Chapitre 19 - Adélaïde

1 Aout 2012

-Je suis désolé Adélaïde, murmure Percy à mon oreille, je suis désolé. Je suis là maintenant, je...je te protégerai...je te protégerai.

Sa main parcourant mes cheveux, son odeur emplissant mes narines et sa chaleur m'entourant ont quelque chose de réconfortant. Je sens mon rythme cardiaque se réguler tandis que mes respirations se font plus profondes. Je ferme les yeux et profite de ce moment de paix. Mais rapidement, la réalité me rattrape. Amère, dangereuse, douloureuse. D'un geste brusque qui m'arrache le coeur, je me décolle du jeune homme, le repoussant de toutes mes forces du plat de mes mains.

-Non ! Asséné-je avec dureté, non tu...Percy tu ne peux pas. Je...Il...Si il sait que...Il va s'en prendre à toi. A tes enfants. A ta femme.

-Ex femme, me corrige-t-il tandis que je lui lance un regard noir.

-Peu importe, elle est la mère de tes enfants. Elle fait partie de ta famille Percy. Tu n'as pas le droit de leur faire ça. Je ne veux pas qu'il leur arrive quoi que se soit à cause de moi. Il...Ecoute...Ca fait...dix huit ans que je me débrouille sans toi. Je peux très bien continuer ainsi, argumenté-je d'une voix aigüe ne montrant en rien l'assurance dont j'essaye de faire preuve.

-Il est hors de questions que je te laisse à nouveau, gronde-t-il en se rapprochant de moi et me piégeant dans un coin de la pièce, et encore moins avec ce fou furieux à tes trousses. Adélaïde, fais moi confiance ! Je sais que...je n'en étais pas digne avant, mais j'ai changé. J'ai...Je suis tout à fait capable de protéger les gens que j'aime. Il n'arrivera rien à personne parce que je prendrai les mesures nécessaires pour cela, aussi bien pour mes filles et pour mon ex-femme que pour toi.

-C'est de la folie Percy, supplié-je, je ne pourrai jamais me le pardonner si il t'....

Ses lèvres se posent sur les miennes avec rage, me coupant le souffle tandis que son corps se presse contre le mien, ses mains agrippant mes hanches avec force. Je me sens comme happée dans un tourbillon d'émotions, à la fois grisantes et terrifiantes.

Un toussotement me ramène à la réalité tandis que nous nous décollons à regret. Passant ma tête sur le côté afin de voir la personne qui vient d'arriver, je sens mon visage chauffé, devenir cramoisi. Je repousse d'un geste brusque Percy qui se laisse faire avant de remettre en ordre mes vêtements.

-Mo..Monsieur Potter, patron heu..il..heu..je, bégayé-je en évitant son regard tandis qu'un sourire taquin se dessine sur ses lèvres.

-Hé bien Miss Bercley, commence Harry en ne me lâchant pas du regard, si on m'avait dit que je vous verrai un jour baisser les yeux devant moi, je ne l'aurai pas cru. Si j'avais su qu'il suffisait de vous laisser un petit moment avec mon beau frère, je ne me serais pas autant embêté à réfléchir à des solutions pour vous cadrer un peu plus...

Je regarde Harry avec de grands yeux ronds, incapable de bouger ou de répondre quoi que se soit. Mais le jeune homme, loin d'être en colère, semble s'amuser de la situation.

-Harry, je vais te montrer ce qu'il en est. Je pense qu'il va falloir trouver une solution d'urgence afin de mettre A..miss Bercley et son neveu en sécurité.

Percy entraîne le jeune Auror vers la salle de bain tandis que je reste sur place, me rongeant les ongles. Les minutes passent sans que les deux hommes ne reviennent. Anxieuse, je m'avance à pas de loup jusqu'à les entendre murmurer. Me plaquant contre le mur, j'écoute avec attention leur conversation.

-C'est une...longue histoire Harry, dont je n'ai pas spécialement envie de m'étendre. Tout ce que tu dois savoir c'est que...Flint il....

-Hey ! Percy, ça va aller, je suis là et je vais mettre plusieurs Aurors sur le coup. Ne t'inquiètes pas, je prendrai toutes les dispositions nécessaires pour assurer la sécurité de miss Bercley et de Guilian.

-Merci Harry, renifle le jeune homme, je n'en doute pas mais...Ce n'est pas ça. Ce message c'est...Elle va certainement m'en vouloir de te l'avoir dit, mais je pense qu'il faut que tu connaisses toute la vérité. Ne serait-ce que pour éviter de te retrouver en mauvaise posture pour une quelconque raison. Ad et moi, nous...

