Chapitre 9
De retour dans le manoir, Rosa dégaina son stylo prête à noter.
À peine eut-elle retirer ses gants qu'il commença :
- inutile de vous montrer la salle de bal ?
Rosa retint sa respiration en se rappelant qu'elle était le théâtre d'une page de couverture de magazine sur laquelle était son visage et celle du comte.
- Non ça ira.
- Alors continuons.
Il l'entraîna dans un couloir.
- Au rez-de-chaussée il y a les cuisines, deux salons privés, la grande salle de réception, un coin de détente privé.
Rosa nota sur son calepin en faisant des gestes de la tête.
- Au premier étage nous avons trois chambres, une bibliothèque et l'espace du personnels.
- Sont-ils toujours ici ? Demanda-t-elle en le suivant au deuxième étages.
- Ils sont rarement absent aux heures de travails mais ensuite ils sont libre de rester ou de partir.
Rosa hocha de la tête, captivée pour les lieux.
- Cet étage est celui des invités, comme vous avez pu le remarquer. Expliqua-t-il en passant un regard sur la porte entrouverte de sa chambre.
- Combien de chambres ?
- Quinze.
Rosa secoua de la tête pour se remettre du choc causé par le nombre qu'il venait d'émettre.
- Ensuite, le troisième étage est le mien. Continua-t-il en s'arrêtant sur le palier.
Rosa pencha sa tête vers le couloir silencieux, curieuse d'en découvrir plus. Elle comprit bien vite qu'elle n'aurait pas le droit d'y pénétrer.
- Ce qui veux dire ? Demanda-t-elle en levant le regard vers le sien.
- C'est comme un appartement. Expliqua-t-il sans la quitter du regard. J'ai besoin d'avoir une partie privé.
Rosa n'avait pas besoin d'explication pour comprendre que cette partie du manoir était celle qu'il partageait avec Kelly.
Contre sa raison de vouloir ignorer ce détail, Rosa ne put s'empêcher de ressentir une pointe de jalousie se former dans son estomac.
Il se retourna pour monter les dernières marches spectaculaires. Tout le long du couloir, les vitres donnaient sur le magnifique parc enneigé.
- Et enfin, nous avons mon bureau et une partie boudoir pour les femmes. Cette pièce a été rénovée il y a peu.
Rosa se rappelait alors être monté à cet étage le matin même.
Il fit quelques pas tout au fond du couloir vers une porte qui contrairement aux autres portaient un vantaux plus vieux et une serrure en acier.
- Cette porte, commença-t-il en la désignant avant de frapper le plat de sa main dessus brutalement en la faisant sursauter. Elle reste fermée, je vous interdit d'essayer par n'importe quelle façon de l'ouvrir est-ce bien claire ?
Sa voix glacial l'empêcha de respirer.
- Ou..oui très bien, j'ai compris.
- Bien. Dit-il sur un ton satisfait. Alors puisque tout est en ordre j'aimerais savoir si vous avez des obligations à Londres susceptible de vous faire démissionner du jour au lendemain sans prévenir ?
Ébranlée par la vitesse à laquelle les choses allait Rosa chercha ses mots.
- Mes parents sont morts tragiquement...donc non je n'ai pas de famille là-bas qui pourrait m'empêcher de mener à bien ma mission.
Izar regretta trop tard sa question.
Comment avait-il pu se laisser dompter par son impatience ?
- Je suis navré Rosa.
Il vit dans ses yeux une émotion, un souvenir qui prenait forme dans ses prunelles.
- Je...n'ai aucune obligation monsieur Darcy soyez sans crainte. Dit-elle après un long moment d'absence.
Au moment où elle s'apprêtait à se retourner pour partir, Izar allongea son bras pour lui bloquer le passage.
Elle hoqueta et s'empressa de mettre un sens à ce geste en relevant la tête.
- Un petit ami ? Fiancé ?
Elle cilla avant de secouer de la tête.
- Non soyez aussi rassuré de ce côté monsieur Darcy. Répondit-elle d'une voix nerveuse. Mon dernier petit ami remonte à des années.
Izar décolla lentement sa main du mur, le sourcils légèrement froncés.
Elle s'écarta brusquement en aiguisant un sourire maladroit.
- Bon et bien je crois que j'ai tout ce qu'il me faut. Dit-elle en refermant son calepin. Merci infiniment de m'avoir fait visiter le manoir.
