𝟎𝟔. 𝐔𝐧𝐞 𝐛𝐨𝐦𝐛𝐞 𝐚 𝐫𝐞𝐭𝐚𝐫𝐝𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭


Trois ans plus tôt, Séoul, Corée du Sud,

— Ne serait-ce pas Kim Joshua ?

La voix de Seo-jun résonnait dans les vestiaires, accompagnée de l'écho de ses pas, ainsi que ceux des trois autres garçons qui étaient avec lui.

J'avais attendu que mes camarades de classe aient terminé de se changer, pour pouvoir me rendre dans les vestiaires du gymnase et enfiler ma tenue de sport, sans que d'autres regards ne viennent se poser sur mon corps à moitié dénudé.

Je n'avais pas une bonne relation avec ce dernier.

J'étais vu comme la bête de foire, comme celui qui n'était pas comme les autres, qui n'entrait pas dans les cases de la beauté qui reflétaient les exigences de la société. L'image du corps était déjà très imposée chez les plus jeunes, causant pour la majorité d'entre eux des troubles de l'alimentation, allant jusqu'à l'anorexie mentale et physique, ainsi que la boulimie, pour combler un vide, un mal-être vis-à-vis de son image.

Certains se laissaient mourir de faim pour pouvoir ressembler à leurs Idols, qui, eux-mêmes, étaient victimes des attentes de la beauté.

Un cercle vicieux et sans fin qui pouvait littéralement nous mener jusqu'aux portes de la mort.

Pour ma part, dans mon cas personnel, j'étais devenu un peu rondouillet à cause du stress quotidien que je vivais dans mon cercle familial. Mon grand frère était à l'inverse de moi. Il était mince et ne mangeait pas énormément. Il passait la majorité de son temps dans sa chambre, à travailler si dur, pendant de longues heures, qu'il en oubliait de s'alimenter.

Contrairement à moi, qui me réfugiait dans la nourriture pour pallier une certaine pression psychologique, la crainte de décevoir mes parents si je venais à ramener une mauvaise note à la maison.

C'était quelque chose d'inacceptable pour eux.

Alors, sans vraiment en avoir conscience, je mangeais, mangeais, et mangeais sans avoir faim, sans ressentir cette nécessité nous permettant de nous maintenir en vie. Et quand je me sentais sur le point d'imploser, je me mettais à pleurer, à regretter amèrement ce que je venais de faire, me sentant pathétique de succomber à ces fausses envies, à ce vide, que si je ne le remplissais pas, allait m'engloutir à jamais dans des pensées noires et profondes qui m'effrayait.

En prime, en dépit d'un mal-être familial qui me rongeait de l'intérieur, je devais affronter le lycée tous les jours, affronter le regard méprisant des autres élèves, et les moqueries qui pleuvaient sans relâche à mon égard, qu'elles soient directes ou indirectes.

— Pourquoi tu es tout seul ? Tu as peur de nous montrer ton gras ? se moqua Do-yun, en s'approchant de moi, tandis que je m'étais mis à reculer pour conserver cette distance entre nous deux. Comment tu peux autant te laisser aller comme ça ?

— A la place de tes parents, j'aurais honte d'avoir un gosse qui ne fait pas attention à son image, surenchérit Beom-seok, qui me balayait de son regard de haut en bas, une expression de dégoût dominant les traits de son visage.

— Ce n'est pas bien grave, reprit Seo-jun, qui dégageait une aura malsaine.

Je pouvais parfaitement la ressentir, la voir émaner de son corps, flottant autour de lui.

— On va le faire courir un peu... gloussa-t-il, en se frottant les mains, me faisant comprendre qu'ils avaient préparé quelque chose à mon intention.

— Laissez-moi tranquille... avais-je répondu d'une voix fébrile, continuant de reculer dans les vestiaires, jusqu'à sentir mon dos s'écraser contre le mur froid, dans lequel j'aurais tant aimé pouvoir fusionner et disparaître.

— Tu ne vas quand même pas te mettre à pleurnicher ? ricana malicieusement Eun-woo, qui avança d'un pied ferme vers ma personne. Allez, déshabille-toi.

