11 - Verwandlung
Notes de l'autrice : Merci beaucoup pour les 2K lectures ! Je suis très heureuse que cette fanfic vous plaise autant, et j'ai hâte de vous dévoiler tout ce que j'ai prévu eheh. Merci à celles et ceux qui votent et qui commentent, c'est toujours un plaisir de lire vos réactions ! Je ne vous fais pas patienter plus longtemps : bonne lecture !
***
« Il est hors de question que tu participes à l'opération.
- Mais je ne serai que figurante. Annie se rendra compte de quelque chose si je ne suis pas avec Eren et Armin. Ce serait compromettre toute l'opération ! Pour une simple blessure.
- Ackerman, tu as un trou dans le ventre.
- Techniquement, il est en voie de cicatrisation...
- Je reconnais que tu cicatrises super vite, Mikasa, s'exclama Hanji. Mais ça risquerait de rouvrir tes plaies. »
Cela ne faisait que quatre jours, et sa convalescence semblait durer une éternité. Ils partiraient tous dans quelques heures pour capturer Leonhardt, et elle ne voulait pas rester seule ici. Elle sentait que tout allait foirer si elle n'y allait pas. La jeune femme avait la même sensation que lorsqu'elle avait fait face aux deux titans : son instinct lui suppliait de l'écouter, et elle ne voulait pas faire une erreur supplémentaire. Ici, des personnes à qui elle tenait étaient en danger. Pas seulement elle.
Le major Erwin avait le regard perdu dans ses pensées, probablement en train de réfléchir à sa situation. Cette vision lui fit penser au caporal Levi, et ce songe lui provoqua une douleur dans sa poitrine. Depuis ce soir-là, il l'évitait. Il ne venait plus lui donner de la paperasse, il sortait du réfectoire lorsqu'elle y entrait. Il n'était même pas venu chercher le classement des rapports qu'elle avait fini il y a trois jours.
« Major, je ne me mettrai pas en danger. Mais permettez-moi d'être présente pour diminuer ses soupçons. Au moindre danger, je me mettrai à l'abri.
- Ne mens pas à ton supérieur, Ackerman. Je sais que tu donnerais ta vie pour protéger tes proches. Ne me crois pas si naïf. Mais je pense que l'on ne pourra rien faire sans ta présence... »
Elle se sentit à la fois soulagée et heureuse d'entendre cela, malgré les remontrances du blond.
« C'est pour cela que Levi se chargera de te mettre à l'abri si la capture ne se passe pas comme prévu. »
Son visage se figea. Elle n'arrivait pas à déterminer si elle était heureuse ou mortifiée face à cette nouvelle. Comment réagirait-il ? Elle se demandait si elle avait fait quelque chose de mal, ce soir-là. Il avait posé sa main sur la sienne, s'étaient regardés longtemps... Et il était parti, la laissant seule avec ces sentiments qu'elle peinait à comprendre, à accepter. Il y avait quelque chose de spécial qui les liait, elle s'en était rendue compte. Dès qu'il était là, elle était engloutie dans ses émotions comme dans une mer abyssale, sans bouée pour la faire remonter à la surface.
« D'accord.
- Bien, Hanji va t'aider à te préparer alors. Tu penses marcher correctement ? Cela risquerait de lui mettre la puce à l'oreille. »
Elle se mit sur ses deux pieds et enchaîna les pas d'un air maladroit. Néanmoins, ses supérieurs semblèrent assez convaincus de sa démarche, et Hanji se mit à l'habiller après que le major soit sorti. La jeune femme fut surprise du silence dans lequel la plus vieille s'activait. Elle avait toujours fait un effort pour entamer une discussion avec elle, même si cela tournait plus au monologue.
« Mikasa, cela ne me plaît vraiment pas...
- Je ferai attention.
