Chapitre 11 - Adélaïde

10 Juillet 2012

-Bon, maintenant qu'on a de l'alcool avec lequel noyer notre chagrin, m'explique George avec fermeté, tu vas me raconter ton vécu....et je te raconterai le mien.

Je fixe George du regard quelques secondes. Il semble sérieux et vu la posture qu'il adopte, il ne me laissera pas m'échapper facilement. Malgré tout, je ne tente pas de fuir. Le jeune homme semble avoir besoin de parler, de se livrer, et je ne peux me résigner à l'abandonner juste pour me protéger. Prenant une grande rasade de whisky, je soupire avant de regarder devant moi.

-Trés bien, mais j'espère que tu as plus d'une bouteille en stock, soupiré-je, alors...par où commencer. Je...Je...

Je déglutis, mais les mots restent bloqués. Je n'y arrive pas. Pas la première. Pas comme ça. Je me tourne vers le jeune homme qui semble comprendre ma détresse. Soupirant, il acquiesce avant de prendre lui même une gorgée.

-J'ai compris. Je commence, me dit-il avec difficulté, tout a commencé lors de notre dernière année à Poudlard. Le ministère nous avait envoyé un professeur de défense contre les forces du mal. Dolores Ombrage. Une folle furieuse qui torturait quiconque en désaccord avec elle. En milieu d'année, Fred et moi avions décidé d'agir. Pendant plusieurs semaines, on a fabriqués en secret des centaines de feux d'artifices. Nous savions qu'après cela, nous ne pourrions plus retourner à Poudlard. Et tu sais comme on aime soigner nos sorties. Durant l'étude, nous avons fait explosé notre artillerie avec l'aide de Peeve. La vieille Ombrage en était folle de rage, mais cétait terriblement ennivrant. Nous avons quitté ainsi l'école au grand dam de notre mère. Elle a bien tentée de nous faire changer d'avis, mais nous avons tenus bon. On a réussi à mettre assez d'argent de côté pour nous offrir la boutique dont on révait tant. Et ça marchait plutôt bien. Pendant deux ans, on a eu un succès fou. Et...Et il y a eu la bataille de Poudlard...

George s'étrangle sur la fin de sa phrase et se stoppe quelques instants avant de terminer sa bouteille d'une traite. Visiblement, ce qu'il compte me dire n'est pas facile, et je culpabilise de lui faire endurer cela. Alors que je m'apprète à lui dire de s'arrêter, pouvant ainsi esquiver ma propre révélation, le jeune homme repart dans son récit, le regard dans le vide, et je ne me sens plus capable de l'arrêter.

-Fred...On se croyait invincible. Nous étions bien organisés. Fred était parti avec Percy et un petit groupe d'anciens élèves afin de défendre un des flans du château. J'étais resté avec un autre groupe dont la plupart venaient à peine d'atteindre la majorité. Mon principal souci était de réussir à les garder en vie. Bien sûr, tous ne s'en sont pas sortis. Un sort de mort m'a frôlé la tête. Si j'avais tourné ne serait-ce que d'un dixième de millimètre la tête, il m'aurait touché. J'ai toujours cru que des jumeaux ressentaient tout ce que l'autre vivait...Je ne pouvais pas plus me tromper. Vol...enfin...le seigneur des ténèbres a rappelé ses troupes, nous laissant souffler durant une heure. Une terrible heure où il avait posé un ultimatum à Harry. Durant ce moment de répis, j'ai aidé les autres a ramener les blessés. Beaucoup d'élèves avaient été ensevelis sous les décombres dés le début de la bataille, la moitié des os brisés. Je pense que rien de mieux n'aurait pu leur arriver. Si seulement nous aussi avions été pris au piège ainsi...Quand je suis revenu avec quelques élèves, Fred et Percy manquaient à l'appel...ils...

Un sanglot s'échappe de sa gorge tandis qu'il reprend une grande goulée de whisky. Quand à moi, je retiens mon souffle, redoutant la suite de son récit. Je ressens sa douleur, je la comprends, et je ne peux qu'imaginer ce qu'il ressent, encore maintenant, des années après.

