Chapitre 9
Comme il faisait clair dans cette partie de la forêt, je n'étais plus habituée. Tout était trop blanc, trop lumineux. On me voyait arriver à trois kilomètres !
Observant nerveusement les environs et tentant d'oublier l'angoisse que je ressentais à l'idée de prendre la mauvaise décision, je m'avançai.Hors de question d'avoir peur maintenant. C'est eux qui allaient me fuir, pas le contraire !
J'inspirai un grand coup.
Ça y est, j'étais chez eux.
Je n'eus même pas le temps de faire un autre pas qu'aussitôt, quatre têtes sortirent du feuillage des arbres alentour, et je frôlai l'arrêt cardiaque.
Ça commençait bien ! Mais qu'est-ce qu'ils faisaient ?
Je soupirai. Bon, c'était sûrement une façon de se protéger contre d'éventuels intrus... Ça marchait, au moins.
Je me redressai comme si je n'avais pas été ébranlée de leur entrée pour le moins impressionnante et les fixai tous très attentivement et avec lenteurpour faire monter la pression et leur montrer qu'on ne m'avait pas si facilement. Si je voulais les impressionner, c'était maintenant.
Car, bien sûr, c'était les Kitsunes en charge de la protection du territoire, c'était pareil avec les loups-garous...même s'ils ne se cachaient pas dans les arbres, eux.
J'observai chacun des quatres sentinelles face à moi.
Comme moi désormais, leur chevelure était roux vif, quasi rouge pour certains. Ils me dévisageaient eux aussi, sans sembler ébranlés suite à ma piètre tentative d'intimidation. Ils avaient un vrai regard de chasseur et sans ma résolution idiote, j'aurais fui à toutes jambes.
Mais il y avait ce stupide accord avec moi-même, avec mon orgueil. Donc je ne frémis pas lorsque je parlai, maîtrisant le plus possible ma voix pour éviter qu'elle ne vrille, utilisée pour la première fois depuis un mois.
- Je m'appelle Lou et je suis une Kitsune. J'étais chez les loups avant que ma part animale ne se réveille.
Un homme-renard, qui portait sa crinière flamboyante jusqu'aux épaules, sauta de l'arbre avant de prendre la parole, suspicieux.
- Chez les loups, tu dis ? Et tu n'aurais jamais remarqué que tu n'étais pas comme eux ? T'as des preuves ?
Ils allaient me faire passer un interrogatoire, vraiment ? Mes cheveux roux, mes canines devenues plus pointues et proéminentes ne leur suffisaient pas ?
Que voulaient-ils, une transformation ? Souffrir pour les rejoindre ? Ah ça non ! Ils allaient voir, à me pousser, j'allais vraiment m'énerver. Me transformer, à d'autres ! J'avais déjà assez souffert la première fois !
- J'ai été adoptée, lâchais-je entre mes dents.
Alors que l'homme allait continuer, une femme perchée dans l'abre voisin, au visage fin et sec, l'interrompit.
- Attends. Quel âge ?
- Hein ?
- T'as quel âge !
- C'est bon, j'ai quinze ans. Pourquoi ?
Qu'est-ce qu'elle me voulait celle-là ?
Elle me fit un sourire mauvais, descendit lestement de l'arbre et s'approcha.
Elle était si près que je pouvais sentir son haleine irrespirable. Je retenais ma respiration tandis qu'elle m'observait en marmonnant. Elle me tournait autour, détaillait chacune de mes expressions.
- Mais oui, c'est ça.
Elle ricana sombrement avant de reprendre.
- Ce nez, beurk, le même ! Cette posture hautaine, semblable ! Ce rictus moqueur, oh dieu Pan, on jurerait le même ! Et ces abominables yeux vert... C'est bien elle.
Le premier Kitsune n'avait pas bronché lorsqu'elle avait commencé à grommeler mais fronça soudainement les sourcils.
- Qu'est-ce que tu veux dire, Kirsten ?
La dénommée Kirsten soupira, sûrement en train de se demander ce qu'elle fichait avec des boulets pareils. Enfin j'imaginais, c'était ce que je me dirais à sa place en tout cas. Mais je ne comprenais pas non plus et me résolus à écouter religieusement chaque mot qu'elle prononçait.
- Adoptée, quinze ans, Kitsune mais pas de notre meute. Ça ne te dit vraiment rien, Johan ? Tu es sûr ?
Le renard resta ahuri un instant, je voyais presque les quelques neurones de son cerveau tourner à plein régime. En tout cas, vu l'air malsain de la femme, je pressentais que ça ne me plairai pas.
Je n'eus pas le temps de me demander s'il fallait que je m'éclipse discrètement pendant qu'ils discutaient, que Johan posa une main sur mon épaule et me força à le regarder dans les yeux.
Il avait un regard haineux et se léchait les lèvres tandis qu'il serrait de plus en plus fort.
- Tu vas mourir, annonça-t-il d'une joie malsaine. Pour tout ce qu'à fait ton père.
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