𝟒𝟎. 𝐋𝐞𝐬 𝐦𝐨𝐭𝐬 𝐬𝐨𝐧𝐭 𝐝𝐮𝐫𝐬 𝐚 𝐩𝐫𝐨𝐧𝐨𝐧𝐜𝐞𝐫
Nous avons essayé, une nouvelle fois. Nous nous sommes laissés emporter par l'excitation, et nous n'avons pas pu résister à l'envie de nous embrasser jusqu'à nous asphyxier mutuellement, à tel point qu'on ne voulait plus se séparer l'un de l'autre.
Pris d'une puissante adrénaline et d'un désir titanesque de sentir nos corps se toucher sans la moindre couche de tissu pour nous y opposer, Jaekyung me porte et nous dirige jusqu'à la salle de bain, là où il ne met qu'une fraction de secondes pour me retirer l'intégralité de mes vêtements, me retrouvant nu, assis sur le rebord d'un des meubles, et complément vulnérable sous son regard qui s'est assombri d'une expression particulièrement lascive, en me détaillant de la tête aux pieds.
Encore une fois, je ne réponds plus à rien. Mon esprit, et notamment mes cellules grises, sont dans l'incapacité totale de me faire réfléchir et de penser correctement. Seule mon envie irrépressible de sentir ses mains me caresser, et exploiter chaque parcelle de mon corps, m'importe le plus à cet instant.
Je le veux.
Je le désire terriblement.
Il n'a pas attendu plus longtemps pour enlever ses vêtements et les jeter par-dessus son épaule, sans faire attention où ils vont atterrir. Mais à vrai dire, il ne s'en soucie absolument pas. Il est trop préoccupé à me dévorer du regard, à me mettre encore plus à nu que je ne le suis déjà. Et de mon point de vue, je suis exactement dans la même situation que lui, car je le vois entièrement dévêtu du moindre tissu pour la première fois de ma vie.
C'est aussi la première fois que je vois son pénis de mes propres yeux, me faisant rougir instantanément sur place, de par sa grosseur et sa largeur qui se dresse fièrement dans ma direction, entre ses cuisses divinement musclées.
C'est un nouveau cap qu'on franchit dans notre vie de couple.
Mon cœur bat atrocement vite contre ma poitrine, et je n'ai pas le temps d'analyser la situation, ou même de comprendre ce qui est en train de se passer, que je me retrouve à nouveau dans ses bras, nous emmenant, cette fois-ci, sous la douche italienne — au boîtier tactile —, sur lequel il appuie sur un bouton spécifique pour faire couler l'eau, froide sur le moment, me faisant crier de stupeur.
Je reprends mes esprits le temps de quelques secondes, suite à ce soudain choc thermique sur ma peau, mais il est rapidement bafoué lorsque les lèvres de mon homme sont venues s'écraser contre les miennes, pour m'embrasser dans un baiser qui n'a rien de doux ou de tendre.
C'est fougueux, parfois même violent et brutal, quand il s'empare de ma bouche avec tant de passion et de désir sexuel, qu'il éprouve pour moi. Il me dévore littéralement sur place, pris au piège dans ses bras athlétiques, me tenant par mes cuisses, et bloquant mon dos contre la paroi de douche humide. Il quitte mes lèvres pour parsemer ma mâchoire de baisers assoiffés, jusqu'à venir mordiller la peau de mon cou pour y laisser ses marques, et m'arracher des plaintes de gémissements contre son oreille, ne faisant qu'accroître son érection à son paroxysme, et se frotter durement contre la raie de mes fesses.
Mon esprit est beaucoup trop embrumé pour comprendre quoique ce soit à ce qui est en train de se produire. Tout ce que je ressens est un pur délice, un plaisir indescriptible, me faisant gémir plus fortement lorsque je sens ses lèvres s'attaquer à l'un de mes tétons, le frappant à plusieurs reprises de sa langue pour le faire mûrir et durcir contre sa bouche, le saisissant par la suite pour le sucer frénétiquement, jusqu'à m'en faire tressauter de plaisir.
