Chapitre 13 - Adélaïde
15 Juillet 2012
Je ferme les yeux, me laissant aller à cette étreinte. Les bras de Percy se referme sur moi tandis que je me sens happée par ce flot d'émotions. Comme avant...avant...non...je ne peux pas. Les mains posées sur son torse, je le repousse vivement, ignorant mon cœur qui le réclame de nouveau si tôt nos lèvres séparées. A bout de souffle, je le regarde avec de grands yeux. Pourquoi faut-il qu'il complique tout ? Je ne peux pas. Je ne dois pas recommencer. Je vais le rendre malheureux. Il ne mérite pas ça.
-Ad...ne me repousse pas...pourquoi tu... ? Me demande-t-il, blessé.
-Je ne peux pas. Tu..Je vais te faire souffrir Percy. Je ne te mérite pas. S'il te plait, ne complique pas les choses, le supplié-je tout en m'éloignant de lui.
-Adélaïde, je t'aime ! Quand je t'ai revu...Je ne sais pas...je crois qu'une part de moi ne t'a jamais oublié. Je veux qu'on rattrape le temps perdu. Adélaïde ne me fuit pas s'il te plaît. J'ai changé, je...Ose me dire que ce n'est pas réciproque, me défie-t-il tandis que je hoche avec négation de la tête en mettant le plus de distance possible entre nous.
Il ne comprend pas. Il n'a pas la moindre idée du poids qui m'assaille. Je ne pourrai jamais lui donner tout ce bonheur qu'il recherche. Plus maintenant. Pas avec ce que j'ai fais. Je lutte pour ne pas aller me fondre dans ses bras, pour ne pas récupérer ses douces lèvres entre les miennes. Mais si je craque, je vais le détruire. Et je ne veux pas. Je ne veux pas le briser comme je l'ai été.
-Tu te trompes, réponds-je la voix enrouée, tu aimes l'Adélaïde de dix sept ans, pas celle de trente quatre ans...Tu ne pourras jamais l'aimer celle-là...pas avec...
-Ca c'est à moi d'en juger Adélaïde, rétorque-t-il durement, que s'est-il passé durant toutes ces années Adélaïde ? Qu'est ce que tu as dis si facilement à George que je ne mérite pas de savoir.
Ses paroles sont aussi douloureuse qu'un endoloris, si ce n'est plus. Avec ce sortilège, au moins, une fois lancé, la douleur fini par s'estomper, mais les mots de Percy s'insinuent en moi, se logeant dans mon coeur afin de le briser un peu plus. Mes larmes coulent. Il n'a pas le droit de me juger ainsi. Ce n'est pas juste. Il ne comprend pas que c'est pour son bien ? Parfois, il vaut mieux rester dans l'ignorance.
-Tu es injuste Percy...commencé-je sentant la colère monter en moi, ce n'est pas facile ! Je...Je ne suis pas en train de jouer à je ne sais quel jeu tordu dont tu es le seul à t'imaginer ! Je..
-Alors dis moi Adélaïde ! Me coupe-t-il en criant, je peux tout entendre ! Tout ! Tu le sais ! Du moment que c'est la vérité ! Du moment que tu ne me mens pas ! Je te le répète, je peux tout entendre ! Mais si tu t'obstines à garder des secrets je..
-J'étais enceinte ! Finis-je par lui hurler.
Je me laisse tomber sur le canapé. C'est trop tard pour reculer. Mais je n'en peux plus. Je suis fatiguée de cet interrogatoire. Je veux simplement en finir.
-Je voulais te le dire après les examens, reniflé-je en essayant de ne pas me laisser gagner par la panique, je voulais te le dire mais..tu ne m'en as pas laissé le temps.
-C'était...me demande-t-il après un long silence oppressant, c'est...est-ce que Guilian est... ?
-Non, Guilian est le fils de ma cousine Alice. Jamais je n'aurai pu lui mentir là-dessus, dis-je afin de mettre fin à ce malentendu, mais ce qu'il s'est passé c'est que...
Je respire, cherchant comment lui avouer une chose pareille. Son regard est perdu. Il regarde tout autour de lui, comme si il cherchait quelque chose...ou quelqu'un. Pense-t-il que notre enfant va arriver comme une fleur ? Que je vais lui présenter et qu'ils rattraperont dix sept ans de vie ?
-Ce qu'il s'est passé c'est que...quand je...quand je suis rentrée chez moi...commencé-je difficilement, je voulais....j'ai avorté.
Ce mensonge me blesse plus que je ne l'aurai pensé, malgré tout, je regarde Percy dans les yeux, dissimulant au mieux ce gouffre qui se creuse de plus en plus dans mon coeur. Percy me fixe sans un mot tandis que les minutes s'égrainent. Je ne peux pas lui dire la vérité. Il ne doit pas savoir. C'est déjà assez terrible comme ça pour en rajouter. Il est père maintenant, il a une famille à protéger. Si il apprend la vérité, je n'ose même pas imaginer ce qu'il serait capable de faire. Si il lui arrivait quelque chose...Jamais je ne me le pardonnerais.
Au bout d'un moment, Percy se lève et je fais de même, appréhendant sa réaction. Récupérant ses affaires, le jeune homme se dirige vers la sortie. Je le suis comme dans un rêve, comme dans un cauchemar. Sans même un regard vers moi, Percy sort de la maison, faisant claquer la porte derrière lui. Doucement, je me laisse glisser contre cette dernière et me recroqueville. J'ai fais le bon choix. J'en suis convaincue. Il pourra ainsi tourner la page et reprendre sa vie là où il l'avait laissé. Alors pourquoi je me sens aussi mal ? C'est stupide. Je ne pouvais pas lui dire, j'aurai été égoïste de le faire. Je ne veux pas le faire souffrir pour quelque chose qui ne reviendra jamais. Flint a assez fait de mal comme ça. Hors de question qu'il continue à sévir dix huit ans plus tard. Recroquevillée sur moi-même, je laisse mes larmes s'échouer sur mes genoux, glisser doucement sur mes jambes. Il y a quelque chose de réconfortant dans cette position, alors, je veux en profiter tant que je le peux encore, tant que la réalité met du temps à me rattraper.
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