𝐄𝐩𝐢𝐥𝐨𝐠𝐮𝐞


Aujourd'hui, Busan, Corée du Sud,

Le plus dur finalement ce n'est pas d'attendre. Le temps passe, on s'occupe comme on peut. On range, on nettoie, on sort au cinéma, au restaurant. On se balade, on admire les saisons défiler, et on s'amuse à compter les jours restants avant le Jour J. Le plus difficile dans toute cette histoire, c'est quand la date approche, qu'il ne nous reste plus que quelques jours avant de nous retrouver, et que le temps cesse de tourner. Les jours semblent interminables. La nuit, un enfer. J'ai fini par tourner en rond, à ne plus trouver le sommeil. J'ai de plus en plus de mal à accomplir les tâches que je me suis fixées. Dix-huit mois se sont écoulés, et Jaekyung n'est toujours pas là auprès de moi. Son service militaire s'est terminé il y a cinq jours, et il ne m'a toujours pas rejoint. Pourtant, on s'appelle tous les jours. Il tente de me rassurer en me disant qu'il sera bientôt là auprès de moi, mais reste évasif quand je lui demande la raison de son absence.

Est-ce que finalement cette distance l'a fait se lasser de moi ? Est-ce qu'il cherche un moyen de me dire que tout est terminé entre nous, mais qu'il ne sait pas comment s'y prendre ? Est-ce qu'il...

— Joshua ? Est-ce que tout va bien ?

Le timbre de voix de mon psychologue me sort de mes songes. J'esquisse un faible sourire en secouant la tête.

— Pas vraiment, non. Je me pose beaucoup de questions ces derniers jours, réponds-je après m'être raclé la gorge.

— Par rapport à quoi ? Qu'est-ce qui vous tracasse autant ?

— Moi. Jaekyung. Notre couple, dis-je en soupirant. Ça fait cinq jours que son service militaire a pris fin, et il ne m'a toujours pas rejoint à Busan... J'ai peur qu'il... qu'il se soit lassé de moi. Mais, peut-être que je me fais de fausses idées aussi...

Il hoche la tête en posant son menton sur ses mains jointes.

— Il vous donne des nouvelles depuis qu'il est sorti ?

— Il m'appelle tous les jours, acquiescé-je en remuant la tête de haut en bas. Il me rassure en me disant qu'il sera bientôt là. Que ce n'est plus qu'une question de temps avant que l'on se retrouve... Mais... Je crois que l'attente a été tellement longue, que je commence à me faire de fausses idées...

— Ce qui est tout à fait normal, Joshua, rétorque-t-il en m'adressant un sourire compatissant. Ne doutez pas de vous. Ne doutez pas de lui. Vous avez traversé le plus dur, chacun de votre côté, et s'il met autant de temps à vous rejoindre, ce n'est peut-être pas pour une mauvaise raison. Croyez en lui, comme vous l'avez toujours fait.

Je me pince les lèvres en passant mes mains sur mon visage, tiré par les cernes.

— Vous avez certainement raison, souligné-je en riant sans humour. Je vais essayer de me changer les idées, mais ce qui est horrible, c'est de ne pas savoir quand est-ce qu'il va me rejoindre. Il m'énerve à faire le mec mystérieux !

Le psychologue glousse légèrement à ma remarque en se redressant sur son fauteuil.

— Mais bon... Mis à part ça, je vais beaucoup mieux, ajouté-je en mimant son action. J'ai...

Je me stop avant d'expirer un long soupir d'exaspération.

— Ah merde, pourquoi je me sens gêné comme ça, alors qu'il n'y a pas lieu d'être.

— Prenez votre temps, Joshua.

— Ce que j'essaie de dire, c'est que j'ai réussi à passer à l'acte. Ça remonte à quelques mois, mais j'ai réussi à toucher mon corps, à me donner du plaisir mais... Mais une fois terminé, je ne me suis pas senti bien. J'ai fait une crise de panique, alors que pourtant, tout allait bien...

Il écrit quelques notes sur son carnet avant de relever le regard vers moi.

— Ce que vous avez ressenti est tout à fait normal, Joshua. C'est ce qu'on appelle la mémoire corporelle. On a tendance à l'oublier, mais il n'y a pas que notre cerveau qui se souvienne de nos traumatismes. Il y a notre corps, aussi, m'explique-t-il avec des mots simples. Et ça peut prendre encore plus de temps que de guérir ce qui se passe dans notre tête. Mais ne vous inquiétez pas, Joshua. Vous allez y parvenir à cette guérison. Ne baissez pas les bras.

Je renifle en essuyant les larmes qui tentent de s'échapper.

— Je ne compte pas baisser les bras, non, répliqué-je en lui accordant un sourire sincère. Jaekyung sera bientôt là à mes côtés, et je sais qu'avec lui, je pourrais guérir cette mémoire traumatique. Il y a des choses qu'on devait guérir chacun de notre côté, et d'autres, où on a besoin d'être entouré pour y parvenir. Mais le plus dur a été fait et je suis fier de moi.

Un sourire ourle ses lèvres.

— Vous êtes incroyables, Joshua. Vous rayonnez de plus en plus à chacun de nos rendez-vous, et je suis heureux d'avoir pu vous apporter l'aide dont vous aviez besoin.

