Chapitre 25
JERICO
C'est l'heure.
Voitures, flingues et effectif au complet patientent à proximité des escaliers qui mènent aux chambres. J'ai confié la surveillance et la protection d'Elena à mon père, il est le plus à même de s'occuper d'elle après mon équipe. J'ai en prévision amélioré la sécurité du domaine, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur. Doublé le nombre de mes hommes aux délimitations de la résidence, nous ne sommes pas à l'abri d'une attaque en mon absence. Car c'est bien connu que les cartels les plus fourbes opèrent par surprise, au moment où l'ennemi est le plus affaibli.
Grâce à nos efforts acharnés et entrainements intensifs nous ne craignons pas les assauts, mes troupes sont parfaitement rodés. Un claquement de doigts de ma part et les formations s'effectuent dans les 10 minutes qui suivent.
- Jerico, fait bien attention à toi ce soir.. s'inquiète mon père, s'ils sont prêts aux pires atrocités sur une femme, je n'ose pas imaginer les traitements réservés pour un homme..
- Je sais papa, c'est pour cette raison qu'il est temps de leur infliger des sévices à la hauteur des tortures qu'ils ont dû prendre plaisir à pratiquer.
- Bon.. dépose t-il sa main sur mon épaule, j'imagine que tu sais ce que tu fais fiston.
- Évidemment, affiché- je un sourire espiègle, je suis ton fils, le contrôle est dans mes gènes.
- Concentre toi enfin ! Ne fais pas l'idiot ! J'ai suffisamment d'emmerdes à gérer avec le père d'Elena.
- Des soucis de transactions avec les Delmorri ?
- Non, Ernesto réclame des nouvelles de sa fille, étant donné qu'elle ne peut plus répondre à ses messages, il nous soupçonne de rallonger sa présence parmi nous, à des fins personnelles.
- Et quel mensonge tu as inventé ?
- Qu'elle était en mission d'infiltration chez un concurrent, qui voulait ta peau également. Glousse-t-il, ses épaules secouées par les vibrations de son rire, je suis sympa, je l'ai dédommagé avec une autre cargaison d'armes.
- Merci papa, je te confie Elena.
- Ne me remercie pas, c'est pour cette petite que je le fais, plus elle sera éloignée de son père, mieux elle se portera.
Une dernière embrassade puis je dévale les escaliers en deux enjambées, les moteurs tournent depuis 15 minutes, mes hommes s'engouffrent dans les véhicules à mon signal, nous sommes trois dans chacun d'eux. Alec et moi partons séparément, en cas d'assauts qui tourneraient mal, il prendra la direction du domaine à ma place. Etant mon second ainsi que la personne la plus proche de me succéder, j'ai toute confiance en lui.
Mon ventre se serre à cette pensée, serait- elle aussi impactée d'apprendre que je suis blessé, comme j'ai pu l'être à son égard ? Je tente de mettre mon esprit et toutes ses pensées qui s'y bousculent en sourdine.
***
Nous sommes garés aux abords du parking, en position de départ, je repère deux caméras axées sur la route et l'entrée principale de l'entrepôt. Quatre soldats montent la garde, armés de fusils d'assaut ARX 160 entre les mains, et un glock 17 à la cuisse. De vrais chiens de garde, j'imagine sans peine qu'ils détiennent sur eux d'autres armes dissimulées, enfin, s'ils ne savent pas s'en servir correctement, aucune crainte à avoir.
Les environs sont déserts, en dépit de l'activité exercée quotidiennement au sein du bâtiment, aujourd'hui c'est étrangement silencieux, pas de fourgons, pas de transports, pas d'échanges, l'entrepôt est à l'arrêt. Hormis nos voitures, seulement trois 4X4 noirs, identiques, sont stationnés reclus dans un coin, mon équipe se positionne comme prévu en amont dans mon bureau. Je suis en première ligne aux côtés d'Alec, les duper sur l'identité de mon second n'aboutirait à rien, puisqu'ils connaissent probablement les membres qui m'entourent. Au centre derrière nous, Ben, à l'arrière Heliott, Sacha et Owen.
