𝟓𝟔. 𝐃𝐞𝐬 𝐩𝐢𝐧𝐜𝐞𝐬 𝐚 𝐥𝐢𝐧𝐠𝐞𝐬 ? 𝐍𝐨𝐧, 𝐜𝐞 𝐧'𝐞𝐬𝐭 𝐩𝐚𝐬 ç𝐚...
Mercredi 22 janvier, Séoul, Corée du Sud,
Il est neuf heures et demie, lorsque j'ouvre mes yeux, aveuglé par la lumière du jour. J'ai oublié de fermer les volets, après avoir passé la nuit à discuter de tout et de rien avec Gabriel. Comme il me l'avait informé la veille, Jaekyung a dormi chez ses parents. Je n'en sais pas plus sur comment s'est déroulé leur discussion, mais il m'a semblé assez distant dans ses vocaux. Ou peut-être que je me fais des films ? Du moins, c'est que j'essaie de me dire pour ne pas m'inquiéter, même si mon cerveau lui, pense le contraire. J'expire un long soupir en passant mes mains sur mon visage, avant de stopper mes mouvements, réalisant que je ne suis pas seul dans mon lit.
— Gabriel ? Qu'est-ce que tu fais là ? murmuré-je, n'étant pas certain qu'il soit réveillé.
Une chevelure rose se relève. Il me regarde avec un œil ouvert.
— Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ? dit-il, somnolant. Il est quelle heure ?
Je souris en secouant la tête.
— Je te demandais ce que tu faisais dans mon lit, andouille ! réponds-je en me redressant. On n'a pas bu d'alcool hier soir ?
Une vague de frissons me saisit de la tête au pied.
— Il a encore coupé le chauffage ou quoi ? marmonné-je dans ma barbe inexistante.
Gabriel se redresse à son tour. Il cache un bâillement à l'aide de ses mains, avant de les passer dans ses cheveux pour se recoiffer.
— Toi, tu n'as pas bu. Moi, oui. Et le pire, c'est que c'est toi qui ne te souviens de rien, souligne-t-il en mettant un pied hors du lit. Enfin, ce n'est pas vraiment de ta faute pour ce détail...
Il se fige. Puis, il remet son pied sous la couverture.
— Il a oublié de payer les factures, ton mec ?
Je glousse légèrement en attrapant les poignets de mon fauteuil roulant, dont les freins sont bloqués pour éviter une éventuelle chute, avec lesquelles je prends appuis pour me mettre debout. Gabriel m'observe faire, un sourire se dessinant sur le coin de ses lèvres.
— Contrairement à moi, il n'est pas frileux, commenté-je en me mettant assis sur le fauteuil, après m'être étiré les jambes.
Je débloque les freins, avançant jusqu'au radiateur pour monter la température.
— Tu veux déjeuner quelque chose en particulier ? lui demandé-je en attrapant mon téléphone, posé sur le rebord de la table de chevet.
— Des pancakes, répond-il en même temps que le gargouillis de son estomac. Des pancakes cuits dans la graisse de bacon.
Je ris en déverrouillant l'écran de mon cellulaire. Je remarque que Jaekyung m'a envoyé deux messages, il y a dix minutes, que j'empresse d'ouvrir.
Mon amour : Bonjour mon ange, j'espère que tu vas bien et que tu as bien dormi ? Je t'écris pour te prévenir que je rentrerai à la maison qu'en fin de journée. Carole et William veulent que je passe la journée avec eux et Connor.
Mon amour : Tu me manques, mon ange. Je t'expliquerai tout quand je rentrerai à la maison. Ne t'inquiète pas, ça va aller. Je t'aime.
Ne t'inquiète pas, ça va aller. Mais comment veut-il que je ne m'inquiète pas en lisant une telle chose de bon matin ? Que s'est-il passé hier soir ? Qu'est-ce que les Johnson lui ont dit ? Je sens cette boule familière se loger dans ma gorge, me gênant à chaque fois que je déglutis.
Ne panique pas. Il a dit qu'il allait tout t'expliquer en rentrant. Ce n'est sans doute rien, pensé-je en prenant une grande inspiration.
— Quelque chose ne va pas ? questionne Gabriel, après s'être levé du lit. Jaekyung va rentrer ?
— Non, il ne rentre qu'en fin de journée. Les Johnson veulent qu'il passe la journée avec eux et ton petit-ami. On sera donc que tous les deux, aujourd'hui.
Il sourit, en attrapant son sweat à capuche qu'il avait posé sur le bureau de Jaekyung.
— C'est parfait ça ! Une journée rien que pour nous deux ! Et je connais déjà le programme, s'exclame-t-il en s'approchant de la porte. C'est moi qui m'occupe du petit-déjeuner. Toi tu savoures mes talents culinaires !
— Tes talents hein... murmuré-je en ne pouvant m'empêcher de sourire.
