Chapitre 21 - Adélaïde

2 Aout 2012

Le souffle court, je me blottis contre Percy, écoutant le rythme effréné de son coeur. Je ferme les yeux afin de savourer ce moment de plénitude, profitant des caresses du jeune homme sur mon bras. Au bout d'un moment, nous décidons de nous lever et de sortir prendre l'air.

-Preums à la douche ! Décrété-je en me ruant vers la salle de bain.

-Ca, n'y compte pas ! Me lance le jeune homme en me suivant de près.

J'ai à peine le temps de poser un pied sur le carrelage que son corps se presse déjà contre le mien, ses lèvres retrouvant les miennes comme deux puissants aimants. Ses mains se pressent sur mes hanches tandis que je le sens prèt pour un deuxième round. M'écartant de lui, je lui adresse un large sourire coquin qui disparaît bien vite. Ses yeux parcourant mon corps sont si tristes qu'ils me mettent mal à l'aise. D'un geste, j'attrape une serviette afin de me couvrir, mais Percy stoppe mon geste. S'approchant de moi, il passe doucement ses doigts sur une large cicatrice boursouflée sur mon bas ventre. Je frissonne à ce contact, mais cela n'a rien de sensuel.

-A saint Mangouste...Ils m'ont proposés de la réduire, comme pour les autres...J'ai refusé. C'est tout ce qui me reste de...

Une boule menace d'éclater tandis que ma phrase se perd. Incapable d'en dire davantage, je prends une grande respiration et entre dans la douche, dos à Percy. J'allume l'eau en attendant patiemment qu'il se décide à me rejoindre...ou non. Au bout de quelques minutes, je sens du mouvement derrière moi et les mains de Percy se posent délicatement contre mon ventre, me pressant doucement contre son corps. Je laisse reposer ma tête sur son torse et ferme les yeux, profitant de cet instant malgré la vive douleur qui me brûle les entrailles. Je sursaute au contact d'un gel froid sur ma peau et réalise que Percy est en train de me savonner. Souriant, je me retourne vers lui, bien décidée à lui rendre la pareille. Nos caresses m'électrisent et rapidement, je me retrouve le dos plaqué contre la cabine, les jambes relevées contre son buste. L'eau qui me tombe sur la figure manque de me noyer à plusieurs reprises et je repousse le pommeau d'un geste sec. Empoignant les cheveux du jeune homme, je me laisse guider par le rythme qu'il nous impose, bestial et tendre à la fois. Je l'embrasse avec fougue, m'offrant corps et âme à cet homme que j'ai toujours aimé. Le seul. L'unique. Le premier que j'ai embrassé. Le premier à qui je me suis offerte. Le premier que j'ai aimé. Le seul qui m'a possédé. Je ne lui ai jamais dis, et je ne lui dirai probablement jamais, mais il a été, il est, et il restera mon unique amour, pour l'éternité.

