𝟓𝟗. 𝐕𝐢𝐞𝐧𝐬 𝐝𝐚𝐧𝐬𝐞𝐫 𝐚𝐯𝐞𝐜 𝐦𝐨𝐢 𝐬𝐨𝐮𝐬 𝐥𝐞𝐬 𝐞𝐭𝐨𝐢𝐥𝐞𝐬


— La star est là ! s'exclame Lucas en nous accueillant, le sourire aux lèvres. On attendait plus que vous pour commencer la fête !

Jaekyung hausse un sourcil.

— Ah ? Parce que là elle n'a pas encore commencé ? souligne-t-il avec humour, en jetant un œil autour de lui. Le trois-quart de tes invités sont déjà complètement torchés.

L'effervescence est présente. Les gens dansent, collés les uns aux autres, se laissant porter par le rythme de la musique. La température contraste énormément avec celle de dehors, s'en est presque étouffant, me sentant, sans exagération, à l'étroit, alors qu'il y a toute la place nécessaire pour circuler sans se marcher dessus. Au fond de la pièce, le stand de boissons déborde de tout type d'alcool, mais à ma grande surprise, il y a également des boissons sans alcool, pas encore ouvertes, étonnement, qui n'attendait plus que moi.

Je vais pouvoir me péter la gueule à coup de jus de fruit et soda.

— Ce ne sont là que les prémices de la soirée, très cher ! Le meilleur est à venir ! rétorque Lucas en lui faisant un clin d'œil.

Son attention se reporte sur moi.

— Joshua, comment tu te sens ? J'ai pensé à toi en achetant quelques boissons sans alcool. J'espère que ça te conviendra.

Je souris, touché par cette attention.

— C'est très gentil de ta part, je t'en remercie.

— Gabriel et Connor t'attendent sur la terrasse en compagnie de Jason et Brice, dit-il en nous faisant un signe de tête en direction de la baie vitrée. Toi, mon cher, tu viens avec moi.

Il pointe du doigt mon compagnon avant de passer son bras autour du sien.

— Il est temps de fêter comme il se doit ta dernière soirée.

Jaekyung rit en secouant la tête.

— On dirait que je suis sur le point de mourir, alors que je pars juste à l'armée.

— C'est un peu comme la mort. Chose que je ne connaîtrai jamais.

— Excuse-nous Dracula, je comprends mieux pourquoi tu es pâle. Tu as besoin d'une perfusion ?

— Espèce d'enfoiré. Je t'emmerde. C'est toujours les beaux gosses qui nous prennent de haut.

Ils se regardent un instant dans le blanc des yeux avant d'éclater de rire, tandis que je me contente de les regarder, un sourire s'étirant sur le coin de mes lèvres. Lucas se tourne par la suite vers moi. Il se penche, le sourire aux lèvres.

— Tu permets que je t'emprunte ton prince charmant ? Je te promets de te le rendre en un seul morceau.

Il termine sa phrase par un clin d'œil, comme si c'était un tic qu'il ne peut pas contrôler. Je hoche la tête en humidifiant mes lèvres d'un bref coup de langue.

— Je te rejoins dehors, mon ange, ajoute Jaekyung en se penchant à son tour pour me voler un baiser. Je n'en ai pas pour longtemps.

— Ne te soucie pas de moi, réponds-je en souriant. Profite de t'amuser. Mais pas de bêtises, ok ?

Je ferme les yeux après avoir prononcé ces derniers mots, sentant une chaleur s'installer sur mes joues. Bon sang qu'est-ce qui m'a pris de dire ça ? On dirait une maman qui couve trop son enfant. Je les entends rire. Jaekyung embrasse mon front, et je suis certain d'être devenu aussi rouge qu'un coq. Je décide donc de m'enfuir, et je dois dire que mon fauteuil m'est d'une grande utilité pour les semer en deux-trois mouvements, rejoignant rapidement la terrasse. Mon regard se perd sur la foule qui continue de danser, même avec l'extérieur, jusqu'à ce que mes yeux croisent ceux de Gabriel.

— Joshua, ma vie ! On est là ! s'écrie-t-il en secouant sa main dans tous les sens. Viens ! Je t'ai déjà pris un verre de coca avant qu'il n'y en ait plus.

Je m'approche d'eux en faisant attention à ne pas bousculer les gens. Je peux sentir leurs regards se poser sur moi, me dévisager. J'entends quelques chuchotements à mon égard. De la compassion, de la peine, et de la moquerie. Beaucoup de moqueries. J'avale difficilement ma salive, en inspirant profondément.

