Deux semaines plus tard, ce fut un vrai défilé au manoir.

Ida et Romuald, amis d'Izar, Stacy, Anton et leur fils, tous étaient venu pour voir leurs deux bébés. Étreintes et présents, Rosa avait reçu un énorme soutien de la part de tout le monde et une larme de bonheur coula sur sa joue quand Stacy et Anton furent les derniers à partir.

- Enfin nous sommes seuls. Murmura-t-il en refermant la porte d'entrée.

Rosa entoura ses bras du mieux qu'elle le put autour de sa taille et posa son menton sur son torse.

Une lueur fiévreuse gagna les yeux gris argenté de son mari.

Ses joues s'enflammèrent comme au premier jour.

Main dans la main ils rejoignirent le petit salon. Rosa prit Kathleen dans les bras alors qu'elle commençait une petite colère et demanda à Izar d'installer Emett tout contre sa sœur.

- Ils sont parfaits. Murmura-t-elle en poussant ses pieds sur le sol pour faire bouger le roking chair.

Quatre jours après ce terrible accouchement, Izar avait décidé de l'épouser à la mairie sans passer par un mariage à l'église.

《 Le grand mariage sera pour plus tard je te le promets, mais je ne peux plus attendre 》 Avait-il dit dans la chambre de la clinique la voix embuée d'émotions.

- Tu...

De nouveau, on cogna à la porte d'entrée.

- Qui c'est d'après toi ? Chuchota-t-elle à son fils.

- J'y vais.

Rosa continua de bercer ses enfants en souriant. Le plus étranges c'est qu'elle avait l'impression qu'ils se comprenaient. Émue aux larmes, Rosa n'avait de cesse de sourire tendrement.

- Rosa. Appela Izar d'une voix étrangement sérieuse.

Lorsqu'elle releva la tête son sourire se dissipa peu à peu et son visage se ferma aussitôt.

L'inspecteur de police chargé de l'affaire qui continuait à les retenir prisonniers inclina sa tête respectueusement dans sa direction.

- Je vous en prie asseyez-vous. Dit Izar en l'invitant à s'installer en face d'elle.

Elle posa un regard craintif en direction de son mari et dut affronter un énième entretient avec cet homme au regard à chaque fois désolé.

- L'affaire est bouclée, je voulais venir vous le dire moi-même. Déclara-t-il en sortant un dossier de sa sacoche.

- Vous en savez plus sur ce faux médecin alors ?

L'inspecteur soupira.

- Il s'appelle Mickeal Wale en réalité, commença-t-il en sortant des photos du dossier. Il a été engagé par Kelly John peu après l'annonce de votre grossesse rendue publique.

Rosa plissa du front en remettant la tétine de Kathleen qu'elle avait perdu dans sa bouche.

- Mais pourquoi ? Demanda-t-elle l'air incrédule.

- Il a été engagé pour surveiller votre grossesse afin de pouvoir leur dire quand serait le terme.

Izar poussa un juron à peine audible.

- Elle l'a payé cinquante milles livre pour s'assurer qu'elle était dans les temps pour vous enlever. Enchaîna l'inspecteur, sauf qu'il n'était pas professionnel. C'est pour ça qu'il n'a pas vu votre deuxième bébé.

- Comment est-ce possible qu'il est pu se faire une place dans l'hôpital st Thomas sans que personne ne se doute de quoi que ce soit ? S'emporta Rosa en peinant à maîtriser sa voix.

Emett se mit à pleurer.

- C'est un professionnel dans l'art de manipuler les gens, il savait exactement ce qu'il faisait.

Rosa ferma les yeux et réprima la colère qu'elle gardait en elle depuis trop longtemps.

Elle avait l'impression qu'on lui avait arraché une partie d'elle.

Son regard tomba sur sa paire de faux jumeaux et son cœur se serra douloureusement.

Pendant toute sa grossesse Rosa avait parlé à l'un d'entre eux sans savoir lequel des deux avait pu entendre sa voix.

Elle avait l'impression d'en avoir abandonné un. L'impression d'avoir raté quelque chose.

- Je sais à quel point cela doit être douloureux pour vous.

