Chapitre 4: La Mort avant le Déshonneur

En tant que soldat, tu jureras de vivre, combattre et mourir pour ta patrie.

A mon réveil, il était loin de moi. Voilà pourquoi j'avais eu froid soudainement. Une petite brise soufflait sur les parties dénudées de ma peau. Le soleil était haut dans le ciel et il faisait chaud. Arthur avait retiré son débardeur pour faire un brin de toilette. Je pouvais l'entendre rire et chantonner. Je l'avais rarement vu aussi joyeux. En même temps, je le connaissais à peine.

M'étant approchée à pattes de velours, j'observais son petit postérieur bien moulé par son pantalon de militaire. Quelque chose s'agitait dans l'eau et semblait happer l'attention de mon guide. Je me rapprochai avec la discrétion d'un serpent. Il y avait dans l'eau une sirène qui jouait avec Arthur.

Attends, quoi ? Une sirène ?

Donc, ici, il y avait... des... des... sirènes. Enfin pas tout à fait dans le sens que nous les connaissons. Le corps de la jeune fille se mêlait à l'onde mais on pouvait dissocier ses traits et sa voix, douce et mélodieuse. Elle était comme... le visage de la rivière. Peut-être était-ce d'elle que provenait le chant mystérieux.

Mais pourquoi est-ce que je me sentais... en... danger en sa présence ? Pure jalousie ou simplement intuition féminine ?

Arthur entreprit de faire les présentations avec une certaine gêne, ma foi fort mal dissimulée. A croire que ma première impression ne faisait que se confirmer.

-Lily, voici Leegie, c'est une... amie.

-C'est une sirène surtout. J'ajoutai avec un ton à mi-chemin entre l'incrédulité et la méfiance.

-Il n'y a rien de choquant à cela.

-Pour toi, peut-être. De là d'où je viens, les sirènes sont des légendes. Un peu mortelles.

La jeune Leegie me regarda d'un air offusqué avant de disparaitre dans l'eau.

Il se retourna vers moi avec un sourire malicieux.

-Les sirènes sont susceptibles.

-ça tombe bien, moi aussi. Lui rétorquai-je avec un regard perçant.

Alors que je me détournais pour m'éloigner, il saisit une de mes jambes pour me tirer dans l'eau dans un florilège d'éclaboussures. S'ensuivit un combat acharné pour la survie où il tentait de me noyer et je tentais de lui survivre. C'était... étonnamment amusant. Et éreintant aussi.

Lorsque je cessai de me débattre, il s'assit littéralement sur moi et me pinça le nez jusqu'à ce que je commence à respirer par ... par quoi ?

-Alors, ça fait quoi de respirer sous l'eau ? Me demanda t-il.

Il retira sa main et je pus enfin me rendre compte qu'il avait raison. Et que c'était très bizarre aussi. Je voyais le monde d'une toute autre façon, à travers un miroir d'eau ondulante. Je pouvais entendre pour de bon le chant de la rivière qui était en réalité le résultat de l'harmonie des milliers de voix qui résonnaient dans l'eau.

Et à travers ce filtre, Arthur était vraiment sublime. Son visage avait changé tout à fait. Il était juste... whouaw.

Lassé de son petit jeu, enfin, il plaça sa main sous ma nuque pour me faire remonter à la surface.

-Voilà, maintenant tu appartiens aux deux mondes, me dit-il en me sortant de l'eau.

Je ne pouvais m'empêcher de le regarder fixement, un peu ébahie par la vision que j'avais eue. Il s'allongea au près de moi pour laisser le soleil le sécher et j'avais un peu peur de poser la question qui me brulait les lèvres.

-Pourquoi... pourquoi tu m'as couru après ?

Il se tourna vers moi.

-Je veux dire... on ne se connait pas.

Il saisit ma main.

-Tu es peut-être la seule personne au monde qui n'a pas fait attention au mot « lâche » dans ce que j'ai dit. J'aurais du mieux te traiter. Pardon.

C'était à mon tour de le regarder. Elle était étrange cette atmosphère. A la fois pesante et très légère. J'avais l'impression de me tenir avec un amant. Ce qui me rendait d'autant plus triste.

Après cette pause, le voyage reprit, je pouvais enfin marcher par moi-même bien que, un peu lentement. Le chemin se prolongea dans les montagnes escarpées et Arthur me reprit sur son dos pour les gravir.

- Où allons-nous ?

-Avant de rejoindre la prochaine ville qui sera notre dernière correspondance pour la capitale, il me faut me rendre dans un temple pour régler deux trois bricoles. Ah ! Le voilà à l'horizon !