Les informations d'Alec étaient justes, la façade de cet endroit est vétuste, rouillée, des pièces de tôles sont absentes créant ainsi un rendu d'entrepôt abandonné, malmené par les ravages du temps. Leur chef ferait mieux d'utiliser cet argent à la rénovation des biens de leur domaine, au lieu de l'injecter dans l'achat de pauvres femmes innocentes.
Nous nous dirigeons en direction de l'entrée au moment où un détail retient mon attention, à mi-chemin entre nos véhicules et le bâtiment, mon regard se tourne vers les fameux 4X4. Ils sont similaires mais surtout endommagés, des phares brisés, des parcs chocs enfoncés, des pare-brise fissurés, l'évidence me frappe, il s'agit des voitures qui ont envoyé Elena dans le décor.
L'ambiance est lourde, l'air est électrique, plus un mot n'est prononcé, ma respiration s'intensifie, mes muscles se tendent, la mâchoire et les poings serrés, je reprends la marche.
Nous nous sommes déplacés léger, étant donné qu'une fouille au corps nous attendait sur place, étonnamment nos armes sont validées au contrôle. Dans la pénombre, de nombreuses silhouettes se dessinent au fur et à mesure des mètres parcourus. Ce n'est pas moins d'une trentaine d'hommes armés qui se dévoilent à notre présence, sans compter ceux à l'extérieur et les potentiels individus dissimulés.
Je ne parviens pas à repérer ma prochaine victime, au lieu de ça, c'est un homme d'environ 35 ans qui nous accueille d'une expression qui en dit long sur le personnage. Des yeux vitreux, un sourire vicieux et une langue qui ne fera bientôt plus partie de son anatomie s'il continu de la sortir pour se lécher les lèvres.
- Quel dommage, la tigresse n'est pas avec vous.. moi qui me faisait une joie de m'amuser à nouveau avec elle. La prochaine fois-
*Détonation*
Bon.. ce n'était pas prévu au programme, du moins pas tout de suite, j'agis par réflexe dès que ça concerne Elena. Le coup est parti sous l'impulsion de ma colère, un tir efficace, précis, directement logé entre les deux yeux. Un connard de moins à poser les yeux et les mains sur ma brune. Aucune réaction de la part de mes gars, personne n'a bronché, ni même sursauté, un filet de sang s'écoule abondamment de l'orifice créé dans le crâne, du type qui git à mes pieds.
*Clac*, *Clac*, *Clac*
- Allons, allons, Monsieur Ridzonni, n'abusons pas de la violence en ce début de rencontre, intervient finalement ma cible, je conçois, ce n'était pas intelligent de sa part de vous provoquer de la sorte.
- Il faut croire que se méfier des apparences n'est pas votre fort. Insinué- je d'une voix grave
- Cet abruti prétendait que vous n'auriez pas les couilles de tenter quoique ce soit, exhibe t-il ses soldats situés à l'étage. Un rire malsain résonna dans l'entrepôt. Il savait pourtant que personne ne lui sauverait le cul.
- Si tous vos hommes ont la même perception du danger, alors il ne restera plus que vous et nous.
- Monsieur Ridzonni, vous me semblez bien présomptueux quant à vos capacités en matière de combat.
- Et vous êtes tellement effrayé, qu'il vous faut un étage pour vous sentir en sécurité.
- Mes hommes ne sont pas décoratifs vous savez ? Un signe de ma part et vous rejoignez votre petite Elena.
- Descendez donc, que je puisse m'entretenir en privé avec l'homme qui a osé poser la main sur elle. Non, je reformule, un rictus mauvais au coin des lèvres, je souhaite affronter le fils de pute sans valeur à la tête de cette organisation.
- Je comprends mieux d'où cette garce tenait son insolence !
- Il faut dire qu'une dizaine d'hommes, armés qui plus est, elle devait avoir de quoi vous insulter, incapable de maitriser quelqu'un sans un flingue, c'est pitoyable.