- Je le sais, ça. Tu feras attention aux autres. À Eren, à Armin, à tes camarades. Mais jamais tu ne fais attention à toi, et c'est ça qui va te tuer si tu continues. Tu ne devrais pas passer ta vie à vivre pour les autres. »
Elle fixa longuement la scientifique, qui finissait de lui serrer ses sangles au niveau des cuisses. Elle ne voulait pas penser à ça, car cela posait certaines questions auxquelles elle ne voulait pas de réponses. Comment vivre sans sa seule famille ? Comment vivre sans ses amis ? Ou comment vivre sans les protéger ? Elle ne savait faire que cela, protéger. C'était le seul moyen qu'elle avait pour leur montrer à quel point elle tenait à eux. Elle ne savait pas à quoi d'autre s'accrocher. À quoi bon ? Eren lui avait sauvé la vie, alors elle se devait de rembourser sa dette... Mais n'était-elle déjà pas réglée depuis bien longtemps ?
Soudain, la porte claqua à la volée, et elle croisa le regard tumultueux de l'homme qui occupait ses esprits depuis des jours. Son cœur fit un bond dans sa poitrine, et tout son corps se tendit. Une vive douleur se répercuta dans tout son corps, et une grimace tordit les traits de son visage.
« C'est quoi ces conneries ? T'as un trou dans le bide Ackerman, il est hors de question que tu viennes.
- Il me semble que vous n'êtes pas apte à prendre cette décision, caporal.
- J'ai l'air d'en avoir quelque chose à foutre ? Tu ne viens pas, pas de discussion possible.
- Un supérieur qui ne prend pas de nouvelles de ses soldats en convalescence n'a pas à les commander. »
Si les deux bruns pouvaient lancer des éclairs avec leurs regards, un orage aurait éclaté dans la pièce. Entre eux, Hanji les observait avec intérêt, et s'éclipsa discrètement en lançant des regards entendus au plus petit. Celui-ci bouillonnait. Il n'avait aucune excuse à donner à la jeune femme, car il l'avait véritablement évitée. Levi avait pris peur. Il était terrifié à l'idée de s'attacher davantage et de la perdre, comme tous les autres. Alors il avait essayé de l'ignorer et de ne plus penser à elle. Il n'avait réussi qu'une chose sur deux.
« Je me fiche de tes sentiments. Tu ne viendras pas. »
Ses paroles lui firent plus mal encore que lorsque la lame de Reiner transperçait ses entrailles. C'était comme s'il avait enfoncé un couteau dans son cœur et qu'il le remuait violemment. Elle retint les larmes qui lui montaient aux yeux, et la colère l'aveugla.
« Mais vous croyez que j'en ai quelque chose à foutre ? Vous êtes un nain ignoble, vous êtes aussi sentimental qu'un caillou ! Vous ne pouvez pas comprendre que je ne peux plus perdre quelqu'un que j'aime. Vous vous en foutez des autres, vous vous fichez des morts qui s'empilent dans votre sillage. Je suis heureuse d'avoir mes sentiments, car je vous trouve pathétique avec votre indifférence. »
Les deux soldats se fixèrent pendant de longues secondes. Mikasa était essoufflée, sa gorge lui faisait mal à cause des cris qu'elle avait poussés. Dans le ventre de Levi, une tempête faisait rage. Il ne savait pas s'il devait la claquer, l'embrasser, ou partir loin d'elle et l'ignorer pour le restant de ses jours.
« Un nain ? Ignoble, indifférent, pathétique ? C'est ça ce que je suis pour toi ?
- Et encore, vous êtes mon supérieur. J'ai édulcoré mes pensées. »
Il devait mettre fin à cette discussion rapidement, car il sentait qu'il allait exploser si ses prunelles sombres continuaient de lui lancer ces éclairs de dégoût. Elle avait toutes les raisons du monde de le détester. Mais il ne voulait pas qu'elle le fasse, au contraire. Si seulement elle pouvait lire en lui, si seulement elle pouvait traduire ses gestes envers elle... Elle se moquerait, pas vrai ? Ce qu'il ressentait était mal, mauvais, malsain. Il était plus vieux, avait autorité sur elle. Il ne devait pas ressentir tout cela, et pourtant ! Comme si le fait que c'était interdit renforçait ses émotions.
« T'aurais dû rester là où Braun t'avait envoyée, ça aurait arrangé tout le monde. »
Il vit quelque chose passer dans son regard. Ses yeux s'écarquillèrent tandis qu'il se tenait toujours sur le pas de la porte. Ses paroles l'avaient rendue muette. Son cœur se serra si fort qu'elle crut qu'il allait imploser. Ce fut plus douloureux encore que lorsqu'il eût renversé son thé brûlant sur elle, ou quand les fers rouillés rongeaient la peau de ses poignets.
