22 - Pandemonium
Un hurlement brisa la bulle dans laquelle ses oreilles bourdonnaient. Tout était si lointain. Cette pression sur ses côtes lui fit pousser un cri de douleur, et Mikasa se figea lorsqu'elle vit ce visage atroce. Ses yeux, d'un vert globuleux, fixaient sa prise d'un air excité. Son immense nez faisait deux fois sa taille, pendant que son énorme gueule s'ouvrait. Elle découvrit une rangée de dents mal alignées et pourries. L'odeur fétide qui émana de sa gorge lui donnait envie de vomir.
« Mikasa ! Espèce d'enflure de titan ! »
La prisonnière commença à se débattre malgré la pression faite sur son thorax. Quand la voix de Jean fut portée à ses oreilles, elle se sentit soulagée de constater qu'il vivait encore. En un éclair, son ami trancha la nuque de son assaillant, et la jeune femme tomba au sol, encore entourée des doigts du géant.
« Tout va bien, Mikasa ? Tu n'es pas blessée ? »
Extraite de cette main meurtrière, la brune tomba sur le visage inquiet de son camarade. La douleur se propageait, comme une onde légère sur une flaque d'eau, dans tout son corps. Elle laissa échapper un gémissement de souffrance.
« Je crois... Merci, Jean. Décidément, tu me sauves toujours la mise. »
Les joues de son interlocuteur prirent une teinte rosée. Il gratta les mèches claires qui tombaient le long de ses tempes.
« Pas de soucis. Je serai toujours là.
- Merci. Il se passe quoi là-bas ?
- J'ai perdu la trace d'Armin. Je ne sais pas où il est... Le caporal a disparu soudainement aussi. On a presque plus de gaz, donc Eren s'est transformé pour tuer un maximum de titans... Je crois que leur nombre commence à diminuer, mais il reste le gros singe. »
La combattante commença à paniquer et à marcher en direction de la bataille. Chaque pas la faisait vaciller, et les contractions de ses muscles posturaux lui provoquaient une pléthore de souffrances. Son ami passa son bras dans son dos, la soutenant dans sa marche, et son odeur prononcée la troubla pendant quelques secondes.
« Je vais t'aider. On va y aller et les sauver ensemble.
- Oui. On les sauvera. »
Les deux soldats traversèrent le champ de bataille côte à côte. La main de la brune s'accrocha au veston de son camarade. Dès qu'elle vit les titans se ruer sur le titan d'Eren, au loin, elle accéléra leur cadence, angoissée.
« Ne t'en fais pas, Connie et Sasha s'occupent de protéger Eren... Je m'en suis chargé en partant.
- Il leur en reste assez pour le tirer de là ?
- J'en sais rien... »
Une boule d'angoisse s'agitait dans sa poitrine. Sa cage thoracique n'en était que davantage écrasée par l'horrible poids de l'ignorance. Où était Levi ? Eren allait-il bien ? Malgré les récents événements, son attitude étrange et son rêve dans lequel il tuait son amour, elle ne pouvait pas ne pas s'en soucier. Mikasa vit, devant elle, les cheveux auburn de sa meilleure amie virevolter dans l'air. Sa lame émoussée se brisa, et resta dans la nuque d'un titan qui s'était penché vers l'homme-titan. Ce n'était pas suffisant pour l'éliminer. Ackerman aperçut son visage se tordre de frustration, alors que Connie tranchait la dernière partie.
Eren semblait encore être dans son titan. Que faisait-il ? Pourquoi était-il immobile ? Ils arrivèrent au pied de celui-ci. Elle aperçut deux monstres marcher parmi les arbres, observant ses camarades d'un air gourmand. Ils en voyaient enfin le bout. Son regard se posa sur la nuque du titan devant eux, et la peau de son cou se mouvait en des formes déplaisantes.
Enfin, les cheveux humides de son frère se firent apercevoir. Il s'extirpa des fibres musculaires qui l'encerclaient, et se laissa glisser contre sa peau. Le brun ralentissait sa chute par l'utilisation d'une de ses lames dans sa propre chair. Eren arriva au niveau de sa sœur, et ses yeux émeraude reflétèrent ses sibyllines pensées.
