Chapitre 49 - Adélaïde


15 Septembre 2012

-Bon, tu n'as pas oublié comment procéder ? Demandé-je à Guilian en sortant de chez Barjow et Beurk.

L'allée des embrumes a énormément changé depuis que Voldemort a été définitivement tué. Bien que du trafic douteux continue de s'y passer, le bureau des Aurors garde désormais un œil sur les activités qui s'y déroulent, tolérant certains commerces afin d'empêcher de plus gros trafiques d'apparaître.

-Non, ne t'inquiètes pas tatie, je sais ce que j'ai à faire, me souffle Guilian en me suivant de près.

J'acquiesce en essayant de garder un air détaché. Guilian a commencé son stage d'Auror il y a tout juste quinze jours et aujourd'hui est sa première sortie sur le terrain. Je me sens assez tendue je dois dire et je me demande si j'ai bien fais d'insister auprès d'Harry pour l'emmener avec moi. Sera-t-il à la hauteur ? J'aurai peut-être mieux fait de l'emmener sur une affaire plus calme, bien que je doute que Rover soit une véritable menace. Mais ce petit trafiquant minable est tout de même en possession d'une baguette, et qui sait ce qu'il peut faire avec en se sentant menacé ?

Nous arrivons devant une ruelle et je reconnais Rover, entouré de ses marchandises. L'imbécile tourne négligemment sa baguette dans les mains, valorisant sa marchandise auprès d'un sorcier encapuchonné d'une voix forte. Je lève les yeux au ciel en soupirant d'exaspération. Cette crapule n'est même pas capable de rester discret. Il se baladerait au milieu du ministère avec une pancarte disant « arrêtez-moi je suis contrebandier » que le résultat serait le même.

-Gui, interpelé-je mon neveu, c'est à toi de jouer, tu sais ce que tu as à faire ?

Le jeune homme acquiesce avant de se diriger avec nonchalance vers Rover. Je soupire me demandant comment un crétin comme Stefen Rover a pu réussir ce coup de maître. Le jeune homme de vingt ans a réussi à s'introduire début Septembre au parc Zoomagique de Bucarest où il a volé cinq Niffleur à la barbe et au nez des gardiens. Réussir un tel exploit est admirable, dans sa catégorie, surtout quand on sait que les Bucarestois sont réputés pour leur vigilance constante et leur forte réactivité.

Il y a quelques jours, Drago Malefoy est venu voir Harry au bureau afin de lui signaler ce trafique, toutefois il a donné de vagues explications concernant sa propre présence dans l'allée des Embrumes, ce qui me donne envie de creuser un peu plus la question. Mais ce n'est que mon avis personnel puis-qu'apparemment, Harry ne semble pas plus suspicieux que cela de voir le fils d'anciens mangemorts roder autour d'un des lieux de magie noire les plus réputés.

J'avise une échelle de secours contre l'un des bâtiments et me hisse rapidement jusqu'au toit. De là-haut, j'observe Guilian discuter avec Rover grâce à une paire de multiplettes afin de pouvoir avoir une preuve vidéo du recel. Le contrebandier ouvre alors une boite où des créature d'une bonne cinquantaine de centimètre essayent de s'échapper en se poussant les unes les autres. Je fronce les sourcils, n'ayant jamais vu de Niffleurs en vrai auparavant. Je ne peux m'empêcher de les trouver mignonnes avec leur pelage noir qui semble si soyeux, leur long bec de canard, leurs grands yeux noirs et leurs petites pattes griffues.

Rover semble essayer de négocier avec Guilian. Je le laisse faire, attendant patiemment que mon neveu sorte le sac d'or de farfadet que je lui ai donné. Même si cela me démange d'aller l'arrêter de suite, je sais que je ne peux pas bouger tant que la transaction n'a pas eu lieu. Il me faut absolument cette preuve vidéo afin de pouvoir enfin le coincer. Sans cela, il sera libéré dans l'heure et tout ce travail n'aurait servi à rien. Je me mords les lèvres, prenant mon mal en patience. C'est tellement plus simple quand on me demande simplement d'aller récupérer un criminel. Dans ces cas là au moins, sa culpabilité n'est plus à prouver et je peux me lâcher comme j'en ai envie....même si mes supérieurs grincent un peu des dents. Mais ce genre de mission demande de la patience, et cela n'a jamais été mon fort.

