Chapitre 9 : De l'orage dans l'air
Cela faisait 10 min que je regardais l'écran du téléphone de Jughead, il affichait 2 heures du matin à présent.
C'est sûr qu'il va me tuer, me dis-je intérieurement. Bien sûr il était déjà venu me chercher dans des situations délicates, plus qu'à son tour le pauvre. Cela dit au bout d'une semaine seule avec lui, j'avais trouvé le moyen de m'enfuir de la maison en pleine crise de panique, de me blesser et d'atterrir dans la « chambre » d'un garçon que je ne connaissais que depuis moins d'une semaine et qui me prends déjà pour une folle. Bel exploit Parker, la prochaine fois tu pourrais faire ça dans la même journée pour pimenter la chose m'assénai-je.
Je fus interrompu dans mes pensées par la voix du brun en face de moi qui me tendais une tasse de café.
- Tu as peur qu'il s'énerve ? me demanda-t-il soucieux.
- Le fait qu'il s'énerve ou non est le moindre de mes soucis, dis-je en soufflant et en prenant la tasse de café.
Je composai le numéro de téléphone, une sonnerie, deux, une voix ensommeillée me répondit.
- Elliot Parker a l'appareil.
- C'est Adelyn, surtout ne panique pas s'il te plaît, je vais bien mais il faudrait que tu viennes me chercher au Twiligh drive-in, je suis avec Jughead dans la cabine de projection. Je n'arrivais pas à dormir, je suis partie faire un jogging et je suis tombée, il se trouvait là par hasard et m'a gentiment ramené ici, je ne suis pas capable de rentrer à pied et il n'a pas de voiture.
J'avais débité mon petit discours plutôt bien rodé d'une traite, à tel point que j'en étais essoufflée. Silence au bout du fils
- T'es là ?
- Ne bouge pas j'arrive, avait-il dit avant de raccrocher.
Je rendis son téléphone à Jughead, et commençai à triturer le bas de mon débardeur nerveusement.
10 minutes plus tard, on frappa à la porte de la cabine. Le brun au bonnet alla ouvrir, un blond complètement décoiffé entra en trombe dans la cabine, il s'était habillé à la va-vite et avait roulé à tombeau ouvert jusqu'ici vu l'inquiétude que je lisais sur son visage. Il s'agenouilla en face de moi et me regarda dans les yeux. A ce moment le poids de la culpabilité mon tomba dessus d'un coup. Il n'était pas en colère, il était paniqué.
- Je vais bien, juste quelques égratignures et peut-être une cheville foulée, répondis-je en baisant les yeux.
- Montre-moi, m'ordonna-t-il.
J'obéis docilement en lui tendant mes mains, il les examina. Jughead qui s'était mis à l'écart intervenu, je lui ai désinfecté les mains et les genoux mais je n'ai pas de bandages. Mon frère le remercia en lui assurant qu'il avait ce qu'il fallait chez nous, ensuite il reporta immédiatement son attention sur moi.
- Ta tête a cogné le sol ?
- Non je me suis retenu avec mes mains, lui dis-je an les agitant sous son nez
Ma remarque ne l'avait visiblement pas convaincu, il se mit à toucher mon cuir chevelu à la recherche d'une éventuelle bosse ou blessure. Il prit mon visage entre ses mains et regarda mes yeux. Avant de s'attaquer à ma cheville.
- Elle est foulée, il faudra mettre une attelle pendant une semaine.
- Je t'avais dit que j'allais bien, lui dis-je doucement.
Il me regarda un moment sans rien dire, je pouvais lire sur son visage les émotions qui le traversaient, soulagement, nervosité, colère et déception.
- Monte dans la voiture, finit-il par lâcher d'une voix blanche.
Il s'approcha de Jughead et lui serra la main, je te remercie de t'être occupé d'elle, cela aurait pu beaucoup moins bien se passer si tu n'avais pas été dans le coin.
- C'est normal, répondit-il en se grattant l'arrière de la nuque.
- Viens à la maison quand tu veux, ajouta Elliot.
Le brun hocha doucement la tête.
Je réussis à me relever en prenant appui sur ma bonne cheville, oui merci Jughead ajoutai-je sans savoir quoi lui dire de plus. Je me dirigeai avec difficulté vers la porte de la cabine en essayant de rester stable. Quand tout a coup je décollai du sol. Elliot venait de me prendre dans ses bras pour m'emmener à la voiture. D'habitude j'aurai protesté mais vu son air fermé je ne dis rien et me laissai transporter jusqu'à la berline noire.