Mes yeux s'agrandirent à cette soudaine demande, faisant manquer à mon cœur un battement d'une demi-seconde.

— Non ! répondis-je, en agrippant le tissu de mon t-shirt, craignant qu'ils ne viennent me l'arracher de force. Pourquoi je devrais faire ça devant vous ? Laissez-moi !

Durant cette période, Gabriel et moi, nous ne faisions pas partie de la même classe. Il était parfaitement conscient de l'harcèlement que je subissais au sein de notre établissement et quand nous étions ensemble, il prenait constamment ma défense, quitte à s'attirer les foudres des autres camarades, au point d'en arriver parfois aux mains. Mais jamais il ne m'avait abandonné.

Jamais il ne m'avait mis à l'écart pour rentrer dans un cercle privilégié, me laissant me faire harceler en toute impunité.

Non, Gabriel a toujours été là pour moi.

Sauf à ce moment-là, où j'étais seul, sans arme, face à mes démons.

— Tu as fini d'aboyer ? répliqua MinHo, en venant me saisir la mâchoire pour me forcer à le regarder dans les yeux.

Je tremblais de tout mon être, tant j'étais terrifié.

— Les chiens doivent être dressés de toute façon, commenta malignement Seo-jun, qui se trouvait à présent à côté de Min Ho. Si tu as si honte de ton corps, pourquoi tu ne fais rien pour le changer ?

— Parce qu'il aime être le centre de l'attention, n'est-ce pas ? ajouta Eun-woo d'un air sarcastique. Ça te plaît en fait d'avoir les regards braqués sur toi, d'avoir autant d'attention rien que pour toi. Tu aimes ça et tu ne veux pas l'avouer, gros tas.

Non, c'était faux.

Tout était entièrement faux.

Je détestais qu'on me regarde avec autant d'insistance, je détestais entendre tout ce qui se disait à mon sujet, que ce soit verbalement ou par message, comme ils avaient l'habitude de faire, en me prenant en photo à mon insu, les faisant circuler sur le groupe Facebook de l'école. Et j'étais terrifié à l'idée qu'ils me prennent en photo dans ces vestiaires.

— Allez, déshabille-toi, Joshua. Sois fier de nous montrer qui tu es, s'impatienta Do-yun, qui vint agripper le bas de mon t-shirt pour le soulever, avant que mes mains ne vinrent arrêter son action.

— Ne fais pas ça. S'il te plaît, arrête ! m'écriais-je, au bord des larmes, en tirant le tissu vers le bas. S'il vous plaît, arrêtez !

Ils ne ressentaient aucune compassion à mon égard, riant à gorge déployée de leur plan diabolique.

Ils s'étaient mis à trois pour me maintenir les membres immobiles, tandis que Seo-jun me déshabillait, déchirant mon t-shirt et baissant mon pantalon, alors que les autres élèves venaient de nous rejoindre dans le vestiaire, après avoir entendu mes cris et mes appels à l'aide.

Je me souvenais de ce moment de solitude intense où personne n'était intervenu pour les arrêter. Personne, mis-à-part le professeur. Je m'étais effondré au sol, sur le carrelage humide des vestiaires, en pleurant toutes les larmes de mon corps, couvrant ma peau exposée avec mes vêtements qui étaient à présent délabrés, abîmés, impossibles à porter.

Je me souvenais de cette photo qui avait tourné dans tout le lycée, remontant jusqu'au téléphone de Gabriel, qui avait appris ce qui m'était arrivé, en la voyant. Et je me souvenais de la direction, qui n'avait strictement rien fait contre les élèves en question, étouffant et mettant sous silence mon harcèlement pour ne pas salir l'image et la popularité de leur établissement.

Personne ne m'avait aidé.

Personne ne m'avait écouté.

A part, Gabriel.


