Chapitre 11

La surprise arrêta leurs coups et nous nous retournâmes. Là-bas, en train de dévaler la colline, Awéin.

Aussitôt, les larmes remplirent mes yeux. Pas à cause de la douleur de mes membres. Pas à cause de ma fatigue. Non, c''était bien plus agréable.

Ma mère était là. Elle était venue pour moi, peu lui importait le fait que j'étais une Kitsune.Je sanglotais. Maman était là, alors tout irait bien.

Les poings sur ses larges hanches, surplombant mes agresseurs, elle les foudroya du regard de ses yeux pourtant si lumineux d'habitude.

- Je ne vous le redirai pas une seconde fois.

Et même moi, j'eus un mouvement de recul en entendant sa voix. Puissante, sombre et grave, elle semblait provenir des tréfonds de l'enfer. Mais ça ne découragea pas les renards. Leur répulsion envers moi était incompréhensible et terrifiante. Donc, malgré la menace exprimée par la louve-garou, qui possédait des biceps deux fois plus gros que les leur, ils détournèrent le regard pour me pousser à terre.

Je me relevais inlassablement. Mes côtes me faisaient un mal de chien mais je me relevais. En nage, la poitrine en feu mais je me relevais. Je sentais au fond de moi que le regain d'énergie dont je faisais preuve ne venait pas seulement de moi mais également de ma moitié animale.

- Bon sang, ne lui laissez pas le temps de se régénérer ! grogna le premier homme

Il tenta un coup et, pour la première fois depuiscette mise à mort, je ripostai. Mon poing le cueillit à la mâchoire, soutenu par tous les muscles de mon corps, et il voltigea en arrière. Je souris.

C'était la première fois que j'étais contente d'être une Kitsune.

Je levai mes poings, prête à riposter de nouveau, mais ce fut inutile.

Alors que, boostés par l'adrénaline, nous avions mis de côté Awéin, elle non. En voyant ces Goupils s'en prendre à sa fille adorée malgré ses conseils agressifs, la rage l'avait débordée et laissée pantelante quelques secondes avant qu'elle ne se reprenne en voyant sa protégée décocher un merveilleux crochet au barbare qui l'agressait.

Elle dégagea un des renards pour se placer dos contre moi et sourit, ce qui découvrit ses dents pointues.

- C'est parti, grogna-t-elle.

Un des renards fit un sourire moqueur et avança son poing vers mon visage, si vite que je ne le remarquai même pas. Heureusement, l'instinct me sauva.

Je fis un salto arrière avant de décocher un coup de pied dans la mâchoire du type.

Il souriait moins tout à coup.

Un éclair furieux passa dans ses yeux avant qu'il ne se transforme. Son museau pointu avait un rictus moqueur et ses longues queues duveteuses ondulaient dans l'air pour me narguer. Aussitôt, en réponse à son geste, ma mère se transforma et lui bondit dessus.

Le combat ne dura pas. Ma mère, plus grosse que le Kitsune, utilisa ça à son avantage pour le renverser et l'empêcher de se relever en mettant ses deux pattes avant sur son poitrail. Dévoilant ses crocs brillants et nacrés, elle le saisit au cou pour le lancer derrière. Il vola, littéralement.

Tout le long du massacre j'étais restée en arrière, hébétée. Une main se posa sur mon épaule.

Je sursautai et poussai un cri en me retournant.

Une montagne. C'était une montagne. Comment un homme, aussi surnaturel était-il, pouvait faire cette taille !? Il devait faire plus de deux mètres et des muscles roulaient sous sa peau sans graisse.

- Hé, la gamine. Qui t'a autorisée à venir ici accompagnée d'un Cabot ?

C'était comme ça que les Goupils nous appelaient entre eux ? C'était franchement vexant ! Quoique... Goupil, ce n'était pas forcément mieux.

Mais la façon dont il avait appelé ma mère m'avait énervée. De quel droit se permettait-il ? Il ne la connaissait pas et la traitait comme ça !Peu importait sa taille, sa cicatrice au sourcil ou ses cheveux roux rasés sur le côté. On ne parlait pas comme ça des miens.

- Hé, le Goupil. Qui t'a autorisé à radoterparler ?

Il fit la grimace et ses yeux, aussi verts que les miens, se rembrunirent.

- Viens par là, on va causer à la manière des Cabots.

Il banda les muscles, ce qui lui déchira son tee-shirt et montra le tatouage en forme de "x" qui barrait son torse. Sur la partie haute de la croix, un renard noir et blanc montrait ses crocs sanglants. Sur les trois autres parties de la croix, c'était des mots.

"Rusé", "Rapide". Et "Déterminé".

Je souris. D'un sourire mesquin et sans joie. On verra bien qui était le plus déterminé quand je l'aurais écrasé.

Je m'avançai, alimentant ma haine pour me transformer le plus rapidement possible.

Je ne me reconnaissais pas. Je n'étais pas contre la violence quand il le fallait, mais c'était tout comme. Jamais je n'avais haussé le ton plus que nécessaire, alors provoquer et répondre aux provocations !

Mais j'étais à bout. J'avais vécu sans présence humaine, avec pour seule compagne la folie pendant presque un mois, et maintenant on venait insulter celle qui me sauvait.

Je craquais.

Tant pis pour lui.

- Lou ! Stop !

Je vis ma mère du coin de l'œil mais ne quittai pas l'autre du regard. Elle en avait terminé avec les autres et venait vers nous.

- Je m'occupe juste de lui et j'arrive, dis-je entre mes dents

- Laisse tomber, et regarde autour ! Il en arrive de partout, bientôt nous seront encerclées, il faut fuir.

Non, non ! Je ne voulais pas. Je voulais réduire ce sourire suffisant en miettes, écrasé par mes pieds; je voulais voir son visage en sang; je voulais....

Oh bon sang, je crois qu'il fallait que j'arrive à gérer ma part animale au plus vite.

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