Je n'ai jamais rien ressenti de tel avec mon ex. Je n'ai jamais rien découvert du véritable sexe, et de tout ce qui l'entoure. Je n'aurais jamais imaginé prendre autant mon pied juste en me faisant maltraiter les tétons à la perfection par la langue et les lèvres expertes de mon petit-ami. Le seul problème, c'est que je ne sais absolument pas ce que je dois faire. Où est-ce que je dois poser mes mains ? Où est-ce que mon homme aimerait que je le touche ?
Qu'est-ce que je suis censé faire ?
Tu es nul.
Personne ne voudra de toi, si tu es nul avec le sexe.
La revoilà, cette voix...
Elle résonne dans ma tête, alors que Jaekyung embrasse ma peau, et que ses hanches se frottent contre les miennes, faisant glisser son pénis gorgé de sang entre mes fesses, les séparant en deux pour se frayer un chemin contre mon entrée, sur laquelle il se contente uniquement de faire caresser l'extrémité de son gland.
Il n'est plus maître de lui-même, submergé lui aussi par cette excitation. Je l'entends gémir et soupirer de contentement près de mon oreille, et malgré le fait que j'aime ce qu'il est en train de faire, je me suis mis à pleurer silencieusement, en me mordant violemment la lèvre inférieure pour contenir mes sanglots. Jaekyung ne remarque rien de la raideur de mes muscles. Il est dans le feu de l'action, comme chaque personne qui se laisse envahir par cette hormone — sécrétée par notre cerveau — appelée l'endorphine, libérée dans notre organisme lorsqu'une trop grande quantité de plaisir, d'effort physique, et d'excitation sont ressenties, jusqu'à l'orgasme.
Je ne veux pas qu'il s'arrête. Je veux être bon pour lui, être un petit-ami parfait et capable de le satisfaire sexuellement. Je n'ai pas conscience de la gravité de ma décision, ainsi que le fait que ça ne fait qu'amplifier mes traumatismes dans mon esprit. Je redoute le moment où il va me pénétrer. J'appréhende difficilement la potentielle douleur et les déchirements que je vais ressentir, en me faisant écarteler intérieurement par le pénis de mon amant. Je le sens encore se frotter à moi, titiller mon entrée qui se contracte, pétrifiée par la déferlante de souvenirs qui est en train de me frapper de plein fouet.
Mais je ne veux pas arrêter, car j'ai peur qu'il n'en vienne à me quitter, si je suis incapable de répondre à ses attentes. J'ai peur qu'il en vienne à m'abandonner à son tour, pour quelqu'un de meilleur que moi. Pour quelqu'un qui saura le satisfaire comme il faut.
Le sexe, c'est important dans un couple ! Comment veux-tu qu'on renforce nos liens, si je ne peux même pas te baiser ?
Renforcer nos liens...
— Si tu savais comment tu me rends dingue, me chuchote-t-il, tout en venant mordiller le lobe de mon oreille, avant de revenir s'attaquer à ma gorge et d'accompagner ses mots en faisant glisser l'une de ses mains jusqu'à mes fesses. Est-ce que je peux, mon amour ?
Je plante mes ongles dans la chair de ses épaules, devenant aussi raide qu'un poteau électrique, et le seul membre qui est passif et décontracté, n'est autre que ma verge qui ne s'est pas dressée une seule fois depuis le début des préliminaires. Mes muscles me font terriblement mal et j'en ai presque le souffle coupé.
Mais encore une fois, je ne veux pas que ça s'arrête.
— Mh-mh... fredonné-je en guise de réponse, mes dents se plantant un peu plus dans la peau de mes lèvres, lorsque je sens son doigt dessiner le contour de mon intimité, sans pour autant y exercer une pression pour me pénétrer.
— Bébé ? Réponds-moi avec ta voix, s'il te plaît, me demande-t-il avec douceur, en remontant les baisers contre mon cou, jusqu'à ma mâchoire. Je veux t'entendre dire à voix haute que tu veux que je te fasse l'amour.
J'imagine qu'il doit avoir les yeux fermés, quand il fait glisser la pointe de son nez contre ma joue, puisqu'il ne réagit pas au fait que je suis en train de me lacérer les lèvres avec mes dents. Cependant, je sais pertinemment qu'au moment où je vais prononcer un seul mot pour lui répondre, tout va prendre fin immédiatement.
— Oui... vas-y... tu peux le faire, articulé-je du mieux que je ne le peux, malgré le fait que ma voix, et la manière dont j'emploie mes mots, ne trompent pas aux oreilles de Jaekyung.