Il m'installa sur le siège passager, et s'installa à son tour côté conducteur, il démarra la voiture et prit la direction de notre maison. Il roulait doucement perdu dans ses pensées. Je pouvais sentir le silence dans l'habitacle peser lourdement sur ma poitrine. Il ne me jeta pas un seul regard, jusqu'à ce que je finisse par lui dire
- Tu vas finir par me dire quelque chose ?
- Qu'est que tu veux que je te dise ? me dit-il sans me regarder.
- Je ne sais pas, ce que tu veux, ce que tu as sur le cœur par exemple ?
Il ne répondit pas, réfléchissant visiblement à comment aborder la question, il se gara devant notre résidence et se retourna enfin vers moi.
- Je ne suis pas ton père Adelyn, ne me force pas à jouer un rôle qui n'est pas le mien et dont je ne veux pas.
Il descendit de la voiture en claquant la porte. Je restais là, envahie par un sentiment de désespoir et de culpabilité, ce trou béant dans ma poitrine qui ne me quittait jamais s'accentua encore un peu plus, des larmes se mirent à rouler sur mes joues sans que je puisse les stopper. Je tentai de les essuyer avec le revers de ma main avant qu'Elliot ne vienne me chercher. Mais ces stupides larmes ne voulaient pas s'arrêter de couler, espèces de traitresse pensai-je.
Mon frère me pris dans ces bras, il avait remarqué que je pleurai, son visage se fit moins dur et son étreinte plus franche. Il m'installa dans le canapé et s'assit sur la table basse en face de moi, il planta son regard dans le mien et attendit que je parle.
- Ecoute, je suis désolée, je ne voulais pas partir comme ça sans rien dire mais j'ai refait un cauchemar, j'ai paniqué et je suis sortie pour me calmer, dis-je sincèrement désolée, je ne veux pas être un poids pour toi, ajoutai-je en baisant la tête.
Il souffla bruyamment, tu vas arrêter deux secondes de raconter de la merde, tu n'es pas un poids, tout comme Nathan ne l'est pas non plus.
- Ce n'est pas ce que tu m'as dit dans la voiture il y a deux secondes, dis-je en ravalant mes larmes.
- Ok tu n'as rien compris, tout ce que je te dis, c'est que je suis ton frère et je ne veux pas te dire quand sortir, où, avec qui ni à quelle heure tu dois rentrer, je ne suis pas Nathan.
Comme je ne répondis pas il poursuivit.
- On était d'accord pour que tu te prennes en main, que tu puisses vivre ta vie, bien évidemment je serai toujours là pour t'aider mais comme un frère. Je peux venir te chercher parce que tu as trop bu à une soirée et que tu ne veux pas prendre le volant, me moquer de toi et du piteux état dans lequel tu t'es mis même si tu n'as pas l'âge légal pour ça, comme tu l'as déjà fait pour moi. Je veux me moquer de toi et de tes idiots petits copains, sortir en boîte avec toi et rire mais je ne veux pas devoir te surveiller. Tu dois te prendre en main et me demander de l'aide quand tu sens que tu en as besoin et on réglera le problème ensemble, tu comprends Ady ?
- Je veux me prendre en main ok ! je suis partie avec toi parce que je savais que je ne pourrai pas le faire avec Nathan sur le dos. Je sais que tu n'es pas comme lui, avec toi je n'ai pas besoin de faire semblant que tout va bien juste pour que tu te sentes mieux à ton tour, c'était trop lourd toute cette pression sur mes épaules. C'est pour ça que j'ai pété un câble l'an dernier. Mais je m'en veux de l'avoir lâcher juste pour penser à ma petite personne.
- On en revient à la même chose, c'est pour ça que vous devez vivre votre vie chacun de votre côté pour un temps, tu n'es pas sa mère et il n'est pas ton père. Je comprends que vous avez vécu des choses horribles quand vous étiez petit, des choses que je ne peux qu'imaginer. Mais ce n'est pas parce que vous vous comprenez que vous devez porter l'autre à bout de bras comme ça. Nathan doit penser à lui et toi à toi.
- Je crois que tu en as assez vu et entendu pour parfaitement comprendre ce qu'on a vécu, et oui tu as raison, je suis d'accord avec toi c'est pour ça que je suis venu avec toi. Excuse-moi, j'aurai dû venir te réveiller.
Il prit place sur le canapé à côté de moi, me serra contre lui et m'embrassa le sommet du crâne.
- Tu veux dormir avec moi ? me demanda-t-il gentiment.
- Oui je veux bien, répondis-je doucement.
Cette nuit j'avais eu 4 ans de nouveau et je dormais avec le petit garçon blond qui m'apportait des gâteaux quand je me cachais dans la penderie.
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