« Alors pourquoi êtes-vous toujours là, caporal ?
- La ferme.
- Je ne vois pas pourquoi vous m'interdisez de venir, alors que vous vous en foutez de mon sort.
- T'es sourde comme un pot en plus ? Je t'ai dit de la fermer.
- Après tout, je ne serai plus qu'un autre blason tâché de sang sur votre bureau, pas vrai ?
- Putain la ferme ! »
Il réduisit l'espace qu'il y avait entre eux et l'agrippa par le col de sa chemise. Mikasa grogna de douleur lorsque ses abdominaux se contractèrent sous la menace. Malgré la haine qu'elle ressentait, elle ne put empêcher son cœur de battre un peu plus fort lorsque son regard se plongea dans le sien, alors que son visage était si près du sien. Il était beau lorsqu'il était en colère. Elle ne pouvait pas détourner les yeux de ses iris gris, qui débordaient pourtant de haine.
« Ne dis pas ça, s'il-te-plaît... »
Elle fut choquée par le ton larmoyant qu'avait pris l'homme en face d'elle. Soudain, elle vit dans ses yeux une profonde tristesse, et elle se demanda comment elle avait fait pour ne pas la voir avant. Il relâcha la pression qu'il exerçait sur son haut, et posa doucement son front contre son épaule. À ce contact, les joues de la jeune femme devinrent rouges, et elle pria pour qu'il ne sente pas la chaleur qui s'en dégageait, ou les battements incoercibles de son cœur. Ils restèrent immobiles pendant de longues minutes, à écouter l'autre respirer. Il était hors de question qu'il la perde. Il avait failli craquer devant elle, et il se refusait de la laisser voir sa faiblesse. Ses larmes s'étaient taries depuis si longtemps.
« Tout ira bien, Levi. »
Son cœur accéléra la cadence à l'entente de son prénom. Il s'enivrait de son odeur comme si celle-ci allait disparaître pour toujours. Il trouva sa chaleur soudain si précieuse, qu'il souhaita rester là pour toujours, contre elle. L'humanité pouvait bien survivre sans eux, pas vrai ? Il eut envie de l'étreindre et de la coller à lui, de sentir son corps contre lui, de savourer la chaleur qu'elle dégageait... Cependant, il interrompit son geste, immobilisant ses mains qui montaient dans son dos. Il ne pouvait pas faire cela. Déjà, elle était blessée. Il risquait de rouvrir ses plaies. Et elle était Mikasa Ackerman. Il n'était que Levi, le fils d'une pute ayant grandi dans les bas-fonds. Il se trouva soudain écœurant. Écœurant de lui imposer son contact.
Il s'éloigna d'elle à contre-cœur. Lorsque leurs regards s'accrochèrent, le temps s'arrêta. La dispute qu'ils eurent précédemment semblait être loin. Il fut soulagé de voir autre chose que la colère dans ses prunelles sombres. Peut-être ne le haïssait-elle pas ? Il se sentit soudain nerveux, comme un enfant qui attendait qu'on le gronde.
Elle ne comprenait vraiment rien à Levi. Il l'ignorait, l'insultait, puis se montrait tendre. Pourquoi toutes ces fluctuations ? Elle n'arrivait jamais à suivre le cheminement de ses émotions, de ses pensées, et cela lui faisait peur. Pour lui, cela devait être clair ; mais elle n'arrivait pas à le lire encore correctement. Pourquoi la regardait-il ainsi, alors qu'il avait souhaité qu'elle soit morte quelques instants plus tôt ? Pourquoi tout cela devait être si compliqué ?
Et surtout, pourquoi avait-elle tant envie de plaquer ses lèvres contre les siennes ?