Un frisson me parcourt tandis qu'un troisième homme apparaît dans mon champ de vision. Déglutissant, je sens mes muscles se tendre et enfoncer les multiplettes sur mes yeux. Merlin, ce n'était pas prévu ! L'homme se trouve dos à moi et porte un châle sur la tête. Je le vois découvrir son visage et se pencher vers Rover. L'inconnu se tourne vers moi, le bras tendu dans ma direction. Ma respiration se bloque tandis que mon sang se fige dans mes veines. Durant quelques secondes, je suis incapable de bouger. Incapable de penser. A travers mes multiplettes, je plonge mon regard dans la noirceur de cet homme aux traits familiers. Ce n'est pas possible. Jacob. Que fait-il là ?

Guilian. Il est en danger, je le sais. Je descends rapidement l'échelle et manque quelques barreaux, m'écroulant sur le sol, mon bras amortissant ma chute émet un craquement sourd tandis qu'une vive douleur m'assaille. Je me redresse et récupère ma baguette de la main gauche et court jusque dans la ruelle. Des sorts partent déjà dans tous les sens. Je lance plusieurs protégo afin d'empêcher les maléfices d'atteindre Guilian et le rejoins rapidement. Mon regard se plonge dans celui de Jacob et je refoule les souvenirs qui passent devant mes yeux. Ce n'est plus mon Jacouille. Ce n'est qu'un mangemort dénué d'humanité. Durant plusieurs minutes, nous nous toisons les uns les autres, attendant de savoir qui lancera les hostilités. Jacob passe son regard de moi à Guilian et inversement. A quoi pense-t-il ? Si seulement je m'étais intéressée à la légimancie dans ma jeunesse...

-Protégo ! Lancé-je tandis que Rover lance un maléfice vers Guilian.

Un bouclier invisible renvoie le maléfice qui va s'écraser contre le mur, laissant une longue marque de brûlure sur la brique. Jetant un regard à Guilian, nous attaquons en même temps. Dos à dos, nous nous protégeons l'un l'autre. J'ai confiance aux capacités de Guilian. Il a toujours été très doué en défense contre les forces du mal et en sortilèges. Je sais qu'il s'en sortira contre Rover. Quand à moi, j'ai un compte à régler avec Jacob, et il est hors de question que je le laisse filer.

Rapidement, une foule de sorciers se presse devant la ruelle et les murmures se font de plus en plus forts. Je réussis à acculer Jacob contre un mur. Il est prit au piège. Je lève ma baguette afin de le désarmer. Alors que je lance mon attaque, le jeune homme rétrécit soudainement. Ecarquillant les yeux, je me retrouve face à une petite fouine toute noire. Reprenant contenance, je tente de le stupéfixer. Malheureusement, sa forme d'animagus lui permet d'avoir une plus grande agilité et il s'enfuit à travers un petit trou dans le mur.

-Merlin ! Grogné-je, fermant les yeux afin de me transformer également.

Mais alors que je commence à distinguer l'animal qui sommeille en moi, un hurlement me glace le sang. Me retournant vivement, je remarque Guilian se tenant le visage et accourt vers lui.

-Gui, que s'est-il passé ? Lui demandé-je en écartant ses mains.

