Chapitre 8



Rosa s'attendait à tout sauf à cette déclaration.

Elle déglutit, avalant son croissant maladroitement en s'empressa de s'humecter la gorge avec une gorgée de jus d'orange.

Ainsi il n'y avait pas qu'elle qui le jugeait comme le grand méchant loup.

- Vous plaisantez n'est-ce pas ?

Il referma son journal, et plongea son regard dans le sien. Une lueur indéchiffrable y dansait.

- Non, je suis sérieux. Affirma-t-il en croisant les bras. Le manoir est vieux, perdu au cœur de la forêt, à cela vous rajouter la sévérité de mon regard et l'histoire prend tout son sens.

Rosa frissonna de la tête aux pieds.

Si seulement un sourire venait accueillir son dire, Rosa aurait pu en rire.

- Donc mes chances de survie sont minces ? Déduit-elle en souriant légèrement.

- Très minces en effet.

Rosa était mise à l'épreuve. Mais pendant une seconde elle avait l'impression que cette histoire prenait tout son sens comme il l'avait dit.

- N'écoutez pas tous les ragots que l'on dit sur moi et tout se passera bien entre nous. Reprit-il en soulevant sa tasse de café.

- Mon travail ne consiste pas à écouter ce que l'on peut raconter sur vous monsieur comte.

- Certes, concéda-t-il en lui offrant un regard à couper le souffle. Mais je préfère vous prévenir. Les journalistes ont tendances à ne pas m'épargner ainsi ne vous inquiétez pas si ...une photo de vous paraît dans un magazine comme aujourd'hui.

Il souleva le plateaux en argent et posa un magazine devant elle.

Rosa écarquilla les yeux en découvrant en première page une photos d'elle et de lui sur la piste de dance.

" Le comte s'offre une danse avec une magnifique étudiante "

- Mais je ne suis pas étudiante ! Je suis organisatrice de mariage ! S'écria-t-elle d'une voix étranglée.

- Comme je vous le disais, je ne dévore pas les jeunes filles au couché du soleil, comme nous savons tous les deux que cette photos ne reflète pas réellement ce qu'il est écrit. Dit-il d'une voix calme.

Sous le choc, Rosa bredouilla quelques mots incompréhensibles en survolant l'article avec des yeux écarquillés.

Elle avait beau se remémorer la soirée elle n'avait pas le souvenir d'avoir été flasher par un photographe.

La photos était aucunement suggestive. Rien ne permettait de dire qu'il y avait une quelconque ambiguïté. Pourtant le regard que lui portait le comte sur ce papier glacé était profond et puissant.

Rosa se maudissait de le regarder la tête en arrière comme si le temps était suspendu.

Il lui arracha le magazine des mains, le jeta sur la table et se leva.

- Allons venez maintenant.

Eberluée, Rosa se leva en battant des paupières.

Comment pouvait-il être aussi insensible à ce magazine ?

- Nous allons d'abord commencer par les jardins. Décida-t-il en remontant l'escalier sa l'attendre.

Rosa tenta de le rattraper mais la photos et le titre qui la considérait comme une étudiante lui firent rater une marche.

Rosa se retint à la rambarde, genoux à terre en l'entendit redescendre à sa hauteur.

- Ça va ? Vous n'avez rien ? S'enquit-il d'une voix étrangement inquiète.

Il l'aida à se relever avec un bras puissant.

- Rien de telle qu'une belle chute pour commencer le travail ! Dit-elle d'une voix teinté d'ironie alors qu'elle rougissait de la tête aux pieds.

Elle souffla sur ses cheveux qui s'étaient échappés de son chignon.

- Allons-y je suis prête !

- Enfilez un manteau chaud et rejoignez-moi en bas. Ordonna-t-il en empruntant un chemin différent du sien.

Rosa s'arrêta au palier pour le regarder partir et s'exécuta non sans craindre la suite.

- Cesse de te donner en spectacle ! S'admonesta-t-elle en entrant dans la chambre.

Elle enfila sa cape en la passant par sa tête et manqua de renverser le vase en céramique. Munie de ses gants en laine et de son calepin Rosa se retourna telle une tornade et courut jusqu'aux escaliers, espérant arriver avant lui.

Mais déjà le comte était dans les marches et se retourna l'air choqué.

