Chapitre 20 - Percy
2 Aout 2012
Des hurlements me réveillent en sursaut. Je me redresse, cherchant à tâtons la lampe que je finis par trouver après une éternité. La lumière me brûle la rétine, mais je ne m'en préoccupe pas. Adélaïde est assise sur le lit, la respiration saccadée. Je m'approche d'elle et tente de la prendre dans mes bras afin de la réconforter, mais le coude de la jeune femme vient se planter dans ma mâchoire. Je grimace de douleur et récupère les bras de la jeune femme entre mes mains, les collant à son corps afin qu'elle ne fasse pas plus de dégâts.
-Adélaïde, tout va bien ! C'est moi. C'est Percy. Calme toi !
J'essaye tant bien que mal de lui faire reprendre ses esprits, mais la jeune femme semble être enfermée dans une panique totale. Dans un froissement de draps, je l'oblige à me faire face, maintenant délicatement son visage entre mes paumes de mains et plante mon regard dans ses prunelles bleutées. Des larmes coulent sur ses joues et je les efface de quelques coups de pouces.
-Adélaïde...mon amour, je suis là, tout va bien. Tu es en sécurité. Je suis là. Il ne t'arrivera rien. Tu es chez moi. Personne ne viendra te faire de mal ici. Je te le promets. Calme toi mon coeur, calme toi.
Les petits surnoms me viennent avec une facilité déconcertantes. Les gestes d'affections sont tout aussi naturels.Semblant se calmer, la jeune femme acquiesce et je me rallonge, l'installant contre mon torse. Doucement, je lui caresse le dos, lui murmurant qu'elle est en sécurité, que je ne la laisserai pas. Malgré ma fatigue, je lutte pour rester éveiller. Je ne veux pas la laisser seule avec ses tourments. Alors j'attends. J'attends qu'elle ferme les yeux. J'attends que ses muscles se relâchent. J'attends que sa respiration se fasse plus régulière. Et j'attends encore. Pour être sûr que tout va bien. Je la recouvre, je la sers contre moi, je la berce. Et ce n'est que deux longues heures plus tard, que je me force à m'endormir, la gardant contre moi, là où je suis sûr que rien de mal ne peut lui arriver.
Je me réveille doucement, tandis que quelque chose me chatouille. Ouvrant les yeux sur une chevelure noire, je me demande un instant où je suis avant que ma mémoire ne me revienne. La nuit a été extrêmement courte et j'ai beaucoup de mal à me lever. Sans un bruit, je vais dans la salle de bain où mon reflet fatigué me nargue. Je suis censé reprendre le travail aujourd'hui, mais avec les événements de ces derniers jours, je n'ai vraiment pas envie de laisser Adélaïde seule avec ses démons. J'ai peur de ce qui pourrait lui arriver. Et je dois avouer que j'ai également peur qu'elle disparaisse à nouveau si je ne l'ai pas prêt de moi.
Réfléchissant à la meilleure option, je décide de sacrifier la semaine de congé que j'avais difficilement mise de côté afin de rester auprès d'elle. Je sais que je devrais faire énormément d'heures supplémentaires afin de m'en mettre une nouvelle de côté, mais je devrais y arriver sans problème. Et puis, je sais que je serai complètement inefficace si je vais travailler dans cet état. Replaçant quelques mèches de cheveux par-ci par là, j'essaye de me rendre présentable avant de passer ma tête par la cheminée.
Quelques minutes plus tard, j'enlève la suie tombée sur mes cheveux, heureux d'avoir obtenu mon congé sans trop de difficultés. Me dirigeant à pas de loup vers la chambre, je constate que ma belle dort encore à poings fermés. Je me dirige vers la cuisine afin de préparer le petit déjeuné. Devant mon frigo, je réalise que je ne sais pas ce qui lui ferait plaisir. M'aidant de la magie, je décide de préparer tout ce que mes ingrédients permettent de faire. A l'aide d'un sort d'agrandissement, j'allonge le plateau au fur et à mesure que mes plats se disposent dessus. Contemplant avec satisfaction les œufs, le bacon, la tarte aux pommes, les pancakes, le thé glacé, le café, le jus d'orange fraîchement pressé et la poignée de bonbons que j'y ai rajouté manuellement, je fais voler le plateau jusqu'à la chambre et le dépose sur le lit.