Quand l'eau devient désagréablement froide, nous nous décidons à nous sécher, complètement satisfaits. Je soupire, hésitant entre un jean bleu et un jogging noir. Dans tous les cas, je sais que je vais mourir de chaud. Optant pour le jogging, où je serai de toute façon plus à l'aise, me voila désormais confrontée à un autre choix titanesque. J'hésite entre mettre un tee-shirt à bretelle avec un gilet par dessus ou bien directement un teeshirt à manches longues. Je soupire. J'ai horreur de l'été. Avant, c'était pourtant ma saison préférée, mais depuis que les tortures à répétitions et l'incapacité de Saint Mangouste a complètement faire disparaître mes cicatrices, je redoute l'arrivée de ces quelques mois de chaleur. Et malheureusement, me voila en plein dedans. J'ai pourtant eu l'occasion de voir des personnes avec des cicatrices pires que les miennes, surtout depuis la fin de la grande guerre, et je suis toujours impressionnée par leur facilité à les laisser apparente, à ne pas porter attention aux regards apeurés, choqués ou pleins de pitiés des gens autour. Je n'ai jamais réussi, pour ma part, à y faire abstraction. A l'hôpital, les infirmières passaient leur temps à avoir ce type de regard pour moi. Celui qui se veut compatissant, qui vous plaint. Mais je ne voulais pas être plainte. Ma famille est morte à cause de moi. Simplement parce que je ne savais pas faire profil bas quand il le fallait. Je ne mérite pas la pitié des gens. Je suis une meurtrière. Au même titre que ces sales mangemorts qui s'en sont pris à nous. Et bien que je doive reconnaître que passer pour une victime me fait souvent énormément de bien, qu'il m'arrive d'apprécier que le peu de personnes connaissant mon vécu s'apitoie sur mon sort, ces moments déjà bien rares ne durent jamais. Rapidement, je me reprends et les repousse. Beaucoup de personnes ont fini par lâcher l'affaire. Je les entendais murmurer derrière mon dos, disant qu'il faudrait que je retourne en cellule psychiatrique, que je n'allais pas bien, que mes soins n'étaient pas finis. J'ai rapidement coupé les ponts avec ces personnes. De toute manière, ce n'était pas comme si ils comptaient vraiment pour moi. Je ne les connaissais que depuis quelques mois, deux ou trois ans tout au plus. La seule personne dont j'ai fini par accepter l'inquiétude fut Andromeda. Dés le départ, la vieille dame a eu une approche bien à elle. Je me rappelle encore notre première rencontre. Elle essayait de me parler, m'expliquant que sa fille et son gendre étaient morts durant la guerre, qu'elle se retrouver avec un nourrisson sur les bras, à son âge. Elle a bien vu que son histoire n'avait aucun impact sur moi. A l'époque, j'étais complètement hermétique à la souffrance des autres. La vieille dame m'a alors brusquement attrapé par les épaules, plantant son regard dans le mien. Elle m'a alors dit qu'elle se fichait éperdumment de mes états d'âmes. Que j'étais une enfant. Une stupide enfant égoïste et ingrate. Qu'un petit garçon avait besoin de moi et qu'elle se fichait royalement de savoir si j'étais en mesure ou non de m'en occuper. Que je n'avais pas le choix. Elle a exigé que je me lève et quand j'ai refusé, elle m'a mis une gifle. Les infirmières se sont précipités sur elle et l'ont fait sortir. Je crois que c'est vraiment à ce moment là que j'ai eu la force de reprendre ma vie en main. Cette gifle, ce n'était pas simplement la pulsion d'une vieille dame triste et colérique. Pour moi, cette gifle a été un symbole. J'avais le choix. Soit je continuais de me comporter comme on attendait que je me comporte, me complaisant dans ma souffrance et ma culpabilité. Soit je me relevais et je prouvais que je n'étais pas si fragile qu'ils l'avaient décidés. Que j'étais capable de surmonter tout ça, et pas seulement dans mes fantasmes, mais également dans la réalité. Et c'est ce que j'ai fais. Quand je suis devenue Aurore, j'y ai alors vu un moyen de faire taire cette pitié qui m'entourait, et j'ai évolué. Les regards ont changés, et même si ils se sont transformés en colère pour certains, que d'autres pensent toujours que je suis complètement folle, ce n'est plus pour les mêmes raisons. On ne me plaint plus parce que j'ai perdu ma famille, non, désormais, les bruits de couloir parlent surtout de mes excès de zèle et ma manie d'abîmer les suspects. Et cela me va complètement...Je crois.

-Mets ça !

Le bout de chiffon que Percy agite devant mes yeux me tire brutalement de mes pensées. Je cligne plusieurs fois des yeux avant de focaliser mon attention sur une petite robe blanche à pois rouges. Cette dernière comporte simplement deux bretelles en guise de maintien et doit m'arriver aux genoux. Je secoue la tête de droite à gauche.

-Hors de question Percy ! Tu ne me feras porter ce truc pour rien au monde ! Décliné-je en repoussant le chiffon de la main.