« Ah, Mikasa ! Hanji m'a demandé de venir te chercher pour te préparer car on va bientôt y aller. »
Armin déboula dans la pièce. Elle sursauta lorsque l'homme aux cheveux rasés sauta en arrière pour mettre de la distance entre eux. Levi croisa les bras d'un air naturel, comme s'il avait toujours été à cet endroit. Il avait dû faire cela tant de fois pour jouer si bien la comédie... Cette pensée créa un étau autour de son cœur, qui se serra légèrement. Avait-elle été la seule, l'unique ? Ou faisait-il ça à de nombreuses recrues, depuis un certain temps ? Elle se doutait qu'il devait avoir eu d'autres relations. Ils n'avaient pas le même âge, après tout.
Le blond observa la scène d'un œil circonspect. Il salua le caporal et se rapprocha de son amie, qui regardait encore le petit brun du coin de l'œil. Ils échangèrent quelques mots et quittèrent la pièce ensemble, alors que le haut gradé les observait partir. Il ne voulait pas qu'elle vienne. Si Annie Leonhardt était bien le titan féminin... Cette pute lui avait déjà tellement pris. Elle était dangereuse, trop dangereuse. Il ne savait pas si Ackerman pourrait utiliser son équipement tridimensionnel, dans son état. Il était sensé la surveiller, mais également commander son groupe... Il était doué, mais pas omniscient. Il avait peur d'arriver trop tard. Il avait peur de faire le mauvais choix, le type de choix qui condamne les amis et les camarades à une mort certaine.
Pour la première fois de sa vie, Levi avait envie de faire passer quelqu'un avant tout.
***
Il arrivèrent à Stohess en fin d'après-midi. La compagnie qui s'était détachée du bataillon infiltra la ville dans un silence religieux. Ils n'avaient plus besoin de parler pour se comprendre, car cela faisait plusieurs jours qu'ils avaient répété chaque action. Devant elle, Armin et Eren marchaient d'un pas faussement sûr. Elle avait peur pour ses deux compagnons, mais pas seulement. À cette pensée, elle jeta un regard en arrière et observa le caporal marcher vers sa position avec son groupe. Il n'était pas très loin d'elle, mais... Elle ignorait si elle pouvait protéger ces deux têtes de mules. Elle peinait à marcher comme avant. Elle savait très bien qu'elle ne pourrait pas affronter Annie et l'emporter seule. Le goût amer de l'angoisse lui serra la gorge. Levi serait là, alors tout irait bien.
Tout ira bien, elle le lui avait dit.
Pourtant, l'angoisse s'agitait toujours dans ses tripes. Elle avait promis qu'elle retrouverait le titan féminin et l'avait fait. Alors pourquoi mentirait-elle aujourd'hui ? Levi soupira, les yeux rivés sur les pavés qui formaient la route. Il ne devait pas penser à sa vie souterraine, pas maintenant. Dire qu'il était sur le plafond qu'il n'avait eu de cesse de regarder... Il poussa un soupir et observa Ackerman se rapprocher de sa mort. Il avait envie de la rattraper et de lui dire tout ce qu'il ressentait, de la serrer contre lui, de partir loin de cet enfer avec elle. Dans un endroit où ils seraient en sécurité, en paix. En harmonie. Était-ce seulement possible ? Il n'arrivait déjà pas à trouver de simples mots, alors un endroit si paradisiaque... Il l'observa partir loin de lui et tourna finalement le dos, abattit sa capuche sur sa tête et s'envola à travers les cheminées.
Au bout d'une vingtaine de minutes, les trois soldats aperçurent le trinôme d'Annie qui arpentait les rues. La tension augmenta d'un coup pour le trio. Ils suivirent la jeune femme et ses collègues sur plusieurs ruelles, de manière plus ou moins discrète pour qu'elle les remarque. C'est au bout de dix minutes que la jeune femme les coinça dans une énième ruelle étroite.
« Puis-je savoir la raison pour laquelle vous nous suivez ? »
Les ombres des murs donnaient à la jeune femme un air ténébreux. La brune sentait son frère tressaillir, mais elle ne pouvait rien lui dire sous peine de briser leur couverture. Armin ôta sa capuche, l'air anxieux. Mikasa savait que leur jeu d'acteur n'était pas suffisant. Il suffisait de voir la tête dépitée de ses deux compagnons pour voir qu'ils cachaient quelque chose...
« Annie, c'est nous, Armin, Mikasa et Eren. Nous avons besoin de ton aide...
- Oh, pourquoi donc ?