-Percy est arrivé, portant le corps sans vie de Fred. J'ai cru mourir. J'avais beau crier, j'avais beau l'appeler, je savais que c'était fini. Fred...Fred avait disparu, et je ne m'en étais pas rendu compte. Je n'avais rien ressenti lorsque le maléfice l'a touché. Jusqu'au dernier moment, j'étais persuadé qu'il allait revenir. Qu'il allait passer le pas de la porte et me sortir une de ses blagues dont il avait le secret. Mais plus jamais...Plus jamais je n'entendrais le son de sa voix.

Je pose sa tête sur mon épaule et le laisse pleurer, longuement, souffrant avec lui. Au bout d'un moment, George se redresse, les yeux rouges et le regard vide. Reniflant, il s'essuie les larmes avant de se reprendre.

-A ton tour. Adélaïde, que t'est-il arrivé ?

Je le regarde, soufflée. Comment fait-il ? Comment arrive-t-il a passé d'une souffrance insoutenable à une force exceptionnelle en quelques minutes à peine ? Comment fait-il pour avancer, pour garder la tête haute après ce qu'il a enduré. Devant son regard déterminé, rendu plus dur par les larmes qu'il a versé, je ne peux me résoudre à me défiler. Constatant que ma bouteille est déjà vide, je me tourne vers lui.

-Passe moi une autre bouteille. Il va me falloir du courage.

Le jeune homme acquiesce en m'ouvrant une deuxième bouteille de whisky pur feu. J'en avale le quart en une gorgée, me délectant de la brûlure qui me ronge l'intérieur et embrouille mes sens. Avec ça, je vais réussir à parler. Du moins je l'espère. Malgré tout, je me dégonfle et préfère commencer par ce qui me semble le plus facile.

-Après nos études...Jacob a commencé à fréquenter des mangemorts. Il...Il a fini par devenir l'un d'entre eux...et il y a cinq ans il...il a tué Gaelle. Depuis, je le traque, entre autre...

J'avale une gorgée tandis que George ouvre de grands yeux ronds. J'hésite à lui raconter la suite. Je ne sais pas si il tiendra le choc. Malgré tout, je le lui dois. Alors, je reprends plusieurs gorgés avant de continuer.

-Mais ce n'est pas ça qui...enfin ce n'est pas ce qui me hante. J'avais décidé de tout révéler à Percy, le jour de notre retour à Poudlard mais...

Les mots restent bloqués tandis que je sens tous mes membres trembler. Je ne veux pas les revivre encore. C'est trop dur. Beaucoup trop dur. Son sourire sadique s'impose à ma vue. Son rire perce mes tympans tandis que mon sang pulse contre mes tempes.

-J'ai honte d'avoir été aussi faible...Si je ne l'avais pas été...ils seraient encore vivants...

Les souvenirs se bousculent dans ma tête tandis que j'essaye de garder un discours cohérent. Je ne sais plus très bien où je suis, ce que je fais, mes mots sortent comme provenant d'une autre personne.

-Je suis tombée enceinte. Percy ne l'a jamais su. Je comptais lui dire après les examens mais...il m'a devancé. C'était la cachoterie de trop. Et il ne l'a pas supporté. Durant le voyage jusqu'à Londre, j'ai réfléchis, j'étais décidé à ne rien dire. Jusqu'à ce que je vous vois quitter la gare. Mais le temps que j'arrive...vous aviez déjà disparus.

George ouvre grand la bouche tout en tournant la tête vers Guilian. Je secoue vivement la tête de droite à gauche, retenant tant bien que mal les larmes qui menacent de s'échapper.