Tu t'en fous des gens. Tu t'en fous des gens, me répété-je intérieurement en me focalisant que sur mes amis.

— Je ne m'attendais pas à ce qu'il y ait autant de monde, ce soir, commente Jason, une bière à la main quand j'arrive à leur niveau.

— C'est normal, ils veulent tous essayer d'avoir son attention, rétorque Brice avec un sentiment de dégoût. Qu'est-ce que ça peut m'énerver ce genre de comportement. A croire qu'ils auront une chance de l'avoir dans leur pieu.

— Hein ? m'exclamé-je en haussant les sourcils. De quoi vous parlez ?

Gabriel me sourit en venant s'asseoir sur mes cuisses.

— Ils parlent de ton mec. La majorité des gens qui sont venus pour son départ, espèrent pouvoir tirer un coup avec lui, m'explique-t-il, en me donnant le verre de coca. Ce n'est pas comme s'ils ne se faisaient pas recaler à chaque fois.

A ses mots, mon cœur se serre. Je tourne la tête en direction du séjour, apercevant mon homme, entouré de vautours faisant semblant de s'intéresser à lui. Hommes comme femmes. Quelques mains baladeuses glissent sur ses bras. Il recule, en fronçant par moment ses sourcils, reconnaissant là son expression d'agacement.

— Ne t'inquiète pas mon chat. Ils n'arriveront jamais à l'avoir, dit-il en ayant remarqué cette colère monter en moi.

— Ce n'est pas ça le problème, dis-je en détournant le regard sur mon verre de soda. Ça m'énerve qu'ils se jettent, comme ça sur lui, comme si c'était un bout de viande. Ils n'ont pas remarqué que ça le faisait chier ? Ça se voit clairement sur son visage qu'il est agacé.

Jason fredonne.

— Tu sais, tu peux toujours marquer ton territoire. Pour leur faire comprendre qu'il est à toi.

Je secoue la tête avant de boire quelques gorgées de ma boisson, pour soulager ma gorge.

— Ça ne serait pas respectueux de ma part de faire ça, commenté-je. Mais en toute franchise, ce n'est pas l'envie qui me manque... Je ne veux juste pas qu'on me voit comme un mec jaloux qui fait des caprices. Je ne veux pas être comme...

— Non, non, réagi aussitôt Gabriel. Ne te compare pas à lui. Tu n'es pas, et tu ne deviendras jamais comme cette merde. Ne mélange pas tout, Joshua.

— Je ne sais pas de quoi vous parlez, mais montrer aux gens qu'une personne t'appartient... Enfin, que tu es en couple avec et donc, qu'elle n'est pas disponible, ce n'est pas un manque de respect, ajoute Connor en fronçant ses sourcils, comme si ce qu'il venait de dire n'avait pas de sens pour lui. Enfin, tout dépend de la manière dont c'est fait aussi. Et...

Il suspend sa phrase. Nous le regardons attentivement.

— Bordel c'est trop compliqué comme sujet. C'est un truc de nana ça, elles savent mieux expliquer que les mecs. Ce n'est pas pour moi, conclut-il en gloussant. Il me faut une autre bière.

Il s'éloigne pour rejoindre la salle de séjour.

— Ce qu'il a voulu dire par là, reprend Gabriel en rencontrant mon regard. C'est que tu les emmerdes. Tu leur pisses dessus, tu leur chie dessus même s'il le faut. Ils savent très bien que Jaekyung est avec toi. Ils l'ont bien vu en arrivant, quand il t'a embrassé, et pourtant, ils font comme s'ils ne savaient pas. C'est répugnant.

— Qu'est-ce qui est répugnant ?

Je sursaute en entendant la voix de mon compagnon surgir de derrière moi. Je tourne la tête, il me sourit avant de détourner le regard sur Gabriel.

— Qu'est-ce que tu fous assis sur lui ?

— J'avais mal aux jambes d'être debout, ça te dérange ? répond-il d'un air taquin, en arquant un sourcil. Et qu'est-ce que tu fous là toi ? C'est censé être ta...

— Jaekyung !

Le timbre de voix d'un homme le coupe dans sa lancée. J'entends ses talons claquer contre le carrelage. Jaekyung lève les yeux au ciel en laissant un soupir s'échapper d'entre ses lèvres. Je ressens le même agacement que lui. Mon attention se déporte sur cet inconnu. Il s'arrête à notre niveau, un grand sourire orne ses lèvres pulpeuses. Nos regards se croisent. Il hausse un sourcil en me dévisageant de la tête au pied, avant qu'une expression de dégoût se dessine sur ses traits.

