Chapitre 14 - Percy

16 Juillet 2012

Les yeux rivés sur le plafond, je ne cesse de ressasser les révélations d'Adélaïde. Son comportement, ses cachotteries, tout s'imbrique désormais dans une telle logique que je me demande comment j'ai pu être aveugle à ce point. Et moi qui n'ait même pas cherché à la comprendre, à l'écouter. Elle m'avait promis de tout me dire après les Aspics. Je comprends maintenant pourquoi elle voulait à tout prix attendre. Aucun doute que cette nouvelle m'aurait complètement chamboulé. Je tourne la tête vers la fenêtre où le soleil commence à se lever. Je n'ai pas fermé l'oeil de la nuit, et je sais que je n'arriverai pas à m'endormir. Je me lève et me faufile à pas de loup vers les chambres de mes filles. Ces dernières dorment à poings fermés et semblent tellement paisible. Je les observe un moment, attendri par toute cette innocence, essayant de garder la douce illusion que jamais elles ne grandiront. Refermant doucement leur porte, je me faufile jusqu'à la salle de bain. Si la douche ne m'aide pas à faire redescendre la tension, elle a au moins le mérite de me réveiller. En sortant, je risque un œil vers le miroir. De lourdes cernes englobent mes yeux. Ces derniers sont encore rouges de mes larmes et du manque de sommeil, et mes lunettes n'aident en rien à camoufler les dégâts. Tant pis, je n'aurai qu'à prétexter avoir travaillé toute la nuit. Personne ne cherchera à me contredire de toute manière. Malgré tout, il y a quelqu'un avec qui je dois discuter des révélations d'Adélaïde, et le plus tôt sera le mieux. Je me dirige dans la cuisine où je commence à préparer des pancakes.

Alors que je termine de faire chauffer la dernière galette, j'entends mes filles se lever. Elles ne tardent pas à arriver dans la cuisine, se frottant les yeux, encore à moitié endormies. Je leur adresse un sourire qui se veut rayonnant tout en déposant une grande assiette devant elles.

-Pancakes party les filles ! Vous avez bien dormi ? leur demandé-je d'une voix un peu trop enjouée.

-Oui papa, me réponds Molly, qu'est ce qu'on va faire aujourd'hui ?

-J'aimerai bien aller chez tonton Harry, demande Lucy, je veux qu'il me raconte encore une fois comment il s'est débarasser de Lord Voldemort.

-Maman t'a déjà dit de pas prononcer ce nom Lucy, s'exclame Molly la voix suraïgue, il porte malheur !

-Oui mais maman elle est pas là ! Rétorque Lucy en plissant le nez, je fais ce que je veux !

-Les filles, grondé-je, du calme ! Ne commencez pas dés le matin ! Molly a raison Lucy, tu ne dois pas prononcer ce nom. Même si le seigneur des ténèbres a disparu depuis des années, son nom reste encore tabou. Tu risques de t'attirer des ennuies ma chérie.

Je regarde, amusé, mes filles se tirer la langue avant de leur ébouriffer les cheveux. Les entendant râler ensemble contre moi, j'éclate de rire. Même si mes deux chipies ont souvent des points de vue divergeant, quand il s'agit de se liguer contre leurs parents, elles ne forment plus qu'un seul et même bloc. Et c'est bien pour maintenir cette complicité, que je sens de plus en plus fragile au fil des ans, que je mets toujours tout en œuvre pour les liguer contre moi. Nous terminons rapidement le petit déjeuné et passons par le réseau de cheminée.

-Percy ? Déjà là ? Me lance mon frère encore en pyjama, Angélina vient de partir faire les courses. Je croyais que tu ne venais que vers midi.

Me baissant vers mes filles je leur adresse un large sourire.

-Et si vous alliez chatouiller vos cousins pour les réveiller ?

Les filles, visiblement ravies de ma proposition, se dépêchent de rejoindre les chambres de Fred et Roxanne en riant. Une fois sûr que leurs petites oreilles ne traînent pas dans les parages, je me tourne vers mon frère, le visage crispé par la colère.