— Je ne saurai comment vous remercier. J'avais tellement peur au début de consulter un psychologue. Vous savez ce qu'on dit, n'est-ce pas ? Que seuls les faibles vont consulter. Mais j'ai fini par comprendre que ce n'est pas de la faiblesse de vouloir parler, de chercher de l'aide. Tout comme ce n'est pas de la faiblesse de vouloir tout garder pour nous. L'un comme l'autre, on est fort. Et personne ne me fera plus jamais douter de ça.

— C'est exactement ça, Joshua, commente-t-il avec une lueur de fierté dans son regard. Ne doutez jamais de vous.

— Jamais, affirmé-je en riant faiblement, cette fois-ci, avec joie. Mais je ne compte pas arrêter nos séances maintenant. Je pense qu'il est nécessaire que je continue de poursuivre, au moins, jusqu'à la fin de l'année.

— C'est vous qui voyez, Joshua. Ma porte vous sera toujours ouverte.

— Merci beaucoup, dis-je en attrapant un mouchoir. Merci de m'avoir écouté. Ca m'a boosté à réaliser certaines choses que j'ai repoussé à demain, et que je repousse depuis une semaine déjà. Je me suis trop laissé aller.

Il s'approche de l'écran en hochant la tête.

— Vous avez parfaitement raison, Joshua. Prenez soin de vous, et on se dit à bientôt.

— A bientôt, oui.

Nous mettons fin à notre rendez-vous en visio et je laisse un nouveau soupir s'échapper d'entre mes lèvres. Je récupère mon téléphone que j'ai posé sur le rebord de la table, et à côté de mon ordinateur portable. J'y consulte mes derniers mails, les SMS que Gabriel m'a envoyés, m'indiquant qu'il a enfin obtenu son visa pour le Canada. Son déménagement approche. Si je ne me trompe pas, cela se fera dans trois-quatre mois. Je n'en reviens toujours pas. Mes doigts tapotent sur le clavier, lorsque je reçois la notification d'un nouveau message.

Mon amour : Bonjour mon amour, comment tu vas aujourd'hui ? J'espère que tu ne m'en veux pas trop de ne pas t'avoir encore rejoint, mais je te promets qu'il y a une raison à ça. Tu me manques terriblement. J'ai hâte de pouvoir te serrer dans mes bras.

Un sourire étire mes lèvres malgré ma contrariété.

Joshua : Si je te manque tant que ça, rejoins-moi, tout de suite.

J'envoie le message avant de rouler des yeux, me sentant ridicule de réagir ainsi. Mais c'est plus fort que moi, il me manque horriblement.

Joshua : Je t'aime. Et oui, je vais bien. J'espère que c'est le cas pour toi aussi. Mais rejoins-moi vite... S'il te plait.

Mon amour : Je te promets des retrouvailles mémorables, mon ange. Patiente encore un tout petit peu. Je t'aime plus que trois fois milles.

Je souris à ses mots en reposant mon téléphone sur la table du salon. Mon regard balaie la pièce d'une œillade furtive. Tout est en bordel. Sur la table basse devant la télévision traînent les boîtes vides de mes nouilles instantanées, sur le tapis, gisent des sachets de chips et quelques canettes de coca. Une vraie porcherie, je ne peux pas laisser cet appartement dans un tel état. S'en parler de la poussière qui s'est accumulée au fil des jours, ainsi que la vaisselle.

— Allez Joshua, il faut se motiver. Il peut arriver d'un moment à l'autre, me dis-je à moi-même en remontant les manches de ma chemise.


❃ ❃ ❃ ❃


La nuit est rapidement tombée sur Busan. Pour une fois depuis ces derniers jours, je n'ai pas vu les heures défiler. Une fois lancée dans mon action, il n'y a plus moyen de m'arrêter. Je suis presque capable de taper le ménage chez les voisins. Toutes les pièces ont été passées au peigne fin. J'ai même allumé quelques bougies parfumées dans le salon pour apporter une ambiance chaleureuse, au cas où Jaekyung arrive au cours de la soirée. Je n'ai pas encore dîné. Mon esprit est trop obnubilé par les pensées de mon petit-ami. Alors, pour m'empêcher de sombrer dans des pensées négatives, je me suis décidé à me balader au bord de la plage. Je galère un peu à faire tourner mes roues dans le sable, mais avec l'habitude, et les séances de sport, je n'ai plus de courbatures comme autrefois.

Nous sommes le mardi 5 août, et les températures sont encore relativement élevées vers vingt-et-une heure. Je me promène avec l'un de ses t-shirts floqués à l'effigie du groupe Metallica et d'un de ses joggings noirs particulièrement confortable. Je m'arrête à un spot idéal pour admirer la nuit étoilée et le reflet de la Lune sur cette toile dansante au rythme du vent. Il n'y a qu'ici que je peux me vider l'esprit et ne penser à rien. Juste respirer et me détendre en écoutant le bruit des vagues s'échouer sur le rebord de la plage. C'est relaxant et le peu de personnes présentes aux alentours sont discrètes ou silencieuses, ce qui rend l'atmosphère plus apaisante. Au cours de la journée, Jaekyung m'a appelé trois fois. J'ai cru entendre dans le son de sa voix un peu de culpabilité. Je crois qu'il s'en veut de me faire encore attendre après tout ce temps, mais comme me l'a dit mon psychologue un peu plus tôt, il doit bien y avoir une raison particulière à ça.

Pendant que j'y repense, mon téléphone se met à sonner. Je fouille dans ma poche pour le sortir, et lorsque je vois son nom s'afficher je m'empresse d'y répondre.