❃ ❃ ❃ ❃


Samedi 08 juin, Séoul, Corée du Sud,

Voilà encore un réveil bien compliqué. Cette nuit, j'ai encore fait un cauchemar. Mais ce n'est pas de lui que j'ai rêvé. J'aurais même préféré faire un rêve dans lequel j'aurais pu y retrouver mon meilleur ami Gabriel, voir pourquoi pas ce fameux BJ Golden. Malheureusement, ce n'était ni de l'un de l'autre.

Dans ce cauchemar, je m'étais retrouvé deux-trois ans en arrière, quand je n'étais encore qu'un lycéen. J'étais victime de harcèlement scolaire vis-à-vis de ma classe sociale qui ne plaisait guère à mes camarades de classe. J'étais pris pour cible pour mes bonnes notes, pour la tête à claque que j'étais comme ils aimaient tant m'appeler, mais également pour ma fâcheuse habitude à dire toujours oui à tout, même lorsque mes bourreaux me demandaient de leur filer mes cours pour pouvoir les recopier en toute impunité. Ils en venaient même à me voler mes repas du midi car soi-disant ils n'avaient pas été assez servi.

Je n'arrive toujours pas à comprendre pourquoi ils se mettent tous à ressurgir les uns après les autres dans mon esprit. Pourquoi maintenant ? Pour quelles raisons ? Dans quel but désirent-ils encore me faire souffrir alors qu'ils avaient totalement disparu de ma vue, et que j'avais réussi à les oublier après être entré à l'université. Mais surtout quels rapports ont-ils exactement avec lui ?

Toutes ces questions me donnent une migraine fulgurante. Une envie irrépressible de me fracasser le crâne pour effacer définitivement ces mauvais souvenirs de ma mémoire.


❃ ❃ ❃ ❃


— Hey, Joshua... tu vas bien ? me demande la douce voix de Gabriel, tandis que je fixe avec dégoût le repas qui se trouve sous mes yeux. Tu n'as encore rien mangé...

— Je n'ai pas faim, Gab'... soupiré-je, en repoussant d'une main mon assiette. Ce n'est pas grave, je mangerai mieux ce soir.

Si je pense pouvoir m'en sortir aussi facilement, Gabriel lui, n'est pas de cet avis. Alors, il fait glisser l'assiette jusqu'au rebord de la table et prend les baguettes dans ses mains, en piochant quelques tranches de porc au caramel, qu'il vient secouer frénétiquement juste sous mon nez.

— Tu sais que tu peux tout me dire... murmure-t-il. Je ne suis pas né de la dernière pluie. Je vois bien que quelque chose ne va pas... mais, il ne faut pas non plus que tu te prives de manger, c'est important !

Comment pourrais-je lui parler de ce qui me ronge intérieurement, lorsque moi-même, j'étais inapte à poser des mots juste dessus ? Cela peut vous paraître assez étrange à lire, mais à ce moment-là, j'étais immergé dans ce que l'on appelle plus communément : le déni. Victime d'une déréalisation, dont je ne connais pas encore l'existence, et qui n'est autre que la partie visible de l'iceberg.

— Allez, ouvre la bouche ! s'exclame Gabriel, avec impatience.

Il tapote le morceau de porc, dégoulinant de sauce au caramel, contre mes lèvres, que je peine à ouvrir tant l'aspect et le gras m'en dégoûtent.

Au plus grand désarroi de mon meilleur ami.

— Je ne te demande pas de tout manger... reprend-il, en posant délicatement les baguettes dans l'assiette. Mais juste de manger quelques bouts, histoire de reprendre des forces. Je m'inquiète vraiment pour toi, Joshua...

Son inquiétude est parfaitement discernable et je me sens coupable de lui faire subir ma désolation, au point d'en affecter son humeur à cause de mon aura dévastatrice.

— D'accord... dis-je dans un murmure. Je vais manger un peu pour toi.

Un doux sourire s'étire sur le coin de ses lèvres.

— Tu sais, Josh, quoi que tu traverses actuellement, tu es beaucoup plus fort que tu ne le penses !

J'aimerai le croire.

J'aimerai tant pouvoir me dire que c'est le cas, que je suis fort.

