𝟎𝟑. 𝐋'𝐞𝐥𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐝𝐞𝐜𝐥𝐞𝐧𝐜𝐡𝐞𝐮𝐫 (2)
— Wow ! mille tickets d'or, c'est incroyable ! s'exclame-t-il, d'un air euphorique.
Même derrière son masque, il m'est impossible de percevoir son émerveillement, à quel point recevoir de l'argent en échange d'une image de son corps peut le rendre heureux.
C'est d'ailleurs quelque chose que je n'arrive pas vraiment à comprendre, pour la simple et bonne raison que je n'ai jamais été dans la précarité, ni rencontré des situations difficiles avec mes parents. Je n'ai jamais été confronté à des fins de mois angoissantes, où certaines familles doivent se serrer la ceinture pour pouvoir s'en sortir financièrement, comme le fait de devoir faire attention à la moindre dépense, à regarder les articles les moins chers pour pouvoir remplir les placards de la maison.
Il en est de même pour les vacances. Partir sans avoir besoin de fixer un certain montant budgétaire à ne pas dépasser pour ne pas finir dans le rouge, constitue une partie de mon enfance et de mon adolescence.
Cependant, malgré ce paradis idyllique qui en ferait rêver plus d'un sur cette Terre, je ne me sens pas aussi heureux que ce jeune homme, auquel je viens d'envoyer pour 210 813 Won (environ 150 euros) de tickets d'or.
Nous n'avions pas la même valeur financière, à nos yeux. L'argent ne fait pas le bonheur. Je l'ai appris à mes dépends. Il y contribue seulement, mais il ne vous rendra jamais heureux, si votre âme à l'intérieure est morte ou malheureuse.
— JoJo, tu es incroyable !
En me remerciant, je l'observe se mettre debout face à la caméra, puis se pencher vers l'avant pour rapprocher dangereusement son visage masqué de l'écran.
— N'oubliez pas de le remercier comme il se doit pour ce qui va suivre, susurre-t-il à l'intention du Chat, avant de s'éloigner légèrement de la caméra.
Par la suite, sans que je n'ai le temps de réaliser ce qui est en train de se dérouler juste sous mes yeux, il ouvre sa chemise d'un coup sec, arrachant au passage tous les boutons qui virevoltent dans tous les sens dans sa chambre.
Suite à cette action, je ne peux m'empêcher de réprimander un hoquet de surprise, portant mes mains à ma bouche pour étouffer mon étonnement. Dans la foulée, je sens mon corps s'embraser tel un feu de bois. La chaleur me monte rapidement à la tête, mon cœur tambourinant comme un fou contre ma poitrine, à la limite de l'implosion.
À l'heure actuelle, je ne comprends toujours pas ce qui a bien pu me passer par la tête, d'envoyer de l'argent à un inconnu. D'autant plus, à un camboy. Je ne sais pas pourquoi j'ai fait ça, pour quelles raisons mon cerveau s'était dit que ce serait certainement une merveilleuse idée de plonger un peu plus dans l'illégalité.
Dans la tentation.
Je n'ai jamais vu une telle chose, un tel corps qui peut en faire pâlir les plus grands gladiateurs de l'histoire. Pourtant, je suis loin de vivre dans une grotte, contrairement à ce que Gabriel peut dire à mon sujet pour me taquiner.
Toutefois, je dois bien admettre que d'admirer un tel physique musclé à la perfection, est un plaisir divin pour mes yeux.
Un péché avec de terribles conséquences.
J'ai seulement dix-neuf ans, et de tous les partenaires que j'ai pu avoir (un seul en réalité), je ne sais pas comment réagir face à ce show qui devient de plus en plus torride à mon sens...
Il avait prévenu, de toute évidence.
Nonobstant, au moment où ses grandes mains veineuses se mettent à chanceler chaque parcelle de son corps, faisant glisser le bout de ses longs doigts de son sternum jusqu'à l'ourlet de son boxer, avec lequel il se met à jouer dangereusement, je suis pris d'une intense crise de panique.
Sans comprendre la raison de ce sentiment déferlant de nulle part, j'ai subitement quitté la page, en fermant brusquement le clapet de mon ordinateur, ce qui me plonge inéluctablement dans le silence et une noirceur opprimante.
Seule ma respiration est audible à travers l'obscurité. J'inspire difficilement de grandes bouffées d'oxygène, comme si mes poumons me brûlaient, les yeux écarquillés, à fixer le néant, en essayant de traiter les informations qui sont en train de me submerger.