- Pourriez-vous cessez de courir vous allez finir par vous rompre le cou ! Recommanda-t-il en remontant les quelques marches qui les séparaient.

Il s'était revêtit d'un long manteau noir dont le col long assombrissait son visage.

- Je vous prie de m'excuser, j'ai tendance à courir après le temps...

- Rien ne presse mademoiselle Ludington, d'autant plus que le mariage est prévu en Mai.

Le cœur battant, Rosa crut mal entendre.

- En...Mai ? Comme le mois de Mai ?

- Oui. Dit-il de sa voix sombre.

Rosa cilla.

Les préparatifs d'un mariage pouvait durer aussi longtemps ?

- Mais ça veux dire que...je dois rester jusqu'au mois...

Rosa s'interrompit en réalisant bien des choses.

- ...Jusqu'au mois de Mai. Compléta l'homme aux yeux gris argenté. Maintenant suivez-moi Rosa.

Rosa ?

Il venait de l'appeler par son prénom. Et dans sa voix, ce dernier sonnait comme le glas de mauvais présages.

- Mais quand vous dites le mois de Mai ça veux dire début de mois ou fin de mois ?

- Le onze Mai. Dit-il en ouvrant la porte du hall.

Décontenancée, Rosa sortit dehors et prudemment descendit les marches enneigées.

- C'est absolument magnifique monsieur le comte.

Il referma la porte et la rejoignit.

- Je vous remercie, et appelez-moi Izar.

Rosa esquissa un sourire en coin et réprima les battements de son cœur.

Elle avait tellement prononcé son prénom autrefois qu'elle avait peur de le dire tout haut et que ses souvenirs ne remonte à la surface.

Elle détourna la tête vers la fontaine et observa les flocons de neige tomber lentement sur le sol.

- Venez je vais vous montrer l'arrière du manoir.

Lorsque sa main franchit une nouvelle fois la barrière de l'interdit, Rosa ferma brièvement les yeux. Sa main se posa délicatement dans son dos, plus bas encore.

Proche de la courbe de sa fesse sa main coulissait dangereusement de la chute de ses reins.

- Kelly tient absolument à ce que notre mariage se passe en été. Expliqua-t-il d'une voix plus légère.

- Ce n'est pas votre cas on dirait. Fit-elle remarquer en levant la tête alors qu'ils marchaient côte à côte.

- Si cela ne tenait qu'à moi, je signerais seulement un contrat de mariage. Avoua-t-il en baissant que ses yeux dans sa direction.

Rosa se laissa dangereusement guider par sa curiosité.

- Pourquoi ? Vous n'aimez pas les grands mariages ?

- Pas particulièrement...faites attention aux marches. Prévint-il en attrapant son avant-bras pour l'aider à passer la rambarde.

La neige redoublait de flocons. Le paysage était spectaculaire.

- Ici au mois de Mai dans ce cadre ça serais parfait. Dit-elle en profitant qu'il ait retiré sa main pour s'écarter.

Le parc s'étendait sur des hectares de plantations recouvertes de neige.

- Vous suggérez de faire la cérémonie à l'extérieur ?

Izar la contempla alors qu'elle griffonnait sur sa feuille. Ses yeux bleus n'étaient plus qu'un cristal doré sous ce soleil hivernal. Son teint diaphane respirait la pureté. Laisser ses émotions ne pas transparaître devenait de plus en plus difficile. L'article qui avait paru dans la matinée ne faisait que le rappeler à l'ordre.

L'étudiante et le comte.

Le monde semblait lui en vouloir songea-t-il en profitant qu'elle ait le dos tourné pour fermer les yeux.

- Au mois de Mai le parc sera ensoleillé et il fera sans doute chaud, dit-elle en se retournant. Quoi que je ne peux pas prévoir le temps. Ajouta la jeune femme en grimaçant.

- En effet nous ne pouvons pas prévoir les choses à l'avance.

Elle se rapprocha de lui.

- Alors ? Qu'en pensez-vous ?

Ce qu'il en pensait ?

Izar réprima un grognement susceptible de la faire reculer.

- Je vous fais seulement visiter Rosa. Nous avons encore assez de mois pour songer à ce que j'en pense. Déclara-il en prenant soins de s'exprimer le plus calmement possible. Venez, continuons la visite, elle est loin d'être terminé.

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