-Le petit déjeuné est servi, lui murmuré-je à l'oreille avant de lui déposer un baiser dans le cou.
La jeune femme grogne, m'arrachant un sourire, avant d'ouvrir les yeux. Je la regarde tendrement tandis que son regard se fait de plus en plus lucide. Tournant la tête vers le repas, Adélaïde écarquille les yeux.
-Percy...Tu as fais tout ça ? Tout seul ? s'exclame-t-elle en balançant son regard du plateau à moi et vice versa.
-Oui...enfin...avec l'aide de la magie, réponds-je géné, me sentant soudainement stupide de ne pas avoir tout fait manuellement.
-Wahou...c'est superbe...je...mais qu'est ce que tu fais debout ? Viens t'asseoir pour manger ! Me dit-elle en tapotant le lit de la main.
Je m'installe doucement à ses côtés et nous déjeunons dans les rires. L'espace d'un instant, j'ai l'impression que nous avons à nouveau dix sept ans. Que notre innocence, notre insouciance et notre joie ont été préservés. Je me sens entier, complet, et je n'ai pas envie que ce moment s'arrête. Malheureusement, nos estomacs se retrouvent vite remplis et l'un comme l'autre ne sommes plus capable d'avaler quoi que se soit. D'un coup de baguette, je renvoie le plateau à la cuisine où je l'entends se fracasser au sol. Je grimace, imaginant déjà les dégâts sur mon magnifique carrelage, tandis qu'Adélaïde éclate de rire. Ce rire. Je ne l'ai pas entendu depuis dix sept ans. Il me réchauffe le cœur, panse mes plaies qui n'y sont toujours pas cicatrisées.
-Je t'aime.
Son rire s'arrête tandis qu'elle me fixe avec de grands yeux. Je lui ai déjà dis, il y a quelques semaines. Et je le pense toujours autant, voir plus encore maintenant. Malgré tout, mon estomac se contracte tandis qu'un silence s'installe entre nous. J'ai tout gâché. Encore. Mais je ne peux pas m'empêcher de lui dire ce que je ressens. Avant, j'arrivais plus facilement à me retenir, à émettre des réserves, mais depuis la guerre, depuis la mort de Fred, ce n'est plus pareil. Je pensais avoir le temps. Je pensais pouvoir dire à mon frère tout ce que je ressentais pour lui. A quel point sa détermination m'impressionnait malgré le fait que l'on soit en désaccord. A quel point je le trouvais fort d'avoir le courage d'assumer ses choix, même si ils n'étaient pas toujours bons. A quel point ses remarques narquoises m'avaient manqués durant ces années à m'éloigner d'eux, poursuivant une dangereuse chimère. Je pensais avoir le temps, et les secondes sont devenues des minutes, les minutes des heures, les heures des jours, et Fred a été frappé. Il m'avait été arraché sans que je ne puisse rien faire. Moi, son grand frère, si responsable, si droit, j'avais échoué à le protéger, à le sauver. Si je n'avais pas fais cette blague...si nous avions échangés nos places...Fred serait toujours parmi nous. Il se serait peut-être marié, il aurait eu des enfants, il aurait continué à me charrier...
-Percy ?
Je cligne plusieurs fois des paupières et réalise que des larmes coulent sur mes joues. Je les essuie prestement avant de sentir des bras s'enrouler autour de moi. Adélaïde m'entraîne avec elle, nous allongeant sur le lit. Je ferme les yeux, écoutant son coeur battre à l'unisson du mien, dans un galop douloureux et réconfortant à la fois.
-Je t'aime aussi Percy. Je t'ai toujours aimé.