Gabriel sort de la chambre. Je ris en reportant mon attention sur mon téléphone. Mes doigts pianotent rapidement sur le clavier.
Joshua : Bonjour mon amour, je vais bien oui, et j'ai bien dormi, et toi ? J'espère que la discussion s'est bien passé ? Tes messages m'inquiètent... :( Tu me manques aussi, mon amour. J'ai hâte que tu rentres. En attendant, Gabriel va préparer le petit-déjeuner. Souhaite-moi bon courage lol Je t'aime.
❃ ❃ ❃ ❃
L'alarme incendie se déclenche. Pendant que je prends ma douche, assis sur ce foutu tabouret pour éviter de me casser la gueule, une odeur de brûlé s'infiltre dans mes narines. Ni une, ni deux, je me lève, attrape mon peignoir que j'enfile à la hâte, avant de monter dans mon carrosse de fortune pour rejoindre rapidement la cuisine. Une fumée noir en dégage. J'aperçois Gabriel, près de la fenêtre, ouverte, le bras tendu à l'extérieur avec la poêle qui prend l'air. Quand il se retourne, un sourire crispé orne ses jolies lèvres.
— Oups, me dit-il en se retenant de rire. Je crois que j'ai fait une connerie.
— Mais comment tu as fais ton compte ? demandé-je en attrapant le balais dans le cagibi.
A l'aide du manche, je viens éteindre le détecteur de fumée pour éviter que les voisins n'appellent les pompiers. Si ce n'est pas déjà fait.
— Je ne sais pas, répond-il en jetant l'arme du crime dans l'évier. Je faisais cuire le pancake, et hop il a pris feu.
Il verse de l'eau froide dessus. Un amas de fumée s'évapore soudainement, déclenchant une nouvelle fois l'alarme. Je le regarde, dépité. Il me sourit, en se frottant nerveusement la nuque.
— Je comprends mieux pourquoi c'est Connor qui cuisine et pas toi, souligné-je avec humour, en éteignant le détecteur avec la même méthode que la précédente. Laisse tomber Gabi, on va se commander un truc à manger, ce sera plus rapide.
— Tu as raison, ce sera beaucoup mieux. Sinon à ce rythme, je vais faire sauter le bâtiment, glousse-t-il en allant fermer la fenêtre. Mais c'est moi qui paie !
— Gabi...
— Chut, dit-il en posant son doigt sur ses lèvres. En attendant, va t'habiller. Tu vas choper un rhume du cul sinon. Et ton mec va me tuer. Alors j'aimerai éviter de mourir avant mes trente ans s'il te plait.
Je lève les yeux au ciel en souriant.
— C'est à cause de toi, si je n'ai pas pu m'habiller, commenté-je en faisant tourner les roues de mon fauteuil pour me diriger vers la chambre. Prends-moi la même chose que toi.
— Avec un chocolat chaud ?
— Mmh... non. Un Ice Americano pour changer, s'il te plait.
Les lèvres de Gabriel se troussent en une expression de dégoût.
— Jaekyung, sors de ce corps.
Je ne réponds rien, me contentant de rire à sa blague en roulant jusqu'à ma chambre. J'ouvre la penderie, réfléchissant à ce que je pourrais enfiler, mais aucun de mes vêtements ne m'intéressent. Alors mes yeux se déportent sur ceux de mon petit-ami. Tout est rangé au millimètre près. Plié au millimètre près. Et surtout, par couleur et par marque. Même les ceintures, ses chaussettes et montres ont leur propre tiroir. Après moulte réflexion, j'attrape l'un de ses sweat noirs de chez Lacoste, ainsi qu'un jogging, également noir, de la meme marque. Je souris, en sentant son parfum émaner du tissu. Puis, je me tourne par inadvertance vers le miroir, au moment où je m'apprêtais à retirer mon peignoir.
Il y a des marques sur ma peau. Des traces dont certaines sont violacées et d'autres légèrement rougies. Mon sourire s'agrandit, tandis que mes doigts retracent leur forme, me remémorant la scène après le bain, où Jaekyung m'a dévoré de suçons avant de partir chez ses parents. Cependant, mon sourire s'estompe peu à peu, à mesure que je perçois d'autres marbrures apparaître sur mon épiderme. Une illusion causée par mes traumatismes.
Disparaît de ma tête, pensé-je en frottant ma peau, jusqu'à ce qu'elle rougisse. Va-t-en, connard ! Je ne te laisserai plus jamais prendre le dessus sur moi.
— Joshua ! Tu as bientôt fini de te changer ? Le livreur ne va pas tarder !
La voix de Gabriel me sort de mes pensées.
— Oui ! J'arrive !
