Le doux son du blizzard s'écrasant contre les volets fermés m'empêche de dormir. Mais de toute évidence, je n'ai pas sommeil à cause de toutes ces émotions qui se sont accumulées au cours de la soirée. Entre la tristesse, la joie et l'euphorie, mon corps ne savait plus où donner de la tête. Blotti dans les bras de Jaekyung, son visage niché dans le creux de mon cou, je savoure sa douce respiration endormie caresser ma peau, me faisant frissonner à chaque fois qu'elle s'échoue sur mon épiderme.

D'une main, je papouille son cuir chevelu, et d'une autre, je trace des lettres illisibles dans le creux de son dos, totalement dévêtu de tout tissu. Il ne porte qu'un simple boxer en guise de pyjama, et moi, je me suis vêtu d'un ensemble d'hiver, couvert de têtes d'oursons plus mignons les uns que les autres. Et malgré cette couche de vêtements, je peux sentir la chaleur corporelle de mon petit-ami se mélanger à la mienne, me faisant apprécier cette sensation de bien-être à ses côtés.

Nos jambes se sont entremêlées les unes sur les autres — comme le fameux jeu de société « Twister » — ne laissant aucune place à un espace entre nous, collés tels des aimants inséparables dans une étreinte qui me permet de sentir son abdomen bouger contre le mien, à chaque inspiration. Mes doigts ne cessent de gratouiller son cuir chevelu, jouant par moment avec quelques mèches de ses cheveux.

Je sens la repousse de sa barbe me chatouiller la gorge, lorsqu'il bouge sa tête pour la cacher un peu plus loin contre mon cou, me faisant faiblement glousser d'attendrissement face à cette action.

— Pourquoi tu ris ? me chuchote-t-il d'une voix lointaine et endormie, ses bras se resserrant autour de ma taille, en glissant l'une de ses mains sous le tissu de mon pyjama pour caresser mon ventre à même la peau.

Ce geste suffit à lui seul pour m'arracher une vague de frissons.

— Parce que tu es mignon, lui réponds-je, aussi dans un chuchotement.

Il grommelle quelque chose de totalement inaudible contre ma gorge, pour finir par y déposer un doux baiser. Je me contente de sourire dans l'obscurité de notre chambre, en continuant de caresser son dos avec des lettres un peu plus marquées qui, une fois toutes regroupées, veulent dire :

Je t'aime.

Jaekyung fait chanceler le bout de ses doigts sur mon ventre, réagissant à chacune de ses caresses par de petits tremblements dû au fait que je suis sensible à certains endroits de mon corps, pour la simple et bonne raison que je n'ai pas l'habitude qu'on me touche de cette manière.

Cependant, il faut avouer que ce n'est pas désagréable et que s'en est même addictif, lorsqu'on s'y habitue.

— Pourquoi tu ne dors pas ? me questionne-t-il, toujours à moitié endormi contre mon corps.

— Je n'ai pas sommeil, dis-je en lui embrassant le front. Mais toi, rendors-toi, tu en as besoin.

Jaekyung fredonne en guise de réponse.

— Tu as passé une bonne soirée ? murmure-t-il en sortant complètement de sa léthargie. C'était tellement agréable de te voir sourire et rire toute la soirée. J'imagine que c'est ce qui t'a épuisé, après ton séjour à l'hôpital.

Il se redresse légèrement pour pouvoir me regarder, malgré l'obscurité. Je sens sa main reprendre ses caresses sur mon ventre, et de nouveaux frissons m'envahissent de plaisir.

— Oui, c'était une merveilleuse soirée. Elle restera à jamais gravée dans ma mémoire, commenté-je en souriant. Et tous ces cadeaux qui m'ont été offerts... Je ne m'y attendais pas. Surtout cette canne, à l'effigie de Lucius Malfoy. J'espère un jour pouvoir l'utiliser, lorsque je pourrai remarcher...

— Je suis certain que tu pourras le faire, mon ange, rétorque-t-il en remontant sa main jusqu'à ma poitrine, mon cœur battant comme un fou contre sa paume. Ce n'est qu'une question de temps.

Son visage se rapproche du mien. Son souffle mentholé me chatouille. Je frémis, entrouvrant mes lèvres à la recherche des siennes. Il fait sombre mais je perçois tout de même ce foutu sourire satisfait se dessiner sur ses traits. Il me fait languir, en se contentant d'effleurer ma peau. Sa main continue ses caresses. Elle descend jusqu'à mon ventre, qui se met à trembler, sensible à son toucher, avant de remonter jusqu'à mon torse. Je me cambre légèrement en me plaignant à travers un faible gémissement.