Devant nous, se dressait un bâtiment qui semblait être ancré dans la montagne. C'était un bâtiment extrêmement imposant coiffé d'une coupole. Il était pourvu de trois étages dont chaque étage sous-jacent était plus long que le premier. Sur le premier étage, de part et d'autre du deuxième, se tenaient deux figures de crabe colossales. Les colonnes avaient une couleur changeante oscillant entre le bleu d'une mer déchaînée et un violet crépusculaire. L'entrée du lieu sacré se faisait par une allée bordée de petits crabes surement faits de diamants.

Voilà l'élément décisif qui me fit accepter cette première grande vérité. Tout ce que je pensais avoir connu jusqu'alors avait changé de face.

Je venais surement de sortir de la caverne.

-Pose-moi Arthur, s'il te plait... vite...

Il me posa au sol avec délicatesse et me scruta avec inquiétude.

-ça va ? Lily ?

La pierre d'agate vibrait sur ma poitrine et j'avais un mal de tête insoutenable. Je parvins à l'arracher et à la jeter au loin, mais ceci ne fit qu'empirer mon état. Je fus bientôt secouée de spasmes incontrôlables et je voyais trouble. La voix d'Arthur me paraissait trop lointaine pour être audible. La tête vint à me tourner et je fus prise de nausées, puis d'une horrible sensation de brûlure. Je vomis et le soleil m'apparaissait brillant d'un éclat agressif. Je venais d'être aveuglée par le soleil. Remonter la pente serait dur. Tellement dur...

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Mieux valait que je ne prenne pas la mauvaise habitude de tomber dans les vapes tous les jours, cela finirait par me porter préjudice un jour.

-Cole, tu es une honte pour ton clan.

J'étais dans une salle, allongée à même le sol. Encore. C'est drôle comme mon histoire n'a de cesse de se répéter. Encore.

Encore

Et encore.

Une odeur vint chatouiller mon nez, ajoutant au calvaire de ne pas pouvoir bouger la torture de ne pas pouvoir se gratter le nez. L'encens. Putain ! C'était la mode d'en foutre tous les quatre mètres ?

-Je ne le sais que trop bien mais vous devez comprendre.

Je voulais bouger, me sortir de ce piège récalcitrant. Mais je me sentais encore faible et vaseuse. Décidément, que d'aventures trépidantes !

-Tu te rends comptes que tu renies ta nature ? Ton destin !

Je n'étais visiblement pas seule dans la pièce puisqu'un dialogue confus me parvenait ainsi que le son de porcelaine qu'on déplace et qu'on entrechoque doucement.

-L'amour ne justifie pas toutes les folies Cole !

Cole ? Qui est... Cole ?

Je pouvais à peine ouvrir les yeux mais je me tournai tout de même vers le lieu de la discussion qui semblait de tenir à l'autre bout de la pièce où on se trouvait. Une odeur ténue de thé flottait dans l'air. La première voix que je pouvais percevoir appartenait à Arthur, j'en étais quasiment certaine. Mais la deuxième semblait être plus marquée par le temps. Peut-être que le fameux Cole était un troisième personnage silencieux.

-En plus de cela, tu as osé déserter l'armée !

L'autre voix se faisait de plus en plus imperceptible. J'avais un mal fou à me concentrer sur ce qu'ils disaient.

-Je ne pouvais simplement pas accepter...

-Peu importe Cole ! En tant que soldat, tu as juré de vivre combattre et mourir pour ta patrie ! Pour ton clan !

Que de dures paroles ! J'imaginais bien la tête du Cole qui devait se faire passer un savon bien mousseux.

-Tu es un lâche !

Arthur...Cette phrase me fit irrémédiablement penser à la raison pour laquelle il m'avait couru après. Mais ça n'avait pas de sens.

-Un homme sans honneur !

Nan... Impossible...

Les souvenirs me revenaient par bribes décousues. Les choses prenaient un sens tout autre.

-Et après cela, tu reviens mendier ma considération, notre considération ? C'est une plaisanterie !

C'était plus que je ne pouvais en supporter. Combien de fois n'avais-je pas entendu ces mots ? L'envie de fuir venait de me reprendre sauvagement mais je ne pouvais me mouvoir. J'avais plus que jamais la sensation d'être un chien en plein milieu d'un jeu de quilles.

Je perçus le bruit d'une table qui se renverse. De misérables suppliques. Le bruit d'une lame que l'on dénude. Et je ne savais même pas si j'étais en danger.

-Tu mériterais la mort !

NON !

Le temps suspendit son cours soudainement. Puis tout redémarra à nouveau, mais plus vite.

Cette fois je pu entendre distinctement ce qui se disait.

-Ton insolence a éveillé les dieux ! Tu es chanceux, ils t'on accordé ce que tu n'auras jamais plus de moi.

Bruits de pas.

Porte qui claque.

Une fois la frayeur passée, je pouvais sentir une immense tristesse envahir la salle. Arthur, ou Cole qu'importe se tenait non loin de moi. Fébrile, je saisi sa main.

On avait tous les deux besoin d'un port d'attache à présent.

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