Chapitre 12

JERICO

Il pleut des cordes quand j'entends enfin la voiture d'Elena arriver dans le parking du domaine, ça fait des heures que j'essaie de les joindre, non pas que je m'inquiétais, j'en ai rien à foutre de leur emploi du temps mais l'un comme l'autre aurait pu me tenir au courant.

Pas de lieu. Pas d'horaire de départ, ni de retour. Pas d'information sur l'activité en question. Pas de réponse à mes appels ou à mes messages.

Je suis sous le porche, accoudé au mur, les bras croisés, quand j'aperçois enfin les deux idiots que j'attends de choper depuis que j'ai appris par un garde que les deux personnes qui sont censés m'entourer au quotidien, se sont barrés comme des adolescents en fuite.

Ils sont trempés mais ils ont surtout l'air contents de leur coup, ma colère monte encore un peu plus, je les fusils du regard, puis d'une voix grave qui se veut autoritaire, je m'apprête à les questionner plus en détails sur leur fugue occasionnelle.

- Vous étiez où ?

Les deux concernés se jaugent avec un regard paniqué, des yeux perdus passent du complice à moi, comme ci l'excuse du premier déterminerait la suite de l'histoire, ils se foutent de moi, je sais déjà qu'ils vont me sortir un mensonge pour couvrir ce qu'ils ont fait aujourd'hui. Alors je décide de les menacer avant même qu'ils aient l'audace de me prendre pour un con.

- Le premier qui osera me mentir ouvertement se verra sanctionné. Je ne plaisante pas. Annoncé je d'un ton froid et sec

Alec déglutit instinctivement, tandis qu'Elena cherche à savoir si je bluff ou non, je la voie plisser les yeux afin d'analyser le moindre signe d'intimidation dans ma posture, elle ne le sait pas encore mais si personne ne remet en cause mon autorité depuis plusieurs années, ce n'est pas par hasard. Ce n'est pas non plus une coïncidence si notre cartel est le leader dans son domaine. Je ne suis pas un homme de cœur.

- Maintenant répondez, ou étiez-vous ?

- Sur la côte. Me répond finalement Elena en évitant mon regard

- Pourquoi faire ? Continuais je, me concentrant sur elle

- J'avais besoin de sortir un peu prendre l'air, de m'aérer l'esprit.

- Pourquoi avec Alec ? Insistais je, une pointe d'amertume dans la voix

- C'est moi qui ai insisté pour l'accompagner ! Intervient Alec pour la défendre, il semble stressé à l'idée que je ne le crois pas

- Super, et qu'est-ce qui a bien pu vous prendre autant de temps ?

- On a appris à se connaître un peu plus, c'est tout, pas la peine de s'affoler pour ça.. Me défie t-elle en levant les yeux au ciel et en croisant les bras sur sa poitrine

- Non ! Non c'est pas ce que tu crois ! Panique Alec à mon intention

Qu'est-ce que je ne dois pas supposer ? Que mon ami essaie de se rapprocher, dans mon dos, de mon garde du corps, de la femme qui me rend fou ?

Alors c'est raté, je me contente tant bien que mal de ne pas le saisir par le col de sa veste pour qu'il me donne plus d'explications.

- Et puis quoi, qu'est-ce que ça peut te foutres que je sorte avec Alec, ça ne te regardes pas ! Et tu sais quoi ? Si je devais choisir entre Alec et toi pour m'accompagner quelque part, je choisirai encore Alec. Crache t-elle, ses yeux devenu noir par l'agacement, elle est prête à me pousser à bout si ça peut lui permettre de gagner cette bataille

Alec est devenu pâle, il sait qu'il ne pourra pas apaiser la tension qui vient de s'installer ce soir, je ne sais pas exactement de quoi ils ont pu parler, mais si Elena se sent mieux en sa compagnie qu'il en soit ainsi. Elle veut jouer, alors on va jouer. Je me redresse face à eux, un sourire malsain plaqué au visage, je décide de leur mentir sur la journée que j'ai passé.

- Finalement, c'est pas plus mal que vous étiez absents aujourd'hui, ça m'aurait fait chier de perdre les deux meilleurs hommes de mon effectif d'un seul coup quand un cartel ennemi à débarqué tout à l'heure en tirant sur tout ce qui bouge, une chance que j'étais là pour protéger le domaine et mes hommes.

- Tu.. tu mens, il ne s'est rien passé de tel aujourd'hui. Bégaie t-elle, tant le doute que mon aveu soit vrai, lui fait perdre ses moyens

Elena tremble, sûrement de froid, vu qu'elle est encore trempée, ou peut être bien de peur, la peur de ne pas m'avoir protégé, d'avoir failli à sa mission, ou encore pour quelque chose d'autre qui sait, elle ne me parle pas, à moi.