- Tu fais partie des forces spéciales maintenant. Tu es la seule que l'on connaisse là-bas, la seule en qui on a confiance... On voudrait s'enfuir des murs avec Eren. Les expériences qu'ils font sur lui sont inhumaines, sans parler de la volonté des gens au-dessus de nous de le tuer...
- Quitter les murs ? Et où iriez-vous ?
- On retournerait à Shinganshina. On se protégerait mutuellement, on saura se nourrir comme on le peut.
- Et vous savez qu'il y a des titans dehors ? Vous allez mourir.
- Vaut mieux ça que vivre en cage. »
Eren fixait la blonde avec une intensité qu'elle ne lui connaissait pas. Elle avait peur qu'il ne gâche le plan à lui tout seul. Il était si colérique, si impulsif... Cette attitude l'énervait. Il semblait se soucier d'elle depuis sa blessure, mais elle n'oubliait pas tous ces moments où il l'avait rejetée ou humiliée.
« D'accord, je vais vous aider. On va devoir quitter Stohess, vous avez une idée d'où passer ?
- Oui, on a notre itinéraire pour passer jusqu'au mur, c'est après qu'on a besoin de toi. »
La blonde hocha la tête et se positionna derrière eux. S'en suivit une marche pleine d'angoisse pour les trois soldats du bataillon d'exploration. Elle espérait qu'elle ne sente pas le stress qui montait dans sa poitrine. Tout était calme. Mikasa était paranoïaque. Elle allait se rendre compte de leurs petits regards, de la tension dans leurs épaules, des rues désertées de passants. Elle était persuadée qu'elle allait comprendre quelque chose. Elle était trop maligne pour les suivre sans se poser de questions, sans remarquer ces détails. Après tout, ils avaient longtemps vécu ensemble à la 104e brigade d'entraînement. Elle avait appris les qualités de ses camarades, et Annie était loin d'être stupide.
Le temps s'étirait à l'infini. Elle avait l'impression qu'ils n'arriveraient jamais devant le tunnel. Armin arrivait à discuter avec elle sans trop trembler, et elle l'admirait pour cela. Si elle était véritablement le titan féminin, il devait être si terrifié... Depuis quand était-il devenu un tel acteur ? Elle arrivait à percevoir la tension dans ses épaules et la peur dans son visage tendu, mais était-elle la seule à le voir ?
Ils étaient partis depuis bien trop longtemps. Et Levi haïssait ce sentiment d'inquiétude qui l'étreignait. Il était perché sur les toits de la ville avec son groupe, et observait l'horizon pour apercevoir une chevelure noire, des yeux tout aussi sombres, ou une silhouette hésitante dans sa marche. Parfois, il avait l'impression de la voir ; mais ce n'était que son cerveau qui lui jouait des tours.
Après une éternité et quelques crampes, il aperçut le quatuor qui entrait dans la place de la ville. Il fit un geste à son groupe qui se glissa derrière les tuiles ou les murs des bâtiments. Lorsque Mikasa entra dans son champ de vision, son cœur accéléra la cadence. Elle était à côté de son frère, pendant qu'Armin était devant avec Annie. Ils avancèrent encore jusqu'au tunnel. Il sortit doucement ses lames, prêt à réagir en cas de rébellion. Le bruit de l'acier qui glissait contre son équipement tridimensionnel le rassura un peu. Il vit Armin entrer sous le tunnel, avec les deux bruns sur ses talons, mais la blonde ne bougea pas d'un pouce. Il interrompit tous ses mouvements.
« Annie ? Viens vite avant que les brigades n'arrivent !
- Non... Je n'entrerai pas dans ce tunnel. Ce sera sans moi.
- Dis pas de conneries Annie ! S'écria Eren, les traits crispés. Ramène ton cul ici, tu peux encore nous prouver ta valeur !
- Pour une raison qui m'échappe, il n'y a eu personne dans les environs depuis un moment... »
Si la tension était faite de matière, les trois amis d'enfance se seraient noyés dedans. Ils ne pouvaient pas voir les traits de la jeune femme, qui avait la tête baissée.