« J'ai aperçu Armin ! Tout ira bien, Mikasa ?
- Oui, merci Jean. »
Celui-ci la lâcha et courut en direction des deux derniers titans. L'un des deux géants chuta, une expression désinvolte sur son visage mort. De courts cheveux blonds volèrent au gré du vent. Lorsqu'elle vit son camarade courir en sa direction, elle eut de l'espoir pour son meilleur ami.
« Qu'est-ce que tu fais là, Mikasa ?
- Hein ? C'est évident, non ? Je m'inquiétais...
- Oh. Je pensais que tu serais plus inquiète pour le caporal. »
Un raclement de gorge interrompit leur conversation. À côté d'eux, Connie les observait d'un air paniqué.
« Vous vous engueulerez plus tard. Le singe arrive... »
En effet, celui-ci n'était plus qu'à quelques mètres d'eux. Son corps était totalement recouvert de poils bruns. Sur son visage, un sourire sardonique semblait s'être figé, et ses yeux n'étaient que deux trous noirs.
Plus de gaz. Plus de côtes. Plus de titan. Mikasa jeta un œil sur le champ de bataille et paniqua. C'était un cimetière à ciel ouvert. Les cadavres de chevaux et d'humains gorgeaient la terre de sang. Les restes des titans s'évaporaient, créant des spirales de brouillard sur certaines zones.
Voilà à quoi ressemblait l'enfer.
« Ce n'était pas sensé se passer comme ça... Rien de tout ça... Putain, on va crever... »
La soldate se tourna vers son frère. Il fixait avec hargne le titan qui arrivait, tranquillement, vers eux. À leur droite, Jean et Armin avaient achevé le dernier titan. Sasha observait, perchée sur un arbre, s'il restait des survivants. L'asiatique, face à la mort qui approchait doucement, se tourna vers celui qu'elle avait toujours juré de protéger.
« Eren... »
Son interlocuteur daigna plonger son regard humide dans le sien. Mikasa sentit un sourire se dessiner sur ses lèvres fines, pendant que ses doigts frôlaient le tissu rouge qui enroulait son cou.
« Ecoute... J'ai besoin de te dire quelque chose. Pour avoir toujours été à mes côtés... Merci. Pour m'avoir montré comment vivre avec un objectif... Merci. Et pour avoir enroulé cette écharpe autour de mon cou... Merci. »
Sa vision fut soudain trouble, et la jeune femme défit lentement son écharpe. Le temps s'était arrêté. Elle ne voyait plus le regard horrifié de Connie ou le géant qui avançait. Elle ne voyait pas Jean et Armin se soutenir mutuellement ni les cadavres empilés dans son sillage. Non, Mikasa ne voyait plus que les rayons du soleil perçant les rares fleurs teintées de sang. Elle enroula d'une manière tendre l'étoffe écarlate autour de la nuque de son unique famille, et malgré la mort qui rôdait, son sourire ne disparaissait pas.
Les pupilles opalines étaient démesurément écartées. Il saisit ses doigts fins dans sa main, et son visage prit une allure assurée.
« Je te couvrirai avec ça autant de fois que tu le voudras. »
Puis, il se leva, faisant face à la bestiole qui s'était arrêtée devant eux. Enfin, Eren lui tourna le dos, faisant face à leur ennemi accroupi.
« Maintenant et pour toujours... Autant de fois que tu le voudras ! »
Le titan se gratta l'oreille, un air dubitatif inscrit sur son visage.
« Bonjour Eren. Ce n'était pas prévu, mais tu vas devoir venir avec moi. De toute façon, rien ne pourra m'en empêcher. Venez, les gars. Ne soyez pas timides. »
Derrière lui, trois titans surgirent depuis l'autre versant de la forêt. Arrivés dans leur champ de vision, ils demeuraient immobiles, les yeux dans le vague, comme s'ils attendaient un quelconque ordre. Eren fronça les sourcils, et ses poings étaient si serrés que ses phalanges devinrent blanches. Mikasa, elle, fixait la bête d'un œil abasourdi. Venait-il vraiment de parler ou avait-elle rêvé ?
« Espèce d'enflure ! Lâchez-nous la grappe et rendez-nous Annie !