-Tu le savais, n'est-ce pas ? lui demandé-je en le fusillant du regard, tu savais qu'Adélaïde était enceinte, rajouté-je devant son regard d'incompréhension.

-Oui. Elle, elle me l'a dit la semaine dernière, me souffle-t-il tandis que ses yeux se voilent de tristesse.

-Bon sang ! Et tu..tu ne m'as rien dis, lui reproché-je en passant une main sur mon visage, tu..elle...vous me l'avez caché !

Faisant les cents pas, j'essaye de contenir ma colère. Quand bien même elle lui aurait demandé de ne rien dire, c'est tout de même quelque chose de capital qui me concerne. Oui elle a avorté, et que je le sache ou non n'aurait rien changé, mais tout de même.

-Percy, commence le jeune homme, tu n'as pas le droit de m'en vouloir, c'est...

-Oui je sais George, le coupé-je, je ne t'en veux pas. Je suis juste déçu. Et Adélaïde, elle....

-Tu n'as pas le droit de lui en vouloir non plus Perce, continue-t-il me faisant ricaner, elle n'aurait pas dus te le cacher aussi longtemps. Je suis d'accord avec toi, mais...mais Percy tu n'as pas le droit de lui en vouloir pour ce qu'il s'est passé !

-Si George ! J'ai tous les droits de lui en vouloir, m'emporté-je, j'aurai assumé mes responsabilités ! Je..Je l'aurai demandé en mariage comme j'avais prévu de le faire plutôt que de la quitter ! J'aurai accepté le courroux de ses parents...et des nôtres. Et plutôt que de me laisser le choix, elle...

Un sanglot m'empêche de finir ma phrase et je respire profondément afin de ne pas craquer. Pourquoi mon propre frère me trahit-il ainsi ? Pourquoi continue-t-il à la défendre en sachant ce qu'elle a fait ? Bien sur que si elle voulait avorter, je n'aurai pas eu mon mot à dire, mais tout de même ! J'avais le droit de savoir, ne serait-ce que pour lui laisser envisager une autre option ! Un autre avenir !

-Percy...tu...tu n'es pas sérieux là, j'espère ? reprend mon frère, durement, je comprends que tu sois en colère, mais je ne pense pas que ta colère soit tournée vers la bonne personne ! Ce n'est quand même pas la faute d'Adélaïde si Flint l'a enlevé et torturé au point qu'elle en fasse une fausse couche ! Mais qu'est ce qui te prends enfin ! Tu...

J'ouvre la bouche, estomaqué, choqué. J'ai l'impression qu'un poing géant vient de me percuter de plein fouet. Qu'est ce qu'il raconte ? C'est quoi cette histoire ?

-Tu...tu dis n'importe quoi, rétorqué-je hésitant, Adélaïde a avorté sans même me consulter avant. Elle...non...non ce n'est pas possible. George....Dis moi que t'as mal compris. Elle...

Je me laisse tomber au sol, parcourut de sanglots tandis que l'abominable vérité me terrasse. Adélaïde était enceinte. Et je l'ai laissée tomber. Adélaïde attendait notre enfant. Et elle s'est fait enlever. Par Flint. Encore. Je lui avais promis qu'il ne lui ferait plus aucun mal. Et il...Il a tué mon enfant. Et moi je lui en ai voulu...à elle !

-Je...Je crois que j'ai déconné George. Je...Je dois y aller. Est-ce que tu peux me garder les filles le temps que...demandé-je, tremblant, tentant de ravaler ma douleur.

-Hors de question que je te laisse y aller seul dans cet état. Reste ici, je reviens, m'arrachant ma baguette des mains je l'entends rajouter, mesure de précaution.