« Franchement, ça me blesse. Depuis quand tu me regardes avec cet air apeuré, Armin ? »
L'asiatique observait son ami, les traits tirés par la terreur. Le pistolet qu'il tenait dans sa main tremblait, arme qu'il devait utiliser pour donner le signal aux autres de la capturer.
« Annie, pourquoi ? Pourquoi tu avais l'équipement de Marco lors du contrôle ? »
Le regard de la blonde se perdit dans le vide, alors qu'Eren semblait de plus en plus convaincu de sa culpabilité, et de plus en plus désespéré.
« Je me souviens des marques et des griffes qu'il avait, car on les nettoyait et les réparait ensemble...
- Je vois. Pour tout te dire, je l'ai trouvé... »
La voix de la jeune femme n'était plus qu'un murmure, et Mikasa devait se concentrer sur sa voix pour l'entendre.
« Ensuite tu as tué les deux titans qu'on avait capturé ?
- Qui sait ? Mais si tu pensais cela il y a un mois, pourquoi tu n'as pas agi à ce moment-là ?
- Parce que je ne voulais pas y croire ! Je voulais penser que mes yeux m'avaient trompé ! Et à cause de ça... Non, et toi ? Tu ne m'as pas tué ce jour-là. C'est ce qui t'a mise dans cette situation.
- Oui, je pense aussi. Je n'ai jamais pensé que tu aurais pu me pousser dans ces retranchements. Pourquoi ne t'ai-je pas tué ce jour-là ? »
Le vent faisait danser ses cheveux devant ses iris bleus. Mikasa avait l'horrible impression qu'elle pouvait voir quelque chose d'autre dans ce vide, quelque chose qu'ils ne pouvaient pas voir.
« Eh, Annie ! Espèce d'idiote, il y a encore une chance de prouver ton innocence, ton sens de l'humour est encore plus merdique que celui de Jean ! Alors descends ici ! Tu peux prouver quelque chose en venant avec nous, alors maintenant bouge ton cul et viens là !
- Je ne peux pas, Eren. J'ai échoué à devenir une guerrière.
- J'ai dit que ce n'était pas drôle !
- On peut encore parler, Annie !
- Cela suffit. »
La jeune femme bouillonnait depuis, lui semblait-il, une éternité. Elle gravit quelques marches, laissant tomber sa capuche vers l'arrière pendant que ses amis criaient des ordres à Annie. Elle allait écourter ses souffrances, et le fait de recevoir des ordres provenant d'hommes moins doués qu'elle. Depuis quand sa solidarité féminine concernait les traîtresses ?
« J'en peux plus de vous entendre geindre. C'est inutile. Je vais te réduire en pièces, titan féminin ! »
Ses deux amis d'enfance étaient si terrifiés par Annie qu'ils ne se rendaient même pas compte que Mikasa tenait ses lames à la manière d'un certain nabot. Ils étaient trop choqués par son aplomb, trop angoissés par la mission. Annie posa son regard sur la jeune femme. Son visage glabre se déforma légèrement de la moue indifférente qu'elle ne cessait d'arborer. Un sourire mauvais décora ses traits, et ce sourire paralysa le trio dans l'angoisse.
« Je suis heureuse que tu aies eu confiance en moi, Armin. Tu as gagné ton pari... Cependant, c'est ici que le mien commence. »
Armin eut à peine le temps de voir le mouvement de son bras vers sa bouche qu'il tira en l'air. Une vingtaine de soldats déguisés en civil se rua sur la blonde. Elle se retrouva immobilisée et bâillonnée. Mais avant de ressentir un quelconque soulagement, l'asiatique aperçut un mouvement vers sa main. Lorsqu'elle vit la petite lame cachée dans son anneau, elle eut une montée d'adrénaline. Elle saisit ses deux amis et se précipita dans les profondeurs du tunnel, ignorant la douleur sourde de son abdomen.
« Mikasa ?!
- Trop tard. »
La lumière de sa transformation illumina le reste des escaliers, tandis que son souffle les précipita encore plus loin. Elle était au sol lorsqu'elle entendit le hurlement du titan féminin. Ce bruit atroce la fit frissonner d'effroi alors qu'elle roulait sur le sol froid et poussiéreux.
C'était le bruit de la mort qui était à leurs trousses.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top