— Joshua ? répond-il d'une intonation plus sérieuse. Eh, regarde-moi, mon ange. Qu'est-ce qui ne va pas ?
Qu'est-ce-qui ne va pas, encore une fois ? Le mépris de la voix de mon ex fait à nouveau écho dans mon crâne, face à la question de mon compagnon, qui ressemble à celles que j'avais l'habitude d'entendre quotidiennement dans le passé.
Oui, Joshua, qu'est-ce qui ne va pas avec toi ? pensé-je, en étant conscient que je suis le problème de cette équation.
Je tourne complètement la tête sur le côté pour ne pas qu'il remarque que je me suis mordu à sang mes pauvres lèvres. Mais à quoi est-ce que j'ai pensé en faisant ça ? Alors que Jaekyung a suffisamment de force dans une seule main pour m'obliger à le regarder et voir de mes propres yeux ce que je ne veux pas voir.
Autrement dit, la peur et la panique qui ont envahi ses sublimes prunelles crépusculaires.
Son regard s'élargit de stupeur et d'incompréhension, lorsqu'il se pose sur ma bouche qui saigne quelque peu à cause de mes faibles coupures superficielles, que je me suis infligées pour me faire taire. Dans la foulée, il a subitement retiré sa main de mes fesses, ainsi que son érection, commençant faiblement à redescendre, en prenant conscience de mon état physique et psychologique, dans lequel je me trouve.
Je n'ai pas besoin de parler pour dire quoi que ce soit, puisque tout est parfaitement lisible sur les traits de mon visage.
— Mais qu'est-ce que tu as fait ? s'écrit-il d'un air affolé, en posant l'une de ses mains sur ma joue pour faire glisser son pouce sur mes lèvres et essuyer les petites gouttes de sang sur son passage. Pourquoi as- tu fait ça ? Joshua ! Pourquoi ?
Ce que je redoutais est en train d'arriver. Je tremble contre son torse, tandis qu'il me tient dans ses bras par la force d'un seul de ses bras.
— Rien... rien... Il n'y a rien, commenté-je, en déniant les propres réactions de mon corps, à l'opposé de mes paroles. On peut continuer, tout va bien...
— Mais tu rigoles, j'espère ? rétorque-t-il sèchement sur les coups de la panique, en faisant poser mes jambes au sol, s'entrechoquant l'une contre l'autre, tellement que je tremble de façon incontrôlable. Et là ? Tu vas me dire que tout va bien ? Alors que tu es en pleine crise de tétanie ?
Je ne veux pas me séparer de lui et j'en viens à resserrer brutalement l'emprise de mes mains sur ses épaules pour ne pas créer une distance entre nos deux corps, terrorisé à l'idée qu'il m'abandonne après ne pas avoir réussi — pour la seconde fois — à le satisfaire.
— Merde, attends, tu me fais mal avec tes ongles, se plaint-il faiblement, en tendant son bras vers le boîtier tactile pour couper l'eau. Je ne compte pas te lâcher, mon ange, ne t'inquiètes pas. Je veux juste prendre des serviettes pour qu'on puisse sortir de la douche,
Pour autant, je ne lâche pas la pression sur ses épaules.
— Puis, merde...
Il appuie son bras contre le bas de mon dos pour me maintenir debout, avant de fléchir faiblement ses genoux. Il glisse son second bras sur l'arrière de mes cuisses, pour me soulever dans ses bras, me portant comme une princesse hors de la douche, quitte à tremper tout le sol d'eau, pour ensuite me poser sur le rebord du meuble. Il attrape une serviette sèche et agréablement chaude, qu'il enroule autour de mon corps, tremblant de froid.
— On va aller dans la chambre pour que tu puisses mettre des vêtements chauds et...
— Non, non ! répliqué-je, avec de l'affolement dans le timbre de ma voix. S'il te plaît, ne t'arrête pas ! Je... je peux encaisser, je te le jure...
Il fronce les sourcils.
— De quoi tu parles ?
— Même si j'ai peur, même si ça me fait mal, ce n'est pas grave, n'est-ce pas ? lui dis-je, les yeux gorgés de larmes. On peut le faire, Jaekyung. Je te promets d'être bon, je te jure que je serai un bon petit-ami. S'il te plaît, faisons-le...