- Bon arrête Jerico, si c'était vrai d'autres gars m'auraient appelé. Excuse nous de ne pas t'avoir répondu, on ne captait pas. Se ressaisit il après y avoir cru lui aussi, son ton est plus dur, il doit commencer à en avoir marre d'être interrogé de la sorte

- Alors cette blessure est fausse également ?

J'enlève mon blouson pour leur montrer une blessure par balle au bras droit, fraîche de l'après-midi, le bandage révèle une trace sang car j'ai rouvert les points de suture pendant que je boxais un sac de frappe, afin de me défouler. La vérité, c'est qu'un de mes hommes a sursauté quand je suis arrivé dans la salle de tir, et dans l'action au lieu d'analyser son environnement, il a tiré. Une chance qu'il soit mauvais. Il s'est quand même mangé mon poing dans la gueule, 3 fois.

Mais ça, ils ne vont pas le savoir tout de suite.

- Putain c'est pas vrai.. mais combien étaient ils ? Pourquoi personne d'autre n'a essayé de me joindre ? Alec observe ma blessure comme pour se persuader que je dis la vérité, ses yeux semblent questionner Elena, qu'ont-ils vraiment fait tous les deux ?

- Ce n'est plus le moment de s'inquiéter, c'est trop tard, rester joignable est l'une des règles à respecter quand on doit s'absenter, surtout quand on décide de partir sans prévenir.. Fais je exprès de lui rappeler son erreur, il se décompose quand il réalise que son absence aurait pu coûter la vie à ses camarades.

- Stop ! Ça suffit de te défouler comme ça sur nous ! On est pas des chiens à ton service Jerico, présent ou non, l'attaque aurait quand même eu lieu. Alors ne nous accuse pas de ce qui a pu se passer ! Elena me vise d'un doigts accusateur, elle est tellement agacée par mes propos qu'elle semble se retenir de me gifler

J'en ai assez d'attendre la vérité de leur part, je le saurai à un moment donné, par l'un ou par l'autre, je découvrirai ce qu'ils ont réellement fait tous les deux pendant toutes ces heures à ignorer mon existence. Mais quelque chose me dérange dans les propos d'Elena.

- Je ne vous considère pas comme des chiens, si tel était le cas, j'aurais déjà mis une balle dans le crâne de l'homme qui me sert d'ami et toi, je t'aurais enfermée depuis longtemps dans une cage. Fulminé je à ses paroles, la voix rendu plus grave par la colère

Sur ces mots, je décide de faire demi tour et de monter directement dans ma chambre, laissant en plan les deux complices, me déchainer à la salle de sport ou de tir ne changerait rien aux pensées qui se bousculent dans ma tête. Une fois dans ma chambre je prends la direction de la salle de bain, une bonne douche pourra peut être m'aider à moins réfléchir, quand j'en sors, quelqu'un frappe à ma porte, je suis seulement muni d'une serviette autour des hanches quand je découvre Elena qui m'attend, encore trempée de sa soirée.

- Qu'est-ce que tu veux ? Dis-je d'un ton sec, pendant que je sèche mes cheveux avec une autre serviette, les gouttes d'eau ruisselant encore sur mon corps atterrissent au sol

- Je peux entrer ? Elle reporta son attention avec insistance sur mon corps humide, il n'y a aucune gène dans son expression, en revanche je remarque que sa respiration s'est accélérée et qu'elle se mord les lèvres

- Tu aimes ce que tu vois ? Tu veux peut-être que je me débarrasse de cette serviette ? La taquinais je, savoir que la vue de mon corps lui provoque une telle réaction me rend tout de suite de meilleur humeur

La vipère est de retour, ses yeux maintenant ancrés aux miens sont remplis de malice, de provocation, elle se redresse, se dirige vers moi, son sourire ne me dis rien qui vaille, elle balance sa veste au sol, me force à reculer en pressant son corps contre le mien, referme la porte derrière elle et m'incite à m'assoir sur le lit.

S'installe à califourchon, je la maintiens par les hanches quand je crois qu'elle va m'embrasser, j'en oublie la séductrice qu'elle est et me prépare à exaucer n'importe lequel de ses ordres, tant qu'ils sont d'ordres sexuels.

Ses mains sur mon torse me font perdre toutes notions du temps ou de l'espace, elle n'a qu'une phrase à prononcer pour passer un bon moment, je ne quitte plus ses lèvres des yeux, toutes les fonctions de mon corps se sont emballées au moment où elle s'est installée sur moi.

Elena rapproche ses lèvres des miennes, ma prise sur ses hanches se resserre instinctivement, je distingue son sourire narquois quand elle me murmure au bord des lèvres :

- Le jour où je te laisserai capturer mes lèvres tu ne pourras plus t'en passer, alors en attendant que ton rêve se réalise tu devras te contenter de ma présence à tes côtés.