Son visage gonfle à vue d'oeil. Doucement, je l'oblige à s'asseoir contre un mur et me retourne vers Stefen qui pointe déjà sa baguette sur moi, un sourire satisfait sur la face. Serrant un peu plus fort ma baguette, je lui fais face, tentant de maîtriser la colère qui me submerge. Ne pas le tuer Adélaïde, ne pas le tuer. Harry n'aimera pas ça du tout. Ne le tue pas. Sans le laisser réagir, je lui lance un bloclang, même si je me doute qu'il doit savoir lancer des sortilèges muets. J'évite un sortilège qui me brûle une partie des cheveux et enchaîne avec plusieurs sortilèges, le faisant reculer et l'empêchant de contre-attaquer. Au bout de quelques minutes, Stefen tombe au sol, se cognant la tête contre le macadam. J'en profite pour l'encercler de cordes et le relève sans ménagement. Le jeune homme crache du sang et quelques dents tombent sur le sol.

-Circulez ! Crié-je à la foule, à moins qu'un petit tour à Azkaban vous tente également ?

L'attroupement de sorciers se sépare rapidement et j'aide Guilian à se relever avant de nous faire tous les trois transplaner avec la marchandise.

Après un passage rapide à Azkaban afin de leur remettre Stefen puis à Saint Mangouste pour que Guilian se fasse soigner, au département de contrôle et de régulation des créatures magiques afin de leur remettre les caisses de Niffleurs, puis par chez moi afin de mettre une tenue correcte, je me dirige jusqu'au bureau d'Harry à qui je fais mon rapport.

-Etais-tu obligée de le laisser quasiment mort ? Soupire mon supérieur après l'avoir informé que j'avais emmener Stefen à Azkaban.

-Tu exagère, réponds-je en roulant des yeux, je l'ai à peine effleuré.

-Il a fallu l'emmener à Saint Mangouste, les médicomages de la prison n'ayant pas les compétences nécessaires pour de telles blessures ! Il devra rester trois jours à l'hôpital avant de pouvoir être mis derrière les barreaux ! s'énerve Harry en frappant sur son bureau, me faisant sursauter, Adélaïde sérieusement ! J'ai été obligé de mettre deux Aurores à sa porte nuit et jour pour être sûr qu'il ne s'échappe pas ! Et franchement je n'avais pas besoin de ça en ce moment! Tu...puis soupirant le jeune homme termine d'une voix lasse, tu peux rentrer. Va te reposer et...essaye vraiment de...te modérer.

Je grimace en sortant de son bureau et transplane jusqu'à Saint Mangouste. J'ai l'habitude de me faire remonter les bretelles par Harry, et je dois dire que pour le coup je culpabilise. Guilian se retrouve à l'hôpital alors que je m'étais juré qu'il ne lui arriverait rien. Je me sens énormément responsable, et cela ne doit surtout pas se reproduire. J'entre dans la chambre du jeune homme qui me regarde avec un grand sourire.

-C'était...Wahou ! Me lance-t-il d'un air surexcité, quand est-ce qu'on recommence ?

Je lève les yeux au ciel et m'installe à ses côtés. Nous discutons jusqu'à ce que les infirmières me chassent et je transplane jusqu'à la maison.

-Adélaïde ? C'est toi ?

J'entre dans le salon avec un large sourire en entendant la voix de Percy. Le jeune homme a visiblement fini de travailler tôt et je suis contente de pouvoir passer ma soirée avec lui. Fonçant vers lui, je me stoppe à mi-chemin tandis qu'il agite une boule de poil devant moi. Plissant les yeux, fronçant les sourcils, Percy me regarde avec suspicion.

-Tu peux m'expliquer ce que c'est que ça encore ? Me demande-t-il.

-Ha, réponds-je en grimaçant, je vois que tu as fais connaissance avec Snoofie.

Mon regard se tourne vers le Niffleur que Percy tient à bout de bras et je ne peux m'empêcher de sourire. Cette créature est vraiment adorable ! Je suis bien contente de ne pas l'avoir déclaré dans les créatures perquisitionnées. Bon, ce n'est pas forcément très légal je le sais, mais qui le saura après tout ? Et puis, Snoofie est bien mieux avec moi que dans une cage à se faire regarder par des gamins à longueur de journées.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top