Izar plissa des yeux en la regardant s'éloigner. Impossible que Rosa Ludington soit seule dans sa vie depuis des années !
Suspicieux, Izar se frotta sa barbe naissante en l'accusant de lui mentir.
De rage, il entra dans son bureau et s'y enferma pour le reste de la journée.
Le lendemain Rosa entra dans la salle dévorée par la curiosité.
L'un des hommes du personnels lui avait expliqué que le comte et Kelly allaient procéder à une interview ce qui d'après les dires, était très rare.
Rosa s'approcha du lieu où elle devait se tenir et croisa les bras comme si le froid l'enveloppait.
Mais en réalité, c'était le froid qu'émanait le comte qui lui faisait ressentir cette sensation. En vain, elle avait tenté d'ignorer leur proximité d'hier. Cette façon qu'il avait eu de la questionner.
- Bonjour Rosa.
Appuyé contre le chambranle de la porte, Rosa se redressa en le voyant se diriger vers elle, vêtu d'un impeccable costard-cravate de luxe.
Elle en venait même à se demander si les magasins arrivaient à trouver sa taille.
- Bonjour.
- Vous avez bien dormie ?
Inutile de mentir, Rosa avait dormi comme un bébé.
- J'ai très bien dormi et vous ?
- Assez.
Encore une fois, sa voix était bercée de mystères. La veille, Rosa ne l'avait plus revu de la journée.
- C'est une interview ? Questionna-t-elle pour faire la conversation.
- J'en accorde une chaque mois, bien que je n'aime pas ça, je tiens à garder le lien avec ceux qui s'interroge à mon sujet.
- Kelly aussi va la faire ?
D'un sombre regard, il tourna brièvement la tête vers cette dernière qui se faisait maquiller.
- Oui, lâcha l'homme d'un soupir désintéressé.
Rosa ne dit rien et se contenta d'un sourire de politesse.
Sur le point d'ouvrir la bouche pour dire quelque chose, le comte fut interrompu par le photographe.
- Monsieur le comte, si vous le voulez bien, nous allons procéder aux photos.
Le comte l'enveloppa d'un regard qui lui fit froid dans le dos et s'inclina en signe d'excuse.
D'une main nerveuse, Rosa lissa sa robe en laine et se mit à jouer avec sa natte sur le côté.
- Prions à présent pour qu'il esquisse un sourire ! Susurra une femme à une autre.
Rosa tourna légèrement la tête vers elles. L'une d'entre elles bavait devant le comte en fléchissant sa jambe droite comme une adolescente.
- Quel homme ! Il est si séduisant si...sévère avec son regard. Dis l'autre femme en se mordant la lèvre.
Une véritable armada de femmes avaient les yeux rivés sur le comte assis sur le tabouret placé devant un panneaux noir.
La journaliste redressait les épaules tout en le regardant.
Bientôt elles finiraient par fondre comme la neige au soleil. Songea Rosa en s'appuyant de nouveau sur la poutre.
- Il faut qu'il sourit c'est impératif ! Cet homme ne sourit jamais, il faut que nôtre magazine se paye le luxe de l'avoir en train de sourire.
Si ces femmes étaient inquiétées de ne pas le voir sourire, Rosa était inquiétée de ne pas comprendre pourquoi il ne souriait jamais.
Avait-il des secrets cachés ? Comme cette porte scellée ?
Un frisson parcourut sa colonne vertébrale.
- Un sourire monsieur le comte ? Se risqua de demander le photographe.
Tous tombèrent dans un silence de suspens. Le comte offrit un regard impassible au photographe et de longues secondes filèrent sans qu'aucun sourire ne s'affiche sur son beau visage ténébreux.
Le photographe remonta son appareil pour cacher son visage quelque peu rougi par la gêne et continua la séance sans insister.
Rosa retint difficilement un sourire en baissant la tête mais lorsqu'elle la releva, elle crut que son cœur allait lâcher.
Le comte la regardait fixement.
Rosa soutint son regard extrêmement profond. Difficile de paraître insensible devant cet homme qui mettait à mal tous ceux qui l'entouraient.
Son cœur fit un bond dans sa poitrine en ayant l'impression que le comte cachait quelque chose. Son regard était trop profond, trop troublant. Elle réalisa que peut-être, depuis le début, le comte savait qui elle était.
Elle vacilla en se retenant à la poutre.
Cette situation était trop lourde à supporter. Si elle voulait mener à bien son travail, Rosa n'avait plus choix.
Il fallait qu'elle le confronte.
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