- Et qu'est-ce qui me dit que ce n'est pas cette bouche insolente qui rêve de posséder mes lèvres ?

L'air est suffocant, la tension qui s'est installée entre nous quand j'ai ouvert la porte vient d'augmenter dangereusement. Son visage s'empourpre d'une séduisante teinte rosée tandis que dans ses iris se dévoilent un feu d'une intense tentation, je le sais, nous sommes sur la même longueur d'onde mais aucun de nous deux ne s'inclinera le premier.

- Bien, laisse moi nettoyer ta plaie. Et je m'excuse par la même occasion. Reprend t-elle plus sérieusement

- Quoi ? Tu es venue me soigner ou me présenter des excuses ?

- Les deux. Ta blessure risque de s'infecter et je voulais également m'excuser pour le comportement que j'ai pu avoir tout à l'heure, j'imagine que tu étais juste inquiet de ne pas nous voir revenir. Me souffla t-elle d'une voix peu confiante, comme ci l'inquiétude et le regret ne faisait pas parti de son quotidien, du moins pas sous cette forme

- Je vous savais en sécurité l'un avec l'autre, en revanche je n'étais pas inquiet.

- Vraiment ? Alors pourquoi tu t'es emporté de cette façon ? L'étonnement se lit sur son visage, elle ne se doute vraiment de rien

- J'ai mes raisons. Répond je en détournant ma vision de ses yeux qui m'analysent avec insistance

- Tu es jaloux ? Le grand Jerico Ridzonni est jaloux de son meilleur ami ? Elle se mit à rigoler de bon cœur

Je ne lui avouerais rien, mais oui, je suis complètement jaloux qu'Alec ait pu passer autant de temps avec elle, sans avoir à se soucier de ce qui pouvait bien se passer au domaine. Est-il lui aussi attiré par Elena ? Ou la considère-t-elle seulement comme une amie ? Il m'a bien affirmé n'avoir aucune intention déplacée à son égard, mais je ne sais pas, j'ai le sentiment qu'il y a quand même quelque chose de plus profond dans ce qu'il peut me dire.

Évidemment, je ne compte pas donner raison à la jolie brune qui me chevauche encore, alors je me saisis de ses hanches pour la faire basculer sur le lit, maintenant placé au-dessus d'elle entre ses jambes, une main enfoncée dans le matelas à côté de sa tête, tandis que l'autre est cramponnée à sa cuisse, elle me paraît toujours aussi forte, sauvage, sexy et bon sang terriblement interdite.

Ses cheveux s'étalent en de belles ondulations, son souffle est court, sa respiration s'est accélérée, sa bouche est entrouverte, ses yeux me dévorent pendant que ma main caresse tendrement sa peau.

Je me rapproche de son oreille tel un prédateur avec un sourire en coin avant de lui susurrer d'une voix suave :

- Ton corps meurt d'envie que je le touche, beauté, il frissonne à chacune de mes caresses, je parie que tu te retiens mais je suis convaincu qu'il est déjà prêt à m'accueillir tout entier.

- Tu ne survivras pas à une nuit passé avec moi Jerico, je suis mortelle, et il me faut plus qu'un beau parleur, j'ai besoin de quelqu'un qui tienne le rythme, quelqu'un qui puisse avouer ne plus pouvoir se passer de moi. Et tu n'es pas cet homme Jerico.

M'avoue t-elle presque déçue de cette révélation.

Je relâche sa cuisse, quand s'en suit un soupire contrarié de sa part, son menton maintenant entre mes doigts, son souffle se coupe lorsque mes lèvres effleurent à peine les siennes, qui viennent se pincer quand elle réalise que je ne l'embrasserai pas ce soir.

- File prendre une douche pour te réchauffer, avant que je m'occupe moi même de ton cas et que je t'oblige à admettre que ta dernière phrase était un mensonge. Ensuite tu pourras revenir t'occuper de ma blessure, j'ai besoin d'une infirmière pour refaire mon bandage. Utilise ma salle de bain.

D'un hochement de tête, elle accepte, je m'écarte pendant qu'Elena se relève et se précipite pour prendre sa douche avant de me balancer :

- N'essaie même pas d'entrer une fois que je serai sous l'eau.

- Je sais me tenir, tu me prends pour qui ?

- Pour quelqu'un qui rêve de m'entendre crier son nom.

- Alors tu as raison. Mais le jour ou ça arrivera tu seras à quatre pattes en train de me supplier que je te prennes, comme une chienne, et si tu es sage, une de mes mains te serviras de collier pendant que mes autres doigts s'occuperont de baiser ta petite chatte, avant que je ne vienne la remplir avec mon sexe.