— Allô, mon amour ? dis-je, essoufflé alors que je n'ai même pas bouger.

— Tout va bien, mon ange ? demande-t-il à travers un faible gloussement. Tu étais en train de faire quelque chose ?

— Pas du tout. Enfin, si, prononcé-je bêtement. Je suis sorti pour me changer un peu les idées.

Je l'entends rire à nouveau et j'imagine ce sourire séduisant se dessiner sur ses lèvres.

— Tu es encore allé au bord de la plage, n'est-ce pas ?

— Je ne peux rien te cacher hein... sourié-je dans ma barbe inexistante. En même temps, la vue est incroyable, mon amour. C'est dommage que tu ne sois pas encore là pour le voir. Je suis certain que tu vas tomber amoureux de cette ville.

— Je n'en doute pas une seconde, mon ange. Est-ce que ta journée s'est bien passée ?

— Un enfer, gloussé-je en passant ma main dans mes cheveux. J'ai passé tout ce temps à faire le ménage, parce que c'était devenu le bordel au fil des jours.

J'entends un léger soupir s'échapper d'entre ses lèvres.

— Je suis désolé, mon amour, rétorque-t-il sur une intonation de regret. Je te promets de me rattraper pour cette longue absence.

Je secoue la tête en souriant, même si malheureusement, il ne peut pas le voir.

— Ce n'est rien. Même si sans te mentir, je me suis imaginée beaucoup de choses pas très joyeuses... J'avais peur qu'en réalité tu te sois lassé de moi.

— Jamais, bébé. Jamais je me lasserai de toi, dit-il sans une once d'hésitation.

Je me mords faiblement la lèvre inférieure, hésitant à poser cette question. Puis, j'y renonce en me raclant la gorge.

— Tu sais... Le ciel, ce soir, me fait penser à notre premier rencard. Le temps, l'ambiance, la chaleur, ces étoiles étincelantes par milliers. Tout me fait penser à toi. Tout me ramène à toi, mais tu n'es pas là...

Tais-toi, bon sang. Tais-toi ! pensé-je en levant les yeux.

— Non, tu as raison, mon ange. Cette nuit me fait penser à nous également, dit-il en semblant sourire. La beauté des étoiles, la Lune qui brille de mille feux. Il ne manque plus qu'une bonne pizza et quelques boissons pour contempler le paysage. Puis, le bruit des vagues est apaisant, tu as raison. Le sable est chaud sous nos pieds, c'est agréable.

Mon sourire s'agrandit au fur et à mesure que j'écoute ses paroles. Mais à sa dernière phrase, je fronce légèrement les sourcils.

— Qu'est-ce que tu as dis ? questionné-je, pas sûr d'avoir bien entendu.

Il rit légèrement.

— J'ai dit que le sable est chaud sous nos pieds. Le vent n'est pas froid. On pourrait rester des heures dehors à contempler le ciel. Et le pont avec toutes ces lumières est majestueux. Encore plus beau que sur les photos que tu m'as envoyé avec tes lettres.

Mon cœur bat à tout rompre contre ma cage thoracique. J'en perds mes mots, incapable de bouger.

— Mais ce qu'il y a de plus beau encore...

Je déglutis difficilement ma salive, ma respiration se saccade. Mais je tente de garder une part de lucidité. Peut-être que je me fais des films. Peut-être que tout ceci n'est pas réel, et que je suis en train de rêver, tant son absence m'a rongé de l'intérieur.

— C'est cette étoile qui n'a jamais cessé de briller sous mes yeux.

Les voix se chevauchent. L'une plus claire, l'autre atténuée par le combiné. Non, c'est impossible. Je me tourne brusquement à m'en tordre le cou. Mes yeux s'agrandissent de stupeur. Il est là, devant moi, et je peine désespérément à m'en convaincre. Il me sourit en mettant fin à notre appel. Il tient un énorme bouquet de fleurs qui cache presque toute la partie supérieure de son corps. Je rêve. Je suis en train de rêver. J'ai attendu tellement ce moment que je n'y croyais plus. Il se rapproche de moi en baissant le bouquet pour que je puisse mieux le contempler. Mon cœur a cessé de battre. Mes poumons ont cessé de respirer. Mon cerveau n'est plus apte à analyser la moindre information. Et lorsqu'il s'apprête à parler, ses lèvres s'entrouvrant, je laisse tomber mon téléphone sur le sable, me levant subitement de mon fauteuil sous son regard ébranlé. Il se précipite vers moi, tout comme je me jette dans ses bras.

— Joshua, putain ! Tu aurais pu te...

Je ne le laisse pas terminer sa phrase que j'écrase mes lèvres contre les siennes. Elles sont si chaudes et si douces que je laisse échapper un gémissement de contentement. Il est réel. Je ne suis pas devenu fou. Ses bras m'enlacent fermement dans une puissante étreinte. Il me soulève à la force d'un seul de ses bras, tout en répondant à mon baiser. Rien n'est doux dans cette action, à tel point que nous sommes maladroits. Nos nez s'entrechoquent, nos dents se cognent entre elles, nous faisant rire le temps que l'on reprend nos respirations avant de fondre à nouveau sur les lèvres de l'autre. Les larmes coulent sur nos visages, je le sens sur mes mains posées sur ses joues. Au bout de quelques minutes nous finissons par nous séparer, à bout de souffle. Nos regards s'ancrent et un sourire se dessine sur nos lèvres.

— Je suis rentré, mon ange. Et à partir d'aujourd'hui, je ne te quitterai plus jamais.