Malheureusement, il n'en est rien de tout ça. Je suis faible et c'est une évidence qu'on ne peut pas nier. Je me sens terriblement faible et fragile, que je me laisse engloutir par la noirceur de mes pensées, par les désirs de disparaître de ce monde, d'en finir avec cette vie qui ne me convient pas, qui me fait douloureusement souffrir.

Pourtant, je me suis promis de ne jamais baisser les bras, de me battre pour Gabriel, qui, lui, a toujours su se relever malgré les difficultés auxquelles il a souvent été confronté par le passé, comme dans le présent.

C'est en quelque sorte mon modèle. Celui que j'admire pour sa force d'esprit et sa volonté de s'en sortir.

— Allez mon cœur, mange un peu ! Il ne nous reste que trente minutes de pause, ajoute-t-il.

Puis, son regard se déporte sur le côté, comme attiré par la vue d'une silhouette qui lui est singulière. La même ombre que la fois dernière. Celle qui possède à elle seule le pouvoir d'illuminer de mille feux ses orbes noisettes.

— C'est là que vous vous cachez ? commente Connor, en venant s'installer aux côtés de son amant, après lui avoir volé un baiser. C'est toujours ok pour demain ?

— Bien sûr ! répond Gabriel du tac au tac. Tu viens toujours avec nous demain, Joshua ? J'espère que tu n'as pas d'excuses en liste pour ne pas venir !

Je ne peux m'empêcher de sourire à sa réflexion, tout en mangeant quelques morceaux de porc, qui ont beaucoup de mal à glisser dans mon œsophage.

— Je vais venir, oui... Je ne suis juste pas fan des manèges à sensations, donc je risque de ne pas en faire.

Même si Gabriel ne l'a pas remarqué, j'ai très bien vu du coin de l'œil, les yeux de Connor se retourner, d'un air ennuyé par ma réponse.

— Désolé...

En chuchotant mes paroles, je baisse le regard sur mon assiette, dont l'odeur de la nourriture ne cesse de torturer mes entrailles, me donnant d'affreux haut-le-cœur.

— Je n'ai vraiment plus faim, Gabriel, ajouté-je, en me levant de ma place, lorsque je commence à me sentir patraque, récupérant mes affaires dans la foulée. Je vais aux toilettes, ne m'attends pas pour aller en cours, je te rejoindrai !

Sans attendre une quelconque réponse de sa part, je me suis subitement précipité vers l'entrée de l'établissement avec la terrible envie de rendre mes tripes. Je ne sais pas exactement le pourquoi du comment cette sensation s'était installée inconfortablement dans mon ventre, accompagnée de terribles bouffées de chaleur qui me donnent l'impression d'avoir le corps embrasé comme un gigantesque feu de bois, m'empêchant de respirer correctement.

J'ai l'impression d'étouffer, que mon cœur va exploser dans ma cage thoracique. Je n'entends plus que lui, résonner dans tout mon être, jusqu'à torturer mes tympans, et d'avoir la sensation que je vais mourir d'une minute à l'autre.

Il m'est devenu difficile de déglutir ma salive, à cause de cette étrange boule qui s'y est logée, accentuant de plus en plus cette impression de suffoquer, de manquer d'air. Je ne regarde nullement où je mettais les pieds, bousculant quelques étudiants, en me dirigeant désespérément vers les toilettes. Ma vue commece à se brouiller, rendant ma vision trouble, avec quelques nuances de jaunes, accompagnées de plusieurs petits points qui s'intillent comme de multiples étoiles, ressemblant à la robe étincelante que porte le ciel durant la nuit. Mes oreilles se sont mises à bourdonner, n'entendant plus rien autour de moi, et mon envie de vomir se fait plus persistante.

Je vais m'évanouir.

Puis, au moment où je m'y attends le moins, lorsque je finis par atteindre ce fameux couloir menant à ma destination, mon corps entre violemment en collision avec celui d'un autre garçon. Et entre lui et moi, c'est mon pauvre gabarit qui a été projeté au sol, s'écrasant comme un vulgaire moustique contre le pare-brise d'une voiture.

— Merde, est-ce que tout va bien ? me demande l'étudiant dans la précipitation, en me tendant la main pour m'aider à me relever. Tu as mal quelque part ?