Son visage rougit à la compréhension de ce que je lui réserve, ses cuisses se resserrent malgré elle, Elena se hâte de reprendre une attitude et une position neutre, essayant malgré elle de cacher ce qu'elle ressent.

Pour se venger, elle se déshabille sous mes yeux avec une lenteur meurtrière, un visage impassible, je ne peux que l'observer, je n'arrive pas à détourner mon regard de son corps qui se dévoile couche par couche.

Elle s'arrête aux sous-vêtements au moment où nos yeux se rencontrent, elle est renversante, tout simplement.

- Les hommes comme toi ne méritent pas mon corps, en revanche, leur meilleur ami, et bien pourquoi pas.. M'achève t-elle avec un malin plaisir quand elle constate ma réaction, puis d'un clin d'œil, s'éclipse dans la douche, sans tenir compte de la bombe qu'elle vient de me lâcher en pleine gueule

*Profonde respiration*

Je me retiens de fracasser la porte qui nous sépare, afin de lui interdire de dévoiler ne serait-ce que 1 cm de peau en dessous ses vêtements. Je ne comprends pas pourquoi elle me fait cet effet là, surement parce qu'elle me résiste et que j'aime bien, quand c'est elle qui le fait.

Je suis habillé et assis sur le lit quand Elena ressort de la salle de bain, au moment ou je lève les yeux de mon téléphone, elle ne porte qu'une serviette maintenue à sa poitrine et une autre qui enveloppe ses cheveux. Une trousse à pharmacie dans la main, elle s'assoie à mes côtés, relève la manche de mon t-shirt, s'empare d'une paire de ciseaux et découpe l'ancien bandage, elle désinfecte la plaie puis rebande mon bras. Une pression de trop et je serre les dents, un rictus satisfait sur son visage me dit qu'elle la fait exprès alors je saisis sa nuque et siffle entre mes dents.

- Ne t'amuse pas avec le diable, beauté ou je hanterai tes jours et tes nuits, à ma manière. A moins que tu n'aimes perdre la raison.

- J'ai tout à gagner au contraire.

- Ne me tente pas, ou je ne répondrai plus de rien.

- Un démon de plus ou de moins, que le meilleur gagne.

- J'ai quelque chose à t'avouer. Me préparant à savourer la réaction que ça allait faire naître en elle

- Quoi donc ? Me fixe t-elle la tête penchée sur le côté, les sourcils froncés

- L'attaque de cet après-midi, c'était faux, personne ne s'est introduit dans le domaine.

- Putain ! *coup dans le bras blessé* Mais c'est une blague ! Pourquoi nous avoir fait flipper comme ça alors ?! Me hurle t-elle dessus, je me contiens d'un râle bloqué dans la gorge de ne pas riposter à son coup, mais il fallait bien évidemment qu'elle tape au seul endroit affaibli

- Je voulais faire payer à Alec son comportement..

- Tu n'es qu'un gamin jaloux, et possessif ! Mais d'où sort cette blessure alors ? Ne me dis pas que tu t'es blessé volontairement Jerico. Son tons laisse sous entendre que je serais suffisamment con pour me tirer moi même dessus

Je lui explique en détails ce qu'il s'est réellement passé en leur absence, à la seconde qui suivit Elena éclata de rire à s'en tordre sur le lit, elle se tient à moi tant son fou rire est prenant.

Ce que je retiens, c'est le son qu'elle produit quand elle rit sans retenue.

Certes, elle se moque de moi, mais si j'ai pu lui faire oublier ne serait-ce qu'une minute de sa vie, alors je recommencerai, jusqu'à ce que son rire me soit quotidien.

Sur ces explications, je raccompagne Elena jusqu'à la porte de sa chambre.

- Bonne nuit beauté, ne rêve pas trop de moi. Dis-je d'une voix charmeuse en me tenant contre l'encadrement de la porte

- Oh non.. *soupire* Dommage, moi qui voulait me toucher en pensant à toi.. Chuchote t-elle à mon intention en mimant le geste de se caresser à un endroit en particulier

Je l'attrape par la taille et la rapproche sauvagement vers moi, me penche à son oreille et lui murmure d'une voix douce.

- Continue comme ça, et je m'en occuperai pour toi, beauté, je suis sur que ton corps me désire.

- Et si c'était bien le cas ? Que ferais tu ? Rétorque t-elle contre ma bouche

- Rien sans ta permission, j'attendrai que tu me supplies de te toucher.

Un sourire vient illuminer son magnifique visage, ses yeux envoûtants sont ancrés aux miens.

- C'est une qualité que j'apprécie chez toi. Bonne nuit Jerico. M'avoue t-elle timidement, suivit d'un délicat baiser sur la joue, avant de rejoindre sa chambre


Ces quelques mots m'ont fait plus plaisir que je ne l'aurai cru, il y a quelque chose chez cette femme qui ne cesse de m'attirer. 

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