Je hoche la tête en me retenant de ne pas éclater en sanglots.

— Bienvenu à la maison, mon amour. Je ne te laisserai plus jamais me quitter.


❃ ❃ ❃ ❃


Cette fois-ci ce n'est pas une illusion, ni un rêve. Nos corps sont blottis l'un contre l'autre sur les draps, enlacés par nos bras. Mon visage est enfoui contre le creux de son cou, resserrant mon emprise autour de sa taille. Inéluctablement, je retrouve cette sensation de paix et de sérénité que j'avais perdue lorsque nous nous sommes quittés, il y a dix-huit mois de ça. Comme si ma place avait toujours été là, à ses côtés. Nous restons silencieux, profitant de la chaleur de nos corps nous enivrant, nous berçant à travers ces émouvantes retrouvailles. Je sens sa tête bouger contre la mienne, ses lèvres se posent sur mon visage, embrassant chaque parcelle jusqu'à atterrir sur mes lèvres. Je souris en fermant les yeux, pour répondre à cet acte que j'ai tant convoité. Nos langues paraissent timides aux premiers abords, puis, la folie les emportent dans un tourbillon d'effervescence. Ma respiration se fait plus lourde à mesure que nous prolongeons cet échange, réveillant cette douce chaleur dans le creux de mon ventre. Mes mains glissent le long de ses bras, empoignant ses biceps en me cambrant contre son torse. Je peux sentir ses lèvres s'étirer dans un sourire contre les miennes, avant de les lècher, goûtant une nouvelle fois à ma salive, dont un filet de bave nous relie lorsqu'il se redresse. Il brise ce lien du revers de sa main, en me contemplant de ses yeux emplis de désir.

— Je t'aime, Joshua, me dit-il dans un murmure en faisant chanceler le bout de ses doigts sur ma poitrine.

J'esquisse un sourire en humidifiant mes lèvres d'un coup de langue furtif.

— Je t'aime aussi, Jaekyung.

Je me redresse à l'aide de mes coudes, en levant le visage vers lui, à la recherche de ses lèvres. Il pose l'une de ses mains sur ma joue, répondant à ma demande avec un air d'attendrissement, tandis qu'il glisse son autre main sous mon t-shirt. Je frissonne au contact de sa peau contre la mienne, tout en me recouchant sur les draps. Je l'embarque dans ma descente, un bras enroulé autour de sa nuque sans jamais mettre un terme à notre baiser. Mon bassin ondule instinctivement contre le sien en quête de plus de sensations, le faisant gémir dans ma bouche à cette friction. Un sentiment de satisfaction se répand dans ma poitrine, réitérant cette action avant que sa main ne vienne stopper mes mouvements. Son visage s'éloigne du mien, essoufflé, il m'accorde une œillade de luxure.

— Joshua, tu...

— Fais-moi l'amour, le coupé-je en venant mordiller sa lèvre inférieure, sans comprendre d'où me vient cette détermination.

Surpris, il hausse les sourcils.

— Tu es sûr ? Enfin... je veux dire, est-ce que tu...

— Je suis prêt, dis-je en l'interrompant une nouvelle fois, un sourire étirant mes lèvres. Je me sens prêt à faire l'amour avec toi. Mais, si tu ne veux pas le faire maintenant, je comprendrai, ne t'inquiète pas.

Il secoue la tête en venant déposer pleins de petits baisers sur mon visage.

— Il faudrait être fou pour ne pas vouloir te faire l'amour, mon ange, rétorque-t-il en s'arrêtant au niveau de ma bouche. Je veux juste m'assurer que tu es vraiment sûr de toi.

— Je le suis. Et puis, si ça ne va pas, je te le dirais, c'est promis.

Mon cœur s'emballe dans ma poitrine. Il n'y a pas de mots pour expliquer ce que je ressens et comment je suis convaincu d'être prêt à passer à l'acte. Je le ressens simplement au fond de moi, ce besoin de m'unir à lui, de ne faire qu'un. Comme une évidence. Il n'y a plus aucun doute possible. Je ne suis pas effrayé, même si une légère appréhension est présente au fond de moi. Est-ce que je vais faire à nouveau une crise d'angoisse à la fin ? Est-ce que je vais une nouvelle m'effondrer en larmes après avoir eu mon orgasme ? C'est ce que je redoute, mais tout ceci est rapidement dissipé par sa présence.

Il hoche la tête en frottant la pointe de son nez contre la mienne.

— Je te promets d'être le plus doux possible, et je m'assurerai que tu te sentes bien, mon amour, chuchote-t-il en ne me quittant pas du regard.

Ses lèvres capturent les miennes dans un énième baiser en reprenant ses caresses là où il s'était arrêté. Ses doigts viennent taquiner mes bouts de chair roses, me faisant gémir en sentant mon bas du ventre se contracter d'excitation. Les sensations sont différentes que lorsque que c'était moi qui me touchais. Tout est décuplé à m'en faire perdre la raison. Positionné entre mes jambes, il presse son bassin contre le mien, me permettant de sentir son sexe pousser contre mon aine. A mesure que je bouge mes hanches, son érection se fait plus imposante. Je le veux. Maintenant. Tout de suite. Mes ongles griffent sa peau alors que notre baiser est plus affamé qu'au début. Les bruits de sucions emplissent la chambre, mélangés au son de nos respirations saccadées.

