Chapitre 7: Les rêves éternels

Le train entra en gare.

L'écoulement linéaire du temps venait de s'arrêter.

L'imagination, le rêve et la vision sont des outils pour appréhender le monde qui nous entoure. Mais lorsque la vision est scientifique, et l'imagination consciente, nos rêvent exigent une interprétation. Ne rêve pas d'un monde. Vis dans le tien avec ses imperfections. Ne rêve pas de l'être parfait, apprends à aimer les défauts de ceux qui t'entourent.


-In this sky that is never ending...

Il y avait là une foule très hétéroclite, certes. Au cœur de cette foule, un homme dont les cheveux reflétaient le soleil. Il se délectait de cette voix ensorcelante même si plus rien ne pouvait l'atteindre désormais.

-Will I ever be ready for this new beginning?

Elle se déhanchait sur la scène faisant voler autour d'elle sa chevelure d'océan sur sa peau brune. C'était une femme de grand pouvoir, celui de charmer les foules. Qui appartenait à un homme de grand pouvoir. Ils formeraient un couple puissant.

-Just step ahead...

Mathis se félicitait des résultats de son entreprise, une entreprise de longue date qui était proche de la réussite. Le concert touchait à sa fin et les gens rassemblés quittaient le parc avec effervescence. Tel un serpent, il se faufila jusqu'à la loge de la chanteuse, un endroit supposé inaccessible gardé par un vigile irascible. Seulement, si Mathis n'avait pas eu la capacité spéciale de pouvoir obtenir ce qu'il voulait, quand il voulait grâce à une chose aussi infime que son nom, il n'aurait pas été digne d'être Prince.

Il entra dans la loge. Elle était là.

-Loreley...

Il susurra son prénom, comme les premières notes d'une envoûtante mélopée. Il avait la voix rauque et soufflait dans son cou. Elle avait horreur de ça, mais avait trop peur pour lui dire. Elle se retourna un peu en défaisant ses cheveux et poussa un soupir.

-Ce n'est pas... prudent.

-Qu'est-ce qui n'est pas prudent?

-Mathis... je suis enceinte!

-Je sais.

Il prit une chaise près d'elle et lui lança un regard quelque peu glaçant.

La jeune chanteuse se raidit et instinctivement passa une main sur son ventre comme pour le protéger.

-Pourquoi... pourquoi t'es devenu méchant Mathis?

à cette phrase, il fronça les sourcils puis tenta immédiatement de se radoucir, sans grand succès. Il lui passa une main dans les cheveux pour la rassurer. Elle dut se retenir de lui agripper le poignet pour le faire arrêter ça.

-On va se marier, avoir deux beaux enfants et unifier deux royaumes puissants.

-C'est la seule chose à laquelle tu penses!

-Loreley, j'ai besoin de toi! J'ai envie de toi!

Elle eut un frisson de dégoût, quelque chose qui n'était arrivé qu'une seule fois depuis qu'elle était avec lui, le jour où elle l'avait rencontré.

-Tu tentes encore de me manipuler hein? Je t'avais pourtant dit d'arrêter. ça ne fonctionne pas sur moi. Et... n'essaie pas non plus de m'amadouer avec du sexe. ça ne fonctionne pas non plus.

Il se détourna d'elle un instant pour se regarder dans la gigantesque glace de sa loge.

-Je ne suis pas méchant, et tu le sais. Tu sais aussi que le monde dans lequel nous vivons ne nous permet pas d'être autre chose que fort.

Loreley se tourna vers lui et hésita un peu avant de lui saisir la main.

-C'est là que tu te trompes Mathis, ce monde veut que nous donnions le meilleur de nous même pour devenir de meilleures personnes.

Il partit d'un rire un peu sardonique.

-Tu crois à cela, toi?

-Bien sur.

-Tu es folle. Ou naïve, je ne sais pas.

Il s'amusait de la voir froncer les sourcils aussi fort.

-Mais voyons Princesse, où est passée la femme impitoyable dont je suis tombé amoureux?

-Tu n'es jamais tombé amoureux. Cesse de me mentir.

Son regard devint froid. Glacial même. La tension était palpable.

-Je ne te suis pas soumise Mathis.

-Ah bon? Tu voulais ces enfants? Tu voulais ce mariage? Tu voulais cette vie?

-Non! Je n'y était pas destinée!

-Avec cela, tu oses me dire que tu es forte et indépendante? S'il te plait!

Elle s'était levée, en furie, prête à défendre bec et ongle son honneur. Lui, l'avait accompagné dans son mouvement, parfaitement conscient de ce que ça allait engendrer.

-Je suis une Princesse!

-Et quel est selon toi le destin d'une princesse? Gouverner?

Au fur et à mesure que les paroles fusaient dans l'air, les deux amants se rapprochaient dangereusement.

-Donc tu crois m'avoir sauvé d'un destin terrible? C'est plutôt moi qui ait sauvé tes petites affaires! Les lions et les poissons ne fonctionnent pas de la même façon! Pour vous, tout est question de pouvoir et de contrôle! Moi je t'aime Mathis et c'est la seule raison pour laquelle j'accepte d'endurer cette vie. C'est la seule raison pour laquelle... je serais prête à t'abandonner mon royaume.

