Chapitre 29 - Adélaïde

7 Aout 2012

Nous suivons Lydia Powel dans l'arrière boutique. La mère de ma défunte meilleure amie ne semble être plus que l'ombre d'elle-même. Et cela me fait d'autant plus mal que je sais exactement ce qu'elle ressent. Regardant autour de moi, je constate que le magasin n'a pas changé. Pendant les vacances, nous adorions flâner entre les rayons ave Gaelle. Après la fermeture, nous venions essayer les vêtements et nous prenions pour de grandes top modèles. C'est Gaelle qui m'a appris à assortir les pantalons aux tee-shirt ou aux pulls.

-Je...vous voulez boire quelque chose ? Nous demande Lydia d'une voix enrouée.

-Un jus de citrouille, commence Percy, si ça ne vous....aie !

Le jeune homme grimace tandis que je décolle mon coude de ses côtes. Décidément il va vraiment falloir que je lui apprenne à vivre avec les moldus. Je pensais qu'avec un père ayant une fascination pour leur mode de vie, Percy saurait au moins différencier les boissons sorcières et moldues. Mais visiblement non.

-Du coca se serait parfait, merci Lydia, réponds-je en lui adressant un sourire.

Pendant que Lydia passe de l'autre côté afin de récupérer les boissons, je lève les yeux au ciel face à Percy.

-C'est quoi un...coca ? Me demande-t-il en fronçant les sourcils.

-Une boisson sucrée de moldu. Bon sang Percy, râlé-je exaspérée, un jus de citrouille ? Vraiment ? Tu...depuis le temps tu ne sais toujours pas différencier les inventions moldues de celles des sorciers ?

-Je...

Mais le jeune homme n'a pas le temps de finir sa phrase. Lydia revient rapidement avec un plateau et des petits gâteaux. Nous commençons à boire et manger en silence, chacun redoutant la conversation qui va suivre. Surtout moi.

-Ho Adélaïde je suis touchée que tu sois venue aujourd'hui, commence la quincagénaire les yeux humides, Gaelle aurait été contente de savoir que tu es là pour sa...pour son anniversaire de...mon dieu je n'arrive toujours pas à me faire à l'idée que cela fait déjà cinq ans que mon bébé a...

Sa voix se perd en sanglot et je me précipite vers elle afin de la prendre dans mes bras. Sa peine m'atteint bien plus que ce que je pensais. Elle fait écho à la mienne et je la comprends que trop bien. Je me maudis d'avoir oublié que c'était aujourd'hui. Faisant un câlin à Lydia, je lance une grimace d'excuse à Percy, murmurant silencieusement de mes lèvres que j'avais oublié. Percy me rend ma grimace tout en observant les lieux. Sa jambe tremblante m'indique qu'il est mal à l'aise ici, malheureusement, nous ne pouvons pas partir comme cela. Et puis, je ne me vois pas laisser Lydia de but en blanc. Non, il va falloir que le jeune homme soit un peu patient.

-Comment est-ce arrivé ? Me demande Lydia en se décalant et essuyant ses larmes, comment ma fille est...

-Vous ne...vous ne savez pas ? Demandé-je effarée, personne ne vous a...

Lydia secoue la tête, me confirmant ainsi que personne n'a jugé bon de leur expliquer comment leur fille est morte. Qui était en charge ce jour-là ? C'est un manque total de respect et de professionnalisme.

-On nous a simplement dit que notre fille avait eu un accident de travail, que cela l'avait tué sur le coup.

Je ne peux réprimer un rire amer. Un accident de travail ? Quand je retournerai au bureau des Aurors, ils vont m'entendre. Refoulant ma colère, je prends une grande inspiration. Lydia me fixe avec espoir et je sais que je ne peux plus reculer. Déglutissant, je commence alors mon récit.

-Il y a cinq ans, Gaelle et moi avions été chargées d'aller interpeller un homme suspecté d'avoir aidé les mangemorts, ce sont les serviteurs de...

-Je sais, ne t'inquiètes pas, m'interrompt Lydia visiblement pressée d'en venir aux faits.

