Chapitre 2 - Percy

21 Juin 2012

Jamais je n'aurai pensé vivre cela un jour. Pourtant m'y voila, déposant prestemment ma signature au bas de la feuille. Comment en sommes-nous arrivés là ? A quel moment avons-nous cessé de nous aimer ? Elle savait que mon poste en temps que directeur du département des transports magiques risquait de me prendre énormément de temps. Peut-être aurai-je dus être plus présent ? Partager plus de repas avec elle ? Pourtant, Audrey ne s'en est jamais plainte. A la naissance de Molly, j'ai fais en sorte d'être plus présents pour elles, ne voulant pas passer à côté de ma fille. Et quand nous avons eu Lucy...Est-ce à partir de là que tout a dégénéré ? Nous n'échangions déjà plus énormément à ce moment, mais j'étais persuadé que ce n'était qu'une mauvaise passe. Puis Audrey a commencé à travailler dans un laboratoire pharmaceutique tandis que je rentrais de plus en plus tard, éreinté par toute cette accumulation de problèmes au travail. Le temps a passé et Molly est entrée à Poudlard. En y réfléchissant, c'est vraiment à ce moment là que quelque chose a cassé entre nous, ou du moins que l'on s'en est rendu compte. Lucy étant plus discrète que sa sœur, nous avions alors plus de temps pour nous. Mais au lieu de nous retrouver, cela nous a surtout éloigné. Nous ne savions plus comment communiquer, partager. Je réalise alors que nos échanges, depuis un bon moment maintenant, tournaient essentiellement autour du travail et des enfants. Notre amour s'était doucement éteint, et, pris au piège dans notre routine, nous nous en apercevons que maintenant.

Sortant du tribunal, je la regarde, géné. Comment va se passer la suite désormais ? Comment devons nous nous comporter l'un envers l'autre ? Tandis que je lui tends la main, la jeune femme écarte les bras. Nous stoppons net nos gestes, nous adressons un sourire géné avant de finalement nous faire la bise.

-Je...Je viendrais chercher les filles le premier Aout et je les accompagnerai acheter leurs fournitures. Tu...Enfin si tu veux être là évidemment tu pourras. J'ai déjà parlé aux filles. Je ne pense pas qu'elles te poseront trop de questions, mais dis leur bien que je suis désolée de ne pas pouvoir être présente.

J'acquiesce tandis qu'un silence géné se prolonge entre nous. Après un dernier signe de la main, je la regarde s'éloigner. Malgré le fait que je sois déçu qu'elle n'ait pas réussi à se libérer pour accueillir notre fille, je sais aussi que je ne peux lui en vouloir. Elle a travaillé dur afin de pouvoir diriger sa conférence à Toronto. Celle-ci portant sur les bénéfices de se faire vacciner contre la Scrofulite est un projet qui lui tient particulièrement à coeur.

La cloche martelant les dix neufs coups me rappelle à la réalité. Je me dépèche de rejoindre la gare se trouvant à une vingtaines de minutes d'ici. Essouflé, je passe le mur entre les voies neuf et dix et constate avec soulagement que je ne suis pas en retard. J'avance tranquillement afin de me placer au plus près du quai. J'ai hâte de retrouver Molly. Elle a dus encore prendre quelques centimètres depuis les dernières vacances. J'espère également que Lucy n'est pas trop difficile avec maman. Je sais à quel point elle a hâte d'aller à Poudlard, et que tenir encore une année entière va être très difficile pour elle.

Je tourne la tête dans tous les sens, me demandant si Bill et Fleur sont déjà arrivés. Mon coeur loupe un battement tandis que je reconnais une silhouette familière au loin. Adélaïde est là, à quelques mètres de moi, le nez plongé dans la gazette du sorcier. J'hésite à aller la voir, mais ma curiosité est bien trop forte. Je veux savoir ce qu'elle devient. J'en ai besoin. J'ai toujours regretté la façon dont nous nous sommes séparés. Avec du recul, je pense que j'aurai pu y mettre un peu plus les formes. Je n'ai cessé de me demander si j'avais fais le bon choix, si je n'étais pas dans l'erreur. Puis ma rencontre avec Audrey a complètement balayé mes incertitudes, m'offrant une chance d'aimer à nouveau. Et Merlin ce que j'ai pu l'aimer elle aussi...

M'approchant un peu plus, j'hésite à aller vers elle. Adélaïde ne m'a pas vu, mais cela me donne le loisir de la détailler un peu plus. La jeune femme a beaucoup changé, bien que le contraire m'aurait étonné. Concentrée dans sa lecture, elle arbore un regard sévère qui me fait sourire. Je souffle un bon coup, hésitant à la déranger. Après tout, je ne sais pas comment elle va réagir. Nos chemins se sont éloignés depuis tellement longtemps que je ne suis même pas sûr qu'elle se rappelle de moi. Prenant mon courage à deux mains, je tente une approche.

