Chapitre 7 : Un grain de folie

           

Une fois arrivée à Sweetwater river, il se gara devant un panneau indiquant les différentes randonnées possibles, il m'indiqua lesquels, selon lui étaient les plus difficiles et les plus jolies.

-          Ça fait longtemps que tu fais de la randonnée avec ton frère ? demanda-t-il après m'avoir fourni toutes ces indications.

-          Oui ça fait 3 ans à peu près, avant mes parents considéraient qu'on était trop jeunes tous les deux pour partir tout seul.

Une moue sceptique passa sur son visage, mais il ne dit rien de l'interrogation qui lui avait traversé l'esprit. Généralement les interrogations ou les questionnements intérieurs des personnes en dehors de mon cercle familial ne m'intéressaient pas. Je ne savais pas si c'était parque ce garçon en face de moi m'intriguait ou parce que mes résolutions me tenaient un peu plus à cœur que ce que je pensais mais je lui demandai en m'asseyant sur le capot de la voiture.

-          Vas-y pose ta question.

Il parut surpris mais enchaîna, tes parents ne vous trouvent pas un peu jeune pour vivre ensemble aussi loin ?

Jeune, évidemment qu'on l'était, sa question était tout à fait légitime, c'était la même question que le père d'Archie nous avait posé de manière détourner le soir de notre arrivée. Comment lui dire que quand Nathan et moi sommes arrivés à l'âge de 4 et 5 ans chez les Parker, nous avions bouleversé le fragile équilibre de cette famille. Elliot sous ses airs d'insouciant a dû grandir bien trop vite, il avait 8 ans à l'époque, Nathan ne voulait que personne ne l'approche et ne prononçait pas un mot, lui et Elliot se bagarrait souvent. Quant à moi je me cachais partout dans la maison, des heures durant. Alisson et Joseph Parker avaient trop à faire avec nous pour ne pas délaissé un peu leurs fils ainés même sans le vouloir. Je n'aurais pas aimé être à sa place, deux gremlins rentrant dans ta vie sans que tu ne demandes rien et détruisant tout sur leurs passages, tu n'es plus le centre d'attention de tes deux parents, et tu deviens en une fraction de seconde un grand frère. Mais Elliot étant ce qu'il était, a très vite pris les choses en main, il a joué son rôle de grand frère et nous a apprivoisés jusqu'à en devenir indispensable. A tel point que la première année nous dormions tous les trois dans le même lit. Invariablement chaque nuit on se rejoignait, il supportait nos cauchemars, nos crises de paniques plus qu'à son tour. Je ne serai pas là à discuter avec Jughead s'il n'avait pas fait tout ce qu'il avait fait pour moi, il était le pilier de notre fratrie et jamais je ne le remercierai assez pour ça. Mais tout cela je ne pouvais pas le dire au brun en face de moi.

J'avais dû réfléchir trop longtemps, car Jughead finit par ajouter, laisse tomber ça ne me regarde pas.

-          Excuse-moi je réfléchissais, oui j'imagine qu'ils nous trouvent trop jeune comme tout parents sensés, mais sous ses dehors désinvoltes mon frère est très responsable pour son âge. Quant à moi j'avais besoin de changer d'air, ça ne se passait pas très bien pour moi à Seattle.

Le brun hocha la tête en regardant ces pieds, sûrement regrettait-il d'avoir posé la question, et la réponse ne lui plaisait sans doute pas non plus.

-          Désolé j'ai été indiscret, ajouta-t-il en se grattant la nuque.

-          Je comprends que tu te poses des questions, t'inquiète, je suis une fille plutôt étrange lui répondis-je avec un sourire qui se voulait décontracter.

Il me sourit à son tour avant t'ajouter, aller monte j'ai un endroit à te montrer qui va te plaire je pense.

Je le regardais en arquant un sourcil, je rêve ou tu viens de m'inviter à monter dans ma propre voiture ?

Il éclata de rire, ouais c'est exactement ce que je viens de faire, aller monte et arrête de jacasser, répondit-il.

En chemin vers notre destination, je reçu un texto, je fouillai dans la poche de mon jeans et sortis mon téléphone

Madyson : je t'ai acheté une robe à Paris TU VAS ADORER.

Je répondis en souriant

Adelyn : je peux savoir combien d'argent de poche papa et maman t'ont donné ?

Réponse immédiate.

Madyson : suffisamment 😉

Adelyn : n'oublie pas les chaussures qui vont avec alors.

Madyson : of course ! pour qui tu me prends ? ❤️

J'éclatai de rire, avant de lui envoyer un cœur à mon tour. Le jeune homme a côté de moi me regarda surpris.

-          Désolée, ma sœur ma envoyer un texto pour me dire qu'elle m'a acheté une robe, elle me prend un peu pour sa Barbie de chair et d'os, lui dis-je en souriant. 

Il me sourit à son tour, quel âge à ta sœur ? 

-          Elle a 13 ans, et elle ne me ressemble pas du tout, elle adore la mode et elle est très extraverti, c'est le rayon de soleil de la famille.

-          Moi aussi j'ai une petite sœur, me confia-t-il, elle s'appelle Jellybean elle a 11 ans et contrairement à moi elle est plutôt cool pour son âge, me dit-il fièrement.

Je lui fis un immense sourire, le voir parler de sa sœur le rendait vraiment adorable, j'aimerais beaucoup la rencontré dans ce cas, elle pourrait m'apprendre deux ou trois trucs.

Une ombre passa sur son visage, elle est à Toledo avec ma mère depuis quelques semaines, ça ne va plus trop entre mes parents.

-          Je suis désolée, j'espère que ça s'arrangera, lui dis-je sincèrement.

