Chapitre 12

Awéin me saisit la main et nous nous mîmes à courir, bientôt rejointes par des Kitsunes transformés et très en colère.

Heureusement, je possédais désormais une moitié animale moi aussi et nous réussîmes à rejoindre la frontière sans nous faire attraper.

Mais les renards n'arrêtèrent pas leur course lorsqu'on dépassa le grand chêne et nous fûmes obligées de nous réfugier dans un arbre creux, entourées par des odeurs nauséabondes qui masquaient notre présence. Autour, la forêt vibrait sous les appels de nos poursuivants. A un moment, un Kitsune se rapprocha dangereusement de notre cachette et je me préparai à combattre. Mais un de ses compagnons l'appela et il dut le rejoindre.

Peu à peu, les renards partaient, abandonnaient leurs recherches. Ils étaient convaincus que nous les avions semés alors que nous étions juste sous leur yeux !

Quand il n'en resta plus qu'un, le colosse du début, ma mère exaspérée ramassa discrètement une branche morte avant de la lancer de toutes ses forces vers le coin opposé de notre cachette, à une soixantaine de mètres. Le bruit de la chute fut aussi doux qu'un pépiement d'oiseau, mais c'était assez pour un hybride.

Le rouquin leva brusquement la tête et se tourna vers l'endroit où la branche avait atterri. Il courut chercher de fausses intruses à l'autre bout de bois.

Ce fut seulement quand ses cheveux flamboyants disparurent au loin que la pression se relâcha. Je me tournai vers ma mère qui regardait encore avec prudence la direction où était parti le dernier Kitsune.

- Alors, on fait quoi maintenant ? demandai-je à voix basse, au-cas-où le Goupil revenait.

Elle me regarda avec surprise.

- On rentre, bien sûr ! Mais avant, je dois te parler.

Je m'inquiétais de son visage soucieux et ses traits devenus tendus.

- Je...

Elle ferma les yeux et inspira longuement.

- Je vais te raconter ton histoire.

Je restai figée.

- Mon histoire ?

Elle me fit un petit sourire tremblant.

- Tu penses bien que tu n'es pas apparue comme ça devant notre territoire, si ? Je vais donc te raconter ton histoire, ou plutôt celle de tes parents.

- Mais comment peux-tu la connaître ? Pourquoi ne pas me l'avoir dit avant !? m'exclamai-je

Ne me faisait-elle pas assez confiance ? Qu'avais-je fait pour lui déplaire ? Je pensais que cette histoire de transformation était derrière nous, qu'elle venait me sauver parce qu'elle tenait à moi.

Je sentis mes yeux s'humidifier sous l'émotion. Habituellement, ce n'était pas mon genre, mais en ce moment c'était trop. Trop de tout.

Ma mère s'affola et me serra dans ses bras. Avec bonheur, j'inspirai son parfum de lavande, pareil à son shampoing.

- Ce n'est pas ce que tu penses. Quand tu es... partie, la meute a fait des recherches. Pour toi. Parce que tu fais toujours partie de notre famille. Tu ne l'as jamais quittée.

Je me frottai les yeux pour faire partir les larmes.

- Mais, pourquoi quand je me suis transformée, vous étiez si...hostiles ?

Elle me caressa les cheveux. J'écoutais son cœur battre et me calmaisr peu à peu.

J'allais enfin savoir. J'allais pouvoir être libérée de ce poids..

- C'était la surprise, le choc. Personne ne s'y attendait. On croyait halluciner, qu'un Goupil t'avait enlevée avant de prendre ta place.

- Mais c'est clairement impossible.

Elle sourit tristement et je vis son masque de bonne humeur se fissurer pour la première fois de ma vie.

- Je sais.

Je regrettais aussitôt mes paroles. Elle pleurait. Ma mère pleurait.

Je la serrais plus fort, lui communiquant tout mon amour. Malgré sa forte carrure, elle me semblait bien frêle, secouée de sanglots dans mes bras qui ne pouvaient l'entourer toute entière.

Au bout d'un moment, elle se calma.

- Merci, renifla-t-elle. C'est moi la mère, je devrais te consoler après toutes tes mésaventures.

- Mais non maman, c'est ça la famille.

Elle me fit un sourire radieux, ses joues désormais sèches de toutes larmes.

Génée, je repris notre conversation.

- Donc, mon histoire ?

- Ah, oui !

Elle inspira, cherchant ses mots.

- Tout à commencé avec ton père, Felix.

Déjà jeune, c'était un aimant à problème. Orphelin, il n'avait pas de famille et semblait se moquer que ses actions pouvaient avoir des répercussions sur d'autres.

Il faisait partie d'une meute à Sèvres mais fut transféré à seize ans ici à cause de ses penchants bagarreurs et colériques. Ce fut à ce moment qu'il rencontra ta mère, Eylin, la fille unique de l'alpha des Kitsune. Il tomba amoureux d' elle mais ne se calma pas, au contraire.

En janvier 2007, tu naquis, faisant le bonheur de tes parents. Ta mère, calme et discrète, te portait toujours dans ses bras et ton père abordait un visage radieux quand tu te trouvais près de lui. Seulement, peu après, l'alpha Gabriel vint les voir.

Du haut de tes trois semaines, il voulait que tu partes aux Etats-Unis pour rejoindre sa mère, qui développerait ton potentiel au maximum. Tes parents ont refusé mais l'Alpha continuait d'insister et lorsqu'il a dit que ta naissance ne servait à rien, ton père s'est énervé.

D'après nos sources, personne ne l'avait jamais vu aussi haineux, même dans ses pires colères, il ne contrôlait même pas sa transformation ! Ses émotions l'ont dépassé et il a attaqué l'alpha Gabriel, jusqu'à le blesser presque mortellement. Il ne put pas finir car d'autres arrivaient. Il n'avait pas réfléchi et, alors qu'il était poursuivi par les siens, il t'avait pris dans ses bras, laissant ta mère, et te déposa sur notre territoire pour s'enfuir ensuite.

On ne sait pas s'il est toujours en vie aujourd'hui, les Kitsune qui le poursuivaient disent l'avoir vu se jeter d'une falaise surplombant un lac. Il est présumé mort.

Je déglutis. C'était beaucoup, beaucoup d'informations. J'avais des parents Kitsune, mais un était mort. Je me doutais bien que tout ne serait pas rose, mais je n'aurais jamais imaginéavoir un père qui avait tenté de tuer l'alpha des Kitsune.

Cependant, une chose me tracassait.

- Si l'Alpha Gabriel avait failli mourir, l'histoire aurait dû faire le tour de la forêt. Pourquoi personne n'est jamais venu me trouver ?

Awéin réfléchit un instant avant de me répondre.

- Je pense que personne ne pensait que ton père aurait l'audace de confier sa fille à la meute ennemie. C'était une action complètement folle. Si nous avions découvert ta vraie nature avant...

Elle ne termina pas sa phrase et je lui en fut reconnaissante. Je ne voulais plus douter de ma famille, le passé était le passé.

- Bon, assez parlé. Tu es prête à revenir vivre avec nous ? Les petites bêtes ne te manqueront pas ?

Je souris et soupirai.

- Pas le moins du monde.

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