Chapitre 44 : Le premier pas
Après le déjeuner tout semblait revenu à la normale, nos amis n'avaient pas osé poser de questions voyant que Jugh et moi étions toujours aussi proches que d'habitude en se laissant aller à quelque taquinerie et geste d'affection.
A la fin de la journée Jugh se dirigea vers le parking avec moi, il m'arrêta en me retenant par la main alors que j'allais monter dans ma voiture, je fronçai les sourcils et l'interrogea du regard, il était visiblement gêné et essayait de trouver la bonne chose à dire.
- Le père d'Archie a proposé au mien de retravailler avec lui ... finit-il par lâcher.
- Ah mais c'est super ! il va pouvoir se reprendre en main avec ce travail, lui dis-je véritablement enchanté par la nouvelle.
Il se gratta la nuque toujours gêné.
- Le problème c'est que je ne suis pas certain qu'il accepte ... il est très fier ...
- Hum je vois, tu lui as parlé ?
- Justement je voulais aller essayer de le convaincre après les cours, je ne sais pas ce que ça va donner mais j'aimerai quand même essayer... je voulais savoir si tu voulais venir avec moi ? ... je me dis que si on est deux ça aura peut-être plus de poids dit-il en haussant les épaules.
Malgré le ton détaché qu'il avait essayé de prendre je voyais bien qu'il était embarrassé à l'idée d'aller voir son père pour lui faire la morale, il avait peur d'essayer une énième tentative de rapprochement et que cela soit encore un échec.
- Bien sûr que je vais venir avec toi lui dis-je en lui faisant un bisou sur la tempe.
Il me gratifia d'un léger sourire en retour.
Je lui laissai prendre le volant et m'installai du côté passager, j'allais enfin découvrir la maison dans laquelle avait grandi Jugh j'étais à la fois excité d'en connaitre davantage sur lui mais en même tant anxieuse de la réaction de son père. Je ne supporterai pas de voir Jughead une énième fois déçu par son père, certes il n'était pas parfait mais au moins il tenait à son fils alors j'espérais intérieurement que cela suffirait à le convaincre.
Pendant le trajet je sentais que le brun était hyper tendu, les phalanges de ses mains étaient blanches tellement il serait le volant, son regard était fixé droit devant lui et il ne prononçait pas un mot. Une fois arrivée dans ce que je supposais être le Southside, le décor changea radicalement. A la place des jolies maisons spacieuses en bardeau blanc, se trouvaient des demeures plus que modestes en piteuses états, ou des caravanes qui semblaient toutes en aussi mauvaises états. Les arbres se faisaient plus rares et les belles pelouses tondues au millimètres près avait cédé la place a des pelouses peu entretenues et grillées par le soleil par endroits.
Plus je m'enfonçais dans le Southside et plus la vision de mon passé refaisait surface, je sentis mes mains devenir moite et les essuyaient nerveusement sur mon pantalon, malgré tout je n'arrivais pas à détacher mon regard de l'extérieur. Je sentais par moments le regard du brun sur moi, il souffla dans l'habitacle et dit d'une voix sans joie.
- Je sais que c'est pas un palace ...
Je me tournai vers lui et je crus y lire une espèce de honte ou bien du regret, je n'aurais su le dire, mais notre conversation de ce matin me revint comme un flash et je compris le sous-entendu qu'il venait de faire. Il pensait que nous n'étions pas du même monde, il avait tellement tort.
- Ça me rappelle mon enfance, avant que je sois adopté ... je vivais dans un quartier identique à celui-ci, dis-je doucement en regardant droit devant moi.
Il sembla surpris par ma révélation, il est vrai que j'avais peu l'habitude de parler de mon passé, jamais serait plus exacte. Profitant de ce moment il me rétorqua en me dévisageant.
- A Seattle ?
- Non, je suis née à Détroit, tous comme mes frères et ma sœur, juste après l'adoption de Madyson ma mère à trouver un poste comme pédiatre à l'hôpital de Seattle, ils ont pris ça comme un nouveau départ.
Il hocha doucement la tête et fronça les sourcils.
- Tu es déjà retournée où tu vivais avant ? me demanda-t-il doucement.
- Non jamais, je n'ai même jamais remis les pieds à Détroit et je ne le ferais jamais, dis-je déterminé.
Il avait les yeux dans le vague et semblait assimiler les informations que je venais de lui avouer.
- Tu vois on est plus du même monde que tu le penses finalement, dis-je en lui souriant tristement.