Ses traits sont en train de se décomposer, à mesure qu'il tente d'assimiler chacun de mes mots dans son esprit. Je perçois et sens la colère émaner de lui, notamment à travers son regard, qui se ternit en me dévisageant.
Le même regard que lui.
Il va me frapper.
Je l'ai énervé.
Il va me frapper.
— Joshua, prononce-t-il de sa mâchoire crispée. Est-ce que tu as conscience de ce que tu es en train de me dire ?
Les larmes se sont mises à couler le long de mes joues, mes lèvres vacillent, tandis que je cherche désespérément le toucher de mon homme pour me rassurer.
— Je... Je te jure que j'ai vraiment envie de toi, Jaekyung, abdiqué-je dans un faible sanglot, avant de finir par craquer émotionnellement. J'ai vraiment envie de faire l'amour avec toi ! Mais j'ai tellement peur, tellement peur d'avoir mal... Mais, mais... je ne veux pas te perdre parce que je ne suis pas capable de te satisfaire !
— Joshua, tu...
— Et je suis impuissant ! le coupé-je dans un cri de douleur. Je suis incapable d'avoir une érection, alors que j'aime quand tu me touches ! Je te le jure, Jaekyung, que j'aime sentir tes mains sur moi... J'aime tout de toi !
Je ne réalise pas encore que son regard s'est soudainement adouci, meurtri par la puissance de mes mots. Ce n'est que lorsque je sens ses bras serpenter délicatement autour de ma taille, et son corps se coller au mien, que je prends conscience de sa présence contre moi.
— Tout d'abord, on va aller dans la chambre ensemble. On va se changer et se mettre dans le lit, chuchote-t-il contre mon oreille, en faisant frotter, avec une tendre douceur dans sa gestuelle, la serviette contre ma peau, pour ne pas que je n'attrape froid. Et on va parler. Tu m'as promis que tu me parlerais de ce qui t'effraie et je pense qu'il est temps qu'on le fasse, ce soir.
Jaekyung relève son visage vers le mien pour venir déposer quelques baisers sur mon front, ainsi que près de mes yeux, pour embrasser mes larmes, qu'il sèche avec ses lèvres.
— Parce que j'ai comme la nette impression qu'il y a des choses que tu me caches, reprend-il calmement, en saisissant mon menton entre son pouce et son index, pour m'obliger à le regarder dans les yeux.
Il est à nouveau là, ce regard d'aversion envers moi, qui me brise le cœur en mille morceaux dans ma poitrine. Dans ma tête, je me sentais prêt à en parler. Alors pourquoi là, j'ai l'impression que je ne serais pas capable de lui parler de mon ex-compagnon. Pourquoi les mots sont si durs à prononcer ? Je pensais être assez fort pour lui raconter de vive voix tout ce que j'avais vécu en sa compagnie et les raisons pour lesquelles je suis à présent terriblement terrifié par le sexe et par la pénétration.
Tout simplement parce que j'ai été violé, et que je ne veux pas l'admettre, ni y croire. Que c'était impossible que j'ai été violé. Mais dans tous les cas, la seule chose dont je suis certain, à ce moment-là, c'est que cette magnifique soirée en amoureux — qui aurait dû être inoubliable à mes yeux —, s'est avérée être devenue un véritable désastre.
❃ ❃ ❃ ❃
— Tu es en train de t'endormir, mon ange...
Ce qui n'est pas un mensonge. Cela fait certainement plus d'une heure et demie que nous nous sommes couchés dans notre lit, après avoir enfilé l'un de mes pyjamas pilou-pilou pour ne pas attraper froid, et m'être blotti dans ses bras, les yeux irrités à force de pleurer. Une heure et demie où nous nous sommes plongés dans un mutisme, qui m'est particulièrement nécessaire, et qu'il respecte, sans insister une seule fois pour me faire prendre la parole.
Je sais pertinemment que je vais devoir mettre un terme à mon pseudo mutisme, que je vais devoir ressasser les souvenirs de mon passé et lui expliquer les raisons pour lesquelles j'ai autant de mal avec le sexe.