Quelques minutes plus tard, George revient me disant que tout est arrangé. Il m'attrape le bras avant de me rendre ma baguette. A croire que je vais vraiment partir sans lui...bon, c'est vrai, il me connaît bien. Je nous fais transplaner rapidement et nous apparaissons dans le salon d'Adélaïde. J'avais tellement peur qu'elle refuse de m'ouvrir que j'ai préférer jouer l'effet de surprise. Et pour une surprise, s'en est une...Mais pour nous. Je fais le tour de la maison comme un fou, mais je dois me rendre à l'évidence, Adélaïde n'est pas là. Même ses affaires ont disparues.

Je me laisse tomber sur le sol, hurlant ma peine tandis que les bras de George se resserrent contre moi. Le jeune homme tente de me réconforter, mes ses paroles glissent sur moi. Elle s'est enfuie à cause de moi. Si je l'avais écouté dés le départ...si je l'avais écouté déjà il y a dix sept ans...tout est de ma faute. Je l'ai perdu elle. Et j'ai perdu mon premier enfant. Je les ai perdu parce que je n'ai pas su écouter. Je n'ai jamais su écouter. Audrey me l'a d'ailleurs souvent reprocher. De me faire ma propre opinion sans chercher à creuser plus loin. Et notre mariage s'est effondré. Encore une fois, dans ce petit salon, je me prouve à quel point je peux être lamentable.

-Percy...il...il faut rentrer. Tes filles...me murmure George, penaud.

Je ne sais combien de temps nous sommes rester ici, mais la luminosité commence déjà à décroître. Je sèche mes larmes avant d'acquiescer. Dans le silence, nous récupérons nos baguettes.

-Elle reviendra, tente de me rassurer mon frère, elle revient toujours.

Nous transplanons. Je ne suis pas convaincu par ce qu'il me dit, mais de toute façon, je n'ai plus que cet espoir auquel me retenir. Apparaissant dans l'entrée, je vois mes filles se ruer vers moi et les serre fort dans mes bras.

-Papa ! T'étais où ? Me demande Lucy, les joues roses d'excitations.

-Tu as loupé Fred dévalant les escaliers sur les fesses ! C'était hilarant ! m'explique Molly en gloussant.

-Dis-moi, jeune fille, tu ne serais pas à l'origine de cette chute par hasard ? Lui demandé-je avec suspicion.

-Non papa ! Je n'ai rien fais ! Me lance-t-elle avec un large sourire qui ne me dit rien qui vaille.

-Allez jouer les filles. Nous..on ne va pas tarder à rentrer alors, profitez-en.

-On peut te les garder tu sais, propose George une fois les filles loin, si tu as besoin de...

-Non, le coupé-je, ça va aller. Elle parte dans quinze jours chez leur mère alors...Je préfère passer le plus de temps possible avec elles avant.

Et surtout j'aimerai éviter d'être seul le plus longtemps possible. Je lance un regard rassurant à mon frère. J'espère de tout coeur qu'il a raison, et qu'Adélaïde reviendra. J'ai besoin de lui parler, de comprendre. Elle n'a pas le droit de laisser tomber une bombe telle que celle-là et s'enfuir tout de suite après. Et même si je ne peux lui en vouloir d'avoir perdu notre enfant, je ne peux m'empêcher de penser que tout cela ne serait jamais arrivé si elle avait été franche avec moi dés le départ. Si elle m'avait dit être enceinte...Et même si notre histoire n'aurait pas tenue...aujourd'hui, j'aurai pu avoir un troisième enfant. Il aurait pu être un modèle pour Molly et Lucy. Je secoue la tête afin de faire disparaître toutes ces pensées. Ce qui est fait est fait. Je ne peux revenir en arrière. Maintenant, il va falloir que j'apprenne à vivre avec. Et Adélaïde ? Après toutes ces révélations, ai-je encore envie de retenter le coup avec elle ? Après tous ces mensonges, toute cette souffrance...Je n'ai pas envie de me faire plus de mal que je ne souffre déjà. Je n'ai pas envie que mes filles en payent le prix. En prenant tous ces paramètres en compte, est-ce que je veux vraiment prendre le risque de la fréquenter à nouveau ? La réponse me paraît évidente, et c'est le cœur lourd que je pense que...


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