Il quitte mes lèvres pour venir dévorer mon cou dans tous les sens du terme, laissant des marques de son passage. Je bascule ma tête en arrière, lui offrant l'entièreté de ma gorge, dont il ne se prive pas pour revenir la parsemer de baiser, tandis que ses doigts ne cessent de caresser mes tétons, durcissant à chaque passage. Puis Jaekyung descend sur sa poitrine, qu'il embrasse par-dessus le t-shirt, d'un air amusé. Il attrape l'ourlet de ce dernier en levant les yeux vers moi.

— Est-ce que je peux, trésor ?

Reprenant mon souffle, je remus la tête lui accordant mon approbation.

— Dis-le moi à haute voix. Je veux t'entendre.

— Oui, tu peux.

— C'est parfait, mon amour.

Il sourit en remontant mon t-shirt. Je l'aide à me le retirer en me redressant avant de m'allonger sur les draps. Mes lèvres s'entrouvrent lorsque sa langue, chaude et humide, s'abat durement sur l'un de mes tétons, le léchant, le suçant à m'en faire gémir de plaisir. Mes muscles se contractent, mon corps ondule contre le sien, à la recherche de plus de sensations, et Jaekyung le comprend aussitôt, en mordillant délicatement mon mamelon. Un choc électrique remonte le long de mon épine dorsale, vibrant dans mon érection qui se sent à l'étroit dans mon boxer. Son souffle me chatouille la peau quand il descend ses baisers sur mon ventre, s'aventurant sur mon nombril. Ma main se glisse dans ses cheveux, accompagnant chacun de ses mouvements, jusqu'à ce que ses lèvres s'arrêtent au niveau de mon jogging.

Une nouvelle fois ses yeux rencontrent les miens et je comprends parfaitement cette question silencieuse.

— Tu peux me le retirer, oui, acquiescé-je en glissant ma main sur sa joue. S'il te plait, enlève-le moi.

— Tout ce que tu veux, mon ange.

En deux-trois mouvements mon pantalon et boxer sont jetés par-dessus son épaule, s'échouant quelque part dans la pièce. Je suis à présent nu, devant lui, totalement vulnérable aux moindre de ses désirs. Son regard me détail, m'analyse. Il me carresse sans pour autant me toucher et je sens mes joues rougir face à la convoitise qui émane de lui. Sa langue glisse furtivement sur ses lèvres lorsque ses yeux se posent sur mon sexe, fièrement dressé, dégoulinant déjà d'excitation.

— Est-ce que je peux te sucer, mon amour ? me demande-t-il d'une aura fiévreusement. Ou ce serait beaucoup trop pour toi, pour ta première fois ?

Mon cœur loupe un battement.

— Pour... ma première fois ? répété-je, confus.

— Bien sûr, trésor. Ce soir, ce sera ta première fois, et il faut que ce soit mémorable pour toi, ajoute-t-il d'une douce voix en caressant l'intérieur de mes cuisses.

Les larmes montent, mais je les retiens. Malgré l'émotion et le respect qu'il éprouve pour moi, je secoue la tête en déglutissant difficilement ma salive.

— Je... Non... Pas ce soir, refusé-je en mordillant légèrement ma lèvre inférieure. Je veux juste te sentir en moi. Je veux juste qu'on s'unisse, qu'on ne fasse plus qu'un. Je... Ne m'en veux pas...

— Tout va bien, mon amour. C'est toi qui décides, et ça me va très bien, commente-t-il pour me rassurer, avant de se pencher pour embrasser mes lèvres. Alors, je vais te préparer. N'hésite pas à me dire si je te fais mal, d'accord ?

Je hoche la tête en lui adressant un sourire affectueux.

— Il y a du lubrifiant dans le tiroir.

Je fais un signe de tête, désignant la table de chevet. Sans une once d'hésitation, il récupère le petit flacon, couvrant ses doigts de ce liquide froid et épais. Je réprimande un hoquet de surprise lorsque je sens ces derniers se poser contre mon entrée, contractant instinctivement mes muscles. Jaekyung le remarque, et de sa main de libre il poursuit ses caresses sur ma cuisse pour me détendre.

— Respire calmement trésor. Ne retiens pas ta respiration, sinon je risque de te faire mal, prononce-t-il en faisant des mouvements circulaires autour de mon entrée. Voilà, comme ça, c'est très bien. Refais-le encore une fois.

Je pose ma tête contre l'oreiller, détendant mes muscles en reprenant une profonde inspiration, et au moment où j'expire l'air de mes poumons je sens ses doigts me pénétrer, lentement et avec prudence. Je n'ai pas besoin de le regarder pour voir qu'il analyse la moindre de mes réactions, s'assurant que je n'éprouve pas de douleurs. Même si cela est compliqué, je tente de garder une respiration calme et posée, alors que ses phalanges s'enfoncent plus profondément en moi, me faisant trembler de plaisir. Encore une fois, les sensations sont décuplées. Il touche parfaitement les endroits sensibles de mon anatomie, jusqu'à ce qu'il courbe ses doigts et que je gémisse plus fortement en me cambrant.

— Trouvé, chuchote-t-il en souriant de satisfaction contre ma peau.