— Non, non... Tout va bien... merci, lui réponds-je simplement sans le regarder, en posant ma main dans la sienne, qui, grâce à sa force, je suis rapidement sur pied. Je suis désolé, je n'ai pas regardé où je mettais les pieds, désolé ! Vraiment désolé !

Je n'attends aucune réponse de sa part, ni lui adressant un seul regard, pour me diriger rapidement vers les toilettes et m'enfermer dans l'une des cabines pour m'isoler de la civilisation. Je viens baisser la cuvette, m'asseyant sur cette dernière pour reprendre mes esprits, en glissant mes mains suintant de transpiration dans ma dense chevelure bouclée.

— Respire, respire... Tu ne vas pas mourir. Pas aujourd'hui. Pas maintenant, me chuchoté-je pour me consoler.

Les minutes défilent, et je prends peu à peu conscience que je viens de faire une crise de panique. Une putain de stupide de crise d'angoisse, juste à cause du regard de Connor ?

Non... Bien sûr que non, que ce n'est pas juste à cause de ça. C'est une accumulation de tout. Un débordement de la pression psychologique et sociale, qui pèse lourdement sur mes épaules. Mes études, mes parents, lui, eux, sont les causes de mes angoisses, de mes tourments, faisant de moi...

Une bombe à retardement.


❃ ❃ ❃ ❃


Gabriel : Josh, je peux te poser une question ?

Je viens de terminer de prendre ma douche, quand j'ai reçu ce SMS de Gabriel. Et étrangement, mon cœur se met à s'affoler, comme si j'appréhende intérieurement d'avoir fait quelque chose qui n'aurait pas plu à mon meilleur ami.

Joshua : Oui, dis-moi ?

Lui réponds-je, en me dirigeant vers ma chambre, tout en attendant avec une pointe de stress sa réponse. Je déteste ce genre de situation. Pour moi, ça relève de la même façon que les : « Il faut qu'on parle ».

On ne sait jamais à quoi s'attendre, et cela ne fait qu'augmenter notre état d'anxiété déjà omniprésent dans notre corps.

Gabriel : Je me fais peut-être de fausses idées, mais est-ce que Connor a fait quelque chose de mal ? Ou bien, est-ce qu'il te dérange ? Je te demande ça, parce qu'à chaque fois qu'il est avec nous, j'ai l'impression que tu prends la fuite...

Je me suis assis sur le rebord de mon lit, en lisant la question qu'il vient de m'adresser. Je me sens quelque peu confus par sa demande et notamment coupable de lui avoir donné cette impression, alors que ce n'était pas volontaire de ma part, ni à cause de Connor en lui-même.

Joshua : Pas du tout ! Il n'a rien fait de mal et il ne me dérange absolument pas, je t'assure ! Je suis même super content pour toi, que tu sois en couple avec un type comme lui !

Lui envoie-je, en étant tout de même sincère dans mon message.

Connor ne me dérange pas, c'est un fait. Il est très gentil avec Gabriel et je ne peux pas nier le fait qu'il est fou amoureux de lui, cela se voit dans son regard, tout comme c'est perceptible dans les yeux de mon meilleur ami.

Joshua : Par contre, c'est plutôt moi qui ai la sensation de déranger ou d'avoir fait quelque chose de mal...

Envoie-je par la suite, avant de regretter quelques secondes plus tard de l'avoir fait. Mais ces mots viennent des profondeurs de mon cœur et j'ai besoin de les extérioriser.

Soudain, je sens mon téléphone vibrer dans le creux de ma main, recevant un appel de Gabriel, dont je me suis empressé de répondre sur le coup de la panique.

— Gabi ! Je suis désolé...

— Mais pourquoi tu t'excuses ? fit-il avec de la confusion dans le timbre de sa voix. Justement, je t'appelle pour que tu me dises pourquoi tu as cette impression. Tu es mon meilleur ami, je t'ai toujours dit que tu pouvais me parler de ce qui te tracasse.

Encore une fois, tu es vraiment con, Joshua. Mais alors vraiment con !