Il me répondit par un sourire timide. Il pointa du doigt une place de parking faite de gravillon qui semblait indiquer l'emplacement d'un point de vue devant lui, c'est ici me dit-il.

Il se gara, je descendis de voiture, et m'approchai du point de vue, on se trouvait sur un plateau qui descendait à pic avec plusieurs mètres de dénivelé. En bas une immense forêt s'étendait à nos pieds, on voyait clairement les remous du fleuve qui serpentait au milieu des arbres et séparait la forêt en deux. Au loin on apercevait plusieurs lacs gris.

-          Wahou c'est magnifique, m'exclamai-je, on se sent vraiment petite face à ça.

-          D'ici on peut voir tout Sweetwater river, c'est le point le plus haut auquel on a accès en voiture, me dit-il, avec un petit sourire.

-          Ça me donne envie de crier.

-          Pardon ? répondit-il interloqué.

Je mis à rire, oui on fait ça avec mes frères parfois, on trouve le point le plus haut, une fois qu'on a bien souffert pour y arriver, on lâche toute la pression, la colère et les ondes négatives et on se met à crier.

Il arqua un sourcil amusé, très intéressant.

-          Je t'avais prévenu que j'étais une fille étrange, cela dit tu devrais essayer je suis sûr que ça te ferait le plus grand bien.

-          J'y penserai pour la prochaine fois, répondit-il amusé.

Je m'approchai un peu plus du bord pour regarder le dénivelé, peut-être que je pouvais emmener Elliot ici pour l'escalader. J'avais dû me rapprocher trop près du bord pour mon compagnon de voyage car il m'agrippa le poignet et me força à reculer.

-          Mais t'es malade qu'est que tu fais ?! s'exclama-t-il énervé.

-          Détends-toi, je ne vais pas sauter si c'est ce qui t'inquiète, on fait de l'escalade avec mon frère je voulais savoir si c'était possible ici, lui répondis-je un peu agacé.

Pour ne pas le froissé je n'avais pas dégagé mon poignet de sa main. Je n'aimais pas que des inconnus me touchent habituellement, mais le contact de sa main chaude ne m'était pas désagréable bizarrement.

-          C'est hyper dangereux ce que tu viens de faire et tu ne t'en rends même pas compte, je commence à croire que tu as vraiment un grain. Répondit-il toujours énervé. Pour clôturer son propos il lâcha ma main. 

Un grain, ouais et pas qu'un mon petit, pensai-je. Il vaut mieux que t'en rende compte trop tôt que trop tard. Je n'avais aucune conscience du danger, ou plutôt si j'en avais conscience mais je me fichais royalement de ce qui pouvait m'arriver. Je me disputais si souvent à propos de cela avec ma famille que je ne comptais plus les fois. Tout ce qui était plus ou moins risqué m'attirait irrésistiblement, saut à l'élastique, saut en parachute, course de vitesse en voiture, la liste était longue. En vérité je cherchais par tous les moyens à me sentir vivante, à me prouver que tout n'était pas mort en moi, l'adrénaline me procurait cette sensation. C'est pour cette raison qu'Elliot me faisait faire du sport si souvent, l'effort m'aidais à me sentir mieux, sans parler des endorphines, il appelait ça la thérapie par le sport. Bien sûr cela ne réglait pas tout mais c'était une aide pour échapper à mes démons. 

Le brun au bonnet étrange m'observait attentivement, attendant une réponse.

-          Je crois qu'on devrait rentrer, finnisai-je par lâcher, il se fait tard, merci pour la visite.

-          Ouais t'as raison, répondit-il en s'installant côté passager.

-          Dis-moi où tu habites, je te dépose chez toi, lui dis-je en m'installant au volant.

-          Non laisse tomber, je travaille bientôt dépose moi au Twilight drive-in s'il te plaît.

Il avait trop hésité en me répondant et son regard était fuyant, il ne voulait clairement pas que je sache où il habitait. Qu'est qu'il croyait exactement ? que j'étais une espèce de détraquer qui allait se planquer devant chez lui pour l'observer ? je crois bien qu'il lit un peu trop de roman, très bien Jughead Jones, tu ne veux pas me dire où tu habites grand bien t'en fasses !

Tout le trajet du retour se déroula dans un silence glacial, j'avais les yeux rivés sur le compteur de vitesse, je ne voulais pas dépasser la limitation, pour qu'il m'accuse après de vouloir le tué non merci. Je sentais son regard sur moi de temps en temps, mais le malaise était si bien installé que ni lui ni moi n'osions ouvrir la bouche.

Une fois devant le drive-in, je coupai le contacte et attendis qu'il descende.

Il ouvrit la porte, hésita un instant avant de descendre,

-          Ecoute ...

Je le coupai, merci pour la balade, lui dis-je avec un sourire de façade.

-          Ouais de rien, répondit-il avant de descendre de voiture.

Or de question de le laisser me sortir des excuses à deux balles, ce qui avait été dit était dit, je ne lui en voulais pas pour cela, j'avais pleinement conscience de ce que j'étais et qu'il était dur pour un être humain normalement constitué de me supporter. De toute façon je ne supportais pas les excuses de façades.

Une fois a la maison, je racontai à Elliot ce que j'avais fait, et lui détailla les points de randonnées intéressants. Je me gardai bien évidemment de raconter l'épisode embarrassant avec Jughead. Je n'avais pas l'habitude de cacher des choses à mon frère mais nous venions d'arriver ici pour que je mène une autre vie et à peine arrivée on me prenait déjà pour une cinglée. Je ne voulais pas le décevoir. On se promit que ce weekend nous irions explorer un de ces chemins de randonnées de Sweetwater.

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