Mais comment est-ce que je vais m'y prendre pour lui parler de mon ex ? Comment est-ce que Jaekyung va réagir face à tout ça ? Est-ce qu'il va me juger ? Me trouver paranoïaque, comme Ha-joon ne cessait de me le rappeler ? Est-ce qu'il va me dire que j'exagère dans mes réactions ? Qu'il n'y a aucune raison d'être terrorisé par le sexe, et que tout ça n'est que le fruit de mon imagination ? Je ne me sens pas bien, rien qu'à l'idée d'oser imaginer qu'il ne me quitte après lui avoir révélé tout ce que j'ai vécu avec mon ex. J'ai peur de perdre l'homme dont je suis amoureux et pour qui j'éprouve, pour la première fois, de sentiments sincères.
— Ça doit être le contrecoup de ta crise de tétanie, qui t'épuise à ce point, ajoute mon compagnon, dans un chuchotement, en continuant de caresser mes cheveux, ma tête reposant contre son torse dénudé de tout tissu. Je suis désolé... Je ne sais pas ce qui m'a pris... Tu m'avais pourtant dit que tu avais peur, et...
— Non, s'il te plait, ne culpabilise pas, dis-je en relevant mon visage vers le sien. Tu n'as rien fait de mal, Jaekyung. Je le voulais, moi aussi. J'étais consentant, moi aussi. C'est après que...
— Qu'est-ce qui s'est passé ? commente-t-il avec appréhension. Qu'est-ce qui t'est arrivé, mon ange ?
Ses bras se resserrent autour de ma taille.
— Je ne sais pas par quoi commencer..., lui avoué-je d'un air perdu, en cherchant une réponse dans ses yeux.
— Fais-le comme si tu me racontais une histoire, suggère-t-il, sa main glissant de ma chevelure pour se positionner sur l'une de mes joues, sur laquelle il fait chanceler le bout de ses doigts. Commence par le début.
— D'accord... murmuré-je, en me redressant délicatement dans le lit pour changer de position.
Je chevauche les jambes de mon amant, sous son regard interrogateur, pour me mettre à califourchon sur lui, avant de me pencher au-dessus de son corps pour me blottir contre son torse. Jaekyung ne dit rien. Il se contente de me laisser faire, avant d'envelopper mon corps — ainsi que le sien — avec la couche épaisse des draps qu'il avait changés un peu plus tôt dans la journée, et qui sentaient terriblement bon la lavande.
— Est-ce que tu te sens mieux, comme ça ? me demande-t-il, sur un ton légèrement amusé.
— Oui... Je me sens encore plus proche de toi dans cette position, réponds-je d'une voix aussi basse qu'un murmure, en venant cacher mon visage dans le creux de son cou, ses bras se resserrant autour de ma taille.
— Alors, c'est parfait, mon amour, murmure-t-il, en remontant l'une de ses mains jusqu'à ma nuque, pour caresser la naissance de mes cheveux. Est-ce que tu...
— C'était pendant ma dernière année de lycée, le coupé-je subitement par mégarde, après avoir pris une grande inspiration. Comme je te l'avais déjà expliqué, je subissais énormément de harcèlement à cause de mon poids à ce moment-là, durant les deux premières années dans ce lycée.
Jaekyung m'écoute attentivement. Sa main caresse lentement mon dos de haut en bas, me faisant frissonner sous son toucher.
— Ce jour-là, Gabriel n'était pas là. J'étais seul dans la cour du lycée, ma tête plongée dans les bouquins pour tenter de rester éloigné des autres élèves, lorsqu'un garçon est venu m'aborder, raconté-je, en sentant mon cœur s'emballer contre ma poitrine, lorsque je vois le visage de Ha-joon dans mes souvenirs. Je ne l'avais encore jamais vu, et la première chose qu'il m'avait demandé était si je pouvais lui donner mon numéro de téléphone, parce que je lui plaisais.
C'est certainement ma dernière phrase, qui a fait stopper les mouvements de sa main.
— Alors... quand je t'ai demandé ton numéro, ça t'a fait te rappeler ce garçon ? me demande-t-il, en faisant glisser son autre main vers mon visage, pour le relever vers le sien.
— Oui... Ça m'a rappelé Ha-joon, dis-je, en fuyant son regard.
Je ne veux pas voir le visage de mon ex se superposer à celui de mon homme.