— Je... je n'ai aucun problème avec Connor et je te dis la vérité, lui répété-je à nouveau, en humidifiant mes lèvres de nervosité. J'ai juste comme l'impression qu'il ne m'aime pas trop... Je veux dire, tu ne t'en rends peut-être pas compte, mais dès que je parle, je me sens jugé à travers son regard...

— Non, je n'ai pas fait attention en toute honnêteté. Je pensais qu'il avait compris la leçon la première fois, mais je vais lui en parler une nouvelle fois, me dit-il de sa douce voix. Je t'aime toi, tout comme je l'aime lui aussi, et j'ai vraiment envie que vous vous entendiez bien tous les deux ! Parce que je veux passer autant de temps avec toi, qu'avec lui, et nous trois ensemble. Je ne veux pas être le genre d'ami à m'éloigner quand on se met en couple, aveuglé par l'amour.

— Je ne veux vraiment pas que ça crée des embrouilles entre vous...

Je l'entend rire à l'autre bout de l'appareil.

— Mais non, ne t'inquiètes pas pour ça. En tout cas, je te remercie de me l'avoir dit ! C'est très important pour moi, tu sais. Et, j'ai hâte qu'on soit demain ! On va bien s'amuser ! s'exclame-t-il, avec beaucoup d'excitation. Je t'aime Josh, dors bien, et tu es parfait comme tu es ! Ne doute pas de toi, d'accord ?

Mon cœur s'apaise et mon début d'anxiété s'atténue, suite aux paroles de mon meilleur ami. Je n'arrive toujours pas à comprendre pourquoi je me suis mis dans de tels états aussi absurdes, alors qu'il n'y a pas lieu d'être ? Pourquoi je me pose mille et une questions, en me demandant si ce n'est pas moi le problème dans l'histoire ?

Il y avait bien quelque chose qui n'allait pas et cela ne s'arrangeait pas avec le stress que j'accumule en permanence dans mon organisme. Mais dimanche, cette sortie au parc d'attractions avec Gabriel et Connor, allait sûrement me permettre d'évacuer toutes ces mauvaises ondes qui se nourrissent avidement de mon énergie vitale.

— Je t'aime aussi. Très fort, tu sais... rétorqué-je, en esquissant un faible sourire. Bonne nuit Gabi, et à demain. Ça va être une bonne journée ! Merci pour tout...

Gabriel me répond avec un nouveau je t'aime en retour, avant de mettre fin à l'appel, puis je me laisse tomber sur le lit avec le sourire aux lèvres. Je me sens soulagé d'avoir pu être honnête, et j'espère juste, au fond de moi, que cela ne va pas porter préjudice à sa leur relation. Que mes sentiments, mon ressenti n'auront aucune incidence sur leur couple. Car une partie de moi veut croire que Connor ne me déteste pas, qu'il a juste un caractère assez spécial, mais qu'au fond, il est quelqu'un de bien et de confiance.

— Ouais... ça doit être un chic type... me murmuré-je à moi-même, avant d'entendre la sonnerie de mon téléphone, m'avertissant d'une nouvelle notification.

Il est vingt-deux heures trente et c'est le site Camtv qui m'avertit du début du live de BJ Golden.

Cela fait à présent quatre jours, depuis mon dernier visionnage, où j'ai découvert mon impuissance, que je ne suis pas retourné voir un de ses shows, malgré le fait que je n'ai pas cessé d'y penser durant ces dernières nuits.

J'ai honte de ne plus pouvoir bander, alors que je ressens du plaisir à me caresser. Je me sens comme un alien... Un type que personne ne veut à cause de ça...

Personne ne voudra de toi.

Il a raison.

Personne n'éprouvera du désir pour moi, encore moins d'un pauvre type qui ne peut même plus bander, mon pénis ressemblant à un vieux ver desséché sur le bord de la route...

— Bonsoir mes lapins ! s'exclame le camboy, qui déborde toujours autant d'énergie. Est-ce que vous allez bien aujourd'hui ?