Lorsque je reporte mon attention sur le miroir, ces zébrures imaginaires ont disparu. Seuls les suçons de Jaekyung sont apparents. Mon cœur bat rapidement contre ma poitrine. Affronter mes démons. C'est ce que je fais actuellement, en retirant le peignoir. Je suis nu, affrontant mon reflet d'un souffle tremblant.
Ton corps est magnifique, Joshua. Ton ventre, tu ne l'aimes pas ? Moi, je l'adore. Les mots de mon petit-ami résonnent dans ma tête, à mesure que ma main glisse sur ma peau, là où ses lèvres se sont posées sur moi, embrassant tous les endroits qui me complexent. Tes jambes, tes cuisses, tes pieds. Même tes orteils sont magnifiques. Tout est parfait chez toi, mon amour. Tout est divin à m'en rendre fou.
Je souris une nouvelle fois. Une larme s'échappe du coin de mon œil. Je l'essuie rapidement du revers de ma main, avant d'enfiler les vêtements de mon homme.
— Je vais m'en sortir, je te le promets, murmuré-je en me regardant. Le Joshua qui pleure pour rien, c'est terminé.
❃ ❃ ❃ ❃
Après avoir commandé à manger sur l'application Yogiyo, nous nous sommes installés sur le canapé, savourant nos pancakes et croissants devant un épisode de Friends. Par la suite, Gabriel m'a demandé s'il pouvait ouvrir avec moi le carton qu'il m'a offert. Il souhaite me faire découvrir les sextoys qui s'y trouvent, me familiariser avec ces objets qui m'ont traumatisé lorsqu'ils étaient utilisés par mon ex. En soit, Gabriel n'a pas tort dans sa démarche. Si je veux aimer mon corps à nouveau, si je veux pouvoir franchir le pas avec mon petit-ami, il faut avant tout que je reprenne l'ascendant sur mon corps. Que je me réapproprie ce qui m'a été volé en toute impunité. Et puis, je serais le seul à les utiliser, si jamais un jour, je décide de passer le cap. Je serais le seul à me toucher avec, à explorer mon intimité.
Si je veux arrêter, si je ne veux pas continuer, je n'aurais qu'à le faire. Il n'y aura personne pour m'en empêcher.
— Tout d'abord, comme tu l'as compris, je ne te force pas à les utiliser, d'accord ? dit Gabriel en s'asseyant à même le sol, le carton entre ses jambes. Et, tout ce qui trouve à l'intérieur, n'a jamais été utilisé par mes soins. Je préfère le préciser, avant que tu ne t'imagines quoique ce soit.
— Je ne m'imaginais rien du tout... commenté-je en me pinçant les lèvres pour ne pas rire.
— Ah ! Tant mieux alors, rétorque-t-il, amusé, en ouvrant le carton, dont des sextoys s'échappent soudainement du contenant.
Il est rempli à ras-bord !
— Mais Gabi... D'où tu as autant de... de ces choses là chez toi ? m'exclamé-je en ayant le feu aux joues.
Il y a de tout. Et de toutes les tailles...
— Ca ? dit-il en les montrant du doigt. Je suis abonné à une box mensuelle pour découvrir les nouveautés ! Donc tous les mois, je reçois une boîte, avec des sextoys, des bougies, des crèmes. Et ceux que j'ai déjà, je les mets dans un carton. Soit je les revends, soit je les donne.
Je l'écoute attentivement. Mon regard reste figé sur l'intérieur du carton, détaillant tout ce qui s'y trouve. Je ne saurais vous dire les noms de ces gadgets, mais je peux vous assurer qu'il y en a certains que je ne compte certainement pas utiliser.
C'est plus une arme de guerre, qu'un jouet sexuel !
Soudain, quelque chose m'interpelle. Je me penche pour récupérer le bout de carton, sur lequel sont accrochés deux pinces avec une chaîne reliée entre elles.
— Gabi ? Pourquoi tu as mis des pinces à linge dans le carton ?
Mon meilleur ami me regarde, les yeux écarquillés. Il jongle entre moi et l'objet que je tiens entre mes mains. Il est trop choqué pour ne serait-ce que répliquer à ma question, avant de s'esclaffer à gorge déployée, au point d'en perdre l'équilibre et de tomber à la renverse. Pendant ce temps, je continue de fixer l'objet, ne comprenant pas ce qui peut bien le faire rire.
Ce ne sont que des pinces à linge...
— Attends... Attends... Je reprends juste ma respiration, articule-t-il difficilement en pleurant de rire. Je ne me moque pas, mon chat, je te le jure...
Non, à peine.
— Je ne m'attendais juste pas à ce que tu me sortes ça... commente-t-il en repartant de plus bel dans son fou rire.
— Non bien sûr, sinon tu m'aurais posé un tas de questions si je savais de quoi il s'agissait, dis-je en secouant la tête avec humour.