Il me regarda et sembla chercher une réponse au fond de mes yeux, il posa sa main sur ma cuise en signe d'affection et se gara devant une caravane blanche a la peinture décrépit. Il regarda sa maison tristement, et souffla bruyamment dans l'habitacle.
- N'ait jamais honte d'où tu viens, c'est ce qui fait qui tu es, riche ou pauvre peu importe il a des bonnes et des mauvaises personnes des deux côtés, dis-je en lui plantant un baiser sur sa joue avant de descendre de voiture.
Le brun m'imita et prit ma main dans la sienne avant dans la porter à ses lèvres en me regardant. Il me fit un faible sourire et se planta devant la porte de la caravane.
Jugh avait le regard sombre en observant le jardin joncher d'objet usé en tous genres, le mobil home n'était pas en meilleur état et le courrier ne semblait pas avoir été pris depuis plusieurs semaines.
Il ne prit même pas la peine de frapper à la porte, celle-ci s'ouvrit sur une scène à faire pâlir une femme de ménage même très expérimenté, le sol était couvert de carton de pizza vide, les meubles eux, recouverts de dizaine de bouteilles de bière vides, de fringues sales et d'assiettes sales, quant à la cuisine n'en parlons même pas.
Le brun à côté de moi me tenait toujours la main avec un regard sombre, je sentais qu'il m'observait pour déceler ma réaction face au désastre que j'avais sous les yeux. Malgré ma furieuse envie de prendre un sac-poubelle et un seau d'eau pour nettoyer ce chantier, je ne fis rien et me contentai de lui faire un petit sourire d'encouragement en lui caressant le bras.
Ne voyant personne dans le salon Jugh fronça les sourcils, jusqu'à ce que nous entendions un homme tousser en arrivant là où nous nous trouvions. Le brun et moi nous retournâmes en même temps pour voir Mr Jones arriver dans le salon visiblement surpris de nous y trouver. Il était habillé de vieux vêtements, sales j'imaginais vu l'aspect, et il avait une tête à faire peur. Il était blanc comme un linge et avait les yeux injecter de sang, il avait dû passer plusieurs jours sans voir la lumière du jour affaler sur son canapé à se descendre le maximum de bière qu'il pouvait.
- Le fils prodigue est de retour dit-il sarcastiquement... et il a amené sa copine dit-il en posant ses yeux sur moi.
- Bonjour Monsieur Jones dis-je en lui adressant un sourire poli.
Quant à Jugh il ne répondit pas, dépité par la scène qu'il avait sous les yeux, je savais bien qu'il en avait sûrement l'habitude et que ce n'était pas la première fois qu'il voyait son père et sa maison dans cet état, mais on espère toujours que le choses auront miraculeusement changées avant d'être confronté à la dure réalité.
FP me gratifia d'un léger sourire et regarda son fils pendant quelques secondes avant de poser son verre dans l'évier au milieu des autres.
- Comment tu vas ? ...ça a l'air d'aller dit-il en s'adressant à Jugh et en nous désignant son fils et moi.
- Je tiens le coup ... répondit simplement Jughead.
- Ah oui ? Dit son père en rangeant une bouteille de whisky dans un placard.
- Je suis venue te demander si tu envisagerais de recommencer à bosser pour Fred Andrews ? demande Jugh
- Je sais... ce mec ma appeler et j'ai dit non, ce mec ma virer Jughead quel genre d'homme je serais si je me ramenais comme ça la queue base ? dit-il en continuant de ranger ses bouteilles.
- Quel genre d'homme ? un homme avec un job essayant de sauver sa famille répondit Jugh essayant de cacher son énervement mais je pouvais sentir sa main trembler dans la mienne. Je lui serai encore plus fort en me mordant la joue intérieure, me demandant ce qui allait se passer.
Je voulais absolument faire quelque chose pour l'aider ou même essayer e raisonner son père, mais je sentais bien que le moment n'était pas du tout bien choisi, il devait avoir cette conversation avec son père sans que j'y mette mon grain de sel.
- Va dire ça à ta maman ! dit Mr Jones en claquant la porte du placard.
Je vis Jugh fermer les yeux un instant le visage crispé, il se retenait de ne pas hurler après son père et de tout casser.
- C'est quand même elle qui s'est barré en emmenant ta sœur, continua le quadragénaire.
- Est-ce que tu pourrais au moins aller voir Mr Andrews ? il veut bien te donner une deuxième chance ... supplia presque le brun au bonnet.