-J'ai fais une fausse couche, le coupé-je en apparaissant dans l'encadrement de la porte, il y a dix sept ans...

Je me laisse glisser contre le mur en essayant de calmer la crise d'angoisse qui refait surface. J'ai bien réussi à le raconter une fois, à George, alors je devrais être en mesure de le refaire. Après tout, c'est le premier pas qui compte, n'est-ce pas ?

-Percy, va chercher une bouteille de whisky pur feu dans le frigo, ordonné-je, voir même deux s'il te plait, et...si tu trouves des verres, on ne sait jamais. Et fais attention, le frigo est tombé au sol. J'espère que le whisky n'a pas cassé.

Au bout de quelques minutes, le jeune homme revient avec trois verre et une bouteille, m'informant que c'était tout ce qu'il restait. Je soupire en remplissant deux verres que je leur tends avant de prendre une bonne rasade à même le goulot. Ignorant leurs regards réprobateurs, je laisse la mixture se propager en moi, me donnant la force nécessaire de replonger dans mes souvenirs.

-Je...C'est la dernière fois que je raconte...ça. Alors, vous écoutez et vous la fermez. Et après...jamais plus je n'en parlerai. Et Guilian...Cela va de soit que si il apprend quoi que se soit, je me débrouillerai pour trouver un dragon et je lui offrirai vos cadavres en guise de repas, suis-je claire ?

-Miss Bercley, je doute que parler ainsi à votre supérieur soit...ok j'ai compris, se ravise Harry devant mon regard assassin.

Je lance un regard à Percy, espérant qu'il se défile, mais le jeune homme s'est installé face à moi sur le sol, la mine sombre et les muscles tendus. Il est prêt à tout encaisser. Je le vois. Prenant une grande inspiration, je me lance dans mon récit, reprenant tout depuis le début, depuis Poudlard. Je leur raconte l'altercation avec Flint, la torture dans la forêt interdite, son expulsion. Tout cela, Percy le sait déjà, et au vu de son agitation, je sais qu'il s'en souvient aussi nettement que moi. Harry ne dit pas un mot, les yeux rivés sur moi, attendant la suite. Après plusieurs gorgées je reprends. La découverte de ma grossesse, la résolution de le dire à Percy une fois les examens finis, notre rupture, mon arrivée chez moi et la ferme intention de venir au terrier dans l'heure suivante. La porte entrouverte, les mangemorts, mon enlèvement et mon réveil. Je marque une pause et relève la tête, constatant avec surprise que les deux jeunes hommes se sont installés à mes côtés. Harry à ma droite, fixant un point au loin, Percy à ma gauche, me regardant avec tristesse, sa main enlacée dans la mienne. A quelle moment ce contact a eu lieu ? Je ne m'en suis pas rendue compte. Je souffle avant de reprendre mon récit. Mon statut d'animagus qui m'a permis de tenir des mois durant. Mes parents se faisant tuer sous mes yeux par Marcus, Rabastan et Rodolphus. Les informations qu'ils essayaient d'obtenir mais dont je n'avais aucune connaissance. Ma cousine et son mari, mourant à leur tour, laissant un orphelin à peine de quelques jours. Flint m'enfermant dans une cage lorsque je me transformais, me laissant des jours durant sans eau et sans nourriture, sans même la possibilité de redevenir humaine. Les tortures à répétition, de façon magique lorsqu'il était de bonne humeur, avec un simple couteau brûlant dans ses mauvais jours. Je me stoppe plusieurs fois, de plus en plus parcourue de sanglots alors que mon récit touche à sa fin. J'arrive aux derniers jours. Les corps de ma famille face à moi, laissés devant moi comme de vulgaires poupées de chiffons en décomposition. Son dernier jeu. Sadique. Fatal. Mon corps en l'air, retenu au plafond par les poignets. Mes douleurs de plus en plus vive au ventre. Les contractions. La mare de sang s'étalant sous moi. Kingsley arrivant. Trop tard. Mon réveil à l'hôpital. Ces mois passés à Saint Mangouste en section psychiatrie. Andromeda me prenant sous son aile. Ma sortie et le rôle de tutrice que l'on m'imposait. Les trois ans de vie de Guilian que j'avais loupé. Mes difficultés à m'en sortir. Mon refus de toucher à la magie pendant de nombreuses années. Mes emplois de moldus à répétition. Et mon retour vers la magie. Andromeda me secouant pour que je reprenne mes études, me gardant Guilian alors qu'elle était déjà en charge de Teddy, afin que je puisse réussir mes examens dans de bonnes conditions. Ma reprise en main et mon emploi en temps qu'Aurore. Ma promesse de ne plus laisser un seul criminel courir les rues.