Toujours avec une douceur extrême, il commence à bouger ses doigts, les retirant et les pénétrant à nouveau entre mes parois chaudes et humides, titillant vicieusement ma prostate pour m'arracher de nouvelles plaintes de plaisir. Je l'entends jurer dans sa barbe inexistante, ses lèvres se posant à proximité de mon entrée. Mon sexe me fait mal tant il est dressé à son paroxysme, ne demandant qu'à être toucher pour atteindre la libération. Mais avant même que je puisse le prendre en main, la langue de Jaekyung se joint à ses doigts, dont il a accéléré progressivement les mouvements, émettant des petits bruits humides qui ne font qu'accroître mon excitation. La chaleur s'amplifie en moi, je suis en train de prendre feu. J'étouffe. Mes cellules grises ont cessé de fonctionner, je ne peux qu'encaisser ce qu'il m'offre tant la sensation est divine. Je ne veux pas qu'il s'arrête, et il ne semble pas pouvoir s'arrêter, ajoutant un troisième doigt en plus de lècher mon entrée.

— Non !

Sans crier gare, mon orgasme me frappe de plein fouet. Tous mes muscles se tendent brusquement, ma respiration se coupe, mon cœur frappe comme un fou contre ma poitrine. Mon corps se cambre, restant dans cette position pendant que Jaekyung accompagne mon orgasme en continuant de me doigter, jusqu'à ce que mon corps se mette à trembler, signe que j'atteins ma limite. Il retire délicatement ses doigts sous mes plaintes à la fois de plaisir, mais aussi de douleur à cause de la surexcitation, mon dos se reposant contre le matelas en respirant bruyamment.

— Est-ce que tout va bien, mon amour ? me demande-t-il en caressant mon visage de son autre main. Je n'ai pas fait mal ? Ce n'était pas trop éprouvant ? Est-ce que j'ai bien respecté ton consentement ? Parce que tu as dis, non, tout à l'heure, mais...

Je secoue la tête en souriant. Je suis encore en état de transe, un peu déconnecté de la réalité, mais je commence à redescendre, tout doucement, mes cellules grises se reconnectant pour me permettre de répondre, d'une voix essoufflée ;

— Tout va très bien... Je... je ne voulais juste pas jouir maintenant, mais je n'ai pas pu me retenir. C'était pour moi-même, ce non. Tout va bien.

— Tu as aimé ? questionne-t-il en embrassant mon visage.

Mes paupières sont lourdes, submergées par une soudaine fatigue. Je lutte pour garder notre contact visuel, le faisant rire d'attendrissement.

— Tu es complètement à l'ouest, mon amour, commente-t-il en faisant chanceler l'un de ses doigts sur mes lèvres. Je pense qu'on va arrêter là pour ce soir. Tu as été incroyable.

Je secoue la tête en gémissant de protestation.

— Non, je veux que tu me fasses l'amour.

— Je viens de le faire, trésor.

— Non. Je veux que tu me pénétre avec ton sexe. Je te veux en moi, rétorqué-je en reprenant petit à petit mes esprits. J'ai envie de toi, mon amour.

Jaekyung se redresse en hochant la tête. Il attrape un mouchoir pour s'essuyer les doigts, avant de prendre la bouteille d'eau qu'il emmène à mes lèvres.

— D'abord tu vas boire un peu, ça te fera du bien.

Il m'aide à me redresser, en glissant une main dans mon dos. J'entrouvre mes lèvres, lui permettant de faire couler ce liquide dans ma bouche. Comment vous dire que boire de l'eau est devenu divin à cet instant. Comme après une bonne cuite. La même sensation. C'est inexplicable. Puis, il repose la bouteille sur la table de chevet, me recouchant sur le lit. Il se lève, et je ne rate aucune miette de ce qui se passe sous mes yeux. Il retire en premier lieu sa chemise, dévoilant son corps musclé à souhait, dont la ligne V ressort encore plus qu'avant. Il esquisse un sourire en remarquant que je le relooke sans vergogne, prenant tout son temps pour faire glisser son pantalon le long de ses jambes parfaitement bien dessinée, avec son boxer. Son érection rebondit lorsqu'elle fut libérée de cette prison de tissu, faisant contracter mon bas ventre à cette vision peu conventionnelle.

— Tu aimes ce que tu vois, mon ange ? C'est tout à toi.

Il revient se positionner entre mes jambes, attrapant mes cheville pour me faire glisser jusqu'à lui, nos bassins se touchant à cette action. Sans me quitter du regard, il récupère un préservatif dans la table de chevet, l'ouvrant sous mes yeux avant de le dérouler autour de son sexe. Il ferme ses yeux, ses traits se déforment, comme s'il se retenait de jouir à cause de son excitation qui a certainement atteint sa limite.

— Putain de merde, tu vas me rendre dingue, jure-t-il en souriant d'amusement. Tu es tellement magnifique que je pourrai jouir rien qu'en te regardant.

— N'importe quoi, gloussé-je en sentant mes joues s'empourprer.

Soudain, mon rire s'estompe lorsque je sens la pointe de son extrémité taquiner mon entrée. Ma gorge se serre, m'empêchant de déglutir convenablement. La main de Jaekyung retrouve sa place sur ma joue, qu'il caresse pour me rassurer.

— Fais comme tout à l'heure, mon ange. Prends de grandes inspirations, et expire lentement. Je vais y aller lentement, et si tu as mal, tu me le dis.

— Oui, murmuré-je en venant enrouler mes bras autour de sa nuque. Tu peux y aller. Pénètre-moi, s'il te plait.