Ça suffit. Ça commence à me gonfler. Si jusqu'à présent je fermais toujours ma bouche par peur de représailles, me laissant toujours marcher dessus, c'est terminé. Ma patience a atteint ses limites.

— Quoi ? Y a un problème ? lui dis-je en haussant à mon tour les sourcils.

— Je te demande pardon ? rétorque-t-il, abasourdi.

— Ne fais pas genre de ne pas savoir. Ça t'emmerde que je sois en fauteuil roulant ? Parce que c'est clairement l'impression que tu me donnes en me dévisageant, comme tu es en train de le faire.

Aucun de mes amis ne parlent. Leurs visages me font comprendre qu'ils sont choqués de ma répartie, et même moi je n'ai pas conscience des mots qui sortent de ma bouche. La colère parle à ma place.

— Honnêtement, je crois que je vais devoir m'y habituer à cet air condescendant que certaines personnes ont envers les handicapés. Tu ne seras pas le premier, ni le dernier à te sentir supérieur à moi, sous prétexte que tu as encore tes jambes.

— Mais tu es complètement taré ! crache-t-il en fronçant les sourcils. Putain Jaekyung, c'est ton mec ça ? Il est complètement fou !

Gabriel se lève subitement de mes jambes, les traits fermés. Il s'apprête à dire quelque chose mais mon compagnon le devance.

— Ah oui ? C'est mon mec qui est fou, et pas toi ?

La main de Jaekyung glisse sur ma joue. Il la caresse doucement, délicatement, à l'instar de ses émotions.

— Ça fait six fois que je te réponds, non. Six fois, que je refuse tes avances, et celles des autres, mais toi, tu continues à persister, en pensant que je vais céder. Et en prime, tu te permets de lui manquer de respect ? Parce qu'il est en fauteuil roulant ? Tu ne penses pas que c'est toi qui a un problème ?

L'inconnu change d'expression. Les yeux écarquillés, il semble être choqué par les propos de Jaekyung. Peut-être, pensait-il avoir plus de chances vu qu'il n'est pas handicapé ? C'est désolant, de voir que certaines personnes se sentent plus méritantes que d'autres. C'est désolant de voir de l'irrespect, du jugement, envers des personnes ayant des différences, qui sont en couple et épanouis. C'est comme si nous n'avions pas le droit à ce bonheur, à cet amour, parce qu'on est différent. Parce qu'on n'entre pas dans les cases de la société. Selon eux, seules les personnes qui sont normales, ont le droit d'être heureuses, et pas nous.

Quel mentalité de merde.

— Mais... Non... Je... il bégaie en déglutissant bruyamment sa salive. Je ne pensais pas que c'était sérieux... Je...

Ses yeux jonglent entre les miens et ceux de Jaekyung. Il s'humidifie les lèvres, gêné. Puis, il pivote sur ses talons, regagnant ses amis dans la salle de séjour. Je ne comprends pas bien ce qui vient de passer, et je crois que c'est la même chose pour mes amis, qui ont cessé de respirer durant toute la conversation.

— Non mais je rêve, s'exclame Gabriel à l'intention de Connor, qui revient avec une bière à la main. Non mais le culot du gars !

— Oh l'enfoiré, soupire Brice, éberlué. Et après on dit que ce sont les gonzesses qui manquent de respect, mais alors lui, c'est la cerise sur le gâteau.

Ca je ne vous le fais pas dire... pensé-je en observant Jaekyung se positionner devant moi.

— Ça va mon ange ? me demande-t-il, l'air inquiet. Ne fais pas attention à lui, il...

— J'en verrais d'autres des comme lui, le coupé-je en lui adressant un petit sourire. Mais je ne vais pas les laisser me marcher dessus, non.

Il sourit.

— Tu m'as impressionné, dit-il en se penchant près de mon oreille. Tu devrais t'énerver plus souvent comme ça, c'est foutrement sexy.

Il murmure ces mots, après avoir déposé un baiser sur mon lobe. Je frissonne. Jaekyung continue.

— Je devrais peut-être me faire draguer plus souvent.

— Je ne peux pas leur en vouloir de s'intéresser à toi. Mais j'espère seulement qu'ils courent vite, parce que moi, je roule très vite.

Jaekyung rit en secouant la tête avant de se pencher pour lier nos lèvres à travers un doux baiser. Je ferme les yeux, me laissant porter par cet échange qui vient chambouler mon cœur. Mais nos lèvres se séparent à contrecœur. Nous ne sommes pas seuls. C'est frustrant. J'ai froid.

— Jaek !