— Ce jour-là, il m'avait fait la promesse que plus rien ne m'arriverait, que plus personne ne me ferait du mal... Alors, j'ai accepté. Je lui ai donné mon numéro et on a commencé à se fréquenter progressivement.
Ses sourcils se froncent soudainement.
— Tu me prends pour un idiot, n'est-ce pas ? lui fais-je remarquer, dans un faible gloussement sarcastique.
— Pas du tout, bébé !
— Tu devrais, pourtant, ajouté-je, en secouant légèrement la tête. Je n'ai été qu'un putain d'idiot, de croire aussi naïvement les paroles d'une personne que je ne connaissais pas, avais-je dit, en m'étant mis à sangloter. Mais tu veux savoir pourquoi j'ai accepté ?
Il s'apprête à me répondre quelque chose, mais je le prends de court, avant qu'un son ne sorte de sa bouche.
— Parce que je voulais que ça s'arrête. Je voulais enfin pouvoir aller au lycée sans me faire harceler, sans subir de la grossophobie, sans qu'on vienne me coincer dans les toilettes du gymnase pour me forcer à me déshabiller et amuser la galerie, avoué-je, en ne pouvant contenir mes larmes. Alors, pour moi, il a seulement été un échappatoire, une porte de sortie.
— Mon ange...
— Mais je pensais l'avoir aimé, je pensais avoir développé des sentiments pour lui. Sauf qu'avec le temps, je me suis rendu compte que c'était tout sauf de l'amour que j'éprouvais pour lui... commenté-je, en reniflant pour empêcher mon nez de couler. Tout se passait bien au début, du moins, c'était ce que je croyais aveuglément... Parce qu'après un mois de couple, il a commencé à en vouloir plus...
— Comment ça ? questionne-t-il, d'une voix sèche.
Je me redresse complètement au-dessus de lui, mes mains reposées sur son torse dénudé, les siennes se logeant sur le creux de mes hanches.
Il m'est toujours impossible de le regarder dans les yeux.
— Il voulait qu'on couche ensemble, dis-je, en commençant à me souvenir plus en détail ces fameux moments. Je n'arrêtais pas de lui dire que j'avais peur, que je n'avais rien fait avec quelqu'un, ce qui voulait dire que ça allait être ma première fois. Et je n'étais pas non plus à l'aise avec mon corps, je me trouvais hideux, et ça m'empêchait d'être en confiance à ses côtés. Mais... Il s'en foutait complètement de tout ça...
Je me mordille la lèvre inférieure dans un geste définissant parfaitement mon anxiété.
— Qu'est-ce qu'il a fait ?
Sa voix a soudainement changé. Elle n'est plus si douce et tendre pour mes oreilles. Elle est devenue plus sèche et glaciale, me faisant frissonner d'angoisse.
— Il...
Je me coupe dans ma lancée, lorsque je me retrouve confronté à cette scène dans mon esprit. Mes mains tremblent sur son torse. Il se redresse pour réduire la distance entre nos corps.
— Joshua, qu'est-ce qu'il a fait ?
— Je... je n'avais pas envie de le faire, je n'étais pas encore prêt dans ma tête, révélé-je, en déglutissant difficilement ma salive. Mais il voulait à tout prix le faire, parce qu'il m'a dit que c'était important dans un couple, les relations sexuelles. Et que si je ne le faisais pas avec lui, il irait voir ailleurs... Et si j'osais refuser, il me frappait...
— Quoi ? s'exclame-t-il furieusement.
Je réprimande un hoquet de surprise, en me reculant légèrement sur ses jambes.
— Je suis désolé, murmuré-je, en levant les bras vers mon visage pour me protéger. Je suis désolé... pardon... ne sois pas fâché contre moi...
Un silence succinct mes mots, me paraissant durer une putain d'éternité, avant de sentir deux mains puissantes agripper délicatement à mes poignets. Il me fait baisser mes bras avec lenteur, tandis que je fuis son regard, effrayé par la fureur émanant de ses yeux.
— Bébé... regarde-moi, s'il te plaît, chuchote-t-il, en rapprochant son visage du mien, alors que je tremble comme une feuille contre son corps. Mon ange, ce n'est pas contre toi que je suis énervé. Toi, tu n'as rien fait de mal.