Ils étaient maintenant collés l'un à l'autre et se regardaient dans les yeux avec une intensité électrique.

-Ne dis pas que tu aimes quelqu'un comme moi.

-En effet, tu es le genre de personne qu'on ne peut pas aimer. Parce que tu fais tout pour. Mais...

Elle continua dans un souffle en posant sa tête contre son cœur. Il était placide, comme à son habitude.

-Malheureusement pour toi, je peux comprendre cela.

Elle releva sa tête pour le regarder dans les yeux à nouveau. Cette scène avait quelque chose de merveilleusement horrible. Loin de se sentir tiraillé, au fond de lui, quelque chose avait frémi l'espace d'un instant. Et cela avait été assez pour ébranler en lui quelques certitudes. Cette femme... il avait choisit celle là et pas une autre pour la raison, simple et bonne qu'elle portait en elle tout ce qu'il recherchait. Cependant, il avait toujours su, tout au fond de lui même, qu'il y avait autre chose. Une chose qu'il avait toujours tenté d'ignorer, mais qui aujourd'hui revenait le hanter un peu. Il avait, enfin, il éprouvait une forme d'affection pour cette femme. C'était désormais

indéniable. De plus, chaque fois qu'elle le regardait dans les yeux avec une telle rage, cela réveillait en lui des instincts presque primaires.

N'y tenant plus, il empoigna le visage de la jeune fille à deux mains et se lança dans un baiser éperdu et passionné.

Elle fut surprise de recevoir ce baiser, s'étant plutôt préparée à une gifle bien sentie étant donné l'impudence dont elle venait tout juste de faire preuve. Elle ne pouvait se dérober à cette étreinte solliciteuse et ne le voulait pas. Elle aimait le fait que son fiancé soit un homme de passion. Elle avait aussi prit l'habitude de ses caresses à la limite de l'indécence. Elle s'était aussi accommodée à cette façon qu'il avait de la soulager de ses vêtement avec un empressement incontrôlé. Elle savait que lorsqu'il voulait la posséder, elle n'avait d'autre choix que de se soumettre.

Il était passé de sa bouche à son cou animé par les flammes des hommes damnés. Elle était là, devant lui, offerte et il put noter au passage que son corps commençait en effet à porter les marques de la grossesse.

Oui, elle lui était soumise et si elle ne l'avait pas voulu en aucune façon, elle ne l'aurait pas été. Les sirènes étaient réputées pour être des femmes fières. Cependant, l'amour menait à une forme d'abnégation qui pouvait dépasser certaines personnes.

Un homme qui avait toujours du recourir à la manipulation pour obtenir ce qu'il convoitait pouvait à présent jouir des plaisirs que la vie avait à lui offrir dans les bras de la seule femme qu monde qui lui avait toujours été hermétique. Quelle douce ironie. Presque aussi douce que son grain de peau.

-Je veux ces enfants. Je ne veux rien de plus au monde. Je les veux car ce sont les nôtres. souffla t-il avant de continuer sa descente.

Loreley était désemparée, perdait ses moyens, comme à chaque fois. Elle se rappelait par ailleurs fort bien de la première fois. Celle où elle s'était octroyé le droit un peu fou de rêver. Toutes les fois suivantes avaient eu un goût de première fois. Ce qui lui avait donné cette impression un peu folle de vivre un rêve éveillé qu'elle n'avait pas mérité. Dès le début, elle avait senti l'entourloupe mais l'avait ignoré. Et ceci était pour sûr sa punition.

-Arrête, je t'en prie ar...rête.

Elle était trop fièvreuse pour être tout à fait consciente de ce qu'elle faisait. Elle ne vivait pas un rêve éternel. Personne ne le pouvait. Les dieux n'étaient pas vraiment connus pour veiller sur le sommeil des hommes. Pour chaque chose perdue, quelque chose était redonné. Mais pour quelque chose d'acquis n'est-il pas synonyme d'une perte imminente? Pour préserver l'équilibre du monde, il fallait ce genre d'échange équivalent. Loreley le savait et l'avait toujours su. En accédant à ce bonheur, elle s'était promis à un malheur plus grand encore.

Mathis était quant à lui un homme avide qui avait prit l'habitude que le monde se plie à ses désirs. Il semblait être à l'abris des lois de ce monde et se tenir à ses côtés avait un goût d'interdit. Sur son

passage tout semblait s'écrouler et lui agissait comme un élu des dieux. C'était ainsi qu'il fonctionnait et cela serait sûrement toujours comme cela. C'était grâce à cette veine inhumaine qu'il était devenu Prince. Et aussi grâce à cette dernière qu'il semblait évoluer dans un rêve éternel

C'était là la véritable raison de sa puissance. Cet homme... était plus fort que ce monde lui même. On aurait même pu croire à la puissance d'un... Dieu

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