Cette fois c'est la voix de Lucas qui l'interpelle. Mon compagnon se redresse en ajustant sa chemise dans son pantalon. Une chemise dont les boutons sont à deux doigts de dire merde et d'exploser. A son retour du service militaire, il va devoir refaire sa garde robe, j'en suis certain...

— Je reviens, mon amour. Amuse-toi bien.

Il m'embrasse une dernière fois, disparaissant ensuite dans la foule.


❃ ❃ ❃ ❃


Une demi-heure plus tard, j'en suis à mon cinquième verre de coca, plus deux parts de pizzas. J'entame la troisième, en écoutant Jason nous racontait ses aventures à Busan, lorsqu'il s'y était rendu avec sa famille pour leur faire visiter d'autres villes que Séoul. D'ailleurs, en parlant de cette destination, ça me fait penser que je dois leur poser une question. J'avale ma dernière bouchée, bois quelques gorgées de mon soda, qui commence à remplir mon ventre tant je me sens ballonné. Rappelez-moi de ne pas en abuser à l'avenir !

— Au fait, dis-je en me raclant la gorge. Sur le trajet, Jaekyung m'a parlé, enfin il a plutôt fait une bourde, en me disant que vous voulez m'accompagner à Busan ? Du moins pour le trajet ?

Ils écarquillent les yeux en stoppant tout mouvement.

— Effectivement, il a fait une sacrée bourde, glousse Connor en posant sa canette de bière sur la table. On voulait t'en parler ce soir, comme t'en vas seulement que le lendemain.

Je hoche la tête en me pinçant les lèvres.

— Mais si tu ne veux pas qu'on t'accompagne, ce n'est pas grave mon cœur, intervient Gabriel. Tu sais, on voulait juste s'assurer que tu ne rencontres pas de problèmes. Tu n'es encore jamais parti tout seul, et encore moins...

— Encore moins en fauteuil roulant ? terminé-je en rencontrant son regard.

Il acquiesce d'un mouvement de tête avec un sentiment de culpabilité.

— Vous savez, si je veux partir de Séoul le temps que Jaekyung fasse son service, c'est pour apprendre à être indépendant. Ne plus dépendre de qui que ce soit. Savoir me débrouiller seul en toutes circonstances...

— Joshua...

— Mais, ce qui s'est passé toute à l'heure, ça m'a quand même mis un sacré coup au moral, ajouté-je en reprenant mon verre pour boire quelques gorgées. Et si jamais je tombais sur des gens malveillants, comme lui ? Et si jamais je me faisais agresser, parce qu'ils détestent les handicapés ? Ou tout simplement pour voler mes affaires parce que je suis une proie vulnérable ? Je ne m'étais pas encore posé ces questions lorsque j'ai pris ma décision, mais maintenant, je doute un peu... C'est ridicule, non ?

Jason secoue la tête en terminant d'un trait sa bière.

— Ce n'est pas du tout ridicule. Après, c'est sûr qu'il ne faut pas t'empêcher de vivre parce que tu es en fauteuil roulant. Il y en a beaucoup qui sont indépendants, qui ont le permis, qui partent en voyage, parfois seuls. Et je suis certain qu'avec le temps, tu pourras faire toutes ces choses avec ou sans personne.

— Il a raison, rétorque Brice en piochant une nouvelle part de pizza. C'est normal que tu appréhendes. C'est nouveau pour toi.

Je meus la tête en baissant les yeux vers mes doigts. Par réflexe, ou par anxiété, je viens gratter les cuticules autour de mes pouces, en me mordillant la lèvre inférieure. Jaekyung a raison lui aussi. J'ai le temps d'apprendre à être indépendant. J'ai le temps de faire les choses à mon rythme, comme avoir le permis, un jour. Mais surtout, avant de vouloir toutes ces choses, il faut que je guérisse intérieurement pour aller de l'avant. Et si jamais j'ai un moment de faiblesse ? Si jamais je me sens au plus mal ? Si jamais des pensées suicidaires refont surface et que personne n'est là autour de moi pour m'aider ? Comment vais-je m'en sortir ?

— Mais ne te mets pas la pression, Joshua, réplique Gabriel en posant une main sur la mienne. Tout va bien se...

— Est-ce que vous voulez venir avec moi à Busan ? demandé-je en les regardant, un à un. Je veux dire, pas seulement m'accompagner pour le trajet, mais venir avec moi pour quelques temps ? Vous pouvez rester jusqu'à ce que vous devez repartir, non ? Ce serait bien ?

