient les...procédures ?

-Bon. August Bank...commencé-je avec froideur.

Non. Je ne le laisserai pas s'en tirer. Il avouera. Peu importe les moyens employés. August Bank a fait bien trop de mal pour le laisser s'en sortir. Non content de revendre de la drogue, il s'est également pris pour un apprenti alchimiste et a fabriqué sa propre substance, mélangeant pour cela de la poudre de mandragore avec du venin de basilic. Si l'un des deux ingrédients se trouve facilement dans n'importe quelle boutique, le deuxième en revanche est formellement interdit et mortel. De plus, la drogue qu'il a réussi à fabriquer grâce à ces deux ingrédients rend ses consommateurs instables et dangereux.

Et pour cause, l'un de ses clients a été retrouvé mort il y a quelques jours. Et comme si cela ne suffisait pas, nous avons également appris que monsieur Bank ici présent avait commencé à distribuer sa substance chez les moldus. Non. Il ne faut pas qu'il s'en tire. Cet homme doit aller rejoindre une cellule d'Azkaban et y croupir jusqu'à la fin de sa vie.

La journée se termine rapidement et je pousse un soupire de soulagement en terminant de ranger mes affaires. Guilian m'informe qu'il va passer sa soirée chez un ami, et, après m'être assurée qu'il ne trompe pas sa copine, je le laisse partir. Je transplane jusqu'à chez moi, ayant pour seul objectif de me fondre dans un bain médicinal...Enfin...Non..Ce n'est effectivement pas la seule idée que j'ai en tête. Prévoyant déjà une soirée coquine, j'apparais dans l'appartement et me fige.

Percy se trouve dans le salon, face à moi, le visage pâle. Il me regarde silencieusement tandis que mes boyaux se contractent douloureusement. Que s'est-il passé ? Quelqu'un est mort ? Mon regard dérive vers la table où une feuille chiffonnée est posée négligemment.

-C'est quoi, ça ? Me demande-t-il sans plus de cérémonie, la voix tremblante.

Plissant les yeux, je reconnais avec effroi la photo que j'ai reçu quelques temps avant. J'avoue l'avoir complètement oublié, même si ma détermination a retrouver Jacob et Flint n'a fait qu'augmenter. Comment l'a-t-il découvert? Je grimace en relevant les yeux vers le jeune homme. Il ne va pas aimer. Mes cachotteries...Non. Il ne va pas aimer du tout. Mais peut-être que je vais pouvoir me défiler? Il ne doit pas être impliqué, c'est bien trop dangereux. Je le regarde, réfléchissant à toute vitesse à une excuse valable, me permettant de le maintenir à l'écart de tout ça.

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