— Pourtant, c'est contre moi que tu t'énerves... réponds-je, la gorge nouée. Tu sais, je n'avais pas envie de le faire avec lui... Mais j'ai envie de le faire avec toi. Je te promets que je veux vraiment le faire avec toi, répétais-je, en rencontrant cette fois-ci le regard attristé de mon petit-ami.
— Je te crois, mon amour, réplique-t-il, en relâchant mes poignets pour poser ses mains sur mes joues. Je ne doute absolument pas de ta sincérité, et on prendra le temps qu'il faudra pour que tu n'aies plus peur. Mais putain... ce fils de pute, il t'a...
Je résiste pour ne pas pleurer, posant mes mains tremblantes sur les siennes
— Et si on n'y arrive pas ? Qu'est-ce qu'on va faire ? Tu.. tu ne peux pas rester avec quelqu'un qui n'est pas capable d'avoir des relations sexuelles...
J'ai mal. J'ai terriblement mal au fond de ma poitrine. J'ai peur. J'ai horriblement peur de perdre l'amour de ma vie, de perdre celui qui m'a redonné espoir à la vie et en l'amour. Cependant, on n'a jamais cessé de me répéter que la place du sexe dans un couple est plus importante que les sentiments. Que s'il n'y a pas de relation sexuelle, le couple est voué à l'échec. Et si notre couple allait prendre fin, maintenant ?
Peut-être que c'est ce qui serait le mieux pour lui...
— Joshua, est-ce que tu te rends compte de ce que tu es en train de me dire ? s'exclame-t-il, d'un air abasourdi. Est-ce que tu réalises la problématique de tes propos ?
— Quelle problématique ? rétorqué-je en haussant les épaules, tout en retirant ses mains de mes joues. C'est juste la vérité... S'il n'y a pas de sexe dans un couple, ce n'est pas la peine de continuer. L'un comme l'autre, on va en souffrir, parce que ça va nous éloigner...
— Joshua !
Je me retire de ses jambes, sous son regard étonné et interrogateur, cherchant à fuir plutôt qu'à essayer de croire le contraire, tant on m'a répété l'importance du sexe dans une relation et ce qu'il peut apporter dans un couple.
— Où est-ce que tu vas ? dit-il avec une inquiétude discernable dans le timbre de sa voix.
Il attrape délicatement mon bras, lorsque je m'apprête à me mettre assis sur mon fauteuil roulant.
— S'il te plaît, écoute-moi...
— Il n'y a rien à dire de plus ! le coupé-je sèchement, en restant assis de dos face à lui. Tu... tu vas me dire que ça n'a pas d'importance... Tu vas me dire que tu m'aimes et que le sexe n'est pas important... Mais il y aura un moment où tu voudras plus, et c'est normal. Sauf que je suis incapable de te donner ce que tu veux, je suis incapable de te satisfaire...
— Bébé...
— C'est peine perdue depuis le début, ajouté-je, en sanglotant silencieusement. L'amour rend aveugle, on ne se rend pas compte qu'on se détruit sans le savoir...
— Bon. Je suis désolé de ce que je vais faire, mais je n'ai pas le choix.
Il se lève du lit pour se positionner devant moi, avant de m'agripper par la taille et de me soulever sans difficulté dans ses bras, me faisant hoqueter de surprise.
— Au moins, je suis sûr que dans cette position, tu ne me tourneras pas le dos, et tu ne tenteras pas de t'enfuir dans ta formule 1.
Sans que je n'ai le temps de prendre connaissance de ses mots, je me retrouve le cul assis sur le rebord de notre commode, le dos collé au mur. Il se place entre mes jambes, qu'il tient fermement entre ses mains, me surplombant de sa carrure imposante.
— Maintenant, tu vas m'écouter sans me couper la parole, souligne-t-il, en rapprochant son visage du mien. Hayun ou je ne sais pas quoi, ou n'importe qui d'autre qui a pu te faire croire que le sexe est important dans un couple, sont juste des sombres de merdes qui ne savent pas penser ou réfléchir sans leur putain de bite.
— Jaekyung...
— Non ! Tu m'écoutes jusqu'au bout, m'interrompt-il sur un ton sec, en posant son index sur mes lèvres. Ces gens-là sont juste des putains d'abrutis qui pensent qu'au cul à longueur de journée et uniquement à leur putain de plaisir personnel, sans se soucier de celui de leur partenaire.