Je viens de lancer le live de BJ Golden pour combler mes pensées négatives et les empêcher de prendre le dessus sur mon mental. J'ai besoin de distraction, qu'on me parle, qu'on me fasse oublier, le temps d'un instant, ce qui m'attend demain. Et à sa question, le Chat s'est enflammé comme à son habitude, les réponses pleuvent de tous les côtés, notamment ce genre de message qui se répète inlassablement :

@LoveDick69 : Ca va beaucoup mieux, maintenant que tu es là !

@BJGolden♡Joe : Je vais super bien et toi ?? Tu as l'air radieux ce soir !

@BBC (signifie big black cock) : @BJGolden♡Joe C'est vrai ça ! Qu'est-ce qui t'est arrivé aujourd'hui ??

— J'ai l'air radieux ? Vous trouvez ? commente le garçon avec étonnement, avant qu'un large sourire ne prenne place sur ses magnifiques lèvres. Pourquoi ai-je l'air autant heureux ? lut-il, en faisant claquer sa langue contre son palais. Si vous voulez le savoir, vous savez ce qu'il vous reste à faire, mes chatons !

Sans qu'il n'ait besoin de préciser le fond de ses pensées, les tickets d'or tombent par milliers, le son strident des notifications résonnant dans mes oreilles. Cependant, je me suis promis de ne plus rien débourser, que la première fois était une erreur de ma part, que je m'étais laissé absorber par ma curiosité et mon désir de voir ce garçon torse nu...

Alors à présent, j'attends simplement que les autres utilisateurs claquent leur fric, pour que le live puisse continuer et découvrir comme tous les autres ce qui rend aussi heureux notre cher BJ.

— Vous êtes incroyables ! se réjouit-il, en commençant à déboutonner sa chemise pour nous laisser apercevoir la naissance de ses pecs incroyablement musclés. Je vais donc vous révéler ce qui a égayé ma journée !

Il recule son fauteuil de gamer, pour nous dévoiler le bas de son corps dénudé. Il porte uniquement un boxer noir de la marque Calvin Klein, qui laisse parfaitement entrevoir la forme de son sexe.

— Aujourd'hui, je suis parti me balader en ville pour faire quelques emplettes pour mes prochains lives. Un jour banal, me direz-vous ! Mais ça, c'était avant qu'un ange ne me tombe littéralement dans les bras ! révèle-t-il, sur une intonation rêveuse, en ayant un sourire différent du précédent. Et je n'exagère rien en disant que c'était un ange. Il m'a paru irréel, tant il était magnifique. Puis, Pouf ! Il s'est volatilisé d'un seul coup, comme ça, et je n'ai même pas pu lui demander son numéro de téléphone !

@Koreanboy : C'était moi lol

@DaddyGloden : Quoi ?! C'était qui ce mec ?!

@Jae_xxx_69 : Le veinard ! Mais vu qu'il s'est volatilisé, je peux devenir ton ange, si tu veux ;)

@Jo✩Jo : Il a beaucoup de chance ce garçon d'avoir attiré ton attention !

— Haha ! Mais non ! Ne soyez pas jaloux ! intervient-il, en lisant le Chat qui est encore plus actif que d'habitude suite à cette petite anecdote, faisant énormément de jaloux. Même si je dois avouer qu'il était incroyablement mignon !

J'envie ce fameux garçon qui est parvenu sans le vouloir à capturer l'attention de BJ Golden. Je ressens cette étrange jalousie, parce qu'il ne sait certainement pas la chance qu'il a d'être qualifié d'ange par quelqu'un, de hanter ses pensées pour une scène qui a duré que quelques secondes, au point que ce camboy en vienne à en parler ouvertement dans son live.

Je crois qu'au fond de moi ça ne me déplairait pas si cela m'arrive un jour. Qu'un garçon soit autant intéressé par moi, au point de ne pas m'oublier, et d'en parler fièrement autour de lui de manière positive. De pouvoir enfin exister à travers les yeux de celui que je pourrai, peut-être, qualifier de petit ami.

De me sentir aimé et admiré.

Je l'envie terriblement...

Cet ange...

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top