-Adélaïde ! Ca fait...longtemps.

La jeune femme relève la tête et nos regards se croisent. Le sien, glacial, me donne des frissons. Je déglutis, réalisant que je n'aurai peut-être pas dus me manifester. Elle n'a clairement pas envie de me parler. M'en veut-elle encore ? Après toutes ces années, se serait complètement riddicule. Toutefois, son regard se radoucit et un sourire étire doucement ses lèvres. Après plusieurs minutes, elle finit par me répondre.

-Percy...oui...ça fait...une éternité.

Soulagée qu'elle soit ouverte au dialogue, je me détends. Maintenant que le premier pas est fait, je me permets de la désivager plus ouvertement. La jeune femme a les traits tirés et la lueur de joie qui flambait dans ses yeux autrefois semble avoir disparu.

-Que...que deviens-tu ? Demandé-je, espérant briser la glace une bonne fois pour toute.

-Je suis devenue Auror, et toi ?

-Ho ! Tes parents doivent être fiers de toi ! Moi et bien...je suis directeur du département des transports magiques, réponds-je avec une certaine fierté, et je suis papa de deux petites filles...enfin...plus si petites maintenant, rié-je en réalisant à quel point le temps est passé vite.

Un voile passe devant les yeux de la jeune femme. Cela ne dure qu'un instant, mais c'est assez pour me mettre mal à l'aise. Reprenant un certain sérieux, je réalise qu'elle ne sait probablement pour mon frère.

-Fred est...Fred a été tué...durant la bataille de Poudlard, murmuré-je en essayant de chasser ce douloureux souvenirs.

-Je sais, je l'ai lu dans les journaux. Je suis sincèrement désolée pour votre famille. Comment va George ?

-Il n'en parle quasiment jamais. Il s'est marié et a eu deux enfants. Roxanne et...Fred...en hommage à son frère. D'ailleurs, Fred a le même tempérament que son oncle...c'est assez déroutant pour nous, réponds-je en repensant aux bétises du jeune garçon.

-Tu lui diras que...enfin, que je pense fort à lui...ou un truc du genre, me demande la jeune femme.

Je fronce les sourcils. Adélaïde a toujours su trouver les mots pour exprimer ses émotions. La voir ainsi cafouiller n'est clairement pas elle....Ou du moins, pas celle que j'ai connu. La parcourant du regard, je constate qu'elle se triture les mains, se dandinant d'un pied à l'autre. Est-ce que me revoir la met mal à l'aise ? Peut-être que je devrais la laisser tranquille. Commençant à m'éloigner doucement, la jeune femme reprend la parole, stoppant ainsi toute idée de fuite de ma part.

-Gaelle est, m'annonce-t-elle en reniflant, Gaelle a disparu...

J'ouvre la bouche, ne m'attendant pas à entendre une telle nouvelle. Disparu ? Est-elle morte ? Ou s'est-elle faite enlevée ? N'osant rien dire de peur de dire quelque chose de déplacé, j'attends patiemment qu'elle me donne des explications. Ces dernières ne se font pas attendre.

-Elle...Elle s'est faite tuée...il y a cinq ans. Elle était Auror elle aussi. Et on lui avait confié une mission...délicate.

Tout en l'écoutant, nous nous asseyons sur un banc, nous offrant une proximité plus prompt aux confidences. Ses mains tremblent tandis qu'elle respire profondément. Je me doute que perdre sa meilleure amie n'a pas du être quelque chose de facile à vivre pour elle.

-Jacob...Jacob a rencontré un garçon deux après notre diplôme. Ce n'était pas un type très fréquentable mais il en était fou, et malgré nos mises en garde, il n'en a fait qu'à sa tête. Ils ont commencé à sortir ensemble et au début tout allait bien, j'en étais même venue à me dire que je l'avais mal jugé. Mais au fil des mois, Jacob a commencé à avoir une attitude bizare. Il s'éloignait de nous, devenait plus discrèt, plus cachotié. Et l'année précédent la mort de Voldemort, Jacob s'est complètement volatilisé. Personne n'a su ce qu'il était devenu jusqu'à ce qu'il réapparaisse un an plus tard. Il était devenu fou. Il portait fierement la marque des ténèbres et ne s'en cachait pas. Durant la bataille de Poudlard, Gaelle s'est confrontée à lui. Elle pensait pouvoir lui faire entendre raison. Le lendemain, j'ai appris qu'il l'avait tué avant de fuir. Il fait désormais parti des personnes que je...que le bureau des Aurors traque.