- Je vois que ton père t'a mal élevé. Allez, viens sans faire d'histoires et on ne tuera pas ta petite copine. »
Le titan tendait sa main vers lui, s'arrêtant à quelques centimètres de son visage. Ses ongles étaient si longs qu'ils auraient pu trancher la gorge du jeune homme en un éclair. Ackerman était pétrifiée. Elle se fustigeait pour réagir, mais son cerveau n'arrivait pas à passer outre cette information. Ce titan parlait. Il connaissait leurs coutumes. Comment était-ce possible ?
Un hurlement scinda l'air en deux. Levi se retourna après avoir marché aux côtés de son ami, qui devenait de plus en plus exsangue. La brume causée par la décomposition des prédateurs ne lui permettait pas d'y voir très clair.
« Tss. C'est un véritable enfer.
- Ne m'as-tu pas toujours dit que ton enfer était les bas-fonds ?
- Je ne lis pas autant de livres que toi, et pourtant, tu devrais savoir que l'enfer est composé de plusieurs parties. »
Le blond sourit tristement face à sa remarque. Son interlocuteur le remarqua et lui lança une œillade agacée.
« Vas-y, explique.
- Je n'aurais pas dû suivre Ackerman. Enfin, Mikasa. Si je n'étais pas tombé dans un piège aussi débile... Tout cela ne serait pas arrivé. Regarde où mon obsession nous a mené. Je n'ai pas réfléchi. C'est ma faute. Ils sont tous morts pour rien. »
À ces mots, le caporal se sentit coupable de partager le secret de la brune. Il savait ce qui l'avait amenée à faire cela. Il savait. Mais ils n'étaient pas au bon endroit pour en parler...
« Arrête tes conneries. On fera le bilan une fois rentrés. Fais juste en sorte de survivre jusque-là. »
Le brouillard se dissipa. Le macaque était accroupi en face des restes du titan d'Eren. Devant lui, Jäger le fusillait du regard alors que Mikasa était plus en arrière. Le singe tendit sa main vers eux, et le sang du soldat se glaça dans ses veines. Il s'accrocha à tout ce qui se présentait devant lui : cadavre de chevaux, de titans, d'humains. Le brun plantait ses grappins dans tout ce qui le séparait de cette scène et s'élançait, ne se préoccupant plus d'Erwin qui était désormais en sécurité.
Il n'eut jamais été aussi terrifié de toute sa vie. Les images de son cauchemar tournaient en boucle au sein de son crâne, et il priait pour que cette main écœurante ne touche jamais l'asiatique. Eren frappa cette main en hurlant, et quelque chose changea dans l'air.
« Je vais te tuer ! »
Les trois titans immobiles posèrent leurs yeux sur la nuque du babouin. Celui-ci se figea, et son rictus s'évanouit. Ses yeux noirs prirent un éclat écarlate, et il se tourna vers ses congénères, surpris. Ceux-ci commencèrent à bouger de manière saccadée, un peu comme des marionnettes tirées dans des directions contraires. Levi put entendre, dans sa précipitation, un lourd grognement.
Eren restait abasourdi. Un petit mot franchit la barrière de ses lèvres, puis il sortit de sa torpeur.
« Mikasa. Monte sur mon dos. Tu n'es pas en état de courir. »
La jeune femme, n'ayant pas entendu ce qu'il avait prononcé plus tôt, se colla contre son dos. Dès que la blessée eut les pieds dans le vide, Jäger s'éloigna en courant, profitant de l'accalmie pour s'éloigner. Les titans s'agitaient vers le singe. Un liquide poisseux coulait de leur bouche, et leurs mâchoires claquaient. Enfin, ils se jetèrent vers leur leader.
« Pourquoi les titans agissent comme ça ?
- Je pense que ça le retiendra un peu, mais il risque de reprendre le contrôle.
- Hein ? Je ne comprends pas, Eren...
- Tu comprendras bien assez tôt. »
Finalement, après quelques mouvements désorientés, les trois titans s'affaissèrent dans la boue avant d'avoir pu atteindre le macaque. Quelques soldats se posèrent sur leurs cadavres agonisants, dont une stratège au sourire effrayant.