C'était tout nouveau pour moi et je ne suis pas certain de pouvoir réitérer cette expérience calomnieuse.
Comment Gabriel faisait-il pour ne pas ressentir une once de culpabilité, à prendre un certain plaisir à regarder ce type de contenu, à épier un homme se faire du bien dans sa propre chambre, face à des milliers de spectateurs, qui eux aussi, devaient certainement se toucher.
C'est malsain de faire ça... Ce n'est pas bien de faire ça...
— Plus jamais Joshua ! Plus jamais... me réprimandé-je dans un murmure, en essayant désespérément de maîtriser mon rythme cardiaque, avant de m'apercevoir que je n'avais pas eu d'érection, à défaut de cette étrange vague d'excitation présente dans l'entièreté de mes cellules.
Il faut à tout prix que je pense à autre chose, que j'essaye d'apaiser cette ébullition naissante dans le creux de mon estomac, me rendant plus que mal à l'aise avec mon propre corps, me dégoûtant de savoir que je peux aimer... ça.
Mais pourquoi suis-je tant écœuré ? Pourquoi je ressens cette envie de vomir en me sachant capable d'éprouver du désir ?
Ok, ça va aller... pensé-je pour reprendre le contrôle de mes esprits. Ferme les yeux et imagine quelque chose de doux, de joyeux, quelque chose que tu aimes particulièrement...
Malheureusement, la seule chose faisant son apparition dans mon champ de vision, n'est autre que la silhouette époustouflante de son corps d'Apollon, qui va assurément hanter mes songes durant les jours à venir.
❃ ❃ ❃ ❃
— Ça va Joshua, arrête de faire ta chochotte, tu vas vite t'y habituer...
— Mais tu vas arrêter de pleurnicher comme un bébé ! Jusqu'à maintenant, tous mes autres partenaires ne se sont jamais plaints d'avoir mal !
— Allez, tiens bon, je fais ça vite et on n'en parle plus... Tu peux faire ça pour moi, hein ?
— Tu vois, ce n'était pas si mauvais que ça ! La preuve, tu as même joui !
— Tu es vraiment le pire des partenaires que j'ai pu avoir, tu n'es qu'une merde avec un cul de salope, tu ne mérites même pas qu'on prenne soin de toi !
— Personne ne t'aimera Joshua, si tu es aussi nul avec le sexe... Personne ne voudra de toi.
— Personne...
— Tu seras seul à jamais.
— Tu ne sers à...
Mes yeux s'ouvrent brusquement, et sans comprendre ce qui est en train de me tétaniser, je viens remplir mes poumons dépourvu d'oxygène, en prenant une grande bouffée d'air, qui me saisit la gorge d'une vive douleur. Je me redresse dans la foulée, réalisant que mes draps sont trempés, et que mon corps est dégoulinant de sueur.
Encore dans le flou et l'incompréhension de ce soudain réveil, j'amène une main sur ma poitrine, à travers laquelle je peux sentir mon palpitant battre à un rythme effréné, avant de me réaliser que mes yeux baignent sous un torrent de larmes, dont certaines ont dû s'échapper pendant mon sommeil.
Puis, il y a eu cette voix.
Pourquoi est-ce qu'elle me faisait étrangement penser à lui ?
Pourquoi ai-je l'impression que tout ceci n'est pas uniquement le fruit de mon imagination, mais bel et bien quelque chose que j'ai vécu dans le passé et que mon subconscient avait tenté d'oublier. Ce sentiment de certitude est à la foi angoissant comme effrayant.
Inévitablement, je me mets à sangloter dans mon lit, chamboulé par ces bribes de souvenirs sur lesquels je n'arrive pas à poser de nom. J'amène mes jambes contre mon torse, que je viens sceller avec l'aide de mes bras. J'enfouis ma tête dans ces dernières, m'autorisant à pleurer silencieusement, dans l'espoir de pouvoir évacuer de mon âme le plus de souffrance.
Est-ce que le show d'hier soir est la cause de ce chamboulement émotionnel ?
Cela n'a pourtant rien à voir, n'est-ce pas ?
Ce sont bien là deux choses totalement distinctes et sans aucun rapport existant.
Mais alors, pourquoi est-ce que j'ai repensé à lui ? Pourquoi a-t-il fallu qu'il revienne tourmenter mes rêves, là où je me croyais en sécurité loin de tout danger. Là où je pensais qu'on ne pouvait pas m'atteindre ?
J'ai peur, terriblement peur...
Ne me fais pas de mal, ne me fais plus de mal...
Je suis désolé...
Pardon.
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