Mr Jones se mit à rire sarcastiquement.
- Il veut bien ? voilà qui est très généreux de sa part ! après les saloperies qu'il m'a fait subir ! dit-il en se dirigeant vers une chaise et en s'y asseyant lourdement.
Visiblement, l'homme était blessé et fier, peut-être que l'histoire du vol de matériel n'était pas toute l'histoire de ces deux hommes, certainement pour qu'il réagisse comme cela pensai-je.
- Papa t'as pas envie de voir notre famille réunie ? maman et Jellybean pourraient revenir et moi aussi je pourrais revenir tenta-t-il désespérément sous le regard triste de son père qui le regardait sans rien dire.
- Il n'est pas trop tard continua Jugh avant d'ouvrir la porte et de sortir.
Il se dirigea d'un pas rapide vers la voiture et s'installa au volant en claquant la porte. Je me pressai à l'intérieur et le regardai inquiète, il avait les yeux fermés et serrait le volant de toutes ses forces, je me sentais terriblement mal pour lui. Il avait fait un effort considérable pour aller jusque chez lui tenter de raisonner son père, et comment il avait été récompenser ? par un rejet d'un homme buter. Je pensais qu'il fallait vraiment un coup de pied a cul à Mr Jones pour qu'il réalise qu'il était clairement sur le mauvais chemin et qu'il faisait du mal à son fils. Je me promis de tout faire pour qu'il arrête d'avoir mal de cette façon, je ne pouvais pas le supporter.
Je posai ma main sur la sienne et l'attrapa pour l'écarter du volant, il se laissa faire me regardant avec des yeux pleins de tristesse.
- Aller vient là, dis-je simplement avant d'enjamber le frein à main et de m'assoir sur ses genoux pour le serrer contre moi. Il ne protesta pas et enfouit sa tête dans mon cou pendant que je caressais les petits cheveux de sa nuque pour l'apaiser.
Au bout de quelques secondes je le sentis se détendre légèrement, je savais qu'il se retenait de pleurer, je pouvais le sentir à cause de sa respiration un peu saccader. Au bout d'un moment je me détachai légèrement de lui pour prendre son visage dans mes mains et le regarder dans les yeux.
- Je te promets que ça va s'arranger d'accord ? ton père va pendre ce travail, dis-je sur de moi.
Il fouilla mon regard quelques secondes en cherchant à savoir si je disais simplement ça pour le rassurer ou si j'en étais vraiment convaincu. Une fois qu'il eut trouver sa réponse il soupira légèrement.
- D'accord me dit-il simplement avant de me serrer contre lui et de déposer un baiser sur mes lèvres.
J'embrasai longuement son front pendant qu'il ferma les yeux, un peu plus détendu. Quand je me détachai il me fit un petit sourire auquel je répondis, je lui donnai un léger baisé sur les lèvres et retournai à ma place côté passager.
- Rentrons tu dois avoir faim, lui dis-je pour détendre un peu l'atmosphère avec un sourire
- Ouais carrément ! dit-il en me retournant un sourire.
Il démarra la voiture et s'éloigna du mobil home un peu plus serein. Je commençais à penser à ce que j'allais pouvoir faire pour convaincre son père de reprendre son travail avec le père d'Archie, et comme souvent quand mon cerveau s'agitait je retroussai mes manches et m'attachai les cheveux en un chignon rapide en regardant l'horizon devant moi. Le fil de mes pensées fut brusquement interrompu quand j'entendis une exclamation provenant du garçon à côté de moi.
- Bordel c'est quoi ça ?! me dit Jugh redevenu blanc comme un linge.
Je le regardai stupéfaite et regardai où était dirigé son regard, qui allait et venait entre la route et mon poignet. Je reportai mon attention sur l'objet de son exclamation et vit l'énorme bleu qui avait viré au vert et jaune qui ornait mon poignet droit.
Et merde me dis-je, je l'avais oublié celui-là encore, pourquoi est-ce que j'ai retroussée mes manches ... je suis vraiment stupide quelquefois. Je déglutis avec difficulté et remis ma manche rapidement sur mon poignet.
- C'est rien, regarde la route lui dis-je en pointant un doigt sur celle-ci.
Il se remit à regarder la route puis revint rapidement vers moi.
- Réponds-moi s'il te plaît
Je soupirai légèrement.
- C'est rien Jugh je suis tombé et regarde la route s'il te plaît.