-Ho que si, et tu sortiras avec. Adélaïde, on est en plein mois d'Aout ! Et il doit faire à approximativement trente degré et rien qu'à l'ombre. Je ne tiens pas à ce que tu fasses un malaise en pleine rue à cause de la chaleur, alors tu vas t'habiller comme je te le dis, et me faire confiance, alors que je le fusille du regard le jeune homme rajoute d'une petite voix, s'il te plaît.

Je grogne et enfile rapidement la robe. J'espère que me voyant ainsi, le jeune homme changera d'avis, mais non. Au contraire, cet imbécile heureux m'adresse un large sourire en me regardant de la tête aux pieds.

-Tu es...magnifique.

Je rougis face au compliment et m'empresse d'attraper un gilet léger que j'enfile rapidement.

-Ok pour la robe, mais hors de question que je montre le reste...c'est déjà assez horrible comme ça.

N'insistant pas, Percy s'approche de moi et dépose un baiser sur mes lèvres. Quand j'ouvre les yeux, je constate une foule se pressant dans la petite rue marchande. Je lève les yeux au ciel tandis que Percy me fait entrer aux trois balais.

-Percy ! Wahou ça fait longtemps !

Un jeune homme aux traits me semblant familier s'approche de nous tout en s'essuyant avant de serrer la main de mon compagnon, un large sourire aux lèvres.

-Salut Neville. Oui, j'ai eu quelques semaines...chargées je dirai. Réponds Percy tandis que nous nous dirigeons vers une table libre.

Nous commandons des bierreaubeurres et, tandis que Neville part chercher notre commande, je regarde autour de nous. Le bar n'est pas très remplie malgré la saison, mais ce n'est pas pour me déplaire. Cela va nous permettre de passer un moment calme sans être parasités par les discussions des uns et des autres.

-Ho, c'est vrai que ça ne va pas fort ces temps-ci, réponds l'aubergiste d'une voix lasse, ma...ma grand-mère nous a quitté la semaine dernière. Et...enfin je suis allée voir mes parents l'autre jour à Saint Mangouste pour leur dire. C'était...difficile. J'espérais réussir à les faire réagir, mais évidemment...

-Toutes mes condoléances Neville, répond Percy, et je suis désolée pour Alice et Frank.

Je sursaute, renversant de la bierreaubeurre un peu partout. Tremblante, je pose ma pinte et entreprends de nettoyer les dégâts. Mon coeur se serre tandis que je lance un regard à Percy. Mais le jeune homme ne semble pas avoir prété attention à cet étrange coïncidence.

-Si tu as besoin de quoi que se soit, reprend-il en adressant un sourire désolé à Neville, sache que tu seras toujours le bienvenu à la maison.

Neville part ensuite s'occuper d'autres clients tandis que je fixe Percy. Le jeune homme boit une gorgée de sa boisson, l'air de rien. Je cligne plusieurs fois des yeux afin d'empêcher mes larmes de couler.

-Mon coeur, tu vas bien ? Me demande-t-il finalement en glissant sa main dans la mienne.

-Oui, oui, je me disais juste que, commencé-je avec une certaine amertume, la vie, ou le destin peu importe, a vraiment un sens de l'humour particulier.

Son regard étonné me désespère, mais je ne me sens pas d'aborder le sujet en question. Tant pis. Ce n'est pas si important que ça après tout. Ou du moins, ce n'est pas le moment d'aborder le sujet. Je n'en ai de toute manière pas spécialement envie. Prenant une autre gorgée de bierreaubeurre, je parcours la salle du regard. M'étouffant pour la seconde fois en moins de cinq minutes, je cligne des yeux plusieurs fois. Est-ce que je vois bien ce que je vois ? Est-ce bien Guilian ? Mon Guilian avec à son bras une jolie blonde ?

Les voyant se diriger vers nous sans nous voir, je me jette sous la table, tirant Percy afin qu'il m'y rejoigne. Lui faisant signe de se taire, je lui montre les deux jeunes gens qui s'installe à une table de nous sur la rangée d'à côté. Si bien que de là où nous sommes, nous avons une vue totale sur les deux jeunes gens.