Il comprend mon impatience. Je ferme les yeux, savourant la douceur de ses lèvres s'écrasant contre les miennes. Mes bras glissent autour de sa nuque. Je me laisse guider par mon désir. Je me laisse emporter par les émotions de mon cœur. Son corps se colle au mien. Je sens son bassin faire pression contre mon bas-ventre, mais je suis trop imprégné par notre échange pour m'y attarder.

Nos lèvres se séparent. Il lèche les miennes, couvertes de nos fluides, pour embrasser ma mâchoire. Progressivement, ses baisers se logent sur ma gorge, et je bascule ma tête vers l'arrière pour lui offrir l'entièreté de mon cou. Il sourit contre ma peau, qu'il vient mordiller avec douceur, avant de la parsemer de nouveaux baisers. Sa main sur mon ventre ne s'aventure pas plus loin, elle reste à proximité de mon nombril, dont ses doigts viennent le taquiner.

Inévitablement, je gémis, surpris par cette action. Ses mouvements s'arrêtent, et je sens son menton frôler le mien, lorsqu'il relève le visage pour embrasser la pointe de mon nez.

— Désolé, je t'ai fait mal ? susurre-t-il en mettant correctement en place mon haut de pyjama.

— Non, du tout. Ça m'a juste surpris, réponds-je, en faisant glisser la paume de mes mains sur ses clavicules. Je suis très chatouilleux au niveau du ventre...

Jaekyung émet un gloussement discret.

— J'ai remarqué ça, dit-il en me volant un petit baiser. Je ne devrai pas faire ça, c'est cruel de t'empêcher de dormir après tous ces évènements. Mais tu me rends tellement dingue, qu'il m'est difficile de te résister.

Je rougis à ses mots, et je m'estime heureux qu'il n'y ait pas assez de luminosité pour qu'il puisse le voir.

— Ça ne me dérange pas... me surprends-je à prononcer.

La chaleur dans mon corps ne veut pas décroître. Au contraire, elle s'embrase à mesure que je descends mes mains sur son torse, devinant la sculpture de ses muscles sous mon toucher. Je sens son cœur battre rapidement, sa poitrine se levant et s'abaissant au rythme de sa respiration saccadée.

— Je t'aime, Joshua.

— Je...

Mes cellules grises sont encore étourdies par ce bref instant de plaisir. Je ne parviens pas à réfléchir convenablement. Tout est flou et pourtant, mon corps bouge sans que je ne décide quoi que ce soit, comme si nos âmes étaient connectées. Ses lèvres se rapprochent des miennes, je souris. J'attends qu'elles s'unissent dans un énième baiser, et lorsqu'il s'apprête à le faire, un bruit assourdissant résonne jusque dans la chambre, faisant trembler le lit un court instant.

Je reprends mes esprits en poussant un hurlement de terreur, qui est tout sauf viril. Jaekyung se redresse. Il est en alerte, attentif au moindre son qui pourrait provenir du couloir de son appartement, dont un grognement terrifiant est audible depuis la salle de séjour.

— Un démon ! m'écrié-je, pris de panique, les poils de mon corps s'étant hérissés de terreur. Notre appartement est hanté !

Immédiatement, une lumière vient éclairer le seuil de la porte, suivi de quelques pas, tout sauf discrets, me faisant me cramponner plus fermement à mon homme, qui a le visage rivé sur l'entrée de la chambre.

Noël s'est transformé en Halloween.

— Eh ! murmure assez fortement Brice à notre attention, ainsi qu'à celle de Connor et Gabriel qui ont également dû être réveillés par ce bruit effrayant. Pas de panique, c'est Jason qui s'est cassé la gueule du canapé ! Tout va bien ! Pas de démon en vue !

Les pas s'éloignent de nos chambres, la lumière disparaît aussi vite qu'elle n'est apparue, et dans un dernier regard confus et désorienté, nous nous sommes épris d'un fou rire incontrôlé, sans pour autant que je ne relâche mon emprise autour de sa taille.

Ce soir-là, je n'ai pas pu lui dire je t'aime comme j'aurais aimé le faire. Il est revenu s'allonger à mes côtés et après un dernier baiser volé, nous avons laissé les bras de Morphée nous accueillir avec sérénité.