-Bien, acquiescé-je, donc nous devions aller interpeller un homme suspecté d'avoir aidé les mangemorts durant la dernière guerre. Nous sommes arrivées à Bucarest où l'homme était censé vivre. Mais il était déjà trop tard, il s'était déjà enfui à notre arrivé.

Je marque une pause et boit une gorgée, afin de me donner le courage de continuer. Percy et Lydia me regardent avec attention. Je n'étais encore jamais entrée dans les détails de la mort de Gaelle avec Percy. D'ailleurs, la seule fois où j'en ai parlé, c'était il y a cinq ans...lors de mon rapport.

-Nous en avons profité pour fouiller son appartement à la recherche d'indices, repris-je tandis qu'une amère brûlure me parcourt le corps, et c'est là que...que Jacob est apparu dans l'appartement. Notre..notre ancien meilleur ami était devenu un mangemort peu de temps après notre sortie de Poudlard.

Je me stoppe et me lève, incapable de rester plus longtemps assise. Tout en me triturant les doigts, je commence à marcher de long en large, cherchant mes mots, replongeant dans ce douloureux souvenir.

-En le voyant, Gaelle a tenté de le raisonner. Mais Jacob n'a rien voulu entendre. Il nous a attaqué alors j'ai riposté. Nous nous sommes battus à oups de sortilèges. C'était notre meilleur ami, mais il n'était plus celui que nous avions connu. Gaelle refusait de l'admettre. Elle était certaine qu'il y avait encore du bon en lui. Elle était persuadée de pouvoir lui faire entendre raison. Elle s'est interposée et a commencé à lui parler du passé, de nos fous rires, de nos joies...Jacob a baissé sa baguette. Je n'en revenais pas.

Je prends une grande inspiration, sentant la culpabilité me serrer la gorge. Si je n'avais pas relâché ma vigilance, si j'avais agi autrement...

-Il semblait réceptif et prêt à se rendre alors...ne voulant pas gâcher tous les efforts de Gaelle, je suis restée en retrait. Gaelle a posé sa baguette au sol en promettant à Jacob de ne pas lui faire de mal. Elle n'aurait jamais dus, et j'aurai dus...

Ma voix se perd en sanglots et je sens Percy m'attirer à lui. Je ferme les yeux un instant, respirant profondément afin de reprendre contenance. Doucement, je me recule et essuie mes yeux avant de reprendre.

-Jacob est devenu fou. D'un geste, il a pointé sa baguette sur Gaelle et a lancé un...un sortilège de mort avant de transplaner. Je n'ai rien pu faire. Tout est allé si vite. J'avais baissé ma garde, juste quelques secondes et il...Je l'ai traqué mais Jacob n'a jamais refait surface. Ho Lydia ! Je suis tellement désolée. Je devais la protéger et...je suis désolée...désolée...

-Ce n'est pas de ta faute Adélaïde, me rassure Lydia en me prenant dans ses bras, tu n'y es pour rien. Il...tu as eu de la chance. Il aurait pu vous tuer toutes les deux...

Nous restons un moment ainsi dans les bras l'une de l'autre avant de finalement se dire au revoir. Lydia me remercie encore plusieurs fois. Savoir la vérité allège un peu son chagrin. Maintenant, au moins, elle sait comment et pourquoi sa fille a perdu la vie. Nous sortons dans la rue marchande et marchons silencieusement pendant un moment.

-Tu veux rentrer ? Me propose Percy en me collant un peu plus contre lui.

-Non, j'ai besoin de me changer les idées, réponds-je en posant ma tête contre son épaule, viens allons voir ce qu'ils proposent dans cette boutique.

Je lui montre une boutique de vêtements à quelques mètres de nous. J'ai besoin de refaire ma garde robe de toute manière, et puis si nous rentrons, je ne ferai que ressasser ma conversation avec Lydia et la mort de Gaelle alors...j'espère au moins que cette séance shopping me permettra de penser à autre chose. Percy nous arrête avant de passer la porte de la boutique et se positionne face à moi. Doucement, le jeune homme passe ses mains en coupe de chaque côté de mon visage et plonge son regard dans le mien. Avec une infini tendresse, Percy dépose ses lèvres sur les miennes. Je ferme les yeux, me laissant porter par la douce chaleur qui se propage en moi, me nourrissant de tout l'amour qu'il peut m'offrir.

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