Jaekyung vient sceller ses lèvres aux miennes, tout en tenant de son autre main son pénis, qu'il frotte contre mon entrée pour le lubrifier avec les restes du liquide étalé sur ma peau. Puis, je sens un étirement me saisir, me faisant basculer la tête en arrière. Mon amant s'empresse de m'embrasser le cou, jouant avec l'un de mes tétons, tout en continuant son aventure dans mon intimité. C'est beaucoup plus gros, beaucoup plus imposant que le plug anal que j'ai utilisé la dernière fois. J'ai l'impression qu'il va me déchirer en deux et pourtant je ne ressens aucune douleur. Juste une gêne par cette nouvelle sensation qui me comble parfaitement.

Le corps de Jaekyung tremble, tant il prend sur lui pour ne pas me faire mal. Il gémit contre mon oreille, donnant un léger coup de bassin pour enfoncer les derniers centimètres restants. Mes ongles se plantent dans son dos, mes lèvres s'entrouvrent mais aucun son ne sort de ma bouche. Mon souffle se coupe, mais qu'est-ce que c'est bon. Je n'arrive toujours pas à croire que je suis en train de faire l'amour avec mon compagnon, mais la réalité me rattrape bien vite, lorsque ses lèvres se posent sur mes tétons, déjà meurtris par ces derniers passages.

— Mon amour... C'est... c'est trop sensible, murmuré-je à travers quelques gémissements.

Mon sexe se dresse entre nos corps, et je resserre par inadvertance mon sphincter autour de son pénis, le faisant gémir plus lourdement contre mon oreille.

— Bordel bébé, tu as failli me faire jouir, se plaint-il en gloussant.

Il se redresse, après avoir torturé une dernière fois mes mamelons. Ses mains se posent sur mes hanches, tout en ondulant son bassin contre le mien, me laissant encore quelques minutes pour m'adapter à sa taille. J'attrape un oreiller d'une main, et de l'autre j'empoigne les draps, sans le quitter du regard.

— Tu peux bouger, dis-je en hochant désespérément la tête. S'il te plaît, fais-moi l'amour, je ne tiens plus.

Jaekyung sourit en resserrant son emprise sur mes hanches.

— Je réaliserai tous tes désirs, mon ange.

En accompagnant ses mots, il retire légèrement son sexe avant de me pénétrer une nouvelle fois avec douceur. Je me cambre en empoignant plus fermement l'oreiller et les draps. Il réitère son action, trois-quatre fois, jusqu'à ce que son pénis glisse sans encombre entre mes chairs, accélérant pas à pas ses mouvements. Il bascule sa tête en arrière, jurant à travers des gémissements rauque, se mélangeant aux miens. Nos corps s'entrechoquent, emplissant la pièce des sons de notre union, accompagnés du grincement du lit. A chaque pénétration, sa verge touche à la perfection ma prostate, m'envoyant des chocs électriques dans tout mon être, jusqu'à la pointe de mon extrémité, dont du liquide pré-séminal s'en échappe, proche de mon deuxième orgasme.

— Tout va bien, mon amour ? parvient-il à me demander entre deux coups de reins. Je ne te fais pas mal ?

Mes yeux se révulsent de plaisir, mes jambes s'écartent naturellement pour lui offrir plus d'espace, lui permettant de s'enfoncer plus profondément en moi. Je l'entends me parler mais je suis incapable de répondre, mon cerveau ayant cessé de fonctionner. L'une de ses mains quitte ma hanche pour se poser sur ma joue. Il se penche pour rencontrer mon regard, en ralentissant ses mouvements pour s'assurer de mon état. Le plaisir qui m'envahit commence à s'atténuer et je reprends peu à peu mes esprits en ancrant mon regard dans le sien.

— Tout va bien ? répète-t-il en bougeant très lentement son bassin.

— C'est bon. Très bon, réponds-je, à bout de souffle. Alors s'il te plait, bouge un peu plus vite. Je crois que je vais bientôt jouir.

— Ouais... Moi aussi...

Il prend appui à l'aide de ses coudes de part et d'autre de mon visage sans rompre notre contact visuel. Un sourire se dessine sur le coin de ses lèvres, des perles de transpirations gouttent le long de son visage.

— Je t'aime.

— Je t'aime aussi, commenté-je avant d'écarquiller les yeux lorsque son bassin claque contre le mien.

Son sexe butte brusquement contre ma prostate, faisant contracter une nouvelle fois mes muscles. Mes orteils se replient sur eux-même, mon corps tremble, tout comme le sien. Nous sommes au bord de la saturation, et nous finissons par atteindre l'orgasme à travers un énième coup de reins. Nos gémissements se chevauchent durant la prolongation de ce plaisir. Puis, son corps s'effondre sur le mien, en respirant lourdement. Mes muscles se relâchent, mes bras s'enroulent autour de sa taille.

Ça y est... Je l'ai fait... J'ai fait l'amour avec Jaekyung, pensé-je en fixant silencieusement le plafond. J'ai réussi. J'ai...

— J'ai fait ma première fois, terminé-je mon songe à voix haute, d'une vive émotion.

Jaekyung relève la tête vers moi, une lueur de fierté glisse dans ses iris.

— Oui mon amour. C'était ta première fois, confirme-t-il en caressant ma joue. Tu as été merveilleux, mon ange.

— Je l'ai fait, répété-je, n'y croyant toujours pas.

Mes yeux me brûlent et je sens quelques larmes couler le long de mon visage, dont mon amant vient rapidement les effacer à l'aide de son pouce.

— Tu peux être fier de toi, mon amour, dit-il en souriant. Ne te retiens pas de pleurer, je suis là, à tes côtés.