- *Tss* Entendu, je veux tout le monde dehors à l'exception des gars à l'étage ! Ordonne t-il irrité au reste de son effectif
Dans un regroupement quasi militaire, le bâtiment est déserté, les escaliers en métal face à nous crissent sous le poids des onze individus restant. Nous restons en infériorité numérique, cependant je ne crains pas la suite des événements. Quelques instants s'écoulent lorsque nos deux équipes se confrontent dans un duel de regards, un raclement de gorge derrière moi m'indique que le plan est opérationnel.
- Patron, faites quelque chose, supplie Sasha agacé, Heliott me tape sur le système.
- Il semblerait qu'il y ait de l'animation dans vos rangs Monsieur Ridzonni, contrôler ses soldats est primordial dans notre domaine. Quoique rien de bien étonnant, venant d'un gamin qui veut jouer dans la cour des grands.
- Les aléas des ententes entre membres. Haussais- je les épaules. Qui a t-il les gars ?
- Faut trop que j'aille pisser patron, je tiens plus ! Piétine Heliott, à la limite de se tenir les parties et de croiser les jambes, promis je fais vite !
- Hahaha c'en est ridicule ! Toi là, désigne t-il un type au hasard, accompagne le jusqu'aux toilettes, et garde un œil sur lui.
- Sérieux quel boulet celui-là. Insiste Sasha sur la mise en scène
- Bien, reprenons notre conversation, à qui ai-je affaire ?
- Pardon ? S'offusque t-il vexé, vous ne vous renseignez jamais sur vos adversaires ?
- Non, provoqué- je d'un pas en avant, je ne prends pas la peine de connaître le nom de mes victimes. Un sourire mauvais plaqué au visage
- Espèce de.. *Clic* Et un Glock pointé sur ton crâne de petit merdeux, tu apprendrais peut-être le respect envers tes aînés ?
- Un Glock 19 plus exactement, détaillé- je, nullement déstabilisé par la situation, un semi-automatique de 9 mm, plus petit, et plus compact que son grand frère le Glock 17. Donc plus léger mais moins précis. Elle reste une bonne arme, mais je privilégie le made in Italie.
- Je reconnais que tu excelles dans ton domaine, permets moi de faire de même dans le mien. Que trouverais tu à rectifier, si je te racontais l'échange corporel que j'ai pu soumettre à ta précieuse protégée ?
Un coup d'œil à l'étage, et la confirmation que j'espérais depuis bien trop longtemps pour encore me contenir, surgit des deux pouces en l'air d'Heliott, et de son expression victorieuse. Avant de s'affaler sur le garde-corps, situé en face de la salle des contrôles. Ce qui veut dire que les communications sont coupées, avec le domaine mais également avec ses hommes à l'extérieur. Il est l'heure de le confronter à ses actes répréhensibles, qu'il me supplie de l'épargner, qu'il s'agenouille à mes pieds, rien ne le sauvera. Tout comme ces femmes qu'il condamne, il subira un avenir infligé par autrui.
- Alors petit, as-tu peur de découvrir les moments intimes que j'ai pu partager avec la demoiselle ? Insiste t-il, inclinant légèrement la tête afin de me perturber davantage
- Chaque détail que tu prononceras, te mèneras à ta perte. Annoncé- je d'une voix rauque
- La mienne ou la tienne ? S'amuse t-il, enfonçant plus profondément la bouche du canon dans ma peau. J'ai cru comprendre que tu y tenais particulièrement, aurais- je touché la prochaine Madame Ridzonni ?
- *Clic* Je t'écoute, pointé- je mon Beretta sur son cœur, toujours envie de divulguer ces informations ?
- Je veux te voir sombrer, tu m'entends ? T'observer souffrir, t'achever pendant que toutes ces scènes qui défilent dans ton esprit torturé, persistent à te hanter jusqu'à la fin de ta misérable existence.
- Il faudrait pour cela réussir à m'atteindre, je ne crains pas la douleur, la défaite, la solitude ou seulement la mort. Le jour où je perdrai mes moyens devant quelqu'un, alors je serai déjà mort.