« Oh. Vous aviez des gens derrière moi. Je n'avais pas prévu ça... »
À la suite de ces mots, le titan poussa un cri soudain. Sa voix fit trembler les ramures des arbres, ainsi que les soldats encore perchés en haut. Les derniers oiseaux s'envolèrent pour laisser place au silence.
« Nous nous reverrons, Eren, sois-en certain ! »
Alors que Levi s'accrochait à la jambe du monstre, de la fumée s'échappa depuis sa nuque. Soudain, un petit titan surgit de nulle part, bondissant depuis le tronc d'un arbre, et arracha la nuque du singe. Mikasa aperçut la gueule de son ancienne camarade, dont une touffe blonde dépassait. Ymir était bien trop rapide pour la rattraper avec si peu de gaz.
Leurs espoirs disparurent au fur et à mesure que cette silhouette se voilait à l'horizon.
***
Le champ de bataille était un véritable pandémonium. Bien qu'Erwin, avant la bataille, eusse envoyé un soldat prévenir la garnison du mur Rose que les ennemis approchaient, il se doutait qu'il ne soit pas arrivé à temps. Le blond espérait, néanmoins, qu'ils choisiraient la discrétion au bain de sang.
La garnison du mur Sina les aidait à ramasser les cadavres, et à enterrer les chevaux. La moitié des soldats mobilisés avait été perdue. Pour quelle avancée ? Le major se le demandait. Assis sur la selle d'un cheval, les muscles de ses bras encore à vif, voir les vestiges de sa défaite lui permettait de penser.
Tout était parti de Mikasa Ackerman. Avait-elle été fourvoyée par son ancien camarade ? Ou lui, avait-il été dupé par une gamine ? Peut-être Levi avait-il eu raison tout ce temps ? Il ne voulait pas croire cela.
« Ai-je eu tort de revenir ? »
Hanji arriva à son niveau. Son visage, habituellement souriant et insouciant, reflétait ses amères pensées.
« Non. Je priais pour que tu le fasses.
- Nous sommes quand même arrivés trop tard.
- Nous sommes tous arrivés trop tard. »
Il jeta un œil à son ami, resté en retrait pour récupérer les écussons des cadavres. Erwin avait aperçu le visage du caporal. Il avait vu sa frustration face à la fuite du singe. Il semblait très impliqué dans son affrontement, et ne saisissait pas vraiment pour quelle raison le brun était si dévoué à cela. Néanmoins, il n'y avait pas que ça. Le major n'avait pas loupé ce regard désespéré qu'il avait lancé à sa cadette. Si Eren n'avait pas été là... Voilà ce qui devait occuper son esprit. Sans ce gamin qui le débectait, la jeune femme...
« Depuis quand tu peux contrôler les titans, l'idiot suicidaire ?
- Qu'est-ce que j'en saurais, hein ? Comme si j'étais prophète !
- Wow ça use de grands mots pour palier son petit quotient intellectuel ! Et pourquoi tu portes l'écharpe de Mikasa ?
- C'est pas tes oignons ! »
Armin supposait que là était la seule manière pour Eren et Jean de relâcher toute cette pression. Lui aussi, après tout, avait été bien trop tendu et stressé. Malgré le soutien de son ami et son cœur qui battait trop vite – aussi bien à cause de l'adrénaline que de sa présence, il se sentait épuisé et découragé. Les corps qui s'étendaient à l'horizon, décor macabre d'une sibylline destinée, formaient un tableau qui s'imprégnait derrière ses pupilles. Une image sempiternelle qui le hanterait dans ses nuits les plus noires.
Mais le cimetière de ses souvenirs n'était pas la chose qui le préoccupait le plus. La tournure de la bataille contenait des non-dits et de mystérieux éléments qu'il n'arrivait pas à élucider. Il se questionnait sur l'origine du titan aux capacités linguistiques. Le stratège savait déjà que certains humains pouvaient se transformer en titan et se contrôler, comme Eren, Annie, Ymir, Reiner ou Berthold... Mais aucun d'eux n'avait eu le don de la parole.
Qu'est-ce qui le différenciait des autres ?
Ymir, qui avait surgit sans qu'il ne s'y attende, avait emporté son probable détenteur. Il était donc humain, lui aussi. Avaient-ils forcé leur camarade à venir ? Ou était-elle partie de son plein gré ? Si elle avait été manipulée, elle aurait très bien pu retourner sa veste pour se battre avec ses anciens camarades...