A ses mots, je craque. Je laisse les émotions m'envahir en me blottissant dans ses bras. Il m'enlace dans cette puissante étreinte, ses mains me caressent, me rassurent. Chose que je n'avais pas eu la dernière fois, lors de ma crise d'angoisse après l'orgasme. Je niche mon visage dans le creux de son cou, humant son parfum mélangé à l'odeur de la transpiration qui m'apaise progressivement, malgré les tremblements de mon corps que je ne parviens pas à contrôler.

— Voilà trésor, c'est très bien, redescends avec moi, chuchote-t-il en ne cessant ses caresses. Reviens avec moi. Tu es en sécurité.

La mémoire traumatique. Elle est encore bien présente dans mon corps, et il va me falloir du temps pour la guérir. Mais quand je repense à tout ce que j'ai réussi à accomplir jusqu'à maintenant, je ne m'inquiète pas pour mon avenir. C'est si bon de se sentir vivant. C'est si bon de se sentir aimé et respecté. D'être soutenu et poussé vers le haut par nos proches. Ma première fois... Quand j'y repense, je réalise à quel point ces mots ont une véritable importance. Ha-joon m'a brisé de l'intérieur. Il a marqué mon corps de sa mémoire, mais ce qu'il ne m'a jamais enlevé, c'est ma virginité. Qu'importe ce que les gens peuvent penser, qu'importe ce que les gens peuvent croire, à mes yeux, il ne m'a rien volé de ma virginité, et l'entendre de la bouche de Jaekyung a été une puissante libération.

Cette première fois, marque un accomplissement dans ma guérison. Un nouveau départ dans ma vie.

— Tu sais... j'ai commencé à écrire une histoire, murmuré-je en embrassant son cou. Est-ce que toi aussi, tu voudrais écrire quelque chose ?

— Dans ton histoire ? répond-il sur la même intonation.

Je hoche la tête en resserrant mes bras autour de lui.

— C'est la tienne mon amour. C'est ton histoire, pas la mienne.

— Non... C'est là que tu te trompes, réfuté-je en levant mon visage noyé par les larmes vers lui. C'est notre histoire. Elle retrace ma vie, certes, mais tu en fais partie. Tu as certainement quelque chose que tu voudrais témoigner, non ? Je pourrais toujours l'ajouter.

Il me sourit. Ses yeux brillent d'une vive émotion.

— Ouais... Il y a quelque chose que je voudrais dire. Tu compte la faire publier ?

— Je ne sais pas encore, dis-je en secouant la tête.

Les tremblements de mon corps persistent mais sont moins prononcés.

— Peut-être, un jour. Peut-être que mon histoire pourra aider d'autres victimes de viol et de violences conjugales. Peut-être que mes mots pourront les aider. Je me dis que je suis toujours vivant, que j'ai survécu à toutes ces épreuves, et que je ne devrais pas avoir honte de l'exposer dans un livre.

— Tu as entièrement raison, mon ange. Et je suis certain que ton livre touchera un bon nombre de personnes. Qui, grâce à ton témoignage, trouveront la force de parler. Et puis, même s'ils ne parlent pas, ils ne se sentiront plus seuls.

Je renifle, les larmes ne cessant de couler le long de mon visage.

— Ce que tu fais est admirable, Joshua. C'est très courageux de te livrer à cœur ouvert, ajoute-t-il en déposant un baiser sur mes lèvres. Sois fier de toi, parce que moi, je le suis. Je t'aime, mon ange.

— Je t'aime aussi, mon amour... Plus que trois fois mille...


C'était important pour moi de terminer cette histoire sur ces mots. J'aurai pu continuer à écrire, à vous raconter ces nouveaux jours aux côtés de mon bien-aimé, mais j'ai jugé cela inutile. Je ne suis pas encore totalement guéri. Il me reste encore beaucoup de chemin à parcourir, mais à présent, une nouvelle page se tourne pour moi, pour mon couple, pour mes amis, et je ne peux malheureusement pas tout vous partager, même si l'envie est bien présente en moi. Ce témoignage est propre à moi-même. Chaque victime de viol réagit différemment. Chaque victime de violence conjugale s'en sort différemment, et chaque victime de harcèlement scolaire encaisse différemment.

C'est ce que j'ai essayé de vous transmettre à travers ces lignes. Certains pleurent, d'autres non. Certains n'arrivent pas à remonter à la surface, et d'autres parviennent à atteindre le rivage sans difficulté. Certains décident de s'ôter la vie, ne pouvant plus vivre avec de tels souvenirs, et d'autres osent prendre la parole et dénoncer ces atrocités dans l'optique de faire changer les mentalités, d'ouvrir les yeux aux ignorants. Et vous savez ce qui nous lie tous ? Je pense que vous avez dû le comprendre au fur à mesure de l'histoire, c'est que nous sommes tous des putains de combattants et des combattantes. Tous des putains de guerriers et guerrières, même ceux qui volent parmi les anges et dont nous continuerons d'honorer leurs mémoires dans nos combats et témoignages. Rien n'y personne ne pourra nous faire reculer. Rien n'y personne ne pourra nous faire douter de nos choix. Soyez fier de vous, soyez fier de qui vous êtes ! Et emmerdez le monde avec votre fierté !

Merci d'avoir lu mon témoignage.

Mon nom est Kim Joshua. 

Je suis mort à l'âge de seize ans et je suis en train de renaître de mes cendres. 

Je suis un survivant.

Nous sommes tous des survivants.

F I N 

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