Je me redresse doucement et plante mon regard dans le sien. Le même désir brûlant crépite dans ses pupilles dilatées. Avec douceur, je m'approche d'elle et l'embrasse du bout des lèvres. Sa main glisse derrière ma nuque et m'oblige à me rapprocher. Ses lèvres frôlant les miennes me donnent le vertige. Je veux la posséder, je veux la faire mienne à nouveau. Ses dents tirent sur ma lèvre inférieur, faisant accroître le feu qui me consume. Je me laisse glisser au-dessus d'elle, me redressant légèrement sur les coudes. Je plonge mon regard dans le sien. Ce dernier, dur, rempli de désir et de défi, me fait frissonner. Avec douceur, je récupère ses lèvres, les caressant du bout de la langue, les mordillant. Je veux lui offrir la douceur qu'elle mérite, mais la jeune femme ne semble pas de cet avis. Je n'ai rien le temps de faire qu'elle me repousse. Légèrement frustré, je la laisse faire, prêt à me relever afin que nous reprenions nos esprits, mais déjà, Adélaïde s'installe à califourchon au-dessus de moi. Je la regarde, surpris tandis qu'un sourire espiègle se dessine sur ses lèvres. Sans attendre davantage, la jeune femme plaque sa bouche contre la mienne. Son baiser est fougueux, remplie de rage et de passion. A bout de souffle, je l'oblige à se décoller et commence doucement à remonter son haut, laissant mes doigts glisser sur sa peau. La sentant se raidir, je stoppe mon geste.
-J'ai peur, m'avoue-t-elle dans un murmure.
-Ce n'est pas grave, j'attendrai, la rassuré-je tandis qu'elle secoue la tête de droite à gauche.
-Non je...ce n'est pas pour ça que j'ai peur, m'explique-t-elle en baissant les yeux, je...tu vas être écœuré...tu vas me rejeter.
-Jamais je ne ferai ça, m'indigné-je en tentant de maîtriser ma voix, pourquoi je le ferai ? Adélaïde, tu as ravivé en moi des sentiments que je pensais éteints. Tu m'offre une chance de te prouver que je ne suis plus le crétin qui t'a laissé tombé il y a dix sept ans...jamais plus je ne te rejetterai. Jamais plus je ne te ferai souffrir. Peu importe ce que je vais découvrir...Je t'aime comme tu es maintenant. Avec tes défauts, tes qualités, tes joies et tes démons.
Mes paroles semblent la rassurer puisqu'elle se redresse légèrement. Prenant une grande bouffée d'air, la jeune femme enlève son haut. J'écarquille les yeux tandis que sa peau se dévoile à moi. De nombreuses cicatrices parcourent son corps, son ventre, sa poitrine, ses bras. Et je comprends pourquoi elle porte des manches longues même avec les chaleurs de l'été. J'ai mal. Je n'ose même pas imaginer la douleur qu'elle a dus ressentir. Je fais glisser mes doigts sur ses cicatrices, doucement. Certaines sont fines et quasi indétectables, d'autres sont plus prononcées et je sens leur relief sous ma peau. Ma mâchoire se contracte tandis que j'essaye de maîtriser la colère qui commence à me parcourir. Il lui a fait du mal. Beaucoup trop de mal.
Je remonte mon regard vers son visage et passe ma main sur sa joue, récupérant une larme qui s'enfuit. Je ne veux plus la voir pleurer. Je ne veux plus la voir souffrir. Je veux l'aimer. L'aimer comme jamais auparavant. Je veux lui offrir tout ce dont elle a manqué, tout ce que j'aurai dus lui donner. Je ne veux plus jamais la voir avec ce visage torturé. Alors je me redresse, doucement, et l'oblige à s'allonger. Doucement, je trace une ligne du bout de mes lèvres sur sa peau, créant un sillage entre son cou et son nombril. Je sens sa respiration se saccadée et ses ongles se planter dans mes épaules. Suivant le même parcours, je remonte doucement vers ses seins, frôle son cou, sa mâchoire avant de récupérer ses lèvres. Je l'embrasse d'abord doucement, puis avec de plus en plus de fougue. Je me laisse aller, laissant mes mains glisser sur son corps au rythme de sa langue caressant la mienne. Je la laisse mener la danse comme elle l'entend, me perdant en elle, la laissant me maîtriser comme jamais je ne l'ai laissé auparavant. Je sens une de ses mains glisser sur mon ventre et s'aventurer sous ma ceinture. Je la laisse faire, ne pouvant m'empêcher de sourire contre ses lèvres. Elle m'autorise à aller plus loin. A prendre possession d'elle. A la laisser me posséder en retour. A nous aimer comme aux premiers jours. Les premiers jours du reste de notre vie.
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