En réalité, j'ai perdu le contrôle depuis bien longtemps, plus exactement le jour où Elena est arrivée. Je ne réfléchis plus correctement en sa présence, les mots me manquent, mon corps gravite autour du sien, pendu à ses lèvres, sa voix sème le trouble dans mes pensées.
Oui. Je suis un homme, tombé aux pieds d'une femme qui le malmène par le simple fait de s'être immiscée dans son cœur.
Je suis tiré de mes songes, à la pression de l'arme qui disparaît, un profond rire sinistre rebondit sur les parois de l'entrepôt. Les crépitements d'une chaise en métal tirée sur une moitié de surface cimentée, provoquent une traînée de frissons dans le dos.
- Découvrons ensemble les limites de ta résistance Jerico, que dirais- tu si je t'informé avoir couché avec ta dulcinée ? Rien, évidemment puisque ce n'est pas une nouvelle pour toi. *Soupire* En revanche, permets- moi de te détailler comment je lui ai écarté ses cuisses, juste avant de la prendre sauvagement.
Un rictus pleinement satisfait s'affiche sur sa gueule de fils de pute, mon flingue braqué sur lui, je déglutis péniblement, dix autres canons sont dirigés contre mes hommes et moi. Si je tire maintenant, j'emporte dans ma chute mon équipe. Sans avoir vengé Elena, sans même lui infliger les pires sévices qui me parviennent, toutes plus sanglantes les unes que les autres.
- Tu savais qu'elle avait une sacré force pour un si petit corps ? Il m'a fallu l'aide de quatre gars pour en venir à bout, non, vraiment, une tigresse comme j'en ai rarement baisé. Cependant, la seconde fois, c'était moins drôle, trop facile, faut dire que je l'avais bien amoché. Tu te rends compte, elle s'est évanouie pendant que je m'occupais d'elle ! S'offusque t-il. Quel manque de respect !
Mes hommes piétinent d'impatience, sans mon accord, personne ne dégaine son arme, chacun retient son camarade d'agir au détriment de mon autorité. Je ressens leurs regards appuyés dans mon dos, Alec m'épie du coin de l'œil, il est vrai que je ne me reconnais pas moi même, la patience n'est pas mon fort.
- Je te trouve bien à l'aise le vieux, ta provocation va se retourner contre toi, sache que tu n'as pas seulement torturé et abusé de la prochaine Madame Ridzonni. Tu as levé la main sur une femme, une camarade, une confidente, une amie. Je ne suis pas le seul à désirer ta mort, désigné- je mon équipe, un à un, tu prendras conscience de tes actes.
- Hahaha ! S'esclaffe-t-il une main sur le ventre, tandis que celle emprisonnant son glock pend dans le vide. Tu es en sous effectif, ouvre les yeux, six gamins ne parviendront jamais à venir à bout de mes plans !
- Ça suffit, je veux lui décrocher la mâchoire, ce fils de pute débite des insultes depuis trop longtemps. Crache rageusement Alec qui bouillonne à mes côtés
Une agitation à peine perceptible à l'extérieur capte mon attention, des crépitements ainsi que des halètements s'échappent de façon irrégulière. Je ne discerne que la pénombre naissante, mon regard croise celui de Ben qui confirme mes appréhensions.
J'ai dans l'espoir que les hommes de cet enfoiré, n'aient pas rameuté le reste de l'effectif craignant un retournement de situation, dans le cas contraire, nos munitions ne suffiront pas.
Des pas s'approchent prudemment sur un côté du bâtiment, plus aucun doute, quelqu'un a mesuré l'ampleur de la situation. Les chances pour que cette personne soit dans notre camp sont infimes, non.. elles sont inexistantes.
Ma poche émet un son suffisamment faible pour ne pas attirer les regards sur ma personne, à la durée des vibrations, il s'agit d'un message. Je profite d'une brève inattention afin de consulter mon téléphone.
Papa : " Tu savais qu'elle avait également la capacité de s'échapper telle une ombre ? "
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