Chapitre 1 - Adélaïde

21 Juin 2012

-Stupéfix !

Le vieil homme tombe au sol tandis que je me précipite sur lui. Récupérant sa baguette, je l'encercle de lianes avant d'enlever mon maléfice. La fureur se lit dans son regard tandis que je me penche vers lui, accrochant mon regard à ses yeux verts emeraude. Tandis qu'un sourire se dessine sur mes lèvres, je lui empoigne le bras et relève sa manche. La marque des ténèbres parcourt sa peau. Quinze ans que l'homme avait disparu de la circulation. A l'époque agé d'une cinquantaine d'années, personne n'aurait pu imaginer un seul instant qu'Octavius Pepper s'initiait à la magie noire. Et bien sûr, personne ne s'attendait non plus à le voir réapparaitre un an plus tôt en plein coeur de Londres dans le seul but de rassembler les fidèles de Lord Voldemort.

La moitié des Aurors du pays avaient été mis sur l'affaire, et malgré tous nos efforts, le sexagénaire avait réussi à nous filer entre les doigts. Du moins jusqu'à la semaine dernière. L'homme était venu se faire soigner à Saint Mangouste pour une dragoncelle, ce qui, à son âge, peut être mortel. Nous avons été informés de sa prise en charge le jour même, mais il nous a fallu attendre un mandat afin de pouvoir l'arrêter. Malheureusement, le temps de l'obtenir, trois jours s'étaient écoulés, et Pepper avait déjà pris la poudre de cheminette. Je leur ai pourtant déjà demandé de stopper ce protocole stupide qui nous fait plus perdre de temps qu'autre chose. Mais non bien sur! Le ministère a refusé catégoriquement. Soit disant, cela entraînerait des abus et ce ne serait pas en accord avec la loi. Quand je leur ai demandé si les tortures que les mangemorts infligeaient aux autres étaient, quand à elles en accord avec la loi, ils ont menacés de me renvoyer. Leur succeptibilité les perdra un jour, j'en suis convaincue. Mais revenons à nos gobelins. L'homme, toujours au sol, se débat comme un fou dans l'espoir de se libérer. Comme si j'étais une débutante qui aurait peur de trop serrer ses liens.

-Octavius Pepper, vous êtes en état d'arrestation. Tout ce que vous direz sera retenu contre vous. Si vous tentez de vous échapper, je n'hésiterai pas à user de la force, commencé-je tout en le redressant dos à moi avant de lui murmurer à l'oreille un sourire carnassié aux lèvres, et de vous à moi, je n'attends que ça. Osez donc vous enfuir, histoire de rendre ma journée plus...divertissante.

Certainement par pure folie, ou simplement par désespoir, le vieil homme se met alors à se débattre. Réussissant à me faire basculer au sol, je le vois courir sur le macadam trempé. Je me redresse tranquillement, excitée par ce qui nous attend. J'avance tranquillement vers lui, sachant pertinemment qu'il se dirige vers un cul de sac. De plus, sans sa baguette, il ne peut pas faire grand-chose. Arrivant sur lui, je pointe la mienne sur son visage. Je suis sûre qu'un petit endoloris lui remettrait les idées en place. Malheureusement, la dernière fois que j'ai utilisé ce sortilège contre un mangemort, j'ai eu droit à trois jours de suspension. Allez comprendre pourquoi! Eux ne se sont pourtant pas génés pour le faire sur des milliers d'êtres vivants. Alors ce n'est pas parce qu'un Auror va l'utiliser une fois de temps en temps que c'est la fin du monde. A croire que malgré les changements de gouvernements, certaines coutumes ne sont pas prètes de changer. Soupirant, je me résigne à obéir à mes supérieurs m'ayant demandés de ne pas trop amocher ma cible cette fois. Soit disant, Teresa Dalfan n'a pas été en mesure de se faire interroger pendant les trois semaines qui ont suivi son arrestation. Je n'y peux rien moi si la mangemort n'était pas très coopérative. Je l'avais pourtant prévenue que si elle ne me disait pas tout, elle allait le regretter. Et comme des aveux sous imperium ne sont jamais pris en compte, j'en ai fais les frais avec Maxence Bouvier il y a deux ans, je me suis résignée à trouver de nouveaux sortilèges utiles. Blasée, je me contente de stupéfixer l'homme qui continue de courir désespérément. Ce n'est certe pas aussi amusant, mais au moins ça a le mérite d'être efficace. La carrure du vieil homme s'écrase au sol tandis que les lianes le maintenant prisonnier se rompent.

Je tourne la tête vers le ciel tandis que la grande horloge résonne contre les murs de pierres. Il est déjà seize heures. Je n'ai plus que quatre heures avant le retour de Guilian. J'espère que ses examens se sont bien passés. Le jeune homme m'a dit avoir trouvé un stage au ministère pour l'été, et qu'il comptait bien réussir ses Aspics haut la main afin d'avoir une chance d'être embauché à la rentrée. Je suis très fière de ce qu'il est devenu. Cela n'a pas été simple je dois dire. Quand on m'a remis Guilian, à ma sortie de Saint Mangouste, le petit garçon était déjà agé de trois ans et commençait à développer ses dons. J'avais eu beaucoup de mal à m'adapter à mon nouveau rôle de tutrice, et quand il a commencé à m'appeler maman, j'ai failli rechuter. Si Tina, la psychiatre qui me suivait à l'époque, n'avait pas été là, Guilian aurait fini dans un foyer. Et ça, jamais je ne me le serais pardonné. Il m'a fallut beaucoup de temps pour réussir à canaliser et enfouir mes émotions. Et je peux aujourd'hui dire avec conviction que je vais mieux. Il y a toujours des hauts et des bas bien sûr, mais j'ai trouvé un moyen d'avancer malgré tout.

Le temps de remettre Pepper à Azkaban en attente de son procès et de remplir les papiers, il est déjà dix neuf heures. Je n'aurai jamais le temps de rentrer me changer. Epoussetant mes vètements, je me regarde dans le miroir des toilettes du ministère. Après avoir enlevé quelques tâches de sang maculant mon visage et réajusté mes vètements, je remonte mes cheveux en queue de cheval haute. Mon regard se pose directement sur la trace jaunissant sur ma nuque. Il y a quelques semaines, je me suis fais ruée de coups par trois enfants de mangemorts. Les jeunes adultes ne semblaient pas spécialement ravis d'être séparés de leurs parents et ont décidé de me le faire savoir à leur manière. Bien évidemment, ils ont obtenu ce qu'ils voulaient. Aujourd'hui, ils peuvent faire autant de réunions de famille qu'ils le souhaitent par cellule interposée. Mais je dois avouer que si Romilda Vane ne s'était pas trouvée là au bon moment, je ne serais peut-être plus de ce monde à l'heure qu'il est. Lui devant une fière chandelle, je n'ai pas manqué de faire valloir ses aptitudes à mes supérieurs. D'après ce que j'ai entendu, elle devrait signer son contrat en temps qu'Auror d'ici la fin de l'été.

Considérant que je suis présentable, je prends le réseau de cheminette et me retrouve rapidement sur la voie neuf trois quart. Regardant autour de moi, je suis soulagée de voir que je suis à l'heure. Ce qui n'était pas le cas l'année dernière. Guilian m'avait alors attendu pendant deux longues heures avant que je ne réussisse à me libérer pour aller le chercher....ni l'année d'avant non plus d'ailleurs. Le jeune homme avait dû passer trois jours chez un de ses amis né-moldu avant que je ne revienne de mission. Il m'en avait voulu durant un mois entier. Visiblement, le fait que je lui dise de voir le côté positif du fait de vivre comme un moldu et que tout le monde n'avait pas la chance de pouvoir les observer de près ne lui avait pas spécialement plu.

Il y a peu de monde présent sur le quai et je me positionne contre un mur, regardant d'un air amusé les quelques parents moldus semblant complètement perdus. Pour passer le temps, je prends un exemplaire de la gazette du sorcier et avance vers la voie, n'ayant pas envie de jouer des coudes pour retrouver Guilian. Absorbée par un article sur le meilleur moyen d'éradiquer les mauvaises herbes, j'entends une voix m'appeler.

-Adélaïde ! Ca fait...longtemps.

Relevant la tête, je sens mon coeur accélerer tandis que j'écarquille les yeux. Percy se tient face à moi, son regard toujours aussi impénétrable me fixant sans ciller. Je le détaille quelques instants. Il a tellement changé depuis toutes ces années, mais ce qui me frappe le plus, c'est son regard. La tristesse que j'y lis me perturbe. Je sais qu'il n'a jamais été quelqu'un de très jovial, mais ce regard est différent de ceux que j'ai pu connaître à l'époque. Il m'est familier, faisant miroir au mien. J'ouvre la bouche, incapable de parler malgré le flot de questions qui se mélangent dans ma tête. Après ce qui me semble une éternité, ma langue se délie enfin.

-Percy...Oui...ça fait...une éternité.

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