Qu'est-ce qui faisait qu'il arrivait à parler, et pas les autres ? Il y avait également ces titans, dénués de conscience. Les géants semblaient s'agiter que sous ses paroles, mais pour une raison que le blond ignorait, ils avaient perdu la tête lorsqu'Eren avait hurlé. Ils avaient même tenté de dévorer ce qui semblait être leur leader.
Un regard azur s'attarda sur la mine agacée de son ami d'enfance. Il était vrai que le jeune homme avait beaucoup changé depuis qu'ils étaient enfants. Enfin, surtout ces derniers temps. Il lui semblait que, depuis son sauvetage dans la cave des Reiss, il s'était peu à peu transformé en un autre homme. Il s'était éloigné de lui, de Mikasa. Le brun demeurait énigmatique, sur ce qu'il pensait et ce qu'il comptait faire. Armin avait bien remarqué ses cernes et ses regards dans le vide, lorsqu'il songeait que personne ne faisait attention à lui.
Il comptait lui en toucher quelques mots, lorsque l'enfer ne serait qu'un amer souvenir.
« T'as vraiment une gueule horrible quand tu t'inquiètes, tu sais ? »
Assise à l'écart des regroupements, deux prunelles acier rencontrèrent des yeux ténébreux. Levi se posa à côté de la brune, et le rocher sur lequel ils étaient assis surplombait les gorges de l'enfer. Le jeune femme demeura silencieuse. Ses bras entouraient ses genoux en une étreinte voulue rassurante, tandis que son regard s'attardait sur les corps que l'on enterrait ou enveloppait d'un drap funèbre.
« À notre retour, il faudrait que l'on parle à Erwin. Il commence à se poser des questions. »
Elle se contenta d'hocher la tête, et une pointe d'énervement naquit dans la poitrine du plus vieux. Mais le temps du deuil était venu, et non pas celui des disputes. Ainsi, le boucher des bas-fonds laissa ses lèvres closes, accompagnant Mikasa dans sa contemplation silencieuse. Ils aperçurent Armin s'interposer entre Jean et Eren, retenant ce dernier d'une main sur son torse, et le visage de son ami prit une grimace blessée durant une seconde. Puis, il s'éloigna, et cette scène donnait à la jeune soldate une impression de déjà-vu.
« Je suis désolée.
- Pour ?
- Je n'ai pas réussi à atteindre Erwin à temps. Et pendant l'action... Je t'ai cherché. Mais, même si mes pensées étaient pour toi, j'ai choisi d'aller vers Eren. »
Mikasa se tut, toujours ce regard incertain dans le vague. L'homme s'attarda sur son nez en trompette, sur ses cils qui se courbaient dans le vide, sur sa peau si blanche. Il détailla chaque trait de ce profil agréable.
« Moi aussi. Mon esprit ne cherchait que toi, mais j'ai choisi d'aller vers Erwin. Je suppose que c'est ce que l'on est, Mikasa... Nous avons des personnes que nous avons juré de protéger. Peu importe nos autres attaches... J'ai aucune putain d'idée de pourquoi nous sommes comme ça. »
Son interlocutrice daigna rencontrer son regard blasé. Elle se sentait à la fois heureuse du moment qu'elle avait passé avec Eren, mais elle en était ressortie pleine d'interrogations. Ses phrases avaient été très étranges. Néanmoins, elle se permit d'espérer que tout redevienne comme avant.
« Allez, rentrons. La nuit va bientôt tomber. »
Il effleura sa main en se redressant, et cet éternel chant cardiaque débuta entre leurs deux êtres. Tandis que leurs deux silhouettes s'éloignaient face à l'horizon sombre, un courant d'air vint murmurer quelques mots à ceux qui avaient traversé l'enfer.
« Ce pouvoir n'aurait jamais dû tomber entre tes mains, Eren Jäger. »
Mikasa se retourna, fébrile. La combattante aurait juré entendre une voix mesquine murmurer derrière elle. Cependant, voyant que la clairière était déserte, elle tourna le dos aux chuchotements du vent et décida d'ignorer les Parques qui riaient en coupant un fil.
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