Son regard se fit plus noir et il ne cesserait d'aller et venir entre moi et la route, pendant que je m'enfonçai dans mon siège en essayant de me faire toute petite.
- Ady te fou pas de moi ... qui t'as fait ça ? dit-il en haussant légèrement le ton.
- Pourquoi ça serait nécessairement quelqu'un ? je te dis que je suis tombé lâche l'affaire maintenant ... dis- je en croissant mes bras sur ma poitrine.
Il grogna légèrement, et son regard se faisait de plus en plus assassin.
- Te fou pas de moi ! on voit la marque d'une main et le truc date d'au moins une semaine vue la couleur ! tu ne me fais pas confiance Adelyn ?! alors que je viens de t'emmener chez moi ?!
Je me fis encore plus petite et mon cœur se serra, je le regardai avec appréhension.
- Bien sûr que je te fais confiance Jugh ... je ne veux juste pas que tu fasses n'importe quoi ...
- Comment ça n'importe quoi ? dit-il en fronçant les sourcils, dit moi qui t'as fait ça ... , dit-il en fronçant les sourcils.
- Ok ... c'est Chuck ... je me suis retrouvé seul sur le parking avec lui ... il m'a traité de tous les noms et il t'a insulté toi et les autres en disant que j'étais une garce comme Betty et Véronica, je ne me suis pas laissé faire et ça ne lui a pas plus... mais c'est bon j'ai réglé le problème on peut passer à autre chose.
Pendant mon récit Jughead avec les mains crispées sur le volant, j'ai cru qu'il allait l'arracher ou péter un truc dans ma voiture tellement il était hors de lui et son regard était noir.
- Ok je vais le tuer dit-il simplement en se garant devant chez moi.
- Oh que non ! c'est exactement pour ça que je ne t'en ai pas parler Jugh !
- Quoi ? tu ne m'en crois pas capable ? Tu crois que je ne peux pas te protéger ? me dit-il en se tournant complètement vers moi à bout de nerfs.
Je l'imitai en le regardant droit dans les yeux et en essayant de me montrer ferme.
- Bien sûr que si je t'en sais capable ! m'exclamai-je choqué de sa remarque, mais j'ai réglé le problème il a eu son compte c'est bon, fin de l'histoire finnisai-je par dire.
Il se laissa tomber sur le siège en tenant sa tête entre ses mains en essayant de se calmer
- Toi ou Elliot a réglé le problème ? dit-il en accentuant le mot problème.
- Moi .. je sais me défendre ... t'en a eu un aperçu un jour d'ailleurs ... Elliot m'a promis de ne rien faire alors j'aimerais que tu fasses pareil.
- Tu l'as dit à ton frère ? et moi non ?!
- Je ne l'ai pas dit à Elliot ok ? il a deviné comme toi tu viens de le faire ... je ne veux pas que ce que j'aime aient des problèmes à cause de moi ... tu peux comprendre ...
Il tourna son regard vers moi un peu moins dur qu'auparavant puis il souffla bruyamment.
- Peut-être ... qu'est que tu lui as fait ?
- Je lui ai donné un coup de poing dans le plexus ...
- Le quoi ?! dit-il en fronçant les sourcils.
Je me mis à sourire légèrement et approchai ma main de son torse pour poser mes doigts entre ses cotes juste en haut de son estomac.
- C'est là, tu sens ? dis-je en appuyant légèrement.
- Ouais c'est grave sensible !
- Ouais et si tu tapes très fort dedans sa coupe carrément la respiration.
Il fronça les sourcils et quelques secondes plus tard se mis à sourire très légèrement.
- C'est ta mère qui t'a appris ça ?
- Non mais vu ma corpulence et ma taille les coups de vice sont ma seule option dis-je en riant doucement.
Il ne répondit rien mais son sourire disparu aussi vite qu'il était apparu.
- Je vais rentrer Ady j'ai dit à Archie que j'allais l'aider à insonoriser le garage avec son père.
- Ok pas de problème ... mais promet moi que tu ne feras rien s'il te plaît ...
Il soupira bruyamment et me regarda pendant ce qui me parut une éternité, il semblait peser le pour et le contre.
- Je peux pas te promettre ça Ady, dit-il simplement.
Il s'approcha de moi et m'embrassa pour ne pas m'entendre protester avant de coller son front contre le mien, une main sur ma mâchoire.
- Merci d'être venue dit-il avant de déposer un léger baisé sur mes lèvres et de sortir de la voiture en se dirigeant vers chez Archie sa nouvelle résidence.
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