-Non. Guilian est le fils de ma cousine Alice. Donc, repris-je difficilement, je...vous aviez disparus. Mes parents n'étaient pas venus me chercher, mais cela ne m'inquiétait pas outre mesure. J'avais l'habitude. Ils avaient certainement été retenus au travail. Cela m'arrangeait. J'avais prévu de rentrer me changer et de venir vous rejoindre au terrier. Je ne pouvais laisser Percy dans l'ignorance plus longtemps. Je n'avais pas le droit de faire ça à notre...ma voix se brise et j'avale une autre gorgée sachant pertinemment que je ne suis plus en mesure de faire machine arrière et reprends, quelque chose clochait chez moi. La porte d'entrée était entreouverte. J'ai laissé mes affaires sur le perron et suis prudemment rentrée, ma baguette à la main. Il faisait sombre. Trop sombre même si mes parents étaient absents. Je n'ai rien eu le temps de faire. Je me suis fais pétrifiée à peine le pied posée dans la maison. Ils étaient plusieurs. Des mangemorts. Et Flint. Ce sale rat d'égout. J'ai été transportée dans une cave je crois. Ils voulaient des informations que j'ai refusé de leur donner. De toute façon, même si j'avais voulu, je n'en avais pas connaissance. Flint...Il m'a torturé. Me laissant les cadavres de mes parents sous le nez. Pour soulagée ma douleur, je me suis transformée, pensant pouvoir ainsi le berner et m'enfuir. Mais quand il s'agit de sadisme...Flint devient soudain très intelligent...Durant des jours il m'a enfermé dans une cage avec pour seule nourriture des rats morts, des graines....ou rien du tout. J'ai perdu...Quelques heures seulement avant que Kingsley et d'autres personnes viennent me délivrer, j'ai...

Mes sanglots redoublent tandis que je me laisse glisser sur le sol, les bras autour de mon ventre. J'ai tellement mal que je souhaiterai que l'on m'arrache le coeur, là, maintenant. Je sens les bras de George autour de moi.

-Il me l'a enlevé...quand je me suis réveillée à Saint Mangouste...on m'a dit...on m'a dit qu'il n'avait pas survécu. J'avais fais une fausse couche...

Je redresse la tête vers lui. Il semble horrifié, des larmes coulant sur son visage. Il ne mérite pas ça. Je m'en veux. Jamais je n'aurai dus lui en parler. Ce fardeau est bien trop lourd à porter. Je me redresse, me dégageant brusquement de son étreinte.

-Je suis désolée. Je...Je n'aurais pas dus...Je n'aurais pas dus en parler. je...Je vais y aller. Je suis désolée George...

Culpabilisant de le laisser ainsi, attéré, je retourne à l'intérieur. Jetant un œil vers le petit groupe, je constate avec soulagement qu'ils sont tous concentrés sur le jeu. Séchant mes larmes, je récupère ma baguette. Je me tourne vers George. Le jeune homme est toujours accroupi, le regard dans le vide, les yeux rougis par ses pleurs et l'alcool. Je m'en veux de le laisser ainsi, mais je ne peux pas, c'est au-dessus de mes forces. J'hésite malgré tout à aller chercher quelqu'un afin de ne pas le laisser seul, mais si ils voient l'état dans lequel je suis, jamais ils ne me laisseraient partir. J'avise le porte manteau rempli et le tire de toutes mes forces, le laissant tomber sur le sol dans un boucan à réveiller un dragon. J'entends la musique s'arrêter et des pas se rapprocher. C'est bon, George sera entre de bonnes mains dans quelques minutes. Je transplane, espérant qu'il ne révélera rien à personne, bien que j'en doute. Je vais devoir me préparer à un interrogatoire, et ça ne sera pas joli, je le sens. Peut-être devrais-je quitter la ville ? Le pays ? Non. Je ne peux pas abandonner Guilian. Apparaissant chez moi, je m'installe sur le canapé, laissant la pièce seulement éclairée par la lune. La lune...Non. Je ne peux pas rester ici. D'ici cinq minutes, quelqu'un va débarquer afin de voir si je suis là, et vraiment je veux rester seule. J'ai eu bien trop d'émotions pour en supporter d'avantage. Ouvrant grand la fenêtre, laissant ma baguette soigneusement posée sur la table, je me concentre. Une fois transformée, je m'envole, me donnant durant quelques heures l'illusion d'être autre chose que ce que je suis véritablement.

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