- Vous ne pouvez pas savoir à quel point. Rétorqua Rosa au bord des larmes. J'aurai pu mourir, mes bébés auraient pu mourir. Pendant huit mois j'ai crû avoir un seul bébé, j'ai l'impression d'en avoir délaissé un sans savoir lequel.

Le cœur lourd, elle laissa les larmes couler le long de ses joues en les dévisageant.

- Mon amour ne dis pas ça, murmura Izar en s'approchant d'elle, tu as été merveilleuse avec eux.

Peinant à dissimuler sa tristesse elle plongea son regard les minuscules yeux bleus de sa fille.

- Je suis vraiment désolé madame Darcy. Dit l'inspecteur en se levant.

- Vous n'y êtes pour rien monsieur. S'empressa de dire Rosa d'un ton plus léger.

Il lui sourit et inclina sa tête.

- Vous n'aurez pas à déposer une troisième déclaration, j'ai toutes les preuves nécessaires pour les inculper. Dit-il en refermant le dossier. Grâce à vous, des centaines d'enfants vont pouvoir retrouver leurs familles.

- Merci inspecteur. Dit Izar en lui serrant la main.

Rosa le remercia à son tour mais avec un certain goût amer dans la bouche.

Elle poussa de nouveau le roking chair et fredonna un air de musique à ses deux bébés et vit son fils ouvrir les yeux en même temps que sa sœur.

Son ténébreux mari s'accroupit près du roking chair et l'enveloppa d'un regard avide et protecteur.

Son monde prit enfin un sens.

Le silence, l'apaisement, l'odeur du bois du manoir, le sourire d'Holly, la bonne humeur de Fernando, absolument tout lui avait manqué.

- Je t'aime Izar, tu m'as sauvé moi et nos enfants.

- C'est toi qui m'a sauvé Rosa.

Il caressa ses cheveux et prit Kathleen dans ses bras.

Leur fille semblait si petite dans le creux de son bras musclé.

Rosa n'eut pas la force de le contredire. Mais en réalité c'est lui qui l'avait sauvé.

Il lui avait donné la force de continuer alors que les affres de son accouchement l'avaient mis à mal.

Elle posa sa main sur sa joue.

Holly entra dans le salon et ne résista pas à la tentation de prendre leur petite fille.

D'un échange de regards complices, Rosa se leva du roking chair et déposa Emett dans son berceaux.

- Voilà mon ange...

Izar contempla sa femme penchée au-dessus du berceau et n'avait qu'une envie.

La soulever dans ses bras et l'emmener dans leur chambre afin de la retrouver.

Elle lui avait donné une famille. Sa famille. Elle s'était battue jusqu'au bout malgré toutes ces épreuves traversées.

Il s'approcha du berceau et regarda son fils puis sa fille endormie qu'Holly venait de déposer dans le berceau.

Comblé d'un sentiment de joie, il saisit la taille de sa femme et lui embrassa la joue.

- Holly pouvez-vous garder les jumeaux pendant que je montre quelque chose à Rosa ?

- Oh mais avec joie !

Rosa fronça des sourcils en le suivant.

Ils grimpèrent les étages du manoir et vit une lueur mystérieuse dans ses yeux.

- Que veux-tu me montrer ? Demanda-t-elle intriguée.

Il referma la porte et emprisonna son visage pour l'embrasser férocement. Rosa en perdit le souffle lorsqu'il posa sur elle un regard avide.

- Rien, souffla-t-il contre son visage, je voulais t'embrasser ici et là.

Il traça un sillon de baisers le long de sa mâchoire. Rosa ne tarda pas à couler son corps contre le sien et répondit à la ferveur de ses baisers.

Il la souleva et la déposa sur le lit et posa ses doigts sur sa bouche gonflées.

- Est-ce que je t'ai dit à quel point je t'aimais ?

- Oui, hier soir lorsque notre fils buvait goulûment son lait contre mon sein.

Il rit doucement et taquina son cou de délicats baisers.

- Je t'aime Rosa Darcy, tu m'as donné tant, je regrette pas de m'être battu pour te retrouver.

Le cœur gonflé de joie, Rosa sentit des larmes de bonheur rouler sur ses joues.

- Je te promet de te rendre heureuse chaque seconde de chaque heure.

Dans la profondeur de la lueur étincelante qui brillait dans ses yeux Rosa sut qu'il tiendrait sa promesse.