-Tu t'improvises agent secret maintenant Ad ? Me demande Percy, amusé.

-Tais-toi ! Et observe, ordonné-je les yeux rivés sur le petit couple.

Lançant un sort afin que nous puissions mieux les entendre, Percy me demande si je n'ai aucun scrupule à l'espionner ainsi.

-Non aucun. Maintenant tais-toi et écoute.

Avec un sourire amusé, le jeune homme s'installe le plus confortablement possible sous cette table exiguë.

-Emily...Je suis content que tu es pu venir. J'espère que Pénélope et Mike n'ont pas fait trop d'histoire.

Je fronce les sourcils. Deauclaire et Lanster ? Non impossible. Toutefois, la coïncidence est bien trop grande pour n'être que ça. Mike Lanster était le petit ami de la préfète en septième année...Du moins jusqu'à ce qu'elle mette ses sales pattes de nymphomane sur Percy. Déjà que je n'aimais pas beaucoup la jeune fille...Mais ces querelles me paraissent désormais bien loin. Des enfantillages par rapport à tout ce que nous avons vécu depuis. Je lance un regard à Percy qui hausse les épaules.

-Me regarde pas comme ça, je n'ai plus jamais eu de nouvelles depuis notre dernière année, m'informe-t-il avant que nous reprenions notre espionnage. Apparamment, Emily entre en sixième année à la rentrée. Elle a donc deux ans de moins que Guilian, et même si je sais qu'encore aujourd'hui, une relation entre un jeune homme de dix sept ans et une jeune fille de quinze ans est mal vu à cause de l'âge de la majorité, cela ne me pose personnellement aucun problème, du moment que mon neveu reste correct avec elle, cela va de soit. J'espère qu'ils n'ont jamais eu l'idée d'aller se réfugier dans la salle sur demande...Je n'ai pas spécialement besoin de ce genre de problèmes en ce moment.

-Dis moi Ad, murmure Percy à mon oreille me provoquant instantanément des frissons, rappelle-moi pourquoi on s'improvise espions exactement ?

-Guilian ne m'a jamais parlé de la moindre fille, expliqué-je dans un souffle, je n'ai pas envie qu'il s'imagine que nous l'espionnons.

-Ha je comprends, c'est sûr que vu comme ça, commence Percy avec ironie, on paraît tout de suite moins suspects, installés sous la table à les regarder plutôt qu'assis tranquillement devant nos pintes.

Piquée au vif, je lui balance mon coude dans les côtes. Le rouquin pousse un juron tout en se repositionnant.

-Laisse Merlin où il est, tais-toi et observe ! Ordonné-je en le fusillant du regard.

Je reporte alors mon attention sur les deux jeunes gens en essayant d'ignorer le fou rire de Percy à mes côtés.

-Fais ton malin Percy, mais rira bien qui rira le dernier, menacé-je dans un souffle.

-Ca veux dire quoi ça ? Me demande-t-il en reprenant son sérieux.

Satisfaite d'avoir réussi à le calmer, je tourne doucement la tête vers lui, un sourire insolent sur le visage. Percy me regarde avec appréhension et je me délecte de ce spectacle.

-Ca veux dire, mon chéri, commencé-je en appuyant chaque mot, que puisque tu as deux filles. D'ici cinq ans, voir six, si tu as de la chance, tu auras droit toi aussi à ce genre de spectacle sauf que tu ne seras certainement pas présent à ce moment-là.

Je souris de plus belle en voyant son visage se décomposer. Visiblement, le jeune homme n'a pas encore réalisé que ses filles deviennent grandes, et qu'avec leur entrée à Poudlard, elles vont grandir encore plus vite. J'en ai fais les frais avec Guilian à qui, quasiment à chaque retour à la maison, je devais refaire la garde robe. Il a grandi tellement vite qu'il m'arrive parfois de repenser à son enfance avec nostalgie, regrettant de ne pas plus en avoir profité.

-Percy, ferme la bouche, tu vas t'en remettre j'en suis sûre.

-Merlin ! Grogne-t-il en se refrognant tandis que je continue mon observation.

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