Une fois mon récit terminé, un silence pesant s'installe entre nous. Je risque un œil vers les garçons. Les deux ont le regard dans le vide. Je termine ma bouteille d'une traite, laissant l'alcool engourdissant mes sens faire son œuvre.

-Tu ne m'avais pas dis tout ça, me lance Percy la voix tremblante, c'est...

-Du passé, le coupé-je, j'aurai préféré que tu ne saches pas tout. Je suis désolée Percy. Tu en savais déjà beaucoup trop.

-Je vais le tuer, s'exclame-t-il tandis que la rage déforme ses traits.

-Non Percy ! Tu ne feras rien du tout. Tu vas protéger ta famille, et se sera bien suffisant. Je vais...

-Vous ne ferez rien non plus miss Bercley, m'interrompt Harry, vous pouvez me lancer tous les regards furieux du monde, cela ne changera rien. Je vais ouvrir une enquête afin de retrouver Flint. Il sera jugé et emprisonné à Azkaban. Mais vous êtes bien trop impliquée. En temps que victime, vous ne pouvez être mise sur l'enquète.

-Je t'aiderai Harry, décide Percy avant que je ne puisse réagir, je veux retrouver ce fumier et lui faire payer.

-Non Percy, soupire le jeune Auror avec lassitude, au même titre que miss Bercley, tu n'as aucun droit d'interagir avec cette enquête. De plus, tu dois protéger tes enfants avant tout, alors, mieux vaut que tu te fasses discret sur ce coup.

-Trés bien, mais tiens nous au courant, se résigne le jeune homme en m'attirant vers lui.

-C'est promis. Il se fait tard, je vais rentrer et...vous devriez en faire de même. Bercley, il va vous falloir un endroit où vous serez en sécurité quelques temps.

-Elle viendra chez moi, décide Percy décidant à ma place.

-Parfait, tenez moi au courrant si il y a le moindre souci.

Après nous avoir serré la main, Harry transplane, nous laissant seuls. Je me tourne vers Percy qui ne m'a toujours pas lâché.

-Tu..tu es sûr que tu veux m'héberger ? Je veux dire et tes filles... ?

-Ne t'inquiètes pas, elles sont chez leur mère tout le mois et ensuite elles seront à Poudlard, me rassure-t-il.

-Et Guilian ? Demandé-je.

-Soit il restera avec nous, soit il restera avec Teddy. Je pense qu'il est assez grand pour décidé, tu ne penses pas ?

J'acquiesce et nous entreprenons de rassembler toutes les affaires encore en bon état. Après avoir tout récupéré, Percy m'attrappe par la taille et nous fait transplaner. La nuit est déjà bien entamée quand nous apparaissons chez lui. Le jeune homme presse son corps contre le mien, déposant avec rage ses lèvres contre les miennes. Je réponds à son baiser langoureux tandis qu'il nous dirige vers sa chambre. Mes jambes buttent contre un objet dur et je me retrouve allongée sur un dessus moelleux. Un lit. Les lèvres de Percy glissent doucement le long de ma mâchoire, de mon cou, laissant une traînée brûlante sur leur passage. Mon corps répond à son envie, vibrant sous son contact. Je glisse mes mains sous son teeshirt, parcourant doucement sa peau, me la réappropriant. Doucement, je sens ses doigts frôler mes côtes et ce contact me donne le vertige. Il remonte doucement le long de mon corps, dénudant mon ventre par la même occasion. Mon ventre...mes cicatrices...Je me relève d'un bond, le repoussant sur le côté, à bout de souffle.

-Percy, je ne suis pas prête, c'est, l'excusé-je le coeur battant à tout rompre, c'est trop tôt. Trop...

-D'accord, me répond-il tendrement, ne t'inquiètes pas. Viens là. On ira à ton rythme.

Me faisant glisser dos contre son torse, le jeune homme me prends dans ses bras, caressant doucement ma peau dans un geste de réconfort. Je ferme les yeux, me collant un peu plus à lui et ne tarde pas à m'endormir, apaisée par sa présence, par son odeur, par ses bras protecteurs enroulés autour de moi.

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