Chapitre 28 - Percy
7 Aout 2012
Après un déjeuné copieux en compagnie de mon frère, nous transplanons jusqu'à notre appartement. La semaine est passée extrêmement vite et Charlie m'a promis de passer plus régulièrement voir notre mère. De toute manière, entre les anniversaires des un et des autres et les diverses fêtes familiales, mon frère a passé plus de temps au terrier depuis ces quatorze dernières années que les sept qui les ont précédés. La bataille de Poudlard l'a comme qui dirait ramené à la maison, en quelque sorte, pour le plus grand plaisir de notre mère.
-Tu veux que je t'aide à déballer tes affaires ? Demandé-je à Adélaïde en avisant les quelques cartons posés dans un coin du salon.
-Non ne t'inquiètes pas, ça va aller assez vite, me répond-elle avant d'aller s'accroupir et entreprendre d'en ouvrir un.
-Je vais aller te libérer des étagères, l'informé-je avant de me rendre dans la chambre.
Ouvrant l'armoire, j'avise mes vêtements soigneusement rangés par ordre d'utilité. J'ai du mal à me dire qu'il va falloir que je réorganise mon environnement et soupire en sortant les premières piles de linges. Après tout, ce n'est peut-être pas dramatique si je mélange mes pantalons noirs à ceux de couleur bleu...Ni même si mes chemises se retrouvent un peu plus serrées dans la penderie. Après avoir réussi tant bien que mal à libérer une bonne moitié des étagères et de la penderie, je réalise qu'Adélaïde n'a pas tant de cartons que ça. Je sais qu'elle a perdu bon nombre d'affaires lors de la destruction de sa maison, alors peut-être qu'elle aimerait faire un tour au chemin de traverse afin de remplacer ce qu'elle a perdu ? De plus, si nous devons vivre ensemble, j'aimerai qu'elle se sente à son aise. J'ai conscience qu'il va falloir que je fasse des concessions et que l'ordre que j'ai instauré ici va se retrouver considérablement chamboulé, mais je ne veux pas qu'elle se sente simplement invitée. J'espère toutefois qu'elle n'exagérera pas dans la décoration...Je ne pourrai pas supporter de voir des monticules d'objets dépasser de leurs places...Déjà que lorsque Molly et Lucy sont présentes, la maison ressemble au magasin de madame Guipure en pleine période de soldes...Et en plus coloré. ¨Prenant une grande inspiration afin de me donner le courage nécessaire, je lui lance, sachant pertinemment que je ne pourrai pas revenir en arrière :
-Adélaïde ?, crié-je afin de me faire entendre de là où je suis, si tu veux on peut aller sur le chemin de traverse acheter quelques bricoles ? J'aimerai que tu te sentes comme chez toi ici, alors je me suis dis que se serait une bonne idée que tu...personnalises l'endroit.
Voilà, c'est dit. Je grimace en attendant sa réponse...qui ne vient pas. Fronçant les sourcils, je passe dans l'autre pièce, anxieux. Adélaïde est assise à même le sol, un carton ouvert à côté d'elle. Je l'entends renifler tandis qu'elle tourne les pages de ce qui semble être un album photo. Je m'approche doucement me glisse derrière elle, l'entourant de mes jambes. La jeune femme pose sa tête sur mon épaule et je la serre doucement dans mes bras, les yeux rivés sur les visages souriants qui nous font face.
-Là c'est...ce sont mes grands-parents, du côté de mon père. Ma grand-mère est morte lors de la première guerre des sorciers. Elle s'est prise un sortilège de mort alors qu'elle aidait mes parents à fuir. J'étais encore un bébé, j'avais à peine un an à l'époque. Nous avons vécu quelques années avec mon grand-père avant qu'il ne succombe à la maladie.
La jeune femme marque une pause, caressant la photo du bout des doigts. Je l'écoute, sans interrompre ses paroles, ni ses silences. Doucement, j'enroule ses cheveux autour de mes doigts, fixant le bonheur qui semble émaner des clichés.
-Sur celle-là, se sont les parents de ma mère. Mais...Je ne sais rien d'eux. Mon grand-père a complètement disparu alors que sa femme était enceinte. Certains disent qu'il a fini mangemort, d'autres qu'il avait fini par succomber à son problème d'alcool...Je n'ai jamais cherché à en savoir plus, et je crois que de toute manière, personne n'aurait su me donner une réponse concrète. Ma grand-mère, à côté, a élevé ses enfants comme elle a pu. Ma mère et son frère n'ont jamais manqué de rien.. C'est lui, sur cette photo, avec sa femme. Et le bébé entre eux, c'est Alice.
Adélaïde me tend les photos les unes après les autres, me racontant le vécu de sa famille. Féline et Garances, ses parents, à leur mariage, puis tenant Adélaïde dans leur bras, un sourire radieux collé au visage malgré leurs traits fatigués. Des photos d'enfance aussi où Adélaïde et Alice s'amusent dans l'eau, Adélaïde aussi brune que sa cousine était rousse, le mariage d'Alice et Franck, les photos de grossesse d'Alice et enfin le jeune couple serrant tendrement Guilian dans leurs bras.