Je retourne l'objet, mon sourire disparaît lorsque je lis, écrit en gros : pinces à tétons. Pinces à quoi ? Attendez, ne me dîtes pas que ça se met vraiment sur les tétons ? Mais c'est quoi cet objet de torture ?
— Dis-moi que c'est une blague ?
Gabriel secoue la tête, les larmes aux yeux, proche de la crise d'asthme. Je jette l'objet dans le carton en imaginant la douleur épouvantable qu'elles peuvent provoquer en écrasant les tétons. Quelle horreur !
— Reprends tes objets démoniaques avec toi ! C'est effrayant !
Il lève les mains en l'air, en guise de défense.
— J'avoue que là, c'est un level beaucoup trop élevé pour toi, répond-il en reprenant sa respiration. Tu sais quoi, je vais te mettre ça de côté. C'est petit, pas effrayant, et pour la première fois, ce sera suffisant si tu veux les utiliser.
Il fouille dans le carton, pour en sortir des sextoys dont l'un est fait de plusieurs tailles de boules différentes, allant de la plus petite à la plus grande. Il en sort un deuxième, un peu plus gros, avec deux fioles contenant du lubrifiant. Et pour finir, un sextoy qui ressemble à s'y méprendre, à un pénis... Un vrai pénis...
Que Jaekyung ne tombe jamais dessus, je vous en supplie.
— Déjà ça, ce sera suffisant ! Surtout pour découvrir son corps, les différentes sensations, et les endroits qui peuvent nous faire vriller de plaisir, ajoute-t-il en les mettant dans un sac noir, brodé à l'effigie de la marque Le palais des plaisir. Utilise-les uniquement quand tu te sentiras prêt, d'accord ? Ne te force pas à le faire si tu ne veux pas.
Je hoche la tête en sentant une vive chaleur s'installer sur le haut de mes pommettes.
— Est-ce que... Est-ce que toi et Connor vous en avez déjà utilisés, ensemble ?
— Bien sûr ! Ça pimente un peu plus l'expérience quand c'est utilisé à bon escient. Il faut que les deux partenaires soient consentants, et qu'ils s'écoutent quand l'un veut arrêter. Parce que parfois, on utilise des sextoys pour dépasser les limites. Pour avoir plusieurs orgasmes.
Mon cœur s'emballe à mesure que j'écoute ses explications.
— Ne t'inquiète pas, mon chat. Tu n'as pas à y penser maintenant... Je sais que... ce fils de pute t'a fait du mal avec ces objets... Je sais que tu as peur, et ça se comprend. Sache que là c'est différent. C'est toi le maître de ton corps. Il n'y aura personne pour te faire du mal.
— Ouais... Je... Je vais les garder de côté. On ne sait jamais... commenté-je en sentant ma gorge se serrer. Peut-être que ça m'aidera vraiment dans ma guérison... Alors, merci beaucoup, Gabriel.
Il me sourit en rangeant dans le carton les sextoys qui se sont enfuis.
— Je vais reprendre le carton chez moi. Ça te fera une chose encombrante en moins, déclare-t-il avant de se mettre debout pour étirer ses jambes. Maintenant, tu vas me dire d'où viennent ces suçons sur ton cou ? C'est une pieuvre qui t'a attaqué ?
J'explose de rire, en tentant malgré moi de cacher ces marques, en vain. Face à mon refus de répondre à sa question, Gabriel me rejoint sur le canapé, attaquant mes hanches, dans une guerre de chatouilles, dans l'espoir me soutirer les vers du nez.
Me faisant oublier les nuages menaçant qui recouvrent le ciel, à l'approche de la tempête.
❃ ❃ ❃ ❃
17h30, c'est l'heure à laquelle Jaekyung rentre. Comme à son habitude, toujours un bouquet de fleurs dans les mains. Ses yeux sont fatigués, rougis, comme s'il avait pleuré à plusieurs reprises. Ce qui ne m'étonnerait pas si c'est vraiment arrivé. Il m'embrasse, silencieux. Je n'engage pas la conversation, j'attends. Je patiente qu'il soit prêt pour me parler, me contentant de le regarder prendre place à côté de moi, sur le canapé. Il me sourit, tristement et mon cœur rate un battement. Qu'est-ce qui s'est passé chez les Johnson ? Pourquoi semble-t-il anéanti ? J'avale difficilement ma salive. Il se laisse tomber sur moi, sa tête reposant à présent sur mes cuisses. Je glisse ma main dans ses cheveux, caressant son cuir chevelu à l'aide de mes ongles. Il ferme les yeux, appréciant mon toucher, mais il semble chercher ses mots à travers son froncement de sourcil. Comme s'il cherchait comment m'annoncer la nouvelle. Mais quelle nouvelle ?
Allez, demande-lui. Peut-être que...
— Je vais faire mon service militaire. On est allé faire les papiers aujourd'hui. Je pars dans une semaine.
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