La peine fait place à la colère sur son visage. Ses traits se tendent tandis que sa respiration s'accélère. Elle semble partie dans ses pensées et je n'ose pas la toucher. Toutefois, voyant une unique larme couler le long de sa joue, j'approche doucement ma main, récupérer ce surplus d'émotion sur mon doigt. La jeune femme tourne son regard vers moi et je me laisse transporter par ses magnifiques yeux bleus. Un écho résonne au fond de ma poitrine et mon coeur accélère plus que de raison. Un sifflement strident me fait sursauter, faisant éclater la bulle dans laquelle nous nous étions enfermés. D'un geste vif, je me relève, rapidement suivie par la jeune femme. Sans un mot, nous nous faufilons entre les voyageurs jusqu'à arriver devant le train. Au loin, j'aperçois la frimousse de Molly descendre du train et lui fait de grands signes tout en allant à sa rencontre.

-Ma princesse ! Tu m'as tellement manqué !

Je la serre dans mes bras un long moment avant de me me tourner vers Adélaïde. La jeune femme arrive vers nous, suivi de près par un jeune rouquin à la barbe naissante.

-Guilian je te présente Percy, un...un très vieil ami.

-Ravi de faire ta connaissance Guilian ! Commencé-je maladroitement, ta mère a fait du bon boulot ! Enfin je veux dire...tu...mon regard est alors attiré par un sigle sur sa poitrine, tu es préfet en chef ! Félicitation ! Ca a été une fonction dont j'étais particulièrement fier, j'espère que tu as su faire honneur à ce grade dont l'importance est capital et...

-Percy, me coupe Adélaïde amusée, respire, tu n'es plus à Poudlard. Ne t'inquiètes pas, Guilian a su faire honneur à la réputation que tu as laissé là bas.

-Tatie, il faudrait qu'on se dépèche. Il va falloir organiser nos vacances...et...enfin je voudrais pas que mes projets tombent à l'eau, presse le jeune rouquin en m'adressant un signe de la tête, quand à toi Molly...

Je regarde Guilian se mettre à hauteur de ma fille et fronce les sourcils. Généralement, quand un préfet en chef connaît le nom d'une première année, cela n'augure rien de bon pour cette dernière. Qu'est ce que ma fille peut bien faire à Poudlard dont je ne sois pas au courrant ?

-J'espère que tu seras un peu plus sage l'an prochain. Se serait bien que tu évites aux prochains préfet de Gryffondor d'enlever des points à notre maison ! Ca éviterai qu'on se fasse à nouveau battre par Serdaigle...Enfin...Je ne serai évidemment pas là pour le constater, mais n'oublie pas que j'ai des espions partout.

-Tatie ? Demandé-je tout en gardant en tête de questionner Molly sur ses activités à l'école.

-Oui, je ne sais pas si ttu te rappelles de ma cousine Alice. La lettre que j'avais reçu....

J'acquiesce tandis que le souvenir me revient vaguement en mémoire. Nous nous séparons rapidement, nous promettant d'aller se boire un verre à l'occasion. Sur le chemin du retour, je ne peux m'empêcher de penser à Adélaïde. D'après ce que j'ai compris, la jeune femme n'a jamais eu d'enfants. A-t-elle seulement refait sa vie ? A-t-elle quelqu'un qui l'attend chez elle ? Elle ne m'en a pas parlé. D'ailleurs, elle a été extrèmement discrète concernant sa vie familiale...Et ce regard si triste...Est-ce seulement dus aux destins tragiques de ces deux meilleurs amis ? Ou bien transporte-t-elle des démons plus lourds ? J'ai envie d'en savoir plus. Peut-être pourrions-nous rattrapper le temps perdu ? Devenir des amis, ou...peut-être plus ? Je secoue la tête, chassant ces idées pour le moins déplacées. Je viens tout juste de divorcer, qu'est-ce qui me prend de penser des choses comme ça ? Cela doit-être dus à tous ces souvenirs, ça doit me rendre nostalgique, rien de plus.

-Ted ! Victoire !

La voix de ma fille sautant dans les bras de sa cousine et du jeune homme me sort de mes pensées. J'avance vers la salle à manger où toute la famille est déjà réunie. Bill me tire une chaise et je m'installe tandis que ma mère demande aux enfants de venir à table. Tout le monde est présent ce soir, même Charlie qui a pris quelques jours afin de pouvoir profiter de toute la famille.

-Percy ? Tout va bien ? Un souci avec le...enfin avec Audrey ?

Je tourne la tête vers George qui me regarde avec inquiétude.

-Non, tout s'est très bien passé. Ca y es, c'est officiel. Non je...J'ai recroisé...enfin ça n'a pas d'importance. Fais moi passer le rôti s'il te plait.

Nous mangeons dans la bonne humeur, écoutant les enfants nous raconter leur année et leurs projets pour les vacances. Je m'efforce de prendre part à la conversation, bien que mes pensées se tournent vers une jolie brune de mon passé, tentant d'ignorer la culpabilité qui me ronge bien malgré moi. Ai-je seulement le droit de lui porter un certain intérêt alors que mon divorce vient tout juste de s'officialiser ? Mais ce n'est pas le sujet principal de mes tourments, non. Je me demande surtout pourquoi ces retrouvailles me perturbent autant. Je n'ai plus dix sept ans ! C'est complètement stupide.


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