-Je vais garder celles-là pour Guilian, m'explique-t-elle, je vais les faire relier dans un album afin qu'il puisse les avoir toujours auprès de lui. Je crois qu'il y en a d'autres au fond du carton, je vais essayer de les récupérer.
La jeune femme se penche au-dessus de la pile de photos et entreprend de fouiller le carton. Sortant un album, je vois un feuillé cartonné glisser au sol et le récupère avant qu'il n'aille se loger sous un meuble. Il s'agit d'échographies d'après ce qui est écrit sur la couverture. Je sens mon coeur se serrer en lisant la date et le nom inscrits dessus. Adélaïde Berclay, le 10 Juin 1994.
-Désolée, ça n'aurait jamais dus se trouver dans ce carton, je vais....
-Non, la coupé-je brusquement en levant les échographies au dessus de ma tête, je veux les voir.
Je la sens se tendre à mes côtés tandis que j'ouvre doucement le dossier. Les larmes me montent aux yeux et je réprime un sanglot tandis que je parcours les clichés. Ses pieds, ses mains, sa tête...voir ce fœtus me fait l'effet d'un millier de gifles, me faisant réaliser à quel point il était réel, concret.
-Jamais, commencé-je tandis que ma voix se brise, jamais je ne me le pardonnerai...
Quel aurait été sa vie si il avait survécu ? Est-ce que j'aurai fais un bon père malgré mon jeune âge ? A qui aurait-il ressemblé le plus ? A moi ? A Adélaïde ? Mon fils...C'était mon fils. La voix d'Adélaïde me sort de mes noires pensées, me ramenant dans une réalité tout aussi sombre.
-Tu n'y es pour rien Percy. Cela n'aurait rien changé de toute manière. Ils m'attendaient depuis un moment déjà.
La jeune femme me retire brutalement les images des mains et les enfouies au fond du carton. Sans un mot de plus, la jeune femme commence à sortir quelques livres dont seule la couverture semble avoir brûlée et les range sur les étagères. Après un petit moment à l'observer, je finis par l'aider à déballer ce qu'il reste. Sa partie de l'armoire me semble tristement vide et je pince les lèvres d'agacement.
-Trés bien, soupiré-je, puisqu'il le faut.
Adélaïde me regarde, intriguée. Je lui adresse un sourire mystérieux avant de nous faire transplaner devant le chaudron baveur où j'échange quelques galions contre des livres sterling. Après avoir dit au revoir à Hannah, nous passons par le mur et rejoignons le côté moldu de Londres.
Les bruits de la circulations m'agressent les tympans. J'entends les klaxons des voitures sur lesquels les moldus s'acharnent avec rage, les crissements de pneus sur le bitume et les cris des automobilistes mécontents. Toutefois, Adélaïde a l'air bien plus à l'aise que moi et je me retrouve à la suivre, espérant qu'elle sache où elle va.
-Il m'est arrivé de venir ici quand...quand j'essayais de renier...mes origines, m'explique-t-elle en choisissant ses mots.
J'acquiesce et glisse mon bras autour du sien afin que nous ne soyons pas séparés. A plusieurs reprises, des moldus pressés nous bousculent, ne prenant même pas la peine de s'excuser. Je me demande vraiment ce que mon père leur trouve de si fascinant. Alors que je réfléchis à une réponse approprié, Adélaïde s'arrête subitement et je lui fonce dedans, la rattrapant de justesse et la serrant contre moi afin qu'elle reprenne son équilibre.
-Désolé, maugréé-je en grimaçant, qu'est-ce qui ne va pas ?
Le visage d'Adélaïde semble soudainement grave. Elle fixe une boutique de prêt à porter comme si un troll des montagnes allait en surgir.
-C'est...c'est la boutique de...commence-t-elle la voix tremblante, des parents de Gaëlle...
Je passe mon bras derrière son dos et lui presse doucement l'épaule. Je sais que cela doit être difficile pour elle de revenir ici. Gaelle était sa meilleure amie après tout. Observant la devanture, mon regard croise alors celui d'une femme, d'à peu près l'âge de ma mère, à l'intérieur. Cette dernière écarquille les yeux en ouvrant grand la bouche en nous voyant et je sens Adélaïde se tendre à mes côtés.
-Bon...quand faut y aller, murmure la jeune femme en redressant les épaules avant de m'adresser un regard inquiet.
-Tout va bien se passer, murmuré-je à mon tour sans grande conviction.
Nous poussons la porte de la boutique qui se referme derrière nous. J'ai la conviction que venir ici n'est pas du tout une bonne idée, mais partir n'aurait pas non plus été la solution. Me retrouver confronté aux parents de mes anciens camarades de classe morts lors de la bataille de Poudlard était déjà une épreuve difficile en soit, mais me retrouver avec Adélaïde face à la mère de sa meilleure amie, assassinée par leur autre meilleur ami me semble encore plus éprouvant. Je déglutis tandis que la femme ferme la porte à clé avant de nous faire passer dans l'arrière boutique. La conversation qui suit ne sera agréable pour personne, et je pressens qu'il va nous falloir encore une bonne bouteille de whisky pur feu pour nous en remettre. Enfin...surtout pour Adélaïde.
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