Il prononce ces mots avec haine, alors que ses gestes envers moi sont tout le contraire de sa colère.
— Tu en as qui vont vouloir avoir des relations sexuelles tous les jours, et tu en as qui en ont tous les trente six du mois, et qui s'en portent très bien ! Mais ce que tu dois aussi comprendre, c'est que forcer et faire du chantage, ce n'est pas normal. Si une personne ne veut pas, elle ne veut pas, ça s'arrête là. Forcer, c'est...
Il s'arrête dans sa lancée, comme s'il avait peur que ce mot me blesse, ou me détruise. Il retire son doigt de mes lèvres, tout en venant poser son front contre le mien.
— Ce que je veux te dire et que tu dois comprendre, mon ange, c'est que les gens qui pensent que le sexe est important dans une relation, n'ont rien compris à l'amour, déclare-t-il, en effleurant mes lèvres des siennes. L'amour, la communication et la compréhension, c'est ça le plus important dans un couple. Le sexe est uniquement secondaire et ne devrait pas être prioritaire, ni au-dessus des sentiments. Personne ne devrait forcer quelqu'un à avoir des relations sexuelles au nom des sentiments et de l'amour, ou du devoir conjugal. Personne.
Il me sourit en faisant chanceler la pointe de son nez contre la mienne.
— Est-ce que je peux t'embrasser ?
Je réponds à sa question en hochant la tête. Il m'embrasse avec prudence, douceur et lenteur. Ses lèvres sont aussi délicates et soyeuses que le toucher de la dentelle. Aussi aériennes et légères que la caresse d'une plume. C'est un baiser à travers lequel je n'y vois que de la sincérité, de la pureté et un amour inconditionnel, dépassant toutes mes espérances. Et pourtant, Jaekyung est bien réel. Il est bien là, sous mes yeux, à dévorer mes lèvres comme des sucres d'orge, à savourer de sa langue la chaleur et l'humidité de mon intimité, dans laquelle il plonge pour approfondir notre baiser passionné.
Ce n'est qu'au bout de quelques minutes, que nous nous séparons pour reprendre notre souffle, les lèvres rougies et bouffies, en se fixant silencieusement et longuement dans les yeux. On n'a pas besoin de prononcer quoi que ce soit pour comprendre ce que l'autre pense. C'était clair, net et précis dans les profondeurs de nos pupilles, brillant d'exaltation et de passion.
— Laisse-moi te le prouver, Joshua. Laisse-moi te montrer que ce qu'ils ont pu te faire croire est faux, reprend-il dans un murmure, avant de revenir s'emparer de mes lèvres.
Je souris tristement contre les siennes, en répondant à cette nouvelle embrassade plus fougueuse et puissante dans nos gestes et nos caresses. Il n'a peut-être pas tort, au final. Le sexe n'est peut-être pas si important que ça dans une relation. Peut-être même que je vais réussir à passer outre de mes craintes vis-à-vis du sexe.
Comme peut-être jamais...
Au fond de moi, je sais que faire l'amour avec l'homme de ma vie va renforcer nos liens pour l'éternité. Et même s'il ne veut pas l'admettre à voix haute, même s'il ne veut pas se l'avouer, je sais à quel point il me désire, à quel point il rêverait qu'on puisse s'unir en toute intimité pour ne faire qu'un.
Cette nuit-là, je n'ai pas pu lui révéler tout ce que mon ex a pu me faire subir. Mais notre discussion a été suffisante pour me faire comprendre que rien de tout ça n'était normal.
Il a essayé de me le dire, à deux reprises.
Forcer pour avoir du sexe, c'est violer.
Faire du chantage affectif pour avoir du sexe, c'est violer.
Faire culpabiliser son partenaire en jouant sur les sentiments pour avoir du sexe, c'est violer.
Et ceux qui font vivre ça à leur partenaire, sont juste des violeurs.
Je prends progressivement conscience que j'ai été victime de viol. Que j'ai été abusé mentalement et physiquement par un homme qui profitait de l'emprise psychologique qu'il avait réussi à avoir sur moi.
Prendre conscience est la première étape de la guérison.
La deuxième étape, c'est de le dire à voix haute :
Je suis une victime de viol et de violence conjugale.
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