Ils semblent surpris par ma proposition, et moi je me sens terriblement stupide. Comment peuvent-ils s'absenter aussi longtemps en parallèle de leurs études et de leurs jobs étudiants ? J'aurais dû réfléchir avant de poser la question.

— C'est une bonne idée, annonce Brice en s'adossant contre le dos de sa chaise. Même si je pourrais venir sur un court terme, ce serait déjà suffisant pour que tu prennes tes repères, et que tu puisses te débrouiller tout seul par la suite.

— Putain Brice, pour une fois tu dis quelque chose d'intelligent, rétorque Jason avec humour.

— Oh ta gueule.

Je ris faiblement à leur embrouille. Gabriel serre sa main dans la mienne en esquissant un large sourire.

— On t'accompagnera avec grand plaisir. Et même si on doit rentrer à Séoul, on reviendra te voir dès que possible, c'est promis. Et sans te mentir, je suis soulagé que tu nous ais fait cette proposition. Je n'aurais pas arrêté d'angoisser en pensant à toi.

— Et c'est moi qui en aurait fait les frais, réplique Connor en croisant les bras contre son torse. Parce qu'il a tendance à avoir la chiasse quand il est stressé.

Gabriel écarquille les yeux, choqué. On éclate de rire, tandis que ce dernier s'arme d'une canette vide pour lui balancer en pleine figure. Elle rebondit sur son front, avant d'être réceptionnée en plein vol par Jaekyung, qui vient tout juste de nous rejoindre.

— On ne pollue pas la planète, dit-il en la posant sur le rebord de la table.

— Oh ! Excuse-nous monsieur l'écologiste, qui coupe en plus le chauffage la nuit pour faire des économies, balance Gabriel en gloussant. Un jour ton mec va se transformer en glaçon, tu ne vas rien comprendre.

— Je serais là pour le faire fondre, ne t'inquiète pas pour ça, souligne-t-il en me regardant avec un air de luxure.

Je rougis, alors qu'à l'intérieur de moi, mon corps s'embrase. Cette chaleur s'intensifiant dans le creux de mon ventre. Je ne fais pas attention aux taquineries de mes amis envers mon compagnon. Mon esprit s'égare. Le temps passe vite, les minutes défilent sans que je ne puisse les arrêter. Demain matin, Jaekyung partira pour plus d'un an, loin de moi. Demain matin, sera mon dernier réveil à ses côtés. A cette pensée, une vague de tristesse me submerge, et je me dis qu'heureusement que je n'ai pas pu d'alcool, ça aurait été l'hécatombe sentimentalement parlant. Puis, mes yeux louche sur une main qui se positionne devant moi.

— Est-ce que tu veux bien danser avec moi ? me demande Jaekyung.

Mon esprit revient à moi, et j'entends les premières notes de « the night we met » de Lord Huron passer en fond sonore. Autour de moi, les gens s'enlacent. Les couples s'embrassent, se sourient en s'échangeant quelques mots le temps de quelques pas de danses. Je lève la tête. Il me sourit. Un sourire empli d'amour.

Il est con ? Ou il est trop bourré pour avoir oublié que je ne peux pas danser ?

— Comment est-ce que je pourrai...

— Fais-moi confiance, me chuchote-t-il en attendant que je prenne sa main.

Mon cœur rate un battement, mais je finis par accepter en lui donnant ma main. Sans aucune difficulté il me soulève de mon fauteuil, glissant son bras sous mes cuisses pour me porter dans ses bras, comme le ferait un prince. Je réprimande un hoquet de surprise, mes mains s'enroulant instinctivement autour de sa nuque. Je n'ose pas regarder autour de moi, et Jaekyung le remarque. Il embrasse mon front, la pointe de son nez glissant contre la mienne.

— Oublie-les. Ne regarde que moi, mon amour. Uniquement que moi.

Je souris. Ma vue se brouille. Ce ne sont pas des larmes de tristesse, ou peut-être un peu. Je pose ma tête contre son épaule, lorsqu'il se met à bouger au rythme de la musique. Comment vous décrire ce moment qui me semble hors du temps ? Comme s'il n'y avait plus personne autour de nous et que nous étions seuls sur cette terrasse, à danser sous le regard intimidé de la Lune.

« Die with a smile » de Bruno Mars et Lady Gaga s'enchaîne. Jaekyung nous fait tourner sur nous-même. Je crie en m'agrippant à lui pour ne pas tomber. Lui, il rit. Il me tient fermement, tout en chantant les paroles sans me quitter du regard ;

If the world was ending, I'd wanna be next to you...

Une autre manière